Bonjour Natacha,
Vous citez l'expression "yoga chrétien". Je la trouve contradictoire.
En orient, le Karma, l'enchaînement des vies, la réincarnation, est vécue comme une sorte de malédiction. Le yoga, par l'exercice de postures et la maîtrise du souffle, permet d'en sortir. Il fait parvenir à des états modifiés de conscience, et au "plongeon" dans l'énergie cosmique. Autrement dit, par une technique longuement mise en oeuvre, on se fait "sauter" dans l'Un... C'est une sorte d'échappatoire à la force du poignet.
Rien à voir avec l'accueil de la miséricorde du Père obtenue par l'acte rédempteur de Jésus (sa mort sur la croix, sa résurrection, et le don de l'Esprit Saint), qui me fait entrer dans la vie éternelle dès maintenant et la promesse de la résurrection dans la gloire divine.
Aucun besoin de postures, ni de maîtrise du souffle, pour prier chrétiennement : il s'agit de laisser l'Esprit de Dieu nous entraîner à une communion de coeur avec Jésus et avec son Père. Rien à voir avec "faire le vide". Ni avec l'ouverture des chakras ou la montée de la kundalini...
La grande tradition mystique de l'Église, représentée au premier plan par les grands maîtres du Carmel, Saint Jean de la Croix, Sainte Thérèse d'Avila, mais aussi Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, nous propose de "faire oraison", d'entrer dans la "contemplation"... Ils ont déjà balisé le cheminement : voir la "Montée du Carmel" de Jean de la Croix, et le "Château Intérieur" de Thérèse d'Avila... Voyez par exemple le site
http://www.carmel.asso.fr/Si des prêtres, dominicain, ou carme (il y en a un dans mon diocèse), pensent aider en assaisonnant la prière chrétienne de postures yoguiques, c'est qu'ils ne connaissent pas très bien leur propre spiritualité chrétienne... Et en plus c'est "tendance" !
Mais, malheureusement, chercher à s’appuyer d'abord sur la sensation du corps et la respiration, fait dériver, imperceptiblement, vers
une vie spirituelle à l’envers : le corps chemin vers l’âme, la maîtrise du corps vecteur de la progression spirituelle… !
Le résultat est périlleux; le Christ Jésus, de la place centrale qu'il occupe dans la perspective chrétienne, devient généralement tout-à-fait marginal, au profit de la réalisation de soi...
Voilà quelques réflexions qui sont très actuelles pour moi, car je suis souvent confronté à la question que vous posiez.
Qu'en pensez-vous ?
Bien amicalement