Rappelez-vous la parole que je vous ai dite: Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront; s'ils ont gardé ma parole, la vôtre aussi ils la garderont. Jean 15, 20.

LA LUTTE CONTRE LES FORCES
DES TÉNÈBRES


(Jean-Paul II, Audience générale 10 décembre 1986, Osservatore romano édition française 50)


      Dans l'introduction à la Constitution Gaudium et spes du concile Vatican II, nous lisons: « Le monde ainsi envisagé est celui des hommes, la famille humaine tout entière avec l'univers au sein duquel elle vit. C'est le théâtre où se joue l'histoire du genre humain, le monde marqué par l'effort de l'homme, ses défaites et ses victoires. Pour la foi des chrétiens, ce monde a été fondé et demeure conservé par l'amour du Créateur. Il est tombé, certes, sous l'esclavage du péché, mais le Christ, par la croix et la résurrection, a brisé le pouvoir du Malin et l'a libéré pour qu'il soit transformé selon le dessein de Dieu et qu'il parvienne ainsi à son accomplissement » (GS 2).

      C'est le monde que nous avons devant les yeux dans nos catéchèses. Elles concernent, comme on le sait, la réalité du mal, c'est-à-dire du péché, aussi bien au début que durant toute l'histoire de la famille humaine. En cherchant à reconstituer une image synthétique du péché, nous nous servons aussi de tout ce que nous en disent les différentes expériences des hommes durant le cours des siècles. N'oublions pas cependant que le péché en lui-même est un mystère d'iniquité, dont le début dans l'histoire, ainsi que son développement successif, ne peuvent être compris pleinement sans référence au mystère du Dieu-Créateur, et en particulier du Créateur des êtres qui sont faits à son image et à sa ressemblance. Les paroles de Vatican II déjà citées disent que le mystère du mal et du péché ne peuvent être compris sans référence au mystère de la rédemption au mystère pascal de Jésus-Christ. C'est justement cette logique de la foi qui s'exprime déjà dans les plus anciens symboles.


      Dans le cadre de notre catéchèse de la vérité sur le péché, constamment professée et annoncée par l'Église, nous avons déjà parlé de la première annonce de rédemption que nous trouvons dans la Genèse. En effet, après la désobéissance au premier commandement, sur lequel Dieu-Créateur a fondé sa plus antique Alliance avec l'homme, la Genèse nous rapporte le dialogue suivant: « Yahvé Dieu appela l'homme: ''Où es-tu?'' dit-il - ''J'ai entendu ton pas dans le jardin, répondit l'homme, j'ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché''. Il reprit: ''Et qui t'a appris que tu étais nu? Tu as donc mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger!'' L'homme répondit: ''C'est la femme que tu as mise auprès de moi qui m'a donné du fruit de l'arbre et j'ai mangé!'' Yahvé Dieu dit à la femme: ''Qu'as-tu fait là?'' et la femme répondit: ''C'est le serpent qui m'a séduite et j'ai mangé!''

      Alors Yahvé-Dieu dit au serpent: ''Parce que tu as fait cela, maudis sois-tu... Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t'écrasera la tête et tu l'atteindras au talon'' » (Gn 3, 9-15).

      Ce passage s'insère harmonieusement dans le contexte « yahviste », auquel il appartient, en ce qui concerne aussi bien le style que la façon de présenter la vérité, que nous connaissons déjà par l'examen des paroles du tentateur, et par la description du premier péché. Malgré les apparences du style biblique du récit, les vérités essentielles y sont suffisamment lisibles. Elles se laissent cueillir et comprendre en elles-mêmes, et encore plus dans le contexte de tout ce que dit la Bible sur ce thème, depuis le début jusqu'à la fin, à travers le sens le plus plein des Saintes Écritures.

      Ainsi donc, le passage de la Genèse (Gn 3, 9-15) contient la réponse de Dieu au péché de l'homme. C'est une réponse adressée au premier péché, et en même temps une réponse en vue de l'avenir, car elle se réfère à toute l'histoire future de l'homme sur la terre, jusqu'à son terme. Il existe une vraie continuité entre la Genèse et l'Apocalypse et en même temps une profonde cohérence dans la vérité révélée par Dieu.

      A cette cohérence harmonieuse de la révélation correspond, du côté de l'homme qui croît consciemment, « la logique de la foi ». La vérité sur le péché rentre dans le développement de cette logique.


      Selon Gn 3, 9-15, le premier péché de l'homme est décrit avant tout comme « désobéissance », c'est-à-dire comme opposition au commandement qui exprime la volonté du Créateur. Nous l'avons vu. L'Homme (homme et femme) est responsable de cet acte, puisqu'Adam est complètement conscient et libre en faisant ce qu'il fait. La même responsabilité se retrouve dans chaque péché personnel de l'histoire de l'homme, qui agit dans un tel but. A cet égard, ce que nous fait savoir la Genèse est significatif, c'est-à-dire que Yahvé-Dieu demande à tous deux - à l'homme d'abord, puis à la femme - le motif de leur comportement: « Pourquoi l'as-tu fait? »

      Dans la question divine, le « pourquoi » signifie pour quel motif?, mais signifie aussi, dans quel but? Et là, la femme (avec l'homme) se reporte à l'instigation du tentateur: « le serpent m'a séduite ». De cette réponse il faut déduire que le motif suggéré par le serpent: « Vous serez... comme Dieu », a contribué de façon déterminante à la transgression de l'interdit du Créateur et a donné une dimension essentielle au premier péché. Un tel motif n'est pas directement repris par Dieu dans sa sentence de châtiment: mais sans aucun doute il est présent et domine tout le paysage biblique et historique comme un rappel de la gravité et de la sottise à prétendre s'opposer à Dieu ou le remplacer comme une indication de la dimension plus essentielle et profonde du péché originel et tout péché qui a en lui sa première racine.


      C'est pourquoi il est significatif et juste que dans la suite de la réponse au premier péché de l'homme, Dieu s'adresse précisément au tentateur, au « serpent antique », dont l'auteur de l'Apocalypse dira qu'il « tente tout le monde », « qu'il séduit toute la terre ». En effet, selon la Genèse, le Seigneur dit au serpent: « Parce que tu as fait cela, maudit sois-tu. » Les paroles de la malédiction adressée au serpent, concernant celui que le Christ appellera: « le père du mensonge ». Mais en même temps, dans cette réponse de Dieu au premier péché, se trouve l'annonce de la lutte, qui durant toute l'histoire de l'homme se déroulera entre ce « père du mensonge » et la femme et sa filiation.

      Le concile Vatican II se prononce sur ce thème de façon très claire: « Un dur combat contre les puissances des ténèbres passe à travers toute l'histoire des hommes; commencé dès les origines, il durera, le Seigneur nous l'a dit, jusqu'au dernier jour. Engagé dans cette bataille, l'homme doit sans cesse combattre pour s'attacher au bien; et ce n'est qu'au prix de grands efforts, avec la grâce de Dieu, qu'il parvient à réaliser son unité intérieure » (GS 37). Dans un autre passage le Concile s'exprime de façon encore plus explicite parlant d'une lutte entre « le bien et le mal » qui se déroule en chaque homme: « Bien plus, voici que l'homme se découvre incapable par lui-même de vaincre effectivement les assauts du mal; et ainsi chacun se sent comme chargé de chaînes. » Mais à cette forte expression le Concile oppose la vérité sur la rédemption avec une affirmation de foi, non moins forte et décisive: « Mais le Seigneur en personne est venu pour restaurer l'homme dans sa liberté et sa force, le rénovant intérieurement et jetant dehors le ''prince de ce monde'', qui le retenait dans l'esclavage du péché » (GS 13).

      Ces observations du magistère de l'Église d'aujourd'hui répètent de façon précise et homogène la vérité sur le péché et la rédemption, exprimée initialement dans la Genèse (ch. 3, v. 15), et ensuite dans toutes les saintes Écritures. Écoutons encore Gaudium et spes: « Créé par Dieu... l'homme... depuis les débuts de l'histoire abusa de sa liberté, se dressant contre Dieu et souhaitant ardemment réaliser son but en dehors de Dieu » (GS 13). Évidemment il s'agit d'un péché au sens strict du terme, aussi bien dans le cas du premier péché que dans celui de tout autre péché de l'homme. Mais le Concile n'omet pas de rappeler que ce premier péché a été commis par l'homme « tenté par le malin » (GS 13). Comme nous le lisons dans le livre de la Sagesse: « C'est par envie du diable que la mort est entrée dans le monde; ils en feront l'expérience ceux qui lui appartiennent! » (Sg 2, 24). Il semble dans ce cas que la « mort » signifie aussi bien le péché lui-même (= la mort de l'âme comme perte de la vie divine conférée par la grâce sanctifiante) que la mort corporelle dépouillée de l'espérance de la résurrection glorieuse. L'homme qui a désobéi à la loi « concernant l'arbre de la connaissance du bien et du mal », a été, par Yahvé-Dieu, éloigné de « l'arbre de la vie » (Gn 3, 22), dans la perspective de toute l'histoire terrestre.


      Dans le texte du Concile, avec le rappel du premier péché, et son héritage dans l'histoire humaine, on en arrive à la perspective de la lutte annoncée par les paroles attribuées à Dieu dans Gn 3, 15: « Je mettrai une hostilité. » On en déduit que si le péché est depuis le début lié à la libre volonté et à la responsabilité de l'homme et pose un problème dramatique entre l'homme et Dieu, il est vrai aussi que l'homme, à cause du péché, est engagé (comme s'exprime justement Vatican II) « dans une lutte terrible contre les puissances des ténèbres » (GS 37). Il est entraîné et « comme enchaîné » (toujours selon le Concile: GS 13) dans le dynamisme obscur de ce mystère de l'iniquité, qui est plus grand que lui et que son histoire terrestre.

      A ce propos la lettre aux Éphésiens en parle bien: « Car ce n'est pas contre les adversaires de chair et de sang que nous avons à lutter mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les Esprits du mal qui habitent les espaces célestes » (Ep 6, 12).

      Mais aussi la pensée de l'horrible réalité du péché qui pèse sur toute l'histoire, avec une considération particulière pour notre époque, nous ramène à la terrible vérité de ces paroles bibliques et conciliaires sur « l'homme... engagé dans la lutte terrible contre les puissances des ténèbres! » Nous ne devons cependant pas oublier que sur ce mystère de ténèbres s'allume depuis le début une lumière qui libère l'histoire du cauchemar d'une condamnation inexorable: l'annonce du Sauveur.


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L'annonce du Messie sauveur


(Jean-Paul II, Audience générale 17 décembre 1986, Osservatore romano édition française 51)


      Dans la quatrième prière eucharistique, l'Église s'adresse à Dieu par ces paroles: « Père très saint, nous proclamons que tu es grand et que tu as créé toutes choses avec sagesse et par amour: tu as fait l'homme à ton image, et tu lui as confié l'univers, afin qu'en te servant, toi son Créateur, il règne sur la création. Comme il avait perdu ton amitié en se détournant de toi, tu ne l'as pas abandonné au pouvoir de la mort. »

      En harmonie avec la vérité exprimée dans cette prière de l'Église, nous avons relevé, dans la précédente catéchèse, le contenu complexe des paroles de Genèse (ch. 3) qui constituent la réponse de Dieu au premier péché de l'homme. Dans le texte, il est parlé de la lutte contre « la puissance des ténèbres », dans laquelle l'homme se trouve engagé à cause du péché depuis le début de son histoire sur la terre: mais, dans le même temps, il est assuré que Dieu n'abandonne pas l'homme à lui-même, ne le laisse pas « au pouvoir de la mort », réduit à être « l'esclave du péché ». En fait, se tournant vers le serpent-tentateur, le Seigneur Dieu dit: « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t'écrasera la tête et tu l'atteindras au talon » (Gn 3, 15).

      Ces paroles de la Genèse sont définies comme le protoévangile ou bien comme la première annonce du Messie Rédempteur. C'est, en effet, laisser transparaître le dessein salvateur de Dieu envers le genre humain qui, après le péché originel, s'est trouvé dans l'état de déchéance que nous connaissons. Cela veut dire avant tout que, dans le plan salvateur de Dieu, se constitue l'événement central. C'est à ce même événement que se réfère la quatrième prière eucharistique déjà citée, quand elle se tourne vers Dieu avec cette profession de foi: « Tu as tellement aimé le monde, Père très saint, que tu nous as envoyé ton propre Fils, lorsque les temps furent accomplis, pour qu'il soit notre Sauveur. Conçu de l'Esprit Saint, né de la Vierge Marie, il a vécu notre condition d'homme en toute chose, excepté le péché. »

      L'annonce de Genèse 3 s'appelle le protoévangile parce qu'elle a trouvé sa confirmation et son accomplissement seulement dans la révélation de la Nouvelle Alliance, qui est l'Évangile du Christ.

      L'analyse du protoévangile fait connaître, à travers l'annonce et la promesse qui y sont contenues, que Dieu n'a pas abandonné l'homme au pouvoir du péché et de la mort. Il a voulu le secourir et le sauver. Et il l'a fait à sa propre manière, à la mesure de sa sainteté transcendante, et dans le même temps, à la mesure d'une « complaisance » comme seul un Dieu-Amour peut avoir.


      Les paroles même du protoévangile expriment cette complaisance salvatrice quand elles annoncent la lutte (« je mettrai une hostilité ») entre celui qui représente « le pouvoir des ténèbres » et Celui que la Genèse appelle « le lignage de la femme » (« son lignage »). C'est une lutte qui se concluera par la victoire du Christ (« il t'écrasera la tête »). Cependant ce sera la victoire remportée au prix du sacrifice de la croix (« et tu l'atteindras au talon »). Le « mystère de la piété » dissipe le « mystère de l'iniquité ». De fait, justement, le sacrifice de la croix nous fait pénétrer au coeur même du péché, nous incitant à comprendre quelque chose de ce sombre mystère. Dans sa lettre aux Romains, saint Paul est en quelque sorte notre guide quand il écrit: « ... Comme en effet pour la désobéissance d'un seul homme la multitude a été constituée pécheresse, ainsi par l'obéissance d'un seul la multitude sera-t-elle constituée juste » (Rm 5, 19). « ... comme la faute d'un seul a entraîné sur tous les hommes une condamnation, de même l'oeuvre de justice d'un seul procure à tous une justification qui donne la vie » (Rm 5, 18).

      Dans le protoévangile, en un certain sens, le Christ est annoncé pour la première fois comme le « nouvel Adam ». Ainsi sa victoire sur le péché, obtenue moyennant « l'obéissance jusqu'à la mort sur la croix » (Ph 2, 8), comportera une telle abondance de pardon et de grâce salvatrice qu'elle permettra de dépasser immensément le mal du premier péché et de tous les péchés des hommes. Saint Paul écrit encore: « Si, par la faute d'un seul, la multitude est morte, combien plus la grâce de Dieu et le don conféré par la grâce d'un seul homme, Jésus-Christ, se sont-ils répandus à profusion sur la multitude » (Rm 5, 15).

      Ainsi tout en restant sur le terrain du protoévangile, il est possible de découvrir que le sort de « l'homme déchu » la perspective de la future rédemption est déjà introduite.

      La première réponse du Seigneur Dieu au péché de l'homme, contenue en Genèse 3, nous permet donc de savoir que dès le début Dieu est infiniment juste et en même temps infiniment miséricordieux. Dès la première annonce, il se manifeste comme ce Dieu qui « a tant aimé le monde qu'il lui a donné son Fils unique » (Jn 3, 16); c'est « Lui qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés » (1 Jn 4, 10): « Lui qui n'a pas épargné son propre Fils mais l'a livré pour nous tous » (Rm 8, 32).

      Nous avons ainsi la certitude que Dieu, qui, dans sa sainteté transcendante, abhorre le péché, punit avec justice le pécheur, mais aussi que dans son ineffable miséricorde, il l'embrasse en même temps de son amour salvateur. Le protoévangile annonce déjà la victoire salvatrice du bien sur le mal, qui se manifestera dans l'Évangile moyennant le mystère pascal du Christ crucifié et ressuscité.


      Il faut noter que, dans les paroles de Genèse 3, 15 « Je mettrai une hostilité », la femme, en un certain sens, est placée au premier plan: « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme ». Non pas: entre toi et l'homme, mais précisément: entre toi et la femme. Les commentaires, dès les temps les plus anciens, ont souligné qu'il y a là un parallélisme significatif. Le tentateur - « le serpent ancien » - s'est révolté (selon Gn 3, 4) avant la femme et, par elle, a remporté sa victoire. A son tour le Seigneur Dieu, annonçant le Rédempteur, constitue la femme première « ennemie » du prince des ténèbres. Elle doit être, en un certain sens, la première destinataire de l'alliance définitive, dans laquelle les forces du mal seront vaincues par le Messie, son Fils (son « lignage »).

      Ceci, je le répète, est une situation extrêmement significative, si l'on tient compte que, dans l'histoire de l'Alliance, Dieu s'adresse avant tout aux hommes (Noé, Abraham, Moïse). Ici, la préséance semble appartenir à la femme, naturellement en considération de sa descendance, le Christ. En fait, de très nombreux Pères et Docteurs de l'Église voient dans la femme annoncée dans le protoévangile la Mère du Christ, Marie. Elle est ainsi celle qui, en premier, a participé à cette victoire sur le péché remportée par le Christ: elle est en effet libérée du péché originel et de tout autre péché, comme l'a déjà souligné le concile de Trente et, en ce qui concerne en particulier le péché originel, comme Pie IX l'a défini solennellement en proclamant le dogme de l'Immaculée Conception.

      « Bon nombre d'anciens Pères, dans leurs prédications, comme le dit le concile Vatican II, présentent en Marie, Mère du Christ, la nouvelle Ève (comme le Christ est le nouvel Adam, selon saint Paul). Marie prend la place d'Ève, « qui est la mère de tous les vivants » (Gn 3, 20), mais aussi la cause, avec Adam, de la chute universelle dans le péché, tandis que Marie est pour tous « cause de salut » par son obéissance à coopérer avec le Christ à notre rédemption.

      Ainsi en Marie et par Marie, s'est renouvelée la situation de l'humanité et du monde, qui sont, en quelque manière, entrés à nouveau dans la splendeur du matin de la création.


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