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Symboles et Définitions de la Foi Catholique - Denzinger


Son interprète : l'Eglise

3007
Etant donné que certains ont présenté de manière défectueuse le décret que le saint concile de Trente, en vue de corriger des esprits effrontés, avait porté sur l'interprétation de la sainte Ecriture, Nous déclarons, en renouvelant ce même décret, que son intention est que, dans les matières de foi et de moeurs qui concernent l'élaboration de la doctrine chrétienne, on doit tenir pour véritable sens de la sainte Ecriture celui qu'a tenu et que tient notre Mère la sainte Eglise, à laquelle il appartient de juger du sens et de l'interprétation véritable des saintes Ecritures ; et que, dès lors, il n'est permis à personne d'interpréter cette sainte Ecriture contrairement à ce sens ni non plus contrairement au consentement unanime des Pères.
 

Chap. 3. La foi

Ce qu'est la foi

3008
Puisque l'homme dépend totalement de Dieu comme son créateur et Seigneur, et que la raison créée est complètement soumise à la Vérité incréée, nous sommes tenus de présenter par la foi à Dieu qui se révèle, la soumission plénière de notre intelligence et de notre volonté 3021. Cette foi, qui est commencement du salut de l'homme 1532, l'Eglise catholique professe qu'elle est une vertu surnaturelle par laquelle, prévenus par Dieu et aidés par la grâce, nous croyons vraies les choses qu'il nous a révélées, non pas à cause de leur vérité intrinsèque perçue par la lumière naturelle de la raison, mais à cause de l'autorité de Dieu même qui révèle, lequel ne peut ni se tromper ni nous tromper 2778, 3022. "Car la foi, atteste l'Apôtre, est la substance de ce que nous espérons et la preuve des réalités qu'on ne voit pas" He 11,1 .
 

La foi est conforme à la raison

3009
Néanmoins, pour que l'hommage de notre foi soit conforme à la raison Rm 12,1 Dieu a voulu que les secours intérieurs du Saint-Esprit soient accompagnés de preuves extérieures de sa Révélation, à savoir des faits divins et surtout les miracles et les prophéties qui, en montrant de manière impressionnante la toute-puissance de Dieu et sa science sans borne, sont des signes très certains de la Révélation divine, adaptés à l'intelligence de tous 3023-3024. C'est pourquoi Moïse et les prophètes et surtout le Christ notre Seigneur firent des miracles nombreux et éclatants et prophétisèrent ; et, à propos des apôtres, nous lisons dans l'Ecriture "Etant partis, ils prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux et confirmant leurs paroles" Mc 16,20 . Il est également écrit : "Nous avons une parole Prophétique plus forte, sur laquelle vous faites bien de fixer votre attention comme une lampe qui brille dans un lieu obscur" 2P 1,19 .
 

La foi, un don de Dieu

3010
Bien que l'assentiment de la foi ne soit nullement un mouvement aveugle de l'esprit, personne cependant ne peut donner son adhésion à la prédication évangélique de la manière requise pour obtenir le salut "sans l'illumination et l'inspiration du Saint-Esprit qui donne à tous son onction lorsqu'ils adhèrent et croient à la vérité" (2ème concile d'Orange : 377). C'est pourquoi la foi en elle-même, même si elle n'opère pas par la charité, est un don de Dieu ; et l'acte de foi est une oeuvre salutaire, par laquelle l'homme offre à Dieu lui-même sa libre obéissance en acquiesçant et en coopérant à la grâce à laquelle il pouvait résister 1525 ss. ; 3025.
 

L'objet de la foi

3011
Ajoutons qu'on doit croire de foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la Parole de Dieu, écrite ou transmise par la Tradition, et que l'Eglise propose à croire comme divinement révélé, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel.
 

La nécessité de la foi

3012
Parce que "sans la foi il est impossible de plaire à Dieu" He 11,6 et d'arriver à partager la condition de ses fils, personne jamais ne se trouve justifié sans elle et personne, à moins qu'il n'ait "persévéré en elle jusqu'à la fin" Mt 10,22 Mt 24,13 , n'obtiendra la vie éternelle. Mais, pour que nous puissions satisfaire au devoir d'embrasser la vraie foi et de persévérer constamment en elle, Dieu, par son Fils unique, a institué l'Eglise et l'a pourvue de marques évidentes de son, institution afin qu'elle puisse être reconnue par tous comme la gardienne et la maîtresse de la Parole révélée.
 

Les secours extérieurs et intérieurs de la foi

3013
Car c'est à l'Eglise catholique seule que se réfèrent tous ces signes si nombreux et si admirables disposés par Dieu pour faire apparaître avec évidence la crédibilité de la foi chrétienne. Bien plus, l'Eglise, à cause de son admirable propagation, de son éminente sainteté et de son inépuisable fécondité en tout bien, à cause aussi de son unité catholique et de son invincible fermeté, est par elle-même un grand et perpétuel motif de crédibilité et un témoignage irréfutable de sa mission divine.

3014
Il en résulte que par elle-même l'Eglise, "comme un étendard levé parmi les nations" Is 11,12 , d'une part appelle à elle ceux qui n'ont pas encore cru, et d'autre part augmente en ses fils l'assurance que la foi qu'ils professent repose sur un fondement très ferme. A ce témoignage vient s'ajouter le secours efficace de la grâce d'en haut. Car le Seigneur plein de bienveillance d'une part excite et aide par sa grâce ceux qui sont dans l'erreur, afin qu'ils puissent "arriver à la connaissance de la vérité" 1Tm 2,4 , et d'autre part confirme par sa grâce ceux qu'il a fait passer des ténèbres dans son admirable lumière 1P 2,9 Col 1,13 , pour qu'ils persévèrent dans cette lumière, n'abandonnant quelqu'un que s'il est abandonné 1537.
C'est pourquoi la condition de ceux qui ont adhéré à la vérité catholique grâce au don céleste de la foi n'est en rien semblable à celle de ceux qui, guidés par des opinions humaines, suivent une fausse religion ; en effet, ceux qui ont reçu la foi sous le magistère de l'Eglise ne peuvent jamais avoir un juste motif de changer ou de remettre en question cette foi 3026. Dès lors, rendant grâces à Dieu le Père, qui nous a faits dignes de participer au sort des saints dans la lumière Col 1,12 , ne négligeons pas un salut si grand He 2,3 , mais "les yeux fixés sur Jésus, auteur de notre foi et qui la mène à sa perfection" He 12,2 , "maintenons le témoignage inébranlable de notre espérance" He 10,23 .
 

Chap. 4. La foi et la raison

Deux ordres de connaissances

3015
L'Eglise catholique a toujours tenu et tient encore qu'il existe deux ordres de connaissance, distincts non seulement par leur principe, mais aussi par leur objet. Par leur principe, puisque dans l'un c'est par la raison naturelle et dans l'autre par la foi divine que nous connaissons. Par leur objet, parce que, outre les vérités que la raison naturelle peut atteindre, nous sont proposés à croire les mystères cachés en Dieu, qui ne peuvent être connus s'ils ne sont divinement révélés 3021.
C'est pourquoi l'Apôtre, qui témoigne que Dieu a été connu des gentils "par ses oeuvres" Rm 1,20 , lorsqu'il parle de la grâce et de la vérité qui nous viennent de Jésus Christ Jn 1,17 , déclare : "Nous prêchons la sagesse de Dieu dans le mystère, une sagesse cachée que Dieu a prédestinée avant tous les siècles pour notre gloire, qu'aucun des princes de ce siècle n'a connue... Dieu nous l'a révélée par son esprit, car l'esprit pénètre tout, même les profondeurs de Dieu" 1Co 2,7 s. Et le Fils unique lui-même rend grâces au Père d'avoir caché ces choses aux sages et aux prudents et de les avoir révélées aux petits Mt 11,25 .
 

La part de la raison dans l'élaboration de la vérité surnaturelle

3016
Lorsque la raison; éclairée par la foi, cherche avec soin, piété et modération, elle arrive par le don de Dieu à une certaine intelligence très fructueuse des mystères, soit grâce à l'analogie avec les choses qu'elle connaît naturellement, soit grâce aux liens qui relient les mystères entre eux et avec la fin dernière de l'homme ; jamais toutefois elle n'est rendue capable de les pénétrer de la même manière que les vérités qui constituent son objet propre. Car les mystères divins, par leur nature même, dépassent tellement l'intelligence créée que, même transmis par la Révélation et reçus par la foi, ils demeurent encore recouverts du voile de la foi, et comme enveloppés dans une certaine obscurité, aussi longtemps que, dans cette vie mortelle, nous cheminons loin du Seigneur, car c'est dans la foi que nous marchons et non dans la vision 2Co 5,6 s.
 

Pas d'opposition entre foi et raison

3017
Mais bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de vrai désaccord entre la foi et la raison, étant donné que c'est le même Dieu qui révèle les mystères et communique la foi, et qui a fait descendre dans l'esprit humain la lumière de la raison : Dieu ne pourrait se nier lui-même, ni le vrai jamais contredire le vrai. Cette vaine apparence de contradiction vient surtout de ce que les dogmes de la foi n'ont pas été compris et exposés selon l'esprit de l'Eglise, ou bien lorsqu'on prend des opinions fausses pour des conclusions de la raison. "Nous définissons donc comme étant complètement fausse toute assertion contraire à la Vérité de la foi éclairée" (5è concile du Latran 1441).

3018
De plus, l'Eglise, qui a reçu, en même temps que la charge apostolique d'enseigner, le commandement de garder le dépôt de la foi, a, de par Dieu, le droit et le devoir de proscrire la fausse "science" 1Tm 6,20 , afin que nul ne soit trompé par le vain leurre de la philosophie (Col 2,8 3022.
C'est pourquoi tous les chrétiens fermes dans leur foi non seulement n'ont pas le droit de défendre comme de légitimes conclusions de la science les opinions connues contraires à la foi, surtout si elles ont été réprouvées par l'Eglise, mais ils sont strictement tenus de les considérer plutôt comme des erreurs parées de quelque trompeuse apparence de vérité.
 

L'aide mutuelle que s'apportent la foi et la raison

3019
Non seulement, la foi et la raison ne peuvent jamais être en désaccord, mais encore elles s'aident mutuellement 2776, 2811. La droite raison démontre les fondements de la foi, et, éclairée par la lumière de celle-ci, elle s'adonne à la science des choses divines. Quant à la foi, elle libère et protège la raison des erreurs et lui fournit de multiples connaissances.
C'est pourquoi il n'est pas question que l'Eglise s'oppose à ce qu'on s'adonne aux sciences humaines et aux arts libéraux ; au contraire, elle les aide et les fait progresser de multiples façons. Elle n'ignore ni ne méprise les avantages qui en découlent pour la vie des hommes ; elle reconnaît même que, venues de Dieu, maître des sciences 1S 2,3 , elles peuvent conduire à Dieu, avec l'aide de sa grâce, si on s'en sert comme il faut.
Elle n'interdit certes pas que ces sciences utilisent, chacune en son domaine, des principes et une méthode qui leur sont propres, mais en reconnaissant cette légitime liberté, elle est très attentive à ce qu'elles n'admettent pas des erreurs opposées à la doctrine divine, ou que, dépassant leurs frontières, elle n'envahissent ni ne troublent le domaine de la foi.
 

Ce qu'est le progrès dans la science théologique

3020
D'autre part, la doctrine de foi que Dieu a révélée n'a pas été proposée comme une découverte philosophique à faire progresser par la réflexion de l'homme, mais comme un dépôt divin confié à l'Epouse du Christ pour qu'elle le garde fidèlement et le présente infailliblement. En conséquence, le sens des dogmes sacrés qui doit être conservé à perpétuité est celui que notre Mère la sainte L'Eglise a présenté une fois pour toutes et jamais il n'est loisible de s'en écarter sous le prétexte ou au nom d'une compréhension plus poussée. 3023.
"Que croissent et progressent largement et intensément, pour chacun comme pour tous, pour un seul homme comme pour toute l'Eglise, selon le degré propre à chaque âge et à chaque temps, l'intelligence, la science, la sagesse, mais exclusivement dans leur ordre, dans la même croyance, dans le même sens et dans la même pensée".
 

Canons

1. Dieu, créateur de toutes choses

Contre toutes les erreurs concernant l'existence de Dieu créateur.

3021
1. Si quelqu'un refuse d'admettre qu'il y a un seul Dieu vrai, créateur et Seigneur des choses visibles et invisibles, qu'il soit anathème 3001.
 

Contre le matérialisme

3022
2. Si quelqu'un ne rougit pas d'affirmer qu'il n'existe rien en dehors de la matière, qu'il soit anathème 3002.
 

Contre le Panthéisme et ses différentes formes

3023
3. Si quelqu'un dit que la substance ou l'essence de Dieu et de tous les êtres est une et identique, qu'il soit anathème 3001.

3024
4. Si quelqu'un dit que les choses finies, soit corporelles soit spirituelles, ou au moins les spirituelles, sont émanées de la substance divine, ou que l'essence divine devient toute chose en se manifestant ou en évoluant, ou enfin que Dieu est l'être universel ou indéfini, qui, en se déterminant, constitue l'universalité des choses, distinctes en genres, espèces et individus, qu'il soit anathème.
 

Contre Panthéistes et matérialistes contre les Günthériens,

et les Hermésiens.

3025
5. Si quelqu'un ne confesse pas que le monde et toutes les réalités qu'il contient, spirituelles et matérielles, ont été produits de Dieu dans la totalité de leur substance,
ou s'il dit que Dieu n'a pas créé par une volonté libre de toute nécessité, mais aussi nécessairement qu'il s'aime lui-même, ou s'il nie que le monde ait été créé pour la gloire de Dieu, qu'il soit anathème.
 

2. La Révélation

Contre ceux qui nient la théologie naturelle

3026
1. Si quelqu'un dit que le Dieu unique et véritable, notre Créateur et Seigneur, ne peut être connu avec certitude par ses oeuvres grâce à la lumière naturelle de la raison humaine, qu'il soit anathème. 3004.
 

Contre le déisme

3027
2. Si quelqu'un dit qu'il est impossible ou inutile que l'homme soit instruit par la Révélation divine sur Dieu et sur le culte qu'il faut lui rendre, qu'il soit anathème.
 

Contre le rationalisme sans limites

3028
3. Si quelqu'un dit que l'homme ne peut être élevé par Dieu à une connaissance et à une perfection qui dépassent celles qui lui sont naturelles, mais qu'il peut et doit par lui-même arriver finalement à la possession du vrai et du bien par un progrès continuel, qu'il soit anathème.
 

Contre la critique de la Bible par les rationalistes

3029
4. Si quelqu'un ne reçoit pas les livres de la sainte Ecriture comme sacrés et canoniques, dans leur intégrité et avec toutes les parties, tels qu'ils sont énumérés par le saint concile de Trente 1501-1508, ou s'il nie qu'ils soient divinement inspirés, qu'il soit anathème 3006.
 

3. La foi

Contre l'autonomie de la raison

3031
1. Si quelqu'un dit que la raison humaine est si indépendante que Dieu ne puisse exiger d'elle la foi, qu'il soit anathème 3008.

3032
2. Si quelqu'un dit que la foi divine n'est pas distincte de la connaissance naturelle que l'on peut avoir de Dieu et des règles de la moralité, et que, par suite, il n'est pas requis pour la foi divine que l'on croie à la vérité révélée à cause de l'autorité de Dieu qui révèle, qu'il soit anathème 3008.
 

Contre le fidéisme

3033
3. Si quelqu'un dit que la Révélation divine ne peut être rendue croyable par des signes extérieurs et que, dès lors, les hommes doivent être poussés à la foi uniquement par leur expérience intérieure personnelle ou par une inspiration privée, qu'il soit anathème 3009.
 

Contre l'agnosticisme et le mythologisme

3034
4. Si quelqu'un dit qu'il ne peut pas y avoir de miracle et qu'en conséquence tous les récits qui les mentionnent, même ceux qui se trouvent dans la sainte Ecriture, doivent être rejetés comme des fables ou des mythes, ou que les miracles ne peuvent jamais être connus avec certitude ni servir à prouver efficacement l'origine de la religion chrétienne, qu'il soit anathème 3009.
 

Contre les hermésiens

3035
5. Si quelqu'un dit que l'assentiment de la foi chrétienne n'est pas libre, mais qu'il est produit nécessairement par les arguments de la raison humaine, ou que la grâce de Dieu est seulement nécessaire pour la foi vivante qui opère par la charité Ga 5,6 , qu'il soit anathème 3010.

3036
6. Si quelqu'un dit que les fidèles sont dans la même condition que ceux qui ne sont pas encore parvenus à l'unique foi véritable, en sorte que les catholiques pourraient avoir un juste motif, en suspendant leur assentiment, de révoquer en doute la foi qu'ils ont reçue sous le magistère de l'Eglise jusqu'à ce qu'ils aient terminé la démonstration scientifique de la crédibilité et de la vérité de leur foi, qu'il soit anathème 3014.
 

4. La foi et la raison

3041
1. Si quelqu'un dit que la Révélation divine ne contient aucun mystère véritable et proprement dit, mais que tous les dogmes de la foi peuvent être compris et démontrés par la raison, convenablement cultivée, à partir des principes naturels, qu'il soit anathème 3015 et s

3042
2. Si quelqu'un dit qu'on doit traiter les disciplines humaines avec une liberté telle que, même si leurs affirmations s'opposent à la doctrine révélée, elles peuvent être reconnues comme vraies et ne peuvent être interdites par l'Eglise, qu'il soit anathème 3017 s.

3043
3. Si quelqu'un dit qu'il est possible que les dogmes proposés par l'Eglise se voient donner parfois, par suite du progrès de la science, un sens différent de celui que l'Eglise a compris et comprend encore, qu'il soit anathème 3020.
 

Epilogue

3044
C'est pourquoi, remplissant notre charge pastorale, Nous conjurons par l'amour de Jésus Christ tous les fidèles du Christ, surtout ceux qui exercent une certaine autorité ou ceux qui ont la charge d'enseigner les autres, et Nous leur ordonnons, pour l'amour de Jésus Christ et par l'autorité de notre Dieu et Sauveur, d'apporter les efforts de leur zèle pour écarter et éliminer ces erreurs de la sainte Eglise catholique et pour répandre la lumière de la très pure foi.

3045
Mais comme il ne suffit pas d'éviter la perversité de l'hérésie si l'on ne fait aussi très attention à fuir les erreurs qui en sont plus ou moins proches, Nous avertissons tous les fidèles du devoir qu'ils ont d'observer aussi les constitutions et les décrets par lesquels le Saint-Siège proscrit et prohibe les opinions perverses qui ne sont pas mentionnées explicitement dans le présent document.
 

4ème session, 18 juillet 1870 : première constitution

dogmatique "Pastor aeternu

Préambule sur l'institution et le fondement de l'Eglise

3050
L'éternel pasteur et gardien de nos âmes 1P 2,25 , afin de perpétuer l'oeuvre salutaire de la Rédemption, a décidé de fonder l'Eglise, dans laquelle, comme en la maison du Dieu vivant, tous les fidèles seraient rassemblés par le lien d'une seule foi et d'une seule charité. C'est pourquoi, avant d'être glorifié, il pria son Père non seulement pour les apôtres, mais aussi pour ceux qui croiraient en lui, à cause de leurs paroles, pour que tous soient un, comme le Fils et le Père sont un Jn 17,20-21 . De même qu'il envoya les apôtres qu'il s'était choisis dans le monde Jn 15,19 comme lui-même avait été envoyé par le Père Jn 20,21 , ainsi voulut-il qu'il y eut dans son Eglise des pasteurs et des docteurs "jusqu'à la fin du monde" Mt 28,20 .

3051
Pour que l'épiscopat soit un et non divisé et pour que, grâce à l'union étroite et réciproque des pontifes, la multitude entière des croyants soit gardée dans l'unité de la foi et de la communion, plaçant saint Pierre au-dessus des autres apôtres, il établit en sa personne le principe durable et le fondement visible de cette double unité. Sur sa solidité, se bâtirait le temple éternel et sur la fermeté de cette foi, s'élèverait l'Eglise, dont la grandeur doit toucher le ciel.

3052
Parce que les portes de l'enfer, en vue de renverser, s'il se pouvait, l'Eglise, se dressent de toutes parts avec une haine de jour en jour croissante contre ce fondement établi par Dieu, Nous jugeons nécessaire pour la protection, la sauvegarde et l'accroissement du troupeau catholique, avec l'approbation du saint concile, de proposer à tous les fidèles la doctrine qu'ils doivent croire et tenir, conformément à la foi antique et constante de l'Eglise, concernant l'institution. le caractère perpétuel et la nature de la primauté du Siège apostolique, sur lequel reposent sa force et la solidité de toute l'Eglise, et aussi de proscrire et de condamner les erreurs contraires, si pernicieuses pour le troupeau du Seigneur.
 

Chap. 1 - L'institution de la primauté apostolique en saint Pierre.

3053
Nous enseignons donc et Nous déclarons que, suivant les témoignages de l'Evangile, la primauté de juridiction sur toute l'Eglise de Dieu a été promise et donnée immédiatement et directement par le Christ notre Seigneur à l'apôtre saint Pierre. C'est en effet au seul Simon, auquel il avait été déjà dit : "Tu t'appelleras Cephas" Jn 1,42 , après que celui-ci l'avait confessé en disant : "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant", que le Seigneur a adressé ces paroles solennelles "Heureux es-tu, Simon, fils de Jona, car ce n'est pas la chair ni le sang qui te l'ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux ; et moi, je te dis que tu es Pierre et que sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle. Et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié au ciel, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel" Mt 16,16-49 . Et c'est au seul Simon Pierre que, après sa Résurrection, Jésus conféra la juridiction de pasteur et de guide suprême sur tout son troupeau en disant: "Pais mes agneaux, pais mes brebis" Jn 21,15-17
 

3054
A cette doctrine si claire des saintes Ecritures, telle qu'elle a toujours été comprise par l'Eglise catholique, s'opposent ouvertement les opinions fausses de ceux qui, pervertissant la forme du gouvernement institué par le Christ notre Seigneur, nient que, de préférence aux autres apôtres, pris soit isolément soit tous ensemble, Pierre seul se soit vu doté par le Christ d'une primauté de juridiction véritable et proprement dite, ou de ceux qui affirment que cette primauté n'a pas été conférée directement et immédiatement à saint Pierre mais à l'Eglise et, par celle-ci, à Pierre comme à son ministre.

3055
(Canon) Si donc quelqu'un dit que l'apôtre saint Pierre n'a pas été établi par le Christ notre Seigneur, chef de tous les apôtres et tête visible de toute l'Eglise militante ; ou que ce même apôtre n'a reçu directement et immédiatement du Christ qu'une primauté d'honneur et non pas une primauté de juridiction véritable et proprement dite, qu'il soit anathème.
 

Chap. 2. La perpétuité de la primauté de saint Pierre.

3056
Ce que le Christ notre Seigneur, chef des pasteurs et pasteur suprême des brebis, a institué dans le saint apôtre pour le salut éternel et le bien de l'Eglise doit nécessairement, grâce au même promoteur, se poursuivre sans interruption dans l'Eglise, laquelle, fondée sur la pierre, subsistera ferme jusqu'à la fin des siècles. "Personne ne doute et tous les siècles savent que le saint et heureux Pierre, chef et tête des apôtres, a reçu les clés du Royaume de notre Seigneur Jésus Christ, sauveur et rédempteur du genre humain: jusqu'à
maintenant et toujours, c'est lui qui, dans la personne de ses successeurs, les évêques du Saint-Siège de Rome fondé par lui et consacré par son sang, vit, préside et exerce le pouvoir de juger.

3057
Dès lors, quiconque succède à Pierre en cette chaire, reçoit, de par l'institution du Christ lui-même, la primauté de Pierre sur toute l'Eglise. "Ainsi demeure ce qu'ordonna la vérité, et saint Pierre, gardant toujours cette solidité de pierre qu'il a reçue, n'a pas abandonné le gouvernail de l'Eglise." Voilà pourquoi "c'est vers l'Eglise romaine, à cause de sa priorité prépondérante, qu'il a toujours été nécessaire que chaque Eglise, c'est-à-dire les fidèles venus de partout, se tourne" afin qu'ils ne fassent qu'un en ce siège d'où découlent sur tous "les droits de la vénérable communion", comme des membres unis à la tête dans l'assemblage d'un corps.

3058
(Canon) Si donc quelqu'un dit que ce n'est pas par l'institution du Christ ou de droit divin que saint Pierre a, et pour toujours, des successeurs dans sa primauté sur l'Eglise universelle, ou que le pontife romain n'est pas successeur de saint Pierre en cette primauté : qu'il soit anathème.
 
 

Chap. 3. Pouvoir et nature de la primauté du pontife romain

3059
C'est pourquoi, Nous fondant sur les témoignages clairs des saintes lettres et adhérant aux décrets explicitement définis tant par nos prédécesseurs, les pontifes romains, que par les conciles généraux, Nous renouvelons la définition du concile oecuménique de Florence, qui impose aux fidèles de croire "que le Saint-Siège apostolique et le pontife romain détiennent le primat sur tout l'univers et que le pontife romain est quant à lui le successeur du bienheureux Pierre, prince des apôtres et le vrai vicaire du Christ, la tête de l'Eglise entière, le Père et le docteur de tous les chrétiens ; et que c'est à lui qu'a été transmis par notre seigneur Jésus Christ, dans le bienheureux Pierre, le pouvoir plénier de paître de diriger et de gouverner l'Eglise universelle, ainsi qu'il est contenu dans les actes des conciles oecuméniques et dans les saints canons " 1307

3060
Ainsi donc, Nous enseignons et déclarons que l'Eglise romaine, par disposition du Seigneur, possède sur toutes les autres une primauté de pouvoir ordinaire et que ce pouvoir de juridiction du pontife romain, qui est vraiment épiscopal, est immédiat. Les pasteurs de tous rites et de tous rangs ainsi que les fidèles, tant chacun séparément que tous ensemble, sont tenus au devoir de subordination hiérarchique et de vraie obéissance, non seulement dans les questions qui concernent la foi et les moeurs, mais aussi dans celles qui touchent à la discipline et au gouvernement de l'Eglise répandue dans le monde entier ; de telle manière que, en gardant l'unité de communion et de profession de foi avec le pontife romain, l'Eglise est un seul troupeau sous un seul pasteur suprême Jn 10,16 . Telle est la doctrine de la vérité catholique, dont personne ne peut s'écarter sans danger pour la foi et le salut.

3061
Mais il s'en faut de beaucoup que ce pouvoir du souverain pontife fasse obstacle au pouvoir de juridiction épiscopale ordinaire et immédiat par lequel les évêques, établis par l'Esprit Saint Ac 20,28 successeurs des apôtres paissent et gouvernent en vrais pasteurs chacun le troupeau qui lui a été confié. Au contraire, ce pouvoir est affirmé, affermi et défendu par le pasteur suprême et universel, comme le dit saint Grégoire le Grand : "Mon honneur est l'honneur de l'Eglise universelle. Mon honneur est la force solide de mes frères. Je suis vraiment honoré lorsqu'on rend à chacun l'honneur qui lui est dû."

3062
En outre, de ce pouvoir suprême qu'a le pontife romain de gouverner toute l'Eglise résulte pour lui le droit de communiquer librement, dans l'exercice de sa charge, avec les pasteurs et les troupeaux de toute l'Eglise afin de pouvoir les enseigner et les gouverner dans la voie du salut. C'est pourquoi Nous condamnons et réprouvons les opinions de ceux qui disent qu'on peut légitimement empêcher cette communication du chef suprême avec les pasteurs et les troupeaux, ou qui l'assujettissent au pouvoir civil en prétendant que ce qui est décidé par le Siège apostolique ou par son autorité, pour le gouvernement de l'Eglise, n'a de force ni de valeur que si le placet du pouvoir civil le confirme.

3063
Et parce que, en vertu du droit divin de la primauté apostolique, le pontife romain est à la tête de l'Eglise universelle, Nous enseignons et déclarons encore qu'il est le juge suprême des fidèles et que, dans toutes les causes qui touchent à la juridiction ecclésiastique, on peut faire appel à son jugement 861. Le jugement du Siège apostolique, auquel aucune autorité n'est supérieure, ne doit être remis en question par personne et personne n'a le droit de juger ses décisions 638-642. C'est pourquoi ceux qui affirment qu'il est permis d'en appeler des jugements des pontifes romains au concile oecuménique comme à une autorité supérieure à ce pontife s'écartent du chemin de la vérité.

3064
(Canon) Si donc quelqu'un dit que le pontife romain n'a qu'une charge d'inspection ou de direction et non un pouvoir plénier et souverain de juridiction sur toute l'Eglise, non seulement en ce qui touche à la foi et aux moeurs mais encore en ce qui touche à la discipline et au gouvernement de l'Eglise répandue dans le monde entier, ou qu'il n'a que la part la plus importante et non pas la plénitude totale de ce pouvoir suprême ; ou que son pouvoir n'est pas ordinaire ni immédiat sur toutes et chacune des Eglises comme sur tous et chacun des pasteurs et des fidèles : qu'il soit anathème.
 
 

Chap. 4. Le magistère infaillible du pontife romain

3065
Que dans la primauté apostolique que le pontife romain. en tant que successeur de Pierre, prince des apôtres, a reçu sur l'Eglise universelle, soit inclus également le pouvoir suprême du magistère, c'est ce que ce Saint-Siège a toujours tenu, ce que l'usage perpétuel des Eglises confirme, et ce qu'ont déclaré les conciles oecuméniques, et tout particulièrement ceux où l'Orient se rencontrait avec l'Occident dans l'union de la foi et de la charité.

3066
En effet, les pères du 6ème concile de Constantinople, marchant sur les traces des anciens, ont émis cette solennelle profession de foi : "La condition première du salut est de garder la règle de la foi juste (...). Et parce qu'il n'est pas possible de négliger la parole de notre Seigneur Jésus Christ qui dit: "Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise"
Mt 16,18 , ce qui a été dit est prouvé par les faits car la religion catholique a toujours été gardée sans tache auprès du Siège apostolique et la doctrine catholique toujours professée dans Sa sainteté. Ne voulant donc nous séparer d'aucune façon de cette espérance et de cette foi (...), nous espérons mériter de rentrer dans la communion avec vous que prêche le Siège apostolique, communion dans laquelle réside, entière et vraie, la solidité de la religion chrétienne" 363-365.

3067
Et avec l'approbation du 2ème concile de Lyon, les Grecs ont professé : "La sainte Eglise romaine possède aussi la primauté et autorité souveraine et entière sur l'ensemble de l'Eglise catholique. Elle reconnaît sincèrement et humblement l'avoir reçue, avec la plénitude du pouvoir, du Seigneur lui-même, en la personne du bienheureux Pierre, chef ou tête des apôtres, dont le pontife romain est le successeur. Et comme elle doit, avant les autres, défendre la vérité de la foi, ainsi les questions qui surgiraient à propos de la foi doivent être définies par son jugement" 861.

3068
Enfin le concile de Florence a défini : "Le pontife romain est le vrai vicaire du Christ, la tête de l'Eglise entière. Le Père et le docteur de tous les chrétiens ; et que c'est à lui, qu'a été transmis par notre Seigneur Jésus Christ dans le bienheureux Pierre, le pouvoir plénier de paître, de diriger et de gouverner l'Eglise universelle" 1307.

3069
Pour s'acquitter de leur charge pastorale, nos prédécesseurs ont travaillé infatigablement à la propagation de la doctrine salutaire du Christ parmi tous les peuples de la terre et ils ont veillé avec un soin égal à sa conservation authentique et pure, là où elle avait été reçue. C'est pourquoi les évêques du monde entier, tantôt individuellement, tantôt réunis en synode, se conformant à la longue coutume des Eglises et aux formes de la règle antique, ont communiqué au Siège apostolique les dangers particuliers qui surgissaient en matière de foi, afin que les dommages causés à la foi fussent réparés là où celle-ci ne saurait subir de défaillance.
Les pontifes romains, selon que l'exigeaient les conditions de temps et des événements, tantôt en convoquant des conciles oecuméniques ou en sondant l'opinion de l'Eglise répandue sur la terre, tantôt par des synodes particuliers, tantôt grâce à d'autres moyens que leur fournissait la Providence, ont défini qu'on devait tenir ce qu'ils avaient reconnu avec l'aide de Dieu comme conforme aux saintes lettres et aux traditions apostoliques.

3070
Car le Saint-Esprit n'a pas été promis aux successeurs de Pierre pour qu'ils fassent connaître sous sa révélation une nouvelle doctrine, mais pour qu'avec son assistance ils gardent saintement et exposent fidèlement la Révélation transmise par les apôtres, c'est-à-dire le dépôt de la foi. Leur doctrine apostolique a été reçue par tous les vénérables pères, vénérée et suivie par les saints docteurs orthodoxes ; ils savaient parfaitement que ce siège de Pierre demeurerait pur de toute erreur, aux termes de la promesse divine de notre Seigneur et Sauveur au chef de ses disciples : "J'ai prié pour toi, pour que ta foi ne défaille pas ; et quand tu seras revenu, affermis tes frères" Lc 22,32 .

3071
Ce charisme de vérité et de foi à jamais indéfectible a été accordé par Dieu à Pierre et à ses successeurs en cette chaire, afin qu'ils remplissent leur haute charge pour le salut de tous, afin que le troupeau universel du Christ, écarté des nourritures empoisonnées de l'erreur, soit nourri de la doctrine céleste, afin que, toute occasion de schisme étant supprimée, l'Eglise soit conservée tout entière dans l'unité, et qu'établie sur son fondement elle tienne ferme contre les portes de l'enfer.

3072
Mais comme en ce temps, qui exige au plus haut point l'efficacité salutaire de la charge apostolique, il ne manque pas d'hommes qui en contestent l'autorité, Nous jugeons absolument nécessaire d'affirmer solennellement la prérogative que le Fils unique de Dieu a daigné joindre à la fonction pastorale suprême.

3073
C'est pourquoi, Nous attachant fidèlement à la tradition reçue dès l'origine de la foi chrétienne pour la gloire de Dieu notre Sauveur, pour l'exaltation de la religion catholique et pour le salut des peuples chrétiens, avec l'approbation du saint concile, nous enseignons que c'est une dogme révélé par Dieu :

3074
lorsque le pontife romain parle ex cathedra, c'est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu'une doctrine en matière de foi ou de morale doit être tenue par toute l'Eglise, il jouit, en vertu de l'assistance divine qui lui a été promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que soit pourvue son Eglise lorsqu'elle définit la doctrine sur la foi ou la morale ; par conséquent, ces définitions du pontife romain sont irréformables par elles- mêmes et non en vertu du consentement de l'Eglise.

3075
(Canon) Si quelqu'un, ce qu'à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire notre définition qu'il soit anathème.
 

Réponse du Saint-Office au vicaire apostolique d'Océanie

centrale, 18 décembre 1872

 

Foi et intention du ministre du sacrement

3100
Questions : 1. Le baptême administré par ces hérétiques (méthodistes) est-il douteux en raison d'un défaut d'intention de faire ce qu'a voulu le Christ, s'il a été déclaré expressément par le ministre, avant qu'il ne baptise, que le baptême n'a pas d'effet sur l'âme ?

3101
2. Un baptême ainsi conféré est-il douteux si ladite déclaration n'a pas été faite de façon expresse immédiatement avant que le baptême soit conféré, mais qu'elle a été souvent proférée par le ministre et que cette doctrine est proclamée ouvertement dans cette secte?

3102
Réponse : On a déjà traité de ce doute dans le temps passé, et il a été répondu en faveur de la validité du baptême, comme tu peux le voir chez Benoît XIV, De synodis diocesanis l. VII, chap. VI, n. 9 où on trouve ceci : "Que l'évêque se garde de considérer comme incertaine et douteuse la validité d'un baptême pour la seule raison que le ministre hérétique par qui il a été conféré, du fait qu'il ne croit pas que par le bain de la régénération les péchés sont enlevés, ne l'aura pas conféré pour le pardon des péchés, et que donc il n'aura pas eu l'intention de l'accomplir tel qu'il a été établi par le Christ Seigneur... "
La raison en est clairement enseignée par le cardinal Bellarmin, De Sacramentis in genere 1.I, c. 27, n. 13 : après avoir exposé l'erreur de ceux... qui affirment qu'au canon 11 de la 7e session, le concile de Trente 1611 a défini qu'un sacrement n'est valide que si l'intention du ministre porte non seulement sur l'acte mais également sur la fin du sacrement, c'est-à-dire s'il a l'intention de faire ce pour quoi le sacrement est institué, il ajoute ceci : " .... dans tout le canon 11, en effet, le concile ne mentionne pas la fin du sacrement, et il ne dit pas qu'il faut que le ministre ait l'intention de faire ce qui est l'intention de l'Eglise, mais ce que l'Eglise fait. Or ce que fait l'Eglise ne signifie pas la fin, mais l'action... "
C'est pourquoi Innocent IV affirme dans De baptismo, chap. 2, n. 9 qu'un baptême est valide s'il est conféré par un sarrasin dont on sait qu'il croit que par l'immersion on est seulement mouillé, dès lors qu'il a l'intention de faire ce que font les autres qui baptisent.
Conclusion de la réponse : Pour 1. Non : car malgré l'erreur portant sur les effets du baptême l'intention de faire ce que fait l'Eglise n'est pas exclue. - Pour 2. I1 est répondu en 1.
 

Instruction de la Sacrée Congrégation pour la propagation de la

foi, 1873.

Gains perçus pour un prêt

3105
Conclusion (tirée de toutes les solutions mentionnées dans l'Instruction ) :
1. D'une manière générale, il faut dire à propos du gain perçu pour un prêt qu'absolument rien ne peut être perçu en vertu du prêt, c'est-à- dire de façon directe et simplement en raison de celui-ci.

3106
2. Percevoir quelque chose en plus du capital est licite si cela vient s'ajouter au prêt à un titre extrinsèque, qui n'est pas communément lié et inhérent au prêt de par la nature de celui-ci.

3107
3. Si quelque autre titre fait défaut, comme par exemple un gain qui cesse, une perte qui se produit, et le danger de perdre le capital ou des efforts à mettre en oeuvre pour retrouver le capital, le seul titre de la loi civile peut également être considéré comme suffisant dans la pratique, aussi bien par les fidèles que par leurs confesseurs à qui il n'est donc pas permis d'inquiéter leurs pénitents à ce sujet aussi longtemps que cette question demeure en jugement, et que le Saint-Siège ne l'a pas explicitement définie.

3108
4. La tolérance de cette pratique ne peut aucunement être étendue jusqu'à rendre honnête une usure, si minime soit elle, s'agissant de pauvres, ou une usure immodérée et excédant les limites de l'équité naturelle.

3109
5. Enfin, il n'est pas possible de déterminer de façon universelle quel montant de l'usure doit être considéré comme immodéré et excessif, et lequel doit être considéré comme juste et modéré, puisque cela doit être mesuré dans chaque cas particulier en considérant toutes les circonstances tenant aux lieux, aux personnes et au moment.
 

Réponses à la dépêche circulaire du chancelier Bismarck

au sujet de l'interprétation de la constitution "Pastor aeternus"

de Vatican I - Janvier - Mars 1875.

 

La juridiction du pape et des évêques

a) Déclaration commune des évêques d'Allemagne,

janvier-février 1875.

3112
(Doctrine fausse ) : La dépêche circulaire prétend, au sujet des décisions du concile du Vatican :
"De par ces décisions, le pape est désormais en mesure de s'arroger dans chaque diocèse les droits épiscopaux et de substituer le pouvoir pontifical à celui des évêques locaux."
"La juridiction épiscopale est absorbée par la juridiction papale."
"Le pape n'exerce plus, comme par le passé, certains droits réservés, déterminés, mais il est dépositaire du pouvoir épiscopal plein et entier." "Le pape remplace, en principe, chaque évêque individuellement, et il ne dépend que du pape de se mettre dans la pratique et à tout moment à la place de l'évêque vis-à-vis des gouvernements."
"Les évêques ne sont plus que ses instruments, ses fonctionnaires sans responsabilité propre ;"
"ils sont devenus, vis-à-vis des gouvernements, les fonctionnaires d'un souverain étranger, et à la vérité, d'un souverain qui, en vertu de son infaillibilité, est un souverain parfaitement absolu, plus que n'importe quel monarque absolu du monde."
Toutes ces thèses manquent de fondement, et sont en contradiction certaine avec le texte et le sens des décisions du concile du Vatican, texte et sens publiés et déclarés par le pape, l'épiscopat et les représentants de la science catholique.

3113
(Doctrine juste) : Sans doute les décisions du concile portent que le pouvoir de juridiction ecclésiastique du pape est : potestas suprema, ordinaria et immediata, une suprême puissance de gouvernement donnée au pape par Jésus Christ Fils de Dieu dans la personne de saint Pierre qui s'étend directement sur l'Eglise tout entière, par conséquent sur chaque diocèse et sur tous les fidèles, afin de conserver l'unité de la foi, de la discipline et du gouvernement de l'Eglise, et nullement une simple attribution consistant en quelques droits réservés. Mais ce n'est point là une nouvelle doctrine, c'est une vérité reconnue de la foi catholique,... récemment expliquée et confirmée par le concile du Vatican... contre les erreurs des gallicans, des jansénistes et des fébroniens. D'après cette doctrine de l'Eglise catholique, le pape est évêque de Rome, mais non évêque d'un autre diocèse ni d'une autre ville ; il n'est ni évêque de Breslau, ni évêque de Cologne, etc. Mais en sa qualité d'évêque de Rome, il est en même temps pape, c'est-à-dire le pasteur et chef suprême de l'Eglise universelle, chef de tous les évêques et fidèles, et son pouvoir papal doit être respecté et écouté partout et toujours et non pas seulement dans des cas spéciaux et exceptionnels. Dans cette position, le pape doit veiller à ce que chaque évêque remplisse son devoir dans toute l'étendue de sa charge. Si un évêque en est empêché, ou si un besoin quelconque s'en fait sentir, le pape a le droit et le devoir, non en sa qualité d'évêque du diocèse, mais en celle de pape d'ordonner tout ce qui est nécessaire pour l'administration du diocèse...

3114
Les décisions du concile du Vatican ne fournissent pas l'ombre d'un prétexte à prétendre que le pape est devenu par elles un souverain absolu et, en vertu de son infaillibilité, un souverain parfaitement absolu plus que n'importe quel monarque absolu du monde. D'abord le domaine de la puissance ecclésiastique du pape est essentiellement différent de celui sur lequel s'étend la souveraineté temporelle des monarques ; aussi les catholiques ne contestent nullement l'entière souveraineté de leur prince sur le terrain civil. Abstraction faite de tout cela, on ne peut pas non plus appliquer au pape la qualification de monarque absolu en matière ecclésiastique, parce que lui-même est soumis au droit divin, et il est lié aux dispositions tracées par Jésus Christ à son Eglise. Il ne peut pas modifier la constitution donnée à l'Eglise par son divin fondateur, comme un législateur temporel peut modifier la constitution de l'Etat. La constitution de l'Eglise est fondée dans tous ses points essentiels sur une ordonnance divine et demeure hors de l'atteinte de l'arbitraire humain.

3115
C'est en vertu de cette même institution divine, sur laquelle repose la papauté, que l'épiscopat est établi. Lui aussi a ses droits et ses devoirs en vertu de cette institution, donnée par Dieu même, que le pape n'a ni le droit ni le pouvoir de changer. C'est donc une erreur complète de croire que par les décisions du concile du Vatican "la juridiction papale absorbe la juridiction épiscopale", que le pape a "remplacé en principe individuellement chaque évêque", que les évêques ne sont plus "que les instruments du pape, et ses fonctionnaires sans responsabilité propre" ... En ce qui concerne cette (dernière) affirmation... nous ne pouvons que la récuser avec détermination. Ce n'est pas dans l'Eglise catholique qu'est admis le principe immoral et despotique que l'ordre d'un supérieur dégage sans restriction la responsabilité personnelle.

3116
Enfin, l'assertion que le pape est devenu, "en vertu de son infaillibilité, un souverain parfaitement absolu", repose sur une idée complètement fausse du dogme de l'infaillibilité papale. Comme le concile du Vatican l'a déclaré en termes clairs et nets, et comme cela résulte de la nature même de la chose, l'infaillibilité se rapporte exclusivement à une qualité du magistère du souverain pontife, et ce pouvoir s'étend exactement sur le même domaine que l'infaillible enseignement de l'Eglise, et il est lié au contenu de la sainte Ecriture et à la Tradition, aussi bien qu'aux décisions doctrinales données antérieurement par l'enseignement de l'Eglise. Dans l'exercice du pouvoir du pape, absolument rien n'a été changé.
 

b) Lettre apostolique "Mirabilis illa constantia" aux

évêques d'Allemagne, 4

3117
...Cette gloire de l'Eglise, vous l'avez de nouveau maintenue, vénérables frères, lorsque vous avez entrepris d'exposer le véritable sens des décrets du concile du Vatican artificieusement dénaturé dans une circulaire qui a été rendue publique, et que vous avez ainsi empêché que les fidèles ne se forment de fausses notions et qu'une odieuse falsification ne donne l'occasion d'entraver la liberté du choix d'un nouveau pontife. Votre déclaration collective se distingue tellement par sa clarté et son exactitude qu'elle ne laisse rien à désirer, qu'elle a été pour Nous la cause d'une grande joie et qu'il n'est nul besoin que Nous y ajoutions quelque chose. Mais les assertions mensongères de certaines feuilles périodiques exigent de Nous un témoignage plus solennel de Notre approbation, car, afin de maintenir les assertions par vous réfutées de la susdite circulaire, elles ont l'audace de refuser d'ajouter foi à vos explications, prétextant que votre interprétation des décrets du concile n'était qu'une interprétation adoucie et qu'elle ne répondait aucunement aux intentions de ce Siège apostolique.
Nous réprouvons donc de la manière la plus formelle cette supposition perfide et calomnieuse. Votre déclaration donne la pure doctrine catholique et par conséquent celle du saint concile et de ce Saint-Siège, parfaitement établie et clairement développée par des arguments évidents et irréfutables, de façon qu'elle démontre pour tout homme de bonne foi que, dans les décrets incriminés, on ne trouve absolument rien qui soit nouveau ou qui change quelque chose aux relations ayant existé jusqu'à présent, ou qui pourrait fournir un prétexte pour opprimer plus encore l'Eglise...
 

Décret du Saint-Office, 7 juillet 1875.

La doctrine de la transsubstantiation dans l'eucharistie.

3121
Question : Une explication de la transsubstantiation dans la très sainte eucharistie résumée dans les propositions suivantes peut-elle être tolérée :
1. De même que la raison formelle de l'hypostase est d'être par soi, ou de substituer par soi, de même la raison formelle de la substance est d'être en soi et de n'être pas soutenue, de façon actuelle, dans un autre comme dans un sujet premier ; les deux en effet doivent être clairement distingués : être par soi (qui est la raison formelle de l'hypostase), et être en soi (qui est la raison formelle de la substance).

3122
2. C'est pourquoi, de même que la nature humaine dans le Christ n'est pas une hypostase, puisqu'elle ne subsiste pas par elle-même mais a été assumée par l'hypostase supérieure, divine, de même une substance finie - par exemple la substance du pain - cesse d'être substance pour la seule raison, et sans autre changement d'elle-même, qu'elle est soutenue de façon surnaturelle dans un autre, en sorte qu'elle n'est plus en soi mais dans un autre comme dans un sujet premier.

3123
3. C'est pourquoi la transsubstantiation ou changement de toute la substance du pain en la substance du Corps de notre Seigneur Jésus Christ peut être expliquée en ce sens que le Corps du Christ, lorsqu'il devient substantiellement présent dans l'eucharistie, soutient la nature du pain, laquelle cesse d'être substance pour la seule raison, sans autre changement d'elle-même, qu'elle n'est plus en soi, mais dans un autre qui la soutient ; dès lors, la nature du pain demeure, mais la raison formelle de la substance cesse en elle ; et c'est pour quoi il n'y a pas deux substances mais une seule : à savoir celle du Corps du Christ.

3124
4. Il en résulte que dans l'eucharistie la matière et la forme des éléments du pain demeurent ; mais existant dans un autre de façon surnaturelle, elles n'ont plus la raison d'une substance, mais la raison d'un accident surnaturel, non pas comme si elles étaient attachées au Corps du Christ à la manière d'accidents naturels, mais uniquement parce qu'elles sont soutenues par le Corps du Christ de la manière qui a été dite.
Réponse . Telle qu'elle est présentée ici, elle ne peut pas être tolérée.
 
 

Instruction du Saint-Office à l'évêque de Nesqually, 24 janvier

1877.

Foi et intention du ministre du sacrement.

3126
...Votre Grandeur sait que c'est une règle de la foi qu'un baptême administré par quelqu'un, qu'il soit schismatique ou hérétique, ou même non- croyant, doit être considéré comme valide dès lors que concourent dans son administration les différents éléments par lesquels le sacrement est accompli, à savoir la matière requise, la forme prescrite, et la personne du ministre avec l'intention de faire ce que fait l'Eglise. Il en résulte que des erreurs particulières que professent, soit de façon privée, soit de façon publique, ceux qui l'administrent, ne peuvent pas porter atteinte à la validité du baptême ou de quelque sacrement que ce soit... Bien plus... des erreurs particulières de ceux qui l'administrent n'excluent pas de soi et de par leur nature propre cette intention que doit avoir le ministre, à savoir de faire ce que fait l'Eglise. (Est rappelée la réponse du Saint-Office du 18 décembre 1872, voir 3100 - 3102.)
Votre Grandeur voit par conséquent... que des erreurs professées par les hérétiques... ne sont pas incompatibles avec cette intention que les ministres des sacrements sont tenus d'avoir concernant la nécessité de ces sacrements, à savoir de faire ce que fait l'Eglise, ou de faire ce que le Christ a voulu qu'il soit fait ; et ces erreurs ne peuvent pas induire par elles-mêmes une présomption générale contre la validité des sacrements en général et du baptême en particulier qui serait telle que de ce simple fait on pourrait établir un principe pratique applicable à tous les cas, en vertu duquel il faudrait en quelque sorte a priori, comme on dit, conférer à nouveau le baptême.

LÉON XIII : 20 février 1878-20 juillet 1903
 

Décret du Saint-Office, 20 novembre 1878.

Le baptême conféré de façon absolue et sous condition

3128
Question : Doit-on conférer le baptême sous condition à des hérétiques qui se convertissent à la religion catholique, quels que soient le lieu d'où ils viennent et la secte à laquelle ils appartiennent ?

Réponse : Non. Au contraire, lors de la conversion d'hérétiques, quels que soient le lieu d'où ils viennent et la secte à laquelle ils appartiennent, on doit s'enquérir au sujet de la validité du baptême reçu dans l'hérésie. Si après l'examen fait cas par cas, il apparaît qu'ils n'ont pas été baptisés ou qu'ils l'ont été de façon nulle, ils doivent être baptisés de façon absolue. Mais si, pour des raisons de temps et de lieu et enquête faite, rien n'est découvert, ni pour la validité, ni pour l'invalidité, ou qu'il demeure un doute probable concernant la validité du baptême, ils doivent alors être baptisés secrètement sous condition. Si enfin, il apparaît qu'il était valide, ils seront admis seulement à l'abjuration ou à la profession de foi.
 
 

Encyclique " Quod apostolici muneris ", 28 décembre 1878

Les droits de l'homme dans la société.

3130
Selon les enseignements de l'Evangile, l'égalité des hommes consiste dans le fait que, tous ayant reçu la même nature, ils ont été appelés à la même très haute dignité de fils de Dieu, en même temps que, une seule et même fin étant destinée à tous, chacun doit être jugé selon la même loi et obtenir la peine ou la récompense suivant son mérite.

3131
L'inégalité de droit et de pouvoir cependant émane de l'auteur même de la nature "de qui toute paternité au ciel et sur la terre tire son nom" Ep 3,15 . Mais les coeurs des princes et des sujets sont, selon la doctrine et les préceptes catholiques, si étroitement liés par des devoirs et des droits, que d'une part la passion du pouvoir se trouve tempérée, et que d'autre part l'obéissance est rendue facile, ferme et très noble. ...

3132
S'il devait arriver cependant que le pouvoir soit exercé par les princes de façon téméraire et au-delà de la mesure, la doctrine catholique ne permet pas de s'insurger contre eux de soi-même, de peur que la tranquillité de l'ordre ne soit de plus en plus perturbée, et que la société n'en reçoive un plus grand dommage. Et lorsque les choses en seront venues jusqu'au point qu'il ne paraisse pas d'autre espérance de salut, elle apprend que le remède doit mûrir de par les mérites de la patience chrétienne et d'instantes prières à Dieu.
Mais si des ordonnances des législateurs et des princes décident ou ordonnent quelque chose de contraire à la loi divine ou naturelle, la dignité et le devoir du nom chrétien ainsi que le précepte de l'Apôtre apprennent qu'il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes Ac 5,29 ....

3133
Quant à la tranquillité publique et domestique, la sagesse catholique, appuyée sur les préceptes de la loi divine et naturelle, y a pourvu très prudemment par ce qu'elle tient et enseigne sur le droit de propriété et la répartition de biens qui sont disposés pour la nécessité et l'utilité de la vie. Car tandis que les socialistes présentent faussement le droit à la propriété comme une invention humaine qui répugne à l'égalité naturelle des hommes, et que, prônant la communauté des biens, ils pensent qu'on ne doit pas supporter la pauvreté avec une âme égale et qu'on peut violer impunément les possessions et les droits de ceux qui sont plus riches, l'Eglise reconnaît beaucoup plus utilement et sagement que l'inégalité entre les hommes, naturellement dissemblables par les forces du corps et de l'esprit, existe également dans la possession des biens, et elle commande que le droit de propriété et de possession, qui provient de la nature même, soit maintenu intact et inviolable pour chacun ; elle sait en effet que le vol et la rapine ont été condamnés par Dieu, l'auteur et le gardien de tout droit, de sorte qu'il n'est pas même permis de porter le regard sur (de convoiter) le bien d'autrui, et que les voleurs et les larrons sont exclus, comme les adultères et les idolâtres, du Royaume des cieux 1Co 6,9 s.
 
 

Encyclique " Aeterni patris", 4 août 1879.

L'importance de la philosophie pour l'affermissement de la foi

3135
Assurément nous n'attribuons pas à la philosophie humaine une force et une autorité telles que nous l'estimerions capable de repousser ou de détruire toutes les erreurs ; de même en effet... que c'est par l'admirable lumière de la foi, répandue "non pas par des paroles persuasives de la sagesse humaine", "mais par la manifestation de l'esprit et de la force" 1Co 2,4 que l'univers a été rétabli dans sa dignité première, de même aussi, maintenant, c'est avant tout de la vertu toute-puissante et du secours de Dieu que nous devons attendre que... reviennent à la sagesse les esprits des mortels.
Cependant nous ne devons ni mépriser ni négliger les secours naturels qui ont été mis à la disposition des hommes par un bienfait de la sagesse divine... ; et de tous ces secours, l'usage bien réglé de la philosophie en est assurément un qui est éminent. Ce n'est pas en vain en effet que Dieu a implanté dans l'esprit de l'homme la lumière de la raison, et tant s'en faut que la lumière surajoutée de la foi éteigne ou amortisse la vigueur de l'intelligence : au contraire, elle la perfectionne et, en augmentant ses forces, elle la rend capable de choses plus grandes encore.

3136
Et tout d'abord, lorsque les sages en usent comme il convient, la philosophie est à même d'aplanir et d'affermir en quelque sorte le chemin vers la foi véritable, et de préparer convenablement l'esprit de ses disciples à accepter la Révélation.
Et de fait dans son extrême bonté Dieu, dans l'ordre des choses divines, n'a pas manifesté seulement par la lumière de la foi les vérités que l'intelligence humaine ne peut pas atteindre par elle-même, mais il en a manifesté également certaines qui ne sont pas totalement inaccessibles à la raison afin que, confirmées par l'autorité divine, elles puissent aussitôt et sans aucun mélange d'erreur être connues de tous.
De là vient que certaines vérités, proposées à croire par Dieu ou qui sont liées à la doctrine de la foi par des liens très étroits, ont été reconnues, convenablement démontrées et défendues par des sages des nations païennes, éclairés seulement par la raison naturelle.
Or ces vérités, connues des sages des nations païennes, il est de grande opportunité de les faire tourner à l'avantage et à l'utilité de la doctrine révélée, afin de faire voir avec évidence que la sagesse humaine elle aussi, et même le témoignage des adversaires, donnent leur appui à la foi chrétienne. ...

3137
Ces fondements étant ainsi très solidement posés (à l'aide de la philosophie), l'usage constant et multiple de la philosophie demeure requis pour que la théologie sacrée reçoive et revête la nature, la forme et le caractère d'une vraie science. Dans cette discipline, la plus noble de toutes, il est en effet de la plus haute nécessité que les parties nombreuses et variées des doctrines divines soient rassemblées en quelque sorte en un seul corps, que disposées avec ordre, chacune en son lieu, et déduites des principes qui leur sont propres, elles soient reliées ensemble par un lien adéquat enfin que toutes et chacune soient confirmées par des arguments propres et inébranlables.
On ne peut pas non plus taire ni dédaigner cette connaissance plus exacte et plus riche des réalités qui sont crues, et cette intelligence un peu plus claire - autant qu'il est possible - des mystères de la foi eux-mêmes qu'Augustin et d'autres Pères ont à la fois louée et cherché à atteindre, et dont le concile du Vatican lui-même (constitution sur la foi catholique, chap. 4.. 3016) a déclaré qu'elle était très féconde. ...

3138
Enfin il appartient également aux disciplines philosophiques de protéger religieusement les vérités divinement révélées, et de combattre ceux qui ont l'audace de les attaquer. A cet égard, c'est un grand éloge pour la philosophie que d'être considérée comme un bastion pour la foi et comme un ferme rempart pour la religion. "Il est vrai, comme l'atteste Clément d'Alexandrie, que la doctrine du Sauveur est parfaite et qu'elle n'a besoin de rien, puisqu'elle est la force et la sagesse de Dieu. La philosophie grecque, s'y ajoutant, ne rend pas la vérité plus forte, mais comme elle rend impuissante l'attaque de la sophistique et empêche les entreprises insidieuses contre la vérité, c'est avec raison qu'on la présente comme la palissade et le mur de la vigne "....
 
 

L'excellence de la méthode scolastique et l'autorité qui

revient à Thomas d'Aq

3139
Parmi les docteurs scolastiques domine, et de haut, leur prince et maître à tous, Thomas d'Aquin, lui qui, comme le remarque Cajetan, "parce qu'il a vénéré au plus haut point les saints docteurs, a obtenu en quelque sorte l'intelligence de tous". Leurs doctrines, Thomas les a recueillies et assemblées comme des membres dispersés d'un corps, et il les a réparties en un ordre si admirable et leur a donné un tel accroissement, qu'on le considère à juste titre comme le défenseur spécial et l'honneur de l'Eglise catholique. ...

3140
Tout en proclamant qu'il faut recevoir volontiers et avec gratitude tout ce qui a été dit de façon sage, qui a été inventé et pensé de façon utile par quelqu'un, Nous vous exhortons tous... de façon pressante, pour la défense et l'honneur de la foi catholique, pour le bien de la société, pour l'accroissement de toutes les sciences, à rétablir et à propager le plus possible la sagesse d'or de saint Thomas. Nous disons la sagesse de saint Thomas : car si quelque chose a été recherché avec une subtilité trop grande par les docteurs scolastiques ou enseigné de façon trop inconsidérée, si quelque chose est moins en accord avec les doctrines éprouvées de temps ultérieurs, ou enfin si cela se trouve n'avoir aucune espèce de probabilité, Nous n'entendons nullement que cela soit proposé à l'intention de notre temps.
 
 
 

Encyclique "Arcanum divinae sapientiae" 10 février 1880.

La nature du mariage chrétien.

3142
(Toute la tradition enseigne que) le Christ Seigneur a élevé le mariage à la dignité de sacrement et (qu')il a fait, en même temps, que les époux, entourés et fortifiés par la grâce du ciel née de ses mérites, arrivent à la sainteté dans le mariage, et (que) c'est dans le mariage qu'il a, par une admirable ressemblance avec le modèle qu'est son union mystique avec l'Eglise, rendu parfait l'amour qui est dans notre nature et uni plus fortement, par le lien de la charité divine, la société, indivisible par nature, de l'homme et de la femme. ...
De même nous avons appris de l'autorité des apôtres que cette unité et cette stabilité perpétuelle qui étaient exigées depuis l'origine même des noces, le Christ a commandé qu'elle soit sainte et à jamais inviolable.

3143
Mais ce n'est pas en ce qui a été rappelé seulement que sont donnés la perfection chrétienne et l'accomplissement. Car en premier lieu la société conjugale s'est vu proposer quelque chose de plus élevé et de plus noble que ce qui existait auparavant, puisque la fin qui lui fut assignée ne fut pas seulement de propager le genre humain, mais d'engendrer à l'Eglise une descendance, des "concitoyens des saints et des familiers de Dieu" Ep 2,19 ...
En second lieu, les devoirs de chacun des conjoints sont définis et leurs droits complètement décrits. Il faut en effet qu'ils se souviennent toujours qu'ils se doivent l'un à l'autre l'amour le plus grand, une constante fidélité, et une assistance inventive et assidue. L'homme est le chef de la famille et la tête de la femme ; celle-ci cependant, parce qu'elle est la chair de sa chair et l'os de ses os, doit être soumise à l'homme et lui obéir, non pas à la manière d'une servante, mais d'une compagne, en sorte que l'obéissance qu'elle lui rend ne soit ni sans dignité ni sans honneur. Mais en celui qui préside comme en celle qui obéit, puisque tous deux sont une image, l'un du Christ, l'autre de l'Eglise, il faut que ce soit toujours la charité divine qui règle le devoir. ...
 

Le pouvoir de l'Eglise sur le mariage chrétien

3144
Le Christ ayant donc ainsi, avec tant de perfection, renouvelé et relevé le mariage, en remit et confia à l'Eglise toute la discipline. Et ce pouvoir sur le mariage des chrétiens, l'Eglise l'a exercé en tous temps et en tous lieux, et elle l'a fait de façon à montrer que ce pouvoir lui appartenait en propre et qu'il ne tirait pas son origine d'une concession des hommes, mais qu'il avait été divinement accordé par la volonté de son fondateur. ...
De manière semblable, un droit du mariage égal pour tous et le même pour tous fut établi, par la suppression de l'ancienne distinction entre esclaves et hommes libres ; les droits de l'homme et de la femme sont égaux ; car comme le disait Jérôme, "chez nous, ce qui n'est pas permis aux femmes ne l'est pas non plus aux hommes, et c'est la même servitude dans la même condition" ; et ces mêmes droits se sont trouvés solidement confirmés du fait que la bienveillance est accordée en retour et en raison de la réciprocité des devoirs ; la dignité de la femme est affermie et reconnue ; il est défendu au mari de punir de mort la femme adultère et de violer la foi jurée en se livrant à la passion et à l'impudicité.
Et c'est aussi un fait important que l'Eglise ait limité, autant qu'il fallait, le pouvoir du père de famille, pour que la juste liberté des fils et des filles qui veulent se marier ne fût en rien diminuée ; qu'elle ait décrété qu'il ne peut pas y avoir de mariages entre parents et alliés à certains degrés, afin que l'amour surnaturel des époux se répande dans un plus vaste champ ; qu'elle ait cherché à écarter du mariage, autant qu'elle le pouvait, l'erreur, la violence et la fraude ; qu'elle ait voulu que la sainte pudeur de la couche nuptiale, la sûreté des personnes, l'honneur du mariage, la fidélité aux serments soient gardés intacts. Enfin elle a consolidé cette institution divine avec tant de force et avec une telle prévoyance de ses lois qu'il n'est pas de juge équitable qui ne reconnaisse que pour cette raison aussi, pour ce qui est du mariage, l'Eglise est la meilleure gardienne et le meilleur défenseur du genre humain...

3145
Personne non plus ne doit se laisser émouvoir par cette distinction, si fortement proclamée par les légistes régaliens, entre le contrat et le sacrement, dans le dessein de réserver à l'Eglise ce qui est du sacrement et de livrer le contrat au pouvoir et au vouloir des autorités civiles.
Une telle distinction, une telle dissociation plutôt, ne peut être acceptée, puisqu'il est reconnu que, dans le mariage chrétien, le contrat n'est pas dissociable du sacrement, et que, dès lors, il ne peut exister de contrat vrai et légitime qui ne soit par le fait même un sacrement. Car le Christ le Seigneur, a élevé le mariage à la dignité de sacrement or le mariage est le contrat lui-même dès lors qu'il est conclu selon le droit.

3146
A cela s'ajoute que la raison pour laquelle le mariage est un sacrement, c'est qu'il est un signe sacré qui produit la grâce et qui représente l'image des noces mystiques du Christ avec l'Eglise. Or la forme et la figure de celles- ci s'expriment dans le lien de l'union très intime qui relie réciproquement l'homme et la femme et qui n'est autre que le mariage lui-même. Il en résulte que tout mariage légitime entre chrétiens est en lui-même et par lui-même un sacrement. Rien n'est plus éloigné de la vérité qu'un sacrement qui serait un ornement ajouté ou une propriété venant du dehors, susceptible d'être dissociée et séparée du contrat par la volonté des hommes.
 
 
 

Réponse de la Sacrée Pénitencerie, 16 juin 1880.

La décision est importante pour le jugement à porter sur la

méthode Knaus- Ogi

3148

L'observance des périodes infécondes

Question : Est-il permis de n'user du mariage qu'aux jours où une conception est plus difficile ?
Réponse : Des conjoints qui font usage de la manière précitée ne doivent pas être inquiétés, et le confesseur peut - avec précaution cependant - suggérer ce dont il s'agit à des époux qu'il aura tenté vainement d'éloigner d'une autre manière du crime détestable de l'onanisme.
 
 
 

Encyclique "Diuturnum illud", 29 juin 1881.

 

 

Le pouvoir dans la société civile

3150
Même si, incité par l'orgueil et l'esprit de rébellion, l'homme a souvent tenté de rejeter les freins du pouvoir, jamais cependant il n'est parvenu à n'obéir à personne. La nécessité elle-même contraint à ce que dans toute association ou communauté d'hommes quelques-uns se trouvent à la tête. ...
Cependant il est important de remarquer ici que ceux qui doivent être à la tête de la chose publique peuvent en certains cas être élus selon la volonté et le jugement du grand nombre, sans que la doctrine catholique s'y oppose ou y répugne. Par cette élection cependant on désigne le chef, mais on ne confère pas les droits de la souveraineté ; on ne confère pas le pouvoir mais on décide par qui il doit être exercé.
De même n'est pas posée ici la question des régimes politiques, car il n'y a aucune raison que l'Eglise n'approuve pas le gouvernement d'un seul ou de plusieurs dès lors qu'il est juste et vise l'utilité commune. C'est pourquoi, si la justice est sauve, rien n'empêche les peuples de se donner le régime politique qui convient le mieux ou à leur génie propre, ou aux moeurs et aux institutions de leurs ancêtres.

3151
Quant au reste, pour ce qui est du pouvoir politique, l'Eglise enseigne avec raison qu'il provient de Dieu. ...
Ceux qui entendent que la société civile naît d'un libre consensus des hommes, ramenant l'origine du pouvoir lui-même à cette source, disent que chacun a cédé de son droit et que tous se sont volontairement placés sous la puissance de celui à qui a passé la totalité de leurs droits. Mais c'est une grande erreur de ne pas voir ce qui est manifeste, à savoir que les hommes ne constituent pas une race de solitaires, et qu'avant qu'ils expriment leur libre volonté, ils sont nés pour former une communauté naturelle ; de plus, le pacte dont on se prévaut est manifestement une invention et une chimère, et il n'est pas en mesure de donner à la puissance politique autant de force, de dignité et de fermeté que le requièrent la protection de la chose publique et l'intérêt commun des citoyens. Cet éclat et cette protection universelle, le pouvoir ne l'aura que si on comprend qu'il émane de Dieu comme de sa source éminente et très sainte...

3152
Il n'existe pour les hommes qu'une seule raison de ne pas obéir: lorsqu'il
leur est demandé quelque chose qui est manifestement contraire à la loi divine ou naturelle ; en effet, pour tout ce qui enfreint la loi naturelle ou celle de Dieu, il est également injuste de le commander que de le faire. C'est pourquoi, s'il devait arriver à quelqu'un d'avoir à préférer l'un ou l'autre, c'est-à-dire de négliger soit les ordres de Dieu, soit ceux des gouvernants, il lui faut obéir à Jésus Christ qui demande de "donner à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu" Mt 22,21 , et de répondre à l'exemple des apôtres : "Il faut obéir à Dieu plus qu'aux hommes " Ac 5,29 ....
 
 
 

Décret de la Congrégation de l'index, 5 (10) décembre 1881.

La liberté d'attaquer des ouvrages qui ont été retirés de la

procédure

par la Congrégation de l'Index

3154
Questions : 1. Des ouvrages qui ont été dénoncés auprès de la Sacrée Congrégation de l'Index et qui ont été retirés par elle de la procédure, ou qui n'ont pas été prohibés, doivent-ils être considérés comme exempts de toute erreur contre la foi et les moeurs ?

3155
2. Si la réponse est oui, les ouvrages qui ont été retirés par la Sacrée Congrégation de l'Index, ou qui n'ont pas été prohibés, peuvent- ils être attaqués aussi bien philosophiquement que théologiquement sans encourir le reproche de témérité ?

Réponse : (confirmée par le Souverain Pontife le 28/12) Pour 1 non - Pour 2 oui.
 
 
 

Encyclique "Humanum genus", 20 avril 1884.

Francs-maçons

3156
Simuler et vouloir demeurer dans l'obscurité, enchaîner à soi des hommes comme des esclaves par les liens les plus étroits et sans raison suffisamment déclarée et, les livrant à une volonté étrangère, les employer à toutes sortes de forfaits... : c'est là une pratique monstrueuse que la nature des choses ne permet pas. C'est pourquoi la raison et la vérité elle-même montrent que la société dont nous parlons s'oppose à la justice et à l'honnêteté naturelle. ...
Les indices très certains que nous avons mentionné plus haut font paraître quel est le but ultime de leurs desseins, à savoir détruire de fond en comble toute cette ordonnance de la religion et de la chose publique qu'ont fait naître les institutions chrétiennes, et en établir une nouvelle selon leur idée, dont les fondements et les lois seront empruntées au coeur du naturalisme.

3157
Tout ce que Nous venons de dire ou que Nous nous proposons de dire doit être entendu de la secte maçonnique envisagée dans son ensemble, et en tant qu'elle englobe les sociétés qui lui sont parentes ou alliées, mais non ses adeptes pris individuellement. Parmi eux il peut s'en trouver, et même en bon nombre, qui, bien que non exempts de faute pour s'être affiliés à de telles sociétés, ne participent pas eux-mêmes pour autant à ces activités néfastes, et ignorent ce but final qu'elles s'efforcent d'atteindre. De même il se peut que certaines de ces associations elles-mêmes n'approuvent pas certaines conclusions extrêmes qui, dès lors qu'elles découlent de façon nécessaire de principes communs, devraient normalement être acceptées si la turpitude n'effrayait pas par elle- même du fait de son caractère horrible.

3158
Personne ne doit penser qu'il lui est permis pour quelque raison que ce soit d'adhérer à la secte des maçons si la profession de foi catholique et son salut ont pour lui la valeur qu'ils doivent avoir.
 
 
 

Instruction du Saint-Office "Ad gravissima avertenda", 10 mai 1884.

Francs - Maçons

3159
(3) Mais pour qu'il n'y ait pas place pour l'erreur lorsqu'on devra juger et distinguer lesquelles de ces sectes pernicieuses font l'objet d'une censure et lesquelles seulement d'une interdiction, il est certain tout d'abord que sont frappées d'une sentence d'excommunication déjà portée les sectes francs maçonniques et d'autres du même genre qui complotent contre l'Eglise et les pouvoirs légitimes, qu'elles le fassent clandestinement ou ouvertement, qu'elles exigent ou non de leurs adeptes le serment de garder le secret.

3160
(4) Outre celles-ci, d'autres sectes sont prohibées également, et doivent être évitées sous peine d'une faute grave, et parmi celles-ci, il faut compter avant tout celles qui demandent à leurs adeptes par serment de ne révéler à personne le secret et d'obéir en toute chose à leurs chefs occultes. En outre il faut remarquer qu'il existe certaines sociétés qui, bien qu'on ne puisse établir avec certitude qu'elles font partie de celles qui viennent d'être mentionnées ou non, sont néanmoins douteuses et pleines de danger, aussi bien en raison des doctrines qu'elles professent, que de la manière d'agir que suivent ceux qui sont rassemblés sous leur conduite et sont dirigés par elles. ...
 
 
 

Réponse du Saint-Office à l'évêque de Poitiers, (28) 31 mai 1884.

L'assistance du médecin ou du confesseur à un duel

3162
Questions : 1. Un médecin peut-il, à la demande des duellistes, assister à un duel avec l'intention de mettre fin plus rapidement au combat, ou simplement de panser les plaies, de soigner les blessures, sans encourir l'excommunication simplement réservée au souverain pontife ?
2. Peut-il du moins, sans être présent au duel, se trouver dans une maison voisine ou dans un lieu à peu de distance, en étant très proche et prêt à exercer son office Si les duellistes le requièrent ?
3. Qu'en est-il pour un confesseur dans les mêmes conditions ?

Réponse : Pour 1. Il ne le peut pas et encourt l'excommunication. Pour 2 et 3. Dans la mesure où cela est convenu, il ne le peut pas non plus et encourt l'excommunication.
 
 
 

Réponse de la Sacrée Pénitencerie, 10 mars 1886.

L'usage onaniste du mariage

3185
Exposé : De par une réponse donnée le 14 décembre 1876 par la Sacrée Pénitencerie au recteur d'une paroisse du diocèse d'Angers, il est établi qu'il n'est pas permis de favoriser l'erreur des pénitents que beaucoup appellent de bonne foi ; ni non plus de susciter une telle bonne foi.
Il est établi également que ne satisfont pas à leur charge les confesseurs qui, lorsqu'un pénitent s'accuse seulement d'onanisme, gardent un silence noble, qui, la confession des péchés terminée, l'exhortent par des paroles générales, et qui, s'il affirme détester tout péché mortel, lui donnent la sainte absolution.
Il est établi en outre que sont exempts de tout reproche les confesseurs qui (dans les limites (de la décence)... concernant les questions...) n'omettent pas de réprimander, comme pour tout autre péché grave, tout pénitent qui, soit spontanément, soit à la suite d'une interrogation prudente, a avoué l'onanisme,... et qui ne l'absolvent pas s'il n'a pas montré par des signes suffisants qu'il éprouve de la douleur pour ce qui s'est passé et qu'il est résolu à ne plus agir de façon onaniste. - (Restent cependant les doutes Suivants )

3186
Questions : 1. Lorsqu'il existe un soupçon fondé qu'un pénitent qui est totalement muet quant à l'onanisme s'adonne à un tel crime, est-il permis alors au confesseur de s'abstenir d'une interrogation prudente et discrète parce qu'il prévoit qu'un grand nombre devraient être tirés de leur bonne foi et que beaucoup déserteraient les sacrements ? - Ou au contraire le confesseur est-il tenu d'interroger de façon prudente et discrète?

3187
2. Un confesseur qui constate soit à partir d'une confession spontanée, soit à partir d'une interrogation prudente, que le pénitent est un onaniste, est-il tenu de l'admonester au sujet de la gravité de ce péché, tout comme au sujet des autres péchés mortels..., et de ne lui donner l'absolution que s'il est établi par des signes suffisants qu'il éprouve de la douleur pour ce qui s'est passé, et qu'il est résolu de ne plus agir de façon onaniste ?
Réponse : Pour 1. En règle générale oui pour la première partie, non pour la seconde.- Pour 2. Oui, selon la doctrine des auteurs éprouvés.
 
 
 

Décret du Saint-Office, 19 mai 1886.

Crémation des corps

3188
Question : 1. Est-il permis d'adhérer à des sociétés dont l'intention est de promouvoir l'usage de brûler les corps d'hommes?
2. Est-il permis d'ordonner que son propre corps ou ceux d'autrui soient brûlés ?
Réponse (confirmée par le souverain pontife) : Pour 1. Non, et s'il s'agit de sociétés affiliées à la secte maçonnique, on encourt les peines portées contre elles. - Pour 2. Non.
 
 
 

Décret du Saint-Office, 27 mai 1886.

Divorce Civil

3190
Exposé : Plusieurs évêques de France ont soumis à la Sacrée Congrégation romaine et universelle de l'Inquisition les doutes suivants : dans une lettre adressée par la Sacrée Congrégation romaine et universelle de l'Inquisition à tous les Ordinaires de France en date du 25 juin 1885, au sujet de la loi du divorce civil, il est déclaré ceci : "Attendu les très graves circonstances des événements, des temps et des lieux, on peut tolérer que ceux qui remplissent les fonctions de magistrats et les avocats traitent, en France, les causes matrimoniales, sans être obligés de résigner leur charge" et il y est ajouté des conditions dont voici la seconde "Pourvu qu'en leur for intérieur ils soient prêts, aussi bien vis-à-vis de la valeur ou de la nullité du mariage que de la séparation de corps, sur lesquels ils sont mis dans l'obligation de juger, à ne jamais proférer, plaider, solliciter ou soutenir une sentence contraire au droit divin ou ecclésiastique.

3191
Questions :1. Est-elle exacte, l'interprétation répandue en France et même imprimée, selon laquelle satisfait à la condition précitée le juge qui, en présence d'un mariage valide devant l'Eglise, fait totalement abstraction de ce mariage vrai et constant, et, en application de la loi civile, prononce le divorce, pourvu qu'il ait intérieurement l'intention de ne rompre que les seuls effets civils et le seul contrat civil, et qu'ils sont les seuls touchés par les termes de la sentence ? En d'autres termes : une sentence portée dans ces conditions peut-elle être tenue pour non contraire au droit divin et ecclésiastique ?

3192
2 .- Après que le juge a prononcé qu'il y a lieu à divorce, un maire - et lui aussi en n'ayant en vue que les effets et le contrat civils - peut-il prononcer le divorce, bien que le mariage soit valide devant l'Eglise ?

3193
3 .- Après avoir prononcé le divorce, le même maire peut-il unir civilement à un autre le conjoint qui tenterait de contracter une nouvelle union, et cela bien que le mariage précédemment contracté devant l'Eglise soit valide et l'autre partie encore vivante ?

...Réponse (confirmée par le souverain pontife) : Non à 1, 2 et 3.
 
 
 

Décret du Saint-Office, le 15 décembre 1886.

Crémation des corps

3195
Chaque fois qu'il s'agit de ceux dont les corps sont soumis à la crémation non pas de par leur propre volonté mais de par la volonté d'autrui, il est possible d'accomplir les rites et les suffrages de l'Eglise aussi bien à la maison qu'à l'église, mais non jusqu'au lieu de la crémation, tout scandale étant évité. Or ce scandale pourra être évité également s'il est notoire que la crémation n'a pas été choisie par la volonté propre du défunt.

3196
Mais lorsqu'il s'agit de ceux qui ont choisi la crémation par leur propre volonté, et qui ont persévéré dans cette volonté de façon certaine et notoire jusqu'à leur mort, compte tenu du décret du mercredi 19 mai 1886 3188, il faut procéder pour eux selon les normes du Rituale Romanum, titre " A qui est- il permis de donner la sépulture ecclésiastique ? " Dans les cas particuliers cependant dans lesquels il surgit un doute ou une difficulté, on devra consulter l'Ordinaire...
 
 
 

Réponse du Saint-Office à l'évêque de Carcassonne, 8 mai 1887.

Le vin de messe

3198
Question : (Pour prévenir le risque de corruption du vin, les remèdes qui suivent sont-ils licites, et lequel doit être préféré ?)
1 - Au vin naturel on ajoute une petite quantité d'"eau-de-vie" ; 2. Le vin sera chauffé à soixante-cinq degrés.
Réponse . (Il faut) préférer le vin, tel qu'il est présenté en second lieu.
 

Décret du Saint-Office "Post obitum", 14 décembre 1887.

Erreurs d'Antonio ROSMINI-SERBATI

3201
1 - Dans l'ordre des choses crées se manifeste immédiatement à l'intelligence humaine quelque chose qui est divin en soi, tel qu'il appartient à la nature divine.

3202
2 - Lorsque nous parlons du divin dans la nature, ce mot 'divin' nous ne le prenons pas pour signifier un effet non divin d'une cause divine ; et ce n'est pas notre intention de parler de quelque chose qui serait divin par participation.

3203
3 - Dans la nature de l'univers, c'est-à-dire dans les intelligences qui s'y trouvent, il y a donc quelque chose à quoi convient la dénomination de divin, non au sens figuré, mais au sens propre. - C'est une réalité qui n'est pas distincte du reste de la réalité divine.

3204
4 - L'être indéterminé, qui sans aucun doute est connu de toutes les intelligences, est ce divin qui est manifesté à l'homme dans la nature.

3205
5 - L'être, objet de l'intuition humaine, est nécessairement quelque chose de l'être nécessaire et éternel, de la cause créante, déterminante et finale de tous les êtres contingents et cela est Dieu.

3206
6 - Dans l'être qui fait abstraction de s créatures et de Dieu, c'est-à-dire l'être indéterminé, et en Dieu l'être non indéterminé mais absolu, l'essence est la même.

3207
7 - L'être indéterminé de l'intuition, l'être initial, est quelque chose du Verbe , que l'intelligence du Père distingue du Verbe non pas réellement, mais selon la raison.

3208
8 - Les êtres finis, dont le monde est composé, résultent de deux éléments, c'est-à-dire du terme réel fini et de l'être initial qui confère à ce terme la forme de l'être.

3209
9 - L'être objet de l'intuition, est l'acte initial de tous les êtres. - L'être initial est commencement aussi bien de ce qui est connaissable que de ce qui est subsistant : il est de même le commencement de Dieu, tel qu'il est conçu par nous, et des créatures.

3210
10 - L'être virtuel et sans limite est la première et la plus simple de toutes les entités, de telle sorte que toute autre entité est composée, et que l'être virtuel est toujours et nécessairement l'un de ses composants. - (L'être initial) est la part essentielle de toutes les entités sans exception, quelle que soit la manière dont elles sont divisées par la pensée.

3211
11 - La quiddité (ce qu'est une chose) de l'être fini n'est pas constituée par ce qu'il comprend de positif, mais par ses limites. La quiddité de l'être infini est constituée par l'entité, et elle est positive ; la quiddité de l'être fini cependant est constituée par les limites de l'entité, et elle est négative.

3212
12 - La réalité finie n'est pas, mais Dieu la fait être en ajoutant la limitation à la réalité infinie. - L'être initial devient l'essence de tout être réel. - L'être qui actue les natures finies, leur étant conjoint, est pris de Dieu

3213
13 - La différence entre l'être absolu et l'être relatif n'est pas celle qui existe entre une substance et une autre, mais une différence bien plus grande ; l'un en effet est absolument être, l'autre absolument non-être. Mais cet autre est relativement. Or quand est posé un être relatif, l'être qui est absolument n'est pas multiplié ; c'est pourquoi l'être absolu et l'être relatif ne sont pas une substance unique, mais un être unique ; et en ce sens il n'y a pas diversité d'être, mais unité d'être.

3214
14 - Par l'abstraction divine est produit l'être initial, premier élément des êtres finis ; mais par l'imagination divine est produit le réel fini, ou toutes les réalités dont est fait le monde.

3215
15 - La troisième opération de l'être absolu créant le monde est la synthèse divine, c'est-à-dire l'union des deux éléments que sont l'être initial, commencement commun de tous les êtres finis, et le réel fini, ou mieux : les diverses réalités finies, les termes différents du même être initial. C'est par cette union que sont créés les êtres finis.

3216
16 - L'être initial, mis en rapport par l'intelligence au moyen de la synthèse divine, non comme intelligible mais comme pure essence, avec les termes finis réels, fait que les êtres finis existent subjectivement et réellement.

3217
17 - Tout ce que fait Dieu en créant, c'est de poser l'acte tout entier de l'existence des créatures ; cet acte n'est donc pas proprement fait, mais posé.

3218
18 - L'amour dont Dieu s'aime également dans les créatures, et qui est la raison pour laquelle il se détermine à créer, constitue une nécessité morale qui, dans l'être le plus parfait, produit toujours son effet : c'est seulement dans la plupart des êtres imparfaits que cette sorte de nécessité laisse entière la liberté bilatérale.

3219
19 - Le Verbe est cette matière invisible dont, comme le dit Sg 11,18 , toutes les choses de l'univers ont été créées.

3220
20 - Il ne répugne pas que l'âme se multiplie par génération, de sorte à être conçue comme progressant de l'imparfait, c'est-à-dire du degré sensitif, au parfait, c'est-à-dire au degré intellectif.

3221
21 - Quand l'être devient objet d'intuition pour le principe sensitif, par ce seul contact, par cette seule union, ce principe qui d'abord sentait seulement et qui maintenant comprend, est élevé à un état plus noble, change de nature, et devient intelligent, subsistant et immortel.

3222
22 - Il n'est pas impossible de concevoir que par la puissance divine il puisse se faire que l'âme intellective soit séparée du corps animé, et que celui-ci continue d'être animal ; en effet demeurerait en lui, comme la base du pur animal, le principe animal qui auparavant était en lui comme un appendice.

3223
23 - Dans l'état naturel, l'âme du défunt existe comme si elle n'existait pas; étant donné qu'elle ne peut pas exercer de réflexion sur elle-même, ni avoir conscience d'elle-même, on peut dire que sa condition est semblable à l'état des ténèbres perpétuelles et du sommeil éternel.

3224
24 - La forme substantielle du corps est plutôt l'effet de l'âme et le terme intérieur de son opération : c'est pourquoi la forme substantielle du corps n'est pas l'âme elle-même. - L'union de l'âme et du corps consiste proprement dans la perception immédiate par laquelle le sujet qui a l'intuition d'une idée, affirme le sensible après y avoir eu l'intuition de l'essence.

3225
25 - Une fois le mystère de la Trinité révélé, son existence peut être démontrée par des arguments purement spéculatifs, certes négatifs et indirects, mais tels cependant que par eux cette vérité est ramenée aux disciplines philosophiques et qu'elle devient une proposition scientifique comme les autres: car si elle était niée, la doctrine théosophique de la pure
raison non seulement demeurerait incomplète, mais serait annihilée par des obscurités qui surgiraient de toute part.

3226
26 - Les trois formes suprêmes de l'être, à savoir la subjectivité, l'objectivité et la sainteté, ou la réalité, l'idéalité et la moralité, si on les transfère à l'être absolu, ne peuvent pas être conçues autrement que comme des personnes subsistantes et vivantes, - Le Verbe, en tant qu'objet aimé et non en tant que Verbe, c'est-à-dire objet subsistant en soi connu par soi, est la personne de l'Esprit Saint.

3227
27 - Dans l'humanité du Christ, la volonté humaine fut tellement ravie par l'Esprit Saint à adhérer à l'être objectif, c'est-à-dire au Verbe, qu'elle lui a cédé entièrement le gouvernement de l'homme, et que le Verbe a assumé celui-ci de façon personnelle en s'unissant ainsi la nature humaine. Par là, la volonté humaine a cessé d'être personnelle en l'homme, et tandis qu'elle est personne dans les autres hommes, elle demeure nature dans le Christ.

3228
28 - Selon la doctrine chrétienne le Verbe, caractère et face de Dieu, est imprimé dans l'âme de ceux qui reçoivent avec foi le baptême du Christ. - Le Verbe, c'est-à-dire le caractère imprimé dans l'âme, est selon la doctrine chrétienne l'être réel (infini) manifeste par lui-même, et que nous reconnaissons ensuite être la deuxième personne de la très sainte Trinité.

3229
29 - Nous ne pensons pas que ce soit une conjecture étrangère à la doctrine catholique, qui seule est vérité, que de dire dans le sacrement eucharistique la substance du pain et du vin devient la vraie chair et le vrai sang du Christ lorsque le Christ en fait le terme de son principe sentant et le vivifie par sa vie, presque de la manière dont le pain et le vin sont transsubstantiés en notre chair et notre sang puisqu'ils deviennent le terme de notre principe sentant.

3230
30 - La transsubstantiation achevée, on peut penser qu'au corps glorieux du Christ quelque partie incorporée à lui, non séparée (de lui) et pareillement glorieuse, lui est conjointe.

3231
31 - Dans le sacrement de l'eucharistie, en vertu (les paroles, le corps et le sang du Christ est présent seulement dans la mesure qui répond à la quantité (a quel tanto) de la substance du pain et du vin qui est transsubstantiée : le reste du corps du Christ y est présent par concomitance

3232
32 - Parce que celui qui "ne mange pas la chair du Fils de l'homme et ne boit pas son sang n'a pas la vie en lui" Jn 6,54 , et que cependant ceux qui meurent avec le baptême d'eau, de sang ou de désir obtiennent de façon certaine la vie éternelle, il faut dire qu'à ceux qui dans cette vie n'ont pas mangé le corps du Christ, cet aliment céleste est administré dans la vie future, à l'instant même de la mort. - C'est pourquoi, lorsqu'il est descendu aux enfers, le Christ a pu aussi se communiquer lui-même sous les espèces du pain et du vin aux saints de l'Ancien Testament pour les rendre aptes à la vision de Dieu.

3233

33 - Lorsque les démons ont pris possession du fruit, ils pensèrent qu'ils entreraient en l'homme s'ils en mangeaient; la nourriture étant changée en corps animé de l'homme, ils pouvaient entrer librement dans l'animalité, c'est- à-dire dans la vie subjective de cet être, et par là en disposer comme ils se l'étaient proposé.

3234
34 - Pour préserver la bienheureuse Vierge Marie du péché originel, il suffisait que demeure non corrompue une minuscule semence d'homme, négligée peut-être par le démon, et que de cette semence non corrompue, transmise de génération en génération, sortît en son temps la Vierge Marie.

3235
35 - Plus on est attentif à l'ordre de la justification en l'homme, plus apparaît juste le langage de l'Ecriture selon lequel Dieu couvre ou n'impute pas certains péchés. - Selon le Psalmiste Ps 32,1 il y a une différence entre les iniquités qui sont remises et les péchés qui sont couverts celles-là sont des fautes actuelles et libres ; ceux-ci en revanche sont les péchés non libres de ceux qui appartiennent au peuple de Dieu et qui pour cela n'en reçoivent aucun dommage.

3236
36 - L'ordre surnaturel est constitué par la manifestation de l'être dans la plénitude de sa forme réelle ; l'effet de sa communication, ou manifestation, est le sentiment (sentimento) déiforme qui, commençant en cette vie, constitue la lumière de la foi et de la grâce, et qui, achevé dans l'autre vie, constitue la lumière de la gloire.

3237
37 - La première lumière qui rend l'âme intelligente est l'être idéal ; la deuxième première lumière est également l'être, non pas seulement idéal, mais subsistant et vivant : celui-là cache sa personnalité et montre seulement son objectivité ; mais celui qui voit la deuxième (qui est le Verbe), bien que comme dans un miroir et en énigme, voit Dieu.

3238
38 - Dieu est l'objet de la vision béatifique en tant qu'il est l'auteur des oeuvres ad extra.

3239
39 - Les traces de la sagesse et de la bonté qui brillent dans les créatures sont nécessaires à ceux qui contemplent (au ciel); réunies en effet dans l'exemplaire éternel, elles sont cette part de lui qui peut être vue par eux (che è loro accessibile), et elles fournissent le sujet des louanges que les bienheureux chantent à Dieu pour l'éternité.

3240
40 - Puisque Dieu ne peut pas, même par la lumière de la gloire, se communiquer totalement aux êtres finis, il n'a pu révéler et communiquer son essence à ceux qui contemplent (au ciel) que selon le mode qui convient à des intelligences finies c'est-à-dire que Dieu se manifeste à eux en tant qu'il est en relation avec eux comme leur créateur, leur providence leur rédempteur, leur sanctificateur.

3241
(Censure confirmée par le souverain pontife : le Saint-Office) a jugé que les propositions... sont à proscrire et à réprouver au sens de l'auteur, et par ce décret général il les réprouve, les condamne, les proscrit...
 
 
 
 

Réponse du Saint-Office à l'archevêque de Cambrai, 14 (19) août

1889.

Craniotomie

3258
Dans les écoles catholiques on ne peut pas enseigner de façon sûre que l'opération chirurgicale qu'on appelle "craniotomie" est licite, ainsi qu'il a été déclaré le 28 mai 1884, de même que toute autre opération chirurgicale qui tue directement le foetus ou la mère enceinte.
 
 

Encyclique "Quamquam pluries", 15 août 1889.

La place de saint Joseph dans l'économie du salut

3260
Les raisons et les motifs particuliers pour lesquels le bienheureux Joseph est tenu communément pour le patron de l'Eglise et qui font que l'Eglise de son côté attend beaucoup de sa protection et de son patronage, sont qu'il fut l'époux de Marie et qu'il fut réputé le père de Jésus Christ. De là ont découlé toute sa dignité, sa grâce, sa sainteté, son honneur. Certes, la dignité de la Mère de Dieu est si haute qu'il ne peut rien y avoir de plus grand. Mais comme il a existé entre Joseph et la bienheureuse Vierge le lien du mariage, il n'est pas douteux que plus que tout autre il a approché cette dignité suréminente par laquelle la Mère de Dieu surpasse de si haut toutes les natures créées. Le mariage est en effet la société et la relation de toutes la plus intime, qui selon sa nature comprend la communauté réciproque des biens. Aussi, en donnant Joseph pour époux à la Vierge, Dieu ne lui a certainement pas donné seulement un compagnon pour sa vie, un témoin de sa virginité et un gardien de son honneur, mais encore, en vertu même du pacte conjugal, un participant à sa dignité éminente.
De même il est éminent entre tous par sa très haute dignité parce qu'il était de par la volonté divine le gardien du Fils de Dieu, considéré par les hommes comme le père. Il résultait de cela que le Verbe de Dieu était modestement soumis à Joseph, qu'il obéissait à sa parole, et qu'il lui rendait l'honneur que les enfants doivent rendre à leurs parents.

3261
Mais de cette double dignité découlaient d'elles-mêmes les charges que la nature impose aux pères de famille, de telle sorte que Joseph était le gardien en même temps que l'administrateur et le défenseur légitime et naturel de la maison divine dont il était le chef. Ces charges et ces fonctions, il les a certainement exercées pendant tout le cours de sa vie mortelle. ...

3262
Or la divine maison que Joseph gouverna comme avec l'autorité du père, contenait les prémices de l'Eglise naissante. De même que la Vierge très sainte est celle qui a enfanté Jésus Christ, de même elle est la mère de tous les chrétiens qu'elle a enfantés en effet sur le mont du Calvaire au milieu des souffrances suprêmes du Rédempteur ; et de même Jésus Christ est comme le premier-né des chrétiens qui par l'adoption et la Rédemption sont ses frères.

3263
Telles sont les raisons pour lesquelles le bienheureux patriarche regarde comme lui étant particulièrement confiée la multitude des chrétiens dont est faite l'Eglise, à savoir cette immense famille répandue par toute la terre sur laquelle, parce qu'il est l'époux de Marie et le père de Jésus Christ, il possède comme une autorité paternelle. Il est donc très naturel et très digne du bienheureux Joseph que de même qu'il subvenait autrefois à tous les besoins de la famille de Nazareth et l'entourait de sa protection, il couvre et protège maintenant l'Eglise du Christ de son céleste patronage.
 
 
 

Réponse du Saint-Office à l'évêque de Marseille, 30 juillet 1890.

Le vin de messe.

3264
En plusieurs régions de France, en particulier dans celles situées dans le Sud, le vin blanc qui sert au sacrifice non sanglant est tellement faible et sans force qu'il ne peut pas être conservé longtemps, à moins qu'il y soit mêlé une certaine quantité d'esprit-de-vin (alcool).

Questions :1. Un tel mélange est-il permis?
2. Et si oui, quelle quantité de cette matière extérieure est- il permis d'ajouter au vin ?
3. Dans l'affirmative, faut-il de l'esprit-de-vin extrait de vin pur, ou du fruit de la vigne.

Réponse (confirmée par le souverain pontife le 31 juillet) :

A condition que l'esprit (alcool) soit extrait du produit de la vigne, et que la quantité d'alcool ajoutée à celle que contient par nature le vin dont il s'agit ne dépasse pas la proportion de douze pour cent, et que le mélange se fasse lorsque le vin est encore jeune, rien ne s'oppose à ce que ce vin soit utilisé dans le sacrifice de la messe.
 
 
 

Lettre "pastoralis officii" aux évêques d'Allemagne et

d'Autriche - 12 septembre

Duel

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.. Les deux lois divines, aussi bien celle qui a été proclamée par la lumière de la raison naturelle que celle qui l'a été par les Ecriture composées sous l'inspiration divine, défendent formellement que personne, en dehors d'une cause publique, blesse ou tue un homme, à moins d'y être contraint par la nécessité de défendre sa vie. Mais ceux qui appellent à un combat privé ou qui, si on le leur offre, l'acceptent, le font en ayant pour but et en s'efforçant, sans y être poussés par aucune nécessité, d'arracher la vie à leur adversaire ou du moins de le blesser.
Les deux lois divines interdisent en outre d'exposer témérairement sa vie en affrontant un péril grave et manifeste, alors qu'aucun motif de devoir ou de charité magnanime n'y invite ; or cette témérité aveugle, au mépris de la vie, est clairement dans la nature du duel.
C'est pourquoi il ne peut être obscur ou douteux pour personne que ceux qui s'engagent de façon privée dans un combat singulier, tout à la fois encourent le crime du sang d'autrui et exposent volontairement leur propre vie. Enfin il n'est guère de fléau qui soit plus contraire à la discipline de la vie sociale, et qui détruise davantage l'ordre public que cette licence accordée aux citoyens de se faire chacun, de sa propre autorité et de sa propre main, le défenseur de son droit et le vengeur de l'honneur qu'il juge outragé.

3273
Pour ceux aussi qui acceptent un combat qui leur est offert, la crainte n'est pas une excuse suffisante, lorsqu'ils redoutent de passer communément pour lâches s'ils refusent de se battre. Car s'il fallait mesurer les devoirs des hommes aux fausses opinions de la foule, et non d'après la norme éternelle de ce qui est droit et juste, il n'y aurait pas de différence naturelle et véritable entre les actions honnêtes et les faits honteux. Les sages païens eux-mêmes ont su et enseigné que l'homme fort et courageux devait mépriser les jugements trompeurs de la foule. Au contraire, c'est une crainte juste et sainte qui détourne l'homme du meurtre inique, qui lui fait avoir le souci de sa propre vie et de celle des frères. En outre, celui qui dédaigne les vains jugements de la foule, qui aime mieux subir le coup des outrages que d'être jamais infidèle à son devoir, celui-là possède manifestement une âme plus grande et plus élevée que l'autre qui court aux armes, aiguillonné par l'injure. Bien plus, à juger sainement, il est même le seul en qui brille le courage solide, ce courage, dis- je, qui est appelé à juste titre vertu, et qu'accompagne une gloire ni trompeuse, ni mensongère. La vertu en effet consiste dans le bien en accord avec la raison, et à moins qu'elle ne se fonde sur l'approbation de Dieu, toute gloire est stupide.
 

 

 
 
 
 
 
 

source: catho.org

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