251
(ce numéro est subdivisé en sous-chapitres : 251a ; 251b
; 251c ; 251d ; 251e)
Car ce n'est pas un homme ordinaire qui a d'abord été
engendré de la sainte Vierge et sur lequel ensuite le Verbe serait
descendu, mais c'est pour avoir été uni à son humanité
dès le sein même qu'il est dit avoir subi la génération
charnelle, en tant qu'il s'est approprié la génération
de sa propre chair. C'est ainsi que nous disons qu'il a souffert et qu'il
est ressuscité, non pas que le Dieu Verbe ait souffert en sa propre
nature les coups, les trous des clous et les autres blessures (car la divinité
est impassible, puisqu'elle est incorporelle); mais puisque le corps qui
est devenu le sien propre, a souffert tout cela, on dit encore une fois
que c'est lui (le Verbe) qui a souffert pour nous : l'Impassible était
dans le corps qui souffrait Et c'est de la même façon que
nous pensons au sujet de sa mort. Car le Verbe de Dieu est par nature immortel,
incorruptible, vie et vivifiant. Mais encore une fois puisque son propre
corps a, par la grâce de Dieu, goûté la mort pour tout
homme, comme dit Paul He 2,9 , on dit qu'il a souffert la mort pour
nous : non qu'il ait fait l'expérience de la mort en ce qui regarde
sa propre nature (ce serait folie de dire cela ou de le penser), mais parce
que, comme je l'ai dit à l'instant, sa chair a goûté
la mort. Ainsi, sa chair étant ressuscitée, on parle de la
résurrection du Verbe, non point que le Verbe soit tombé
dans la corruption, non certes, mais encore une fois parce que son corps
est ressuscité. ...
C'est ainsi qu'ils (les saints pères) se sont enhardis à
nommer la sainte Vierge Mère de Dieu, non que la nature du Verbe
ou sa divinité ait reçu le début de son existence
à partir de la sainte Vierge, mais parce qu'a été
engendré d'elle son saint corps animé d'une âme raisonnable,
corps auquel le Verbe s'est uni selon l'hypostase et pour cette raison
est dit avoir été engendré selon la chair.
(Chap. 3) Je crois (nous croyons) donc, disent-ils (les saints pères) en notre Seigneur Jésus Christ, son Fils, son unique. Observe comment ils ont posé d'abord comme des fondements " Seigneur ", " Jésus ", " Christ ", " unique engendré ", " Fils ", ces noms communs à la divinité et à l'humanité, et édifient ensuite la tradition de l'Incarnation, de la Résurrection et de la Passion ; leur but était, une fois posés certains noms significatifs communs à l'une et à l'autre nature, qu'on ne divise pas ce qui se rapporte à la filiation et à la seigneurie, et que dans l'unicité de la filiation ce qui se rapporte aux natures ne soit pas non plus en péril de disparaître par confusion.
- 251b
(Chap. 4) Cela, Paul le leur avait en effet enseigné qui, faisant mention de la divine Incamation et sur le point d'ajouter la Passion, commence par poser ce nom de Christ commun aux natures, comme je l'ai dit un peu plus haut, puis ajoute le discours relatif aux deux natures. Que dit-il en effet : " Ayez entre vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus. Lui, qui existant en forme de Dieu ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu, Mais (pour ne pas tout citer en détail) il devint obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix " Ph 2,5 Ph 8 ).Ainsi,comme il allait faire mention de la mort, pour qu'on n'en tirât pas la conclusion que le Dieu Verbe est passible, il pose ce nom de Christ, comme une appellation signifiant la substance impassible et passible dans une personne unique, impassible par la divinité, passible par la nature corporelle.
- 251c
(Chap. 5) Bien que je puisse en dire long sur ce sujet et tout d'abord qu'à propos de l'économie ces saints pères n'ont même pas fait mention de génération mais d'Incarnation, je sens que ma promesse de brièveté dans mon préambule refrène mon discours et qu'elle m'amène au second point de Ta Charité. J'y louais la division des natures selon la raison de l'humanité et de la divinité et leur conjonction en une seule personne ; et aussi que tu dis que le Dieu Verbe n'a pas eu besoin d'une seconde génération à partir de la femme et que tu confesses que la divinité n'est pas susceptible de pâtir. Tout cela est orthodoxe parce que vrai et contraire aux fausses opinions de toutes les hérésies touchant les natures du Seigneur. Si le reste contient une sagesse cachée, incompréhensible aux oreilles des lecteurs, il appartient à ta pénétration de le savoir : pour moi en tout cas, cela m'a paru renverser ce qui précède. Celui en effet qui avait été précédemment proclamé impassible et non susceptible d'une seconde génération, était présenté de nouveau, je ne sais comment, comme passible et nouvellement créé, comme si les qualités par nature inhérentes au Dieu Verbe avaient été détruites par la conjonction avec le Temple, ou que ce fût peu de chose aux yeux des hommes que le Temple sans péché et inséparable de la nature divine eût subi génération et mort pour les pécheurs, ou qu'il ne fallût pas croire à la voix du Seigneur criant aux juifs : " Détruisez ce Temple et je le relèverai en trois jours " Jn 2,19 et non pas : " Détruisez ma divinité, et elle se relèvera en trois jours."
- 251d
(Chap. 6)... En tout lieu de la divine Ecriture, quand elle fait mention
de l'économie du Seigneur, la génération et la Passion
qui sont présentées ne sont pas celles de la divinité,
mais de l'humanité du Christ, en sorte que la sainte Vierge doive
être appelée d'une dénomination plus exacte mère
du Christ et non Mère de Dieu. Ecoute aussi ces paroles de l'Evangile
qui proclament : " Livre de la génération de Jésus
Christ, est-il dit, fils de David, fils d'Abraham " Mt 1,1 Il est
donc clair que le Dieu Verbe n'était pas fils de David. Apprends,
s'il te plaît, un autre témoignage : " Jacob a engendré
Joseph l'époux de Marie, de laquelle a été engendré
Jésus qu'on appelle le Christ " Mt 1,16 Examine encore une
autre voix qui nous atteste : " Voici quelle fut la génération
de Jésus Christ. Comme Marie sa mère avait été
fiancée à Joseph, elle se trouva enceinte par l'opération
de l'Esprit Saint " Mt 1,18 . Qui supposerait que la divinité
du Fils unique fût une créature de l'Esprit ? Et que dire
de ce mot : " La mère de Jésus était là " Jn
2,1 . Et encore : " Avec Marie la mère de Jésus " Ac
1,14 , et " Ce qui a été engendré en elle vient
de l'Esprit Saint " Mt 1,20 et : " Prends l'enfant et sa mère
et fuis vers l'Egypte " Mt 2,13 et:
Au sujet de son Fils qui est né de la race de David selon la
chair " Rm 1,3 et au sujet de la Passion de nouveau : " Dieu, ayant
envoyé son Fils dans une ressemblance à la chair de péché
et en raison du péché, a condamné le Péché
dans la chair " Rm 8,3 et encore : " Le Christ est mort pour nos
péchés " 1Co 15,3 et : " Le Christ a souffert en sa
chair " 1P 4,1 , et: " Ceci est " non ma divinité, mais "
mon corps rompu pour vous " 1Co 11,24 .
- 251e
(Chap. 7) Et comme une infinité d'autres voix témoignent
au genre humain qu'il ne faut pas regarder la divinité du Fils comme
récente ou comme susceptible de souffrance corporelle, mais bien
la chair unie à la nature de la divinité (d'où vient
que le Christ se nomme lui-même Seigneur de David et son fils : "
Quel est votre sentiment, dit-il, sur le Christ ? De qui est-il fils ?
" Ils lui disent : " de David ". Jésus leur répondit : "
Comment donc David, sous l'action de l'Esprit le nomme-t-il Seigneur, disant
: le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite
" Mt 22,42-44 , dans la pensée qu'il est totalement fils
de David selon la chair, mais Seigneur de David selon la divinité),
il est bon et conforme à la tradition évangélique
de confesser que le corps est le Temple de la divinité du Fils et
un Temple uni selon une suprême et divine conjonction, en sorte que
la nature de la divinité s'approprie ce qui appartient à
ce Temple ; mais au nom de cette appropriation, attribuer au Verbe jusqu'aux
propriétés de la chair conjointe, je veux dire la génération,
la souffrance et la mortalité, c'est le fait, frère, d'une
pensée ou égarée par les Grecs, ou malade de la folie
d'Apollinaire, d'Arius et des autres hérésies, ou plutôt
c'est quelque chose de plus grave que celles-ci. Car de toute nécessité
ceux qui se laissent entraîner par le mot " appropriation " devront
faire communier le Dieu Verbe à l'allaitement, à cause de
l'appropriation, le faire participer à la croissance progressive
et à la crainte au moment de la Passion et le mettre dans le besoin
de l'assistance d'un ange. Et je passe sous silence la circoncision, le
sacrifice, la sueur, la faim, toutes choses qui, attachées à
la chair, sont adorables comme étant survenues à cause de
nous, mais qui, si elles sont attribuées à la divinité,
sont mensongères et cause pour nous, en tant que calomniateurs,
d'une juste condamnation.
253
2. Si quelqu'un ne confesse pas que le Verbe issu du Dieu Père
a été uni selon l'hypostase à la chair et qu'il est
un unique Christ avec sa propre chair, c'est-à-dire le même
tout à la fois Dieu et homme, qu'il soit anathème.
254
3. Si quelqu'un, au sujet de l'unique Christ, divise les hypostases
après l'union, les conjuguant selon la seule conjonction de la divinité,
de la souveraineté ou de la puissance, et non plutôt par la
rencontre selon une union physique, qu'il soit anathème.
255
4. Si quelqu'un répartit entre deux personnes ou hypostases
les paroles contenues dans les évangiles et les écrits des
apôtres, qu'elles aient été prononcées par les
saints sur le Christ ou par lui sur lui-même, et lui attribue les
unes comme à un homme considéré séparément
à part du Verbe issu de Dieu, et les autres au seul Verbe issu du
Dieu Père parce qu'elles conviennent à Dieu, qu'il soit anathème.
256
5. Si quelqu'un ose dire que le Christ est un homme théophore
et non pas plutôt Dieu en vérité en tant que Fils unique
et par nature, selon que le Verbe s'est fait chair et a pris part de la
même façon que nous au sang et à la chair, qu'il soit
anathème.
257
6. Si quelqu'un dit que le Verbe issu du Dieu père est le Dieu
ou le Maître du Christ et ne confesse pas plutôt que le même
est tout à la fois Dieu et homme, étant donné que
le Verbe s'est fait chair selon les Ecritures, qu'il soit anathème.
258
7. Si quelqu'un dit que Jésus en tant qu'homme a été
mû par le Dieu Verbe et que la gloire du Fils unique lui a été
attribuée comme à un autre subsistant à part lui,
qu'il soit anathème.
259
8. Si quelqu'un ose dire que l'homme assumé doit être
coadoré et coglorifié avec le Dieu Verbe et qu'il doit être
coappelé Dieu comme un autre avec un autre (car chaque fois l'addition
du mot " avec " forcera de concevoir la chose ainsi) et n'honore pas plutôt
l'Emmanuel d'une seule adoration et ne lui adresse pas une seule glorification,
selon que le Verbe s'est fait chair, qu'il soit anathème.
260
9. Si quelqu'un dit que l'unique Seigneur Jésus Christ a été
glorifié par l'Esprit, comme s'il avait utilisé un pouvoir
étranger qui lui venait de l'Esprit et qu'il a reçu de lui
le pouvoir d'agir contre les esprits impurs et d'accomplir ses signes divins
parmi les hommes, et ne dit pas plutôt que cet Esprit, par lequel
il a opéré les signes divins, était le sien propre,
qu'il soit anathème.
261
10. La sainte Ecriture dit que le Christ a été le grand
prêtre et l'apôtre de notre confession de foi (voir He 3,1
) et qu'il s'est offert lui- même pour nous en parfum d'agréable
odeur au Dieu et Père. Si donc quelqu'un dit que notre grand prêtre
et apôtre n'a pas été le Verbe lui-même issu
de Dieu quand il est devenu chair et homme semblable à nous, mais
qu'il a été un autre proprement distinct de lui, un homme
né de la femme ; ou si quelqu'un dit qu'il a présenté
l'offrande pour lui-même et non pas plutôt pour nous seuls
(car celui qui n'a pas connu la péché ne saurait avoir besoin
de l'offrande), qu'il soit anathème.
262
11. Si quelqu'un ne confesse pas que la chair du Seigneur est vivifiante
et qu'elle est la propre chair du Verbe issu du Dieu Père mais prétend
qu'elle est celle de quelqu'un d'autre, distinct de lui et conjoint à
lui selon la dignité ou qu'il a reçu seulement l'habitation
divine ; et s'il ne confesse pas plutôt qu'elle est vivifiante, comme
nous l'avons dit, parce qu'elle a été la propre chair du
Verbe qui a le pouvoir de vivifier toutes choses, qu'il soit anathème.
263
12. Si quelqu'un ne confesse pas que le Verbe de Dieu a souffert dans
la chair, qu'il a été crucifié dans la chair, qu'il
a goûté la mort dans la chair et qu'il a été
le premier-né d'entre les morts, en tant qu'il est la vie et vivifiant
comme Dieu, qu'il soit anathème.
266
Si certains, évêques, clercs ou laïcs, étaient
convaincus d'accepter, de partager ou d'enseigner les doctrines contenues
dans l'exposé du prêtre Charisius au sujet de l'Incarnation
du Fils unique de Dieu, ou bien encore celles, néfastes et déformées
de Nestorius... qu'ils tombent sous le coup de la sentence de ce saint
concile oecuménique.
268
4. Si certains clercs s'étaient séparés et osaient
partager en privé ou publiquement les opinions de Nestorius ou de
Célestius, il a été jugé qu'ils sont eux aussi
déposés par le saint concile.
272
Nous confessons donc notre Seigneur Jésus-Christ, Fils unique
de Dieu, Dieu parfait et homme parfait, fait d'une âme raisonnable
et d'un corps, engendré du Père avant les siècles
en sa divinité, et à la fin des jours le même pour
nous et pour notre salut, né de la Vierge Marie en son humanité
; le même consubstantiel au Père en sa divinité et
consubstantiel à nous en son humanité. Car des deux natures
l'union s'est faite ; c'est pourquoi nous confessons un seul Christ, un
seul Fils, un seul Seigneur. Et à cause de cette notion d'une union
sans mélange, nous confessons que la sainte vierge est Mère
de Dieu, parce que le Verbe de Dieu s'est fait chair et s'est fait homme,
et que dès la conception il s'est uni le Temple qu'il a pris d'elle.
273
Quant aux expressions des évangiles et des apôtres au
sujet du Seigneur, nous savons que les théologiens appliquent les
unes indifféremment, parce qu'elles visent l'unique personne, mais
qu'ils distinguent les autres parce qu'elles visent les deux natures, et
qu'ils attribuent à la divinité du Christ celles qui conviennent
à Dieu, et à son humanité celles qui marquent son
abaissement.
281
(Chap.4) Nous avons estimé également devoir rappeler
qu'aucun clerc ne doit tenter de pratiquer le prêt à intérêt,
pas plus au nom d'autrui qu'en son propre nom : il ne convient pas en effet
de commettre un forfait pour soi-même en vue de l'avantage d'autrui.
Nous devons considérer et pratiquer seulement ce prêt à
intérêt qui consiste en ce que ce que nous accordons ici avec
miséricorde, nous pouvons le recevoir à nouveau du Seigneur
qui accordera avec abondance ce qui demeurera toujours.
291
Mais ce même Fils unique et éternel d'un Père éternel
est né de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie, naissance dans le
temps qui n'a rien diminué, rien ajouté à la naissance
divine et éternelle, mais s'est tout entière employée
à refaire l'homme, qui avait été trompé, afin
que celui-ci vainquît la mort et détruisît par sa propre
force le diable qui détenait l'empire de la mort. Nous ne pouvions,
en effet, l'emporter sur l'auteur du péché et de la mort,
si celui que ni le péché n'a pu contaminer ni la mort retenir,
n'avait assumé notre nature et ne l'avait faite sienne.
Oui, il a donc été conçu du Saint-Esprit dans
le sein la Vierge Mère, qui l'a mis au monde, sa virginité
étant sauve tout comme elle avait été sauve quand
elle l'a conçu.
292
Ou bien peut-être a-t-il (Eutychès) pensé que notre
Seigneur Jésus Christ n'a pas été de notre nature
pour la raison que l'ange envoyé à la bienheureuse Marie
a dit : " L'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-
Haut te couvrira de son ombre, et c'est pourquoi l'être saint qui
naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu " Lc 1,35 ,
en sorte que, la conception de la Vierge ayant été une opération
divine, la chair de l'être conçu n'a pas été
de la nature de celle qui concevait ? Mais il ne faut pas comprendre cette
génération singulièrement merveilleuse et merveilleusement
singulière en ce sens que ce qui est le propre de l'espèce
ait été écarté par la nouveauté de sa
création. La fécondité de la Vierge est un don de
l'Esprit Saint, mais un corps réel a été tiré
de son corps. Et la Sagesse se bâtissant une maison Pr 9,1 le
Verbe s'est fait chair et a habité parmi nous Jn 1,14 ce
qui veut dire dans cette chair qu'il a prise de l'homme et qu'il a animée
du souffle de la vie rationnelle.
293
(Chap. 3) Ainsi donc, étant maintenues sauves les propriétés
de l'une et l'autre nature réunies dans une seule personne, l'humilité
a été assumée par la majesté, la faiblesse
par la force, la mortalité par l'éternité, et, pour
acquitter la dette de notre condition, la nature inviolable s'est unie
à la nature passible, en telle sorte que, comme il convenait à
notre guérison, un seul et même " médiateur de Dieu
et des hommes, l'homme Christ Jésus. 1Tm 2,5 , fût
tout à la fois capable de mourir d'une part, et de l'autre incapable
de mourir. C'est donc dans la nature intacte d'un homme vrai que le vrai
Dieu est né, complet dans ce qui lui est propre, complet dans ce
qui nous est propre. Par " ce qui nous est propre ", nous voulons dire
la condition dans laquelle le créateur nous a établis au
commencement et qu'il a assumée pour la restaurer ; car de ce que
le trompeur a apporté et que l'homme trompé a accepté,
il n'y a nulle trace dans le Sauveur...
Il a assumé la forme du serviteur sans la souillure du péché,
enrichissant l'humain sans diminuer le divin, parce que cet anéantissement
par lequel l'invisible s'est rendu visible, été inclination
de sa miséricorde, non déficience de sa puissance.
294
(Chap. 4) Voici donc que le Fils de Dieu entre dans ces lieux les plus
bas du monde, descendant du trône céleste sans pourtant quitter
la gloire de son Père, engendré dans un nouvel ordre, par
une nouvelle naissance. Un nouvel ordre parce que invisible en ce qui est
sien, il a été rendu visible en ce qui est nôtre ;
infini il a voulu être contenu ; subsistant avant tous les temps,
il a commencé d'exister dans le temps ; Seigneur de l'univers, il
a voilé d'ombre l'immensité de sa majesté, il a pris
la forme de serviteur ; Dieu impassible, il n'a pas dédaigné
d'être homme passible, immortel, de se soumettre aux lois de la mort.
Engendré par une naissance nouvelle, parce que la virginité
inviolée, sans connaître la concupiscence, a fourni la matière
de la chair. De la mère du Seigneur fut assumée la nature,
non la faute, et dans le Seigneur Jésus Christ engendré du
sein d'une vierge, la merveilleuse naissance ne fait pas que sa nature
soit différente de la nôtre. Car celui qui est vrai Dieu est,
le même, vrai homme. Dans cette unité il n'y a pas de mensonge,
dès lors que l'humilité de l'homme et l'élévation
de la divinité s'enveloppent l'une l'autre. Car de même que
Dieu n'est pas changé par la miséricorde, de même l'homme
n'est pas absorbé par la dignité. Car chacune des deux formes
accomplit sa tâche propre dans la communion avec l'autre, le Verbe
opérant ce qui est du Verbe, la chair effectuant ce qui est de la
chair. Un des deux resplendit de miracles, l'autre succombe aux outrages.
Et de même que le Verbe ne cesse pas d'être en égalité
de gloire avec le Père, de même la chair ne se dérobe
pas à la nature de notre race.
295
...Ce n'est pas acte de même nature que dire " Moi et le Père
nous sommes un. Jn 10,30 et dire : " Le Père est plus grand
que moi " Jn 14,28 Car bien que dans le Seigneur Jésus Christ
la personne de Dieu et de l'homme soit une, autre chose est ce par quoi
les outrages sont communs à l'un et à l'autre, autre chose
ce par quoi la gloire leur est commune. De ce qui est nôtre, en effet,
il tient l'humanité, inférieure au Père, du Père
il tient la divinité, égale au Père.
Lettre " Licet per nostros " à Julien de Cos,
13 juin 449.
source: catho.org