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Symboles et Définitions de la Foi Catholique - Denzinger

Décret du Saint-Office, 5 mai 1667
 
 

Liberté d'enseigner au sujet de l'attrition

2070
Ayant appris, non sans une grande tristesse, que certains théologiens de l'école disputaient entre eux avec trop d'aigreur et au scandale des fidèles sur le point de savoir si l'attrition conçue par la crainte de l'enfer, qui exclut la volonté de prêcher et s'accompagne de l'espérance du pardon, requiert encore quelque autre acte d'amour de Dieu pour obtenir la grâce dans le sacrement de pénitence, les uns soutenant cette opinion, les autres la niant, les uns censurant l'opinion adverse des autres,
Sa Sainteté... ordonne... que s'ils composent ou publient à l'avenir des livres ou des écrits, s'ils enseignent ou prêchent ou instruisent de quelque manière que ce soit les pénitents, les étudiants ou d'autres, ils n'entreprennent pas de noter par une quelconque censure théologique, ni de décrier par aucun terme injurieux ou offensant, ou l'une ou l'autre des deux opinions en présence : ni celle qui nie la nécessité d'un acte d'amour de Dieu lorsque existe l'attrition susdite conçue par crainte de l'enfer, opinion qui est aujourd'hui plus commune dans les écoles, ni celle qui affirme la nécessité de cet acte d'amour, avant que le Saint-Siège ait défini quelque chose à ce sujet.
 
 
 

CLEMENT XI : 20 juin 1667-9

décembre 1669

CLEMENT X : 29 avril 1670-22

juillet 1676

INNOCENT XI : 21 septembre

1676-12 août 1689

 

Décret de la Sacrée Congrégation du Concile " Cum ad aures ",

12 février 1679.

La communion fréquente et quotidienne

2090
Même si l'usage de la communion fréquente et quotidienne a toujours été approuvé dans l'Eglise par les saints Pères, ceux-ci cependant n'ont jamais indiqué de jours déterminés dans le mois ou dans la semaine pour recevoir la communion plus fréquemment ou pour s'en abstenir, et le concile de Trente n'en a pas prescrit non plus ; mais celui-ci, comme s'il considérait la faiblesse humaine, tout en ne prescrivant rien, a indiqué ce qu'il désirait lorsqu'il a dit : "Le saint concile souhaiterait, certes, que les fidèles assistant à chaque messe... communient par la réception sacramentelle de l'eucharistie" 1747. Et cela à juste titre multiples sont en effet les replis des consciences, et variées les diversions de l'esprit du fait des affaires ; nombreuses en revanche sont les grâces et les dons de Dieu accordés aux petits ; étant donné qu'avec les yeux humains nous ne pouvons pas les scruter, rien ne peut être établi de façon certaine concernant la dignité et l'intégrité de chacun, et donc la manducation fréquente ou quotidienne du pain de vie.

2091
Et c'est pourquoi, pour ce qui regarde ceux qui sont occupés aux affaires, leur accès fréquent à la réception de la nourriture sacrée doit être laissé au jugement des confesseurs qui explorent les secrets du coeur et qui, selon la pureté des consciences, le profit de la fréquence, et le progrès vers la piété, doivent prescrire aux laïcs occupés aux affaires et qui sont mariés ce qu'ils prévoient qui sera profitable à leur salut.

2092
Quant à ceux qui sont engagés dans le mariage, puisque le bienheureux Apôtre ne veut pas " qu'ils se refusent l'un à l'autre, sinon d'un commun accord et pour un temps, afin de vaquer à la prière" 1Co 7,5 , ils se soucieront d'autant plus de les avertir de s'exercer à la continence par respect pour la très sainte eucharistie, et de s'approcher avec un esprit plus pur de la communion au banquet céleste.

2093
En cette affaire, la diligence des pasteurs ne s'appliquera donc pas tant à ce que certains soient dissuadés par une formule de précepte unique de recevoir la sainte communion de façon fréquente ou quotidienne, ou à ce que soient fixés de façon générale les jours pour la recevoir, mais elle estimera plutôt qu'il lui appartiendra à elle-même, ou aux curés ou pasteurs, de décider ce qui doit être permis à chacun et elle empêchera absolument que quelqu'un soit repoussé du saint banquet, qu'il s'en approche fréquemment ou quotidiennement.

2094
A côté de la diligence des curés et des confesseurs, il sera utile de faire appel également au concours des prédicateurs et de s'accorder avec eux pour que, lorsque les fidèles viendront s'approcher fréquemment du très saint sacrement (ce qu'ils doivent faire), ils donnent aussitôt une prédication concernant la très grande préparation nécessaire pour le recevoir, et pour que, d'une manière générale, ils montrent à ceux qu'un zèle pieux pousse à recevoir la nourriture salutaire fréquemment ou quotidiennement - qu'ils soient des laïcs adonnés aux affaires ou mariés ou toutes autres personnes qu'ils doivent reconnaître leur faiblesse, de sorte que par la dignité du sacrement et la crainte du jugement divin, ils apprennent à révérer la nourriture spirituelle qui contient le Christ ; et Si parfois ils devaient sentir qu'ils sont moins préparés, de s'en abstenir et de se disposer à une meilleure préparation. ...

2095
En outre les évêques et les curés ou confesseurs repousseront ceux qui affirment que la communion quotidienne est de droit divin...
 
 

65 propositions, condamnées dans le décret du Saint-Office du

2/3/1679.

Erreurs d'une doctrine morale plus laxiste

2101
1.- Il n'est pas interdit dans l'administration des sacrements de suivre l'opinion probable sur la validité du sacrement, en laissant la plus sûre, sauf Si cela est interdit par la loi, une convention, ou qu'il y ait péril de faire courir un grave dommage. C'est pourquoi c'est seulement dans la collation du baptême, de l'ordination sacerdotale ou épiscopale qu'on ne doit pas recourir à l'opinion probable.

2102
2.- J'estime probable qu'un juge peut juger selon une opinion même moins probable.

2103
3.- En général, aussi longtemps que nous agissons en nous fiant à une probabilité soit intrinsèque, soit extrinsèque, si faible qu'elle soit, pourvu qu'elle reste dans les limites de la probabilité, nous agissons toujours très prudemment.

2104
4.- L'infidèle qui ne croit pas est excusé de l'infidélité, s'il est conduit par l'opinion moins probable.

2105
5.- Nous n'osons pas définir s'il pèche mortellement, celui qui ne ferait un acte d'amour de Dieu qu'une seule fois dans sa vie.

2106
6.- I1 est probable que le précepte de la charité envers Dieu n'oblige même pas par soi de façon rigoureuse tous les cinq ans.

2107
7.- Il oblige seulement quand nous sommes tenus d'être justifiés et que nous n'avons pas d'autre voie par laquelle nous puissions être justifiés.

2108
8.- Manger et boire jusqu'à satiété et pour le seul plaisir n'est pas un péché, dès lors que cela ne fait pas obstacle à la santé, car l'appétit naturel peut jouir licitement de ses actes.

2109
9.- L'acte du mariage accompli seulement pour le plaisir est dénué de toute faute vénielle.

2110
10.- Nous ne sommes pas tenus d'aimer le prochain d'un acte inférieur ou formel.

2111
11.- Nous pouvons satisfaire au précepte d'aimer le prochain par les seuls actes extérieurs.

2112
12.- On trouverait difficilement chez ceux qui vivent dans le siècle et chez les rois quelque chose qui soit superflu pour leur état. Et ainsi à peine quelqu'un est-il tenu à l'aumône dès lors qu'il n'est tenu de la faire que du superflu.

2113
13.- Si on le fait avec la modération requise, on peut, sans pécher mortellement, s'attrister de la vie de quelqu'un et se réjouir de sa mort, la souhaiter d'un désir inefficace, non pas parce que la personne déplaît, mais à cause de quelque avantage temporel.

2114
14.- Il est permis de désirer de manière absolue la mort de son père, non pas pour le mal du père, mais pour le bien de celui qui le désire parce qu'elle apportera un riche héritage.

2115
15.- Il est permis à un fils de se réjouir d'un parricide commis par lui en état d'ébriété, à cause des grandes richesses qui lui reviennent par l'héritage.

2116
16.- La foi n'est pas censée tomber par soi sous un précepte particulier.

2117
17.- Il suffit de faire un seul acte de foi dans sa vie.

2118
18.- Si quelqu'un est interrogé par l'autorité publique, je conseille, comme glorieux pour Dieu et pour la foi, de confesser la foi ouvertement ; je ne condamne pas comme peccamineux de se taire.

2119
19.- La volonté ne peut faire que l'assentiment de foi soit plus ferme en lui-même que ne le mérite le poids des raisons qui poussent à l'assentiment.

2120
20.- Dès lors quelqu'un peut refuser prudemment l'assentiment qu'il avait de façon surnaturelle.

2121
21.- L'assentiment de foi, surnaturel et utile au salut, existe avec la connaissance seulement probable de la révélation, et même avec la crainte que Dieu n'ait pas parlé.

2122
22.- Seule la foi en un seul Dieu semble être nécessaire de nécessité de moyen, mais non la foi explicite au Rémunérateur.

2123
23.- La foi au sens large du mot qui vient du témoignage des créatures ou d'un motif semblable suffit à la justification.

2124
24.- Appeler Dieu à témoin pour un mensonge léger n'est pas une irrévérence telle que Dieu veuille ou puisse, à cause de cela, damner un homme.

2125
25.- Lorsqu'il y a une raison, il est licite de jurer sans la disposition intérieure à jurer, que la chose soit grave ou légère.

2126
26.- Si quelqu'un, soit seul, soit devant d'autres, soit qu'on l'interroge, soit spontanément, qu'il le fasse pour s'amuser ou pour un autre motif, jure qu'il n'a pas fait une chose qu'il a faite en réalité, en sous- entendant intérieurement quelque autre chose qu'il n'a pas faite, ou quelque autre manière que celle dont il l'a faite, ou quelque addition qui est vraie, il ne ment pas en réalité et n'est pas parjure.

2127
27.- Il peut y avoir des raisons justes d'user de ces amphibologies chaque fois que cela est nécessaire ou utile pour défendre sa vie, son honneur, ses biens, ou pour quelque autre acte de vertu, en sorte que la dissimulation de la vérité est alors censée utile et désirable.

2128
28.- Celui qui, grâce à une recommandation ou un présent, a été promu à une magistrature ou à un office public, pourra prêter avec une restriction mentale le serment qui par mandat du roi est habituellement exige' de telles personnes, sans avoir égard à l'intention de celui qui l'exige, parce qu'il n'est pas tenu d'avouer un crime occulte.

2129
29.- Une crainte grave est un motif juste pour simuler l'administration des sacrements.

2130
30.- I1 est permis à un homme d'honneur de tuer un agresseur qui s'efforce de le calomnier, si cette ignominie ne peut pas être évitée autrement ; la même chose doit être dite si quelqu'un donne une gifle ou frappe d'un bâton et prend la fuite après avoir donné la gifle et frappé du bâton.

2131
31.- Je peux, régulièrement parlant, tuer un voleur pour conserver une unique pièce d'or.

2132
32.- Il n'est pas permis seulement de défendre par une défense qui tue ce que nous possédons en fait, mais également ce à quoi nous avons un droit commencé et que flous espérons posséder.

2133
33.- Il est permis aussi bien à un héritier qu'à un légataire de se défendre contre quelqu'un qui l'empêche injustement d'entrer en possession de l'héritage ou du legs, comme il l'est pour celui qui a droit à une cathèdre ou à une prébende de se défendre contre qui l'empêche injustement d'en prendre possession.

2134
34.- Il est permis de procurer un avortement avant l'animation du foetus, pour éviter à une jeune fille devenue enceinte la mort ou le déshonneur.

2135
35.- Il semble probable que tout foetus (tant qu'il se trouve dans le sein) est dépourvu d'âme rationnelle, et qu'il commence seulement à l'avoir lorsqu'il naît ; et c'est pourquoi il faudra dire que dans aucun avortement il n'est commis un homicide.

2136
36.- Il est permis de voler, non seulement dans le cas de nécessité extrême, mais dans celui de nécessité grave.

2137
37.- Les serviteurs et les servantes de la maison peuvent dérober secrètement à leurs maîtres pour compenser leur travail qu'ils jugent plus important que le salaire qu'ils reçoivent.

2138

38.- Personne n'est tenu sous peine de péché mortel à restituer ce qui a été pris par quelques larcins, quelque grande que soit la somme totale.

2139
39.- Celui qui pousse ou incite un autre à causer un grave dommage à un tiers n'est pas tenu à restitution pour le dommage causé.

2140
40.- Le contrat Mohatra est licite même quand il se fait à l'égard de la même personne et avec une clause préalable de revente dans une intention de lucre.

2141
41.- Une somme versée étant plus précieuse qu'une somme à verser, et puisqu'il n'y a personne qui ne préfère une somme présente à une somme future, le prêteur peut exiger du débiteur quelque chose en plus du capital prêté, et être excusé d'usure à ce titre.

2142
42.- Il n'y a pas usure lorsque quelque chose est exigé comme un dû en sus du capital prêté au titre de la bienveillance en quelque sorte et de la gratitude, mais seulement si cela est exigé comme un dû au titre de la justice.

2143
43.- Pourquoi ne serait-ce pas un péché véniel seulement que de détruire par une fausse accusation la grande autorité d'un calomniateur qui vous nuit ?

2144
44.- I1 est probable que celui-là ne pèche pas mortellement qui impute une fausse accusation à quelqu'un pour défendre son propre droit et son honneur. Et si cela n'est pas probable, il n'y aura guère d'opinion probable en théologie.

2145
45.- Donner un bien temporel pour un bien spirituel n'est pas de la simonie quand le bien temporel n'est pas donné comme le prix mais seulement comme un motif de confier ou d'accomplir le bien spirituel, ou aussi lorsque le bien temporel est seulement une compensation gratuite pour le bien spirituel et inversement.

2146
46.- Cela reste vrai encore même si le bien temporel est le motif principal de donner le bien spirituel, en sorte que le bien temporel serait estimé davantage que le bien spirituel.

2147
47.- Lorsque le concile de Trente dit que ceux-là ont part au péché d'autrui et pèchent mortellement qui promeuvent à des offices ecclésiastiques sans considérer ces personnes comme plus dignes et plus utiles à l'Eglise, le concile, ou bien premièrement semble avoir voulu signifier seulement par ce terme "plus dignes " la dignité de ceux qui doivent être choisis, en utilisant le comparatif au lieu du positif; ou bien deuxièmement il emploie l'expression moins appropriée " plus dignes" pour exclure ceux qui sont indignes, mais non ceux qui sont dignes ; ou bien troisièmement il parle seulement du cas où il s'agit d'un concours.

2148
48.- Il semble si clair que la fornication n'inclut en soi aucune malice, et qu'elle n'est mauvaise que parce qu'elle est interdite, que le contraire semble contredire totalement la raison.

2149
49.- La mollesse n'est pas prohibée par le droit naturel. C'est pourquoi, si Dieu ne l'avait pas interdite, souvent elle serait bonne, et quelquefois elle serait même obligatoire sous peine de péché mortel.

2150
50.- L'union avec une femme mariée, du consentement du mari, n'est pas adultère ; c'est pourquoi il suffit de dire en confession que l'on a forniqué.

2151
51.- Un domestique qui, en le laissant monter sur ses épaules, aide sciemment son maître à s'introduire par la fenêtre pour violer une jeune fille, et qui souvent l'assiste en portant l'échelle, en ouvrant la porte, ou en l'aidant d'autres manières semblables, ne pèche pas mortellement s'il le fait par crainte d'un dommage notable, par exemple pour ne pas être maltraité par le maître ou être regardé de travers, ou être chassé de la maison.

2152
52.- Le précepte d'observer les jours de fête n'oblige pas sous peine de péché mortel, abstraction faite du scandale, s'il n'y a pas de mépris.

2153
53.- Satisfait au précepte de l'Eglise d'entendre la messe, celui qui en entend deux parties, ou même quatre ensemble de divers célébrants.

2154
54.- Celui qui ne peut réciter matines et laudes, mais peut réciter les autres heures, n'est tenu à rien ; car la partie plus grande tire à soi la partie plus petite

2155
55.- On satisfait au précepte de la communion annuelle par la manducation sacrilège du Seigneur 2034.

2156
56.- La confession et la communion fréquentes, même de ceux qui vivent en païens, sont des signes de prédestination.

2157
57.- Il est probable qu'il suffit d'une attribution naturelle dès lors qu'elle est honnête.

2158
58.- Nous ne sommes pas tenus de dire à un confesseur, s'il interroge, l'habitude d'un péché quelconque

2159
59.- Il est permis d'absoudre sacramentellement ceux qui ne se sont confessés qu'à moitié lorsqu'il y a grand afflux de pénitents, comme cela peut arriver par exemple le jour d'une grande fête ou d'une indulgence.

2160
60.- Au pénitent qui a l'habitude de pécher contre la loi naturelle ou ecclésiastique, même s'il n'apparaît aucun espoir d'amendement, on ne doit ni refuser ni différer l'absolution dès lors qu'il déclare de bouche qu'il éprouve de la douleur et qu'il commet de s'amender.

2161
61.- Peut parfois être absous celui qui demeure dans une occasion prochaine de pécher qu'il peut et ne veut pas éviter, et même qu'il cherche directement ou délibérément, ou dans laquelle il se jette.

2162
62.- Une occasion prochaine de pécher ne doit pas être fuie lorsqu'il y a une raison utile ou honnête de ne pas la fuir.

2163
63.- Il est permis de chercher directement l'occasion prochaine de pécher pour notre bien spirituel ou temporel, ou pour celui du prochain.

2164
64.- L'homme est capable de recevoir l'absolution quelle que soit son ignorance des mystères de la foi, et même si c'est par négligence, même coupable, qu'il ignore le mystère de la très sainte Trinité et de l'Incarnation de notre Seigneur Jésus Christ.

2165
65.- Il suffit d'avoir cru une fois ces mystères.

(Censure : ) Toutes les propositions sont condamnées et prohibées, telles qu'elles se présentent, à tout le moins comme scandaleuses et comme pernicieuses dans la pratique.

(Conclusion du décret : ) Enfin, pour que les docteurs ou les scolastiques et tous les autres s'abstiennent désormais de toute dispute injurieuse, et pour qu'il soit pourvu à la paix et à la charité, le même très saint pontife ordonne, au nom de la sainte obéissance, que dans les livres à imprimer et dans les manuscrits, aussi bien que dans les thèses, les disputes et les prédications, ils se gardent de toute censure ou note, ainsi que de toute invective contre les propositions qui jusqu'ici continuent à être matière à discussion chez les catholiques, jusqu'à ce que le Saint-Siège, après examen de la chose, ait proféré un jugement au sujet de ces propositions.
 

Décret du Saint-Office, 23 novembre 1670

Erreurs concernant le don de la toute-puissance

2170
1.- Dieu nous fait don de sa toute-puissance pour que nous en usions, à la manière dont quelqu'un donne à un autre une maison ou un livre.

2171
2.- Dieu nous soumet sa toute-puissance.
(Censure : propositions prohibées comme) nouvelles et téméraires.
 

Probabilisme et probabiliorisme

2175
...Après le rapport fait par le P. Laurea sur ce que contenait la lettre envoyée par le P. Tirso Gonzalez, si, au très saint Seigneur, les très éminents seigneurs dirent qu'il devait être écrit par le secrétaire d'Etat au nonce apostolique en Espagne pour qu'il signifie au dit P. Tirso que Sa Sainteté a accepté sa requête avec bienveillance, et qu'après que sa lettre a été lue non sans louanges, il a commandé qu'il prêche, enseigne et défende librement et de façon intrépide par la plume l'opinion la plus probable, et qu'il combatte avec courage la position de ceux qui affirment que, lorsque se rencontrent une opinion moins probable et une autre plus probable, connue et jugée comme telle, il est permis de suivre la moins probable ; et qu'il lui fasse savoir que tout ce qu'il fera et écrira en faveur de l'opinion plus probable agréera à Sa Sainteté.

2176
Injonction sera faite au père général de la Compagnie de Jésus par ordre de Sa Sainteté qu'il ne permette pas seulement aux pères de cette Compagnie d'écrire en faveur de l'opinion plus probable et de combattre la position de ceux qui affirment que lorsque se rencontrent une opinion moins probable et une autre plus probable, connue et jugée comme telle, il est permis de suivre la moins probable ; mais qu'il écrive également à toutes les universités de la Compagnie que le sentiment de Sa Sainteté est que chacun, comme il lui semblera, écrive librement en faveur de l'opinion plus probable et combatte l'opinion contraire susdite ; et qu'il leur commande de se soumettre entièrement au mandement de Sa Sainteté.

2177
(Ajout dans l'autographe du Saint Office : ) Le 8 juillet 1680. Après que l'ordre susdit de Sa Sainteté a été communiqué au père général de la Compagnie de Jésus par l'assesseur, il répondit qu'il y obéirait en tout d'autant plus rapidement qu'il n'a jamais été interdit, ni par lui-même, pas ses prédécesseurs, d'écrire en faveur de l'opinion plus probable et de l'enseigner.
 

Contemplation et médiation. - Erreurs du quiétisme

2181
1.- A personne par conséquent qui s'adonne à l'oraison méditative ou contemplative il ne doit être permis de mépriser l'oraison vocale qui a été instituée par le Christ Seigneur, qui a été observée par les apôtres, et qui a toujours été utilisée, par une succession continue, dans tous les services divins, ni de la déprécier comme inutile et comme vaine par comparaison avec l'oraison méditative ou contemplative ; au contraire, puisque le prophète enseigne que le Seigneur doit être loué par des hymnes et des cantiques, tous doivent la louer et la recommander en même temps que l'oraison mentale et contemplative.

2182
2.- Mais puisque dans la maison du Père les demeures sont nombreuses Jn 14,2 ceux qui s'adonnent à la méditation et ceux qui les dirigent ne doivent d'aucune manière mépriser ceux qui ont le souci de la contemplation, ou les appeler paresseux, ou, ce qui est pire, les qualifier d'entachés d'hérésie ; au contraire, qu'ils fassent usage et jouissent saintement et pieusement des dons qui ont été accordés par Dieu à chacun d'eux par la méditation, d'autant que la grâce de la contemplation, souvent les plus grands, souvent les plus petits, assez souvent ceux qui sont éloignés, et parfois même des gens mariés la reçoivent.

2183
3.- De même, que les tenants de la contemplation ne méprisent pas les tenants de la méditation, puisque en règle générale c'est par les degrés de la méditation qu'on parvient au sommet de la contemplation ; mais que tous dans la charité glorifient Dieu, notre Seigneur Jésus Christ, en sachant que le rameau de l'oeuvre bonne ne garde sa verdeur que s'il demeure dans la racine de la charité.

2184
4.- Bien que personne ne doive être repoussé loin de la grâce de la contemplation pour laquelle Dieu donne son aide, il faut cependant que les directeurs d'âmes prennent garde à ce que tout âge, degré, sexe ou condition ne soit pas admis de façon indistincte à la pratique de cette doctrine et de cet exercice, et que par une observation assidue ils prennent d'abord la mesure de l'esprit, de ce qu'il est à même de porter et de faire, de manière à conduire les uns à la méditation, les autres à la contemplation, selon l'esprit de chacun.

2185
5.- Mais pour que la doctrine concernant l'oraison contemplative, par laquelle les âmes des fidèles sont élevées jusqu'à l'union la plus haute avec Dieu, demeure pure de toute erreur, intègre et intacte, il faut en premier lieu que les contemplatifs se gardent d'affirmer ou de soutenir que la présence de Dieu seul est en tout lieu l'objet de la contemplation ou de l'oraison qu'ils appellent de quiétude ; car tous les objets de la méditation peuvent être, bien que de diverse manière, objet de la contemplation ; de même ils ne doivent pas avoir l'audace d'affirmer que ceux qui s'exercent à la méditation ne peuvent jamais monter à un certain degré de perfection à moins de passer à l'oraison de contemplation.

2186
6.- Et parce que nous sommes sauvés et libérés par l'Incarnation et la Passion de notre Seigneur Jésus Christ, que les contemplatifs se gardent d'oublier volontairement et de façon délibérée les mystères de la vie, de l'action, de la Passion et de la Rédemption de ce même Seigneur qui est le nôtre, ou d'affirmer que leur considération est inutile et contraire à l'état de contemplation ; au contraire, qu'à l'exemple de tous les saints, ils s'appliquent de façon assidue à les considérer selon les circonstances du moment et du lieu.

2187
7.- De même qu'ils n'enlèvent pas de leurs yeux, comme inutiles pour la contemplation, les images et les représentations, tant extérieures qu'intérieures, du Christ Seigneur, de la très bienheureuse Vierge Marie, la Mère, et des autres saints qui règnent dans les cieux et qui prient pour nous qui nous trouvons dans cette vallée de larmes ; parfois cependant, dans l'acte de contemplation seulement et lorsque notre esprit traversé par les dons célestes est tiré vers la contemplation des réalités divines, il leur sera permis, pour que l'âme ne soit pas distraite, de s'éloigner de ces figures.

2188
8.- Et parce que l'exercice de la contemplation parfaite consiste principalement en ce que dans l'acte de la contemplation l'âme ne fait rien d'autre, et que bien plus, oubliant alors toutes les créatures, elle est élevée vers Dieu et les réalités divines dans la considération des vertus sublimes de la foi, de l'espérance et de la charité par lesquelles Dieu est vénéré avant tout, les méditatifs ne doivent pas avoir l'audace ou la présomption, d'aucune manière, de traiter les contemplatifs auprès du peuple d'oisifs et de paresseux.

2189
9.- Par ailleurs que les contemplatifs aussi bien que les méditatifs se souviennent qu'ils ne sont aucunement exempts des préceptes de Dieu et de l'Eglise ; au contraire, tous comme des serviteurs à l'égard de leurs maîtres et des épouses à l'égard de leurs maris, sont strictement tenus d'observer les commandements qui doivent être observés par chacun selon son état, puisque la vertu de l'oraison conduit à l'humilité et à l'obéissance et non pas à l'orgueil et à la présomption.

2190
10.- De même, aussi bien pour ce qui est des clercs, tant séculiers que religieux, que ce qui est des moniales, on doit enseigner et tenir qu'ils ne doivent pas présumer que, sous prétexte de méditation ou de contemplation, ils seraient exempts ou libérés des obligations ecclésiastiques et des voeux, des institutions et des règles de leur religion ; car même s'ils sont parvenus à un certain degré de perfection de l'oraison, ils ne sont considérés d'aucune manière comme exempts de les observer.

2191
11.- Tous, contemplatifs aussi bien que méditatifs, doivent savoir qu'ils ne sont aucunement exempts des obligations externes de la religion et de la piété qui ont coutume d'être pratiquées par les fidèles dans l'Eglise catholique, et que sont l'usage des sacrements et des sacramentaux, les visites des églises et l'observance des jeûnes, l'écoute des prédications, et les oeuvres de miséricorde spirituelle ou matérielle ; au contraire, ce sera un grand scandale pour les fidèles si certaines des pratiques susdites sont négligées par eux sous prétexte de contemplation ou de méditation.

2192
12.- Il est tout à fait impie, et indigne de la pureté chrétienne, que d'affirmer qu'il ne faut pas résister aux tentations, et que les contemplatifs ne se verraient pas imputer les péchés commis par eux pendant qu'ils contemplent, dans l'idée fausse qu'alors ce ne sont pas les contemplatifs eux- mêmes, mais le diable qui les opère à travers leurs membres. De même il est impie d'affirmer que les contemplatifs n'auraient pas à s'ouvrir de tels péchés dans le sacrement de la pénitence et à les soumettre aux clés de l'Eglise. Enfin il est impie d'affirmer que l'oraison mentale, méditative ou contemplative, est nécessaire au salut purement et simplement.
 
 

Erreur concernant le secret de la confession

2195
(Proposition : ) " Il est permis de faire usage du savoir acquis en confession, dès lors que cela se fait sans révélation directe ou indirecte et sans dommage pour le pénitent, à moins que de son non-usage il résulte un dommage bien plus grand, en comparaison duquel le premier est tenu pour peu à juste titre " ; après cela est ajoutée une explication, ou une limitation, concernant ce qui est à entendre par usage du savoir acquis en confession avec un dommage pour le pénitent, et à l'exclusion de toute révélation, et dans le cas où du non-usage 0 résulterait un dommage bien plus grand pour ce pénitent. ...(Censure : ) Ladite proposition, dans la mesure où elle admet l'usage dudit savoir avec un dommage pour le pénitent, doit être prohibée absolument, y compris avec ladite explication ou limitation.
 

Erreurs quiétistes de Miguel de Molinos

2201
1.- Il faut anéantir les puissances de l'âme, et telle est la voie intérieure.

2202
2.- Vouloir agir activement, c'est offenser Dieu qui veut être seul agent ; et c'est pourquoi il faut s'abandonner soi-même totalement sans réserve à lui, et demeurer ensuite comme un corps inanimé.

2203
3.- Les voeux de faire quelque chose sont des obstacles à la perfection

2204
4.- L'activité naturelle est l'ennemie de la grâce, et elle empêche les opérations de Dieu et la vraie perfection, parce que Dieu veut agir en nous sans nous.

2205
5.- En ne faisant rien, l'âme s'annihile et retourne à son principe et à son origine, qui est l'essence de Dieu dans laquelle elle demeure transformée et divinisée, et alors Dieu demeure en lui-même ; car alors il n'y a plus deux choses unies mais une seule, et de cette manière Dieu vit et règne en nous, et l'âme s'annihile elle-même dans l'être opératif.

2206
6.- La voie intérieure est celle où on ne connaît ni lumière, ni amour, ni résignation ; et il ne faut pas même connaître Dieu ; et c'est de cette manière que l'on chemine de façon juste.

2207
7.- L'âme ne doit penser ni à la récompense, ni à la punition, ni au paradis, ni à l'enfer, ni à la mort, ni à l'éternité.

2208
8.- Elle ne doit pas vouloir savoir Si elle chemine comme Dieu le veut, ni si elle demeure conforme à cette volonté ou non ; et il n'est pas nécessaire qu'elle veuille connaître son état, ni son propre néant, mais elle doit rester comme un corps sans vie.

2209
9.- L'âme ne doit se souvenir ni d'elle-même ni de Dieu, ni d'aucune chose, et dans la voie intérieure toute réflexion est nocive, même la réflexion sur ses actions humaines et sur ses propres défauts.

2210
10.- Si par ses propres défauts on scandalise les autres, il n'est pas nécessaire d'y réfléchir dès lors qu'il n'y a pas volonté de scandaliser et ne pas pouvoir réfléchir à ses propres défauts est une grâce de Dieu.

2211
11.- Pour les doutes qui surviennent Si on est dans la bonne voie ou non, il n'est pas besoin de réfléchir.

2212
12.- Celui qui a donné son libre arbitre à Dieu ne doit plus se soucier de rien, ni de l'enfer, ni du paradis ; il ne doit pas avoir le désir de sa propre perfection, ni des vertus, ni de sa propre sanctification, ni de son propre salut dont il doit expurger l'espérance.
 

2213
13.- Une fois le libre arbitre remis à Dieu, il faut aussi abandonner à Dieu la pensée et le soin de tout ce qui nous concerne, et le laisser faire en nous, sans nous, sa divine volonté.

2214
14.- Celui qui s'est abandonné à la volonté de Dieu ne doit rien demander à Dieu, car demander est une imperfection, puisqu'il s'agit d'un acte de volonté et de choix propre, et que c'est vouloir que la volonté divine se conforme à notre volonté et non la nôtre à la divine. Et cette parole de l'Evangile : "Demandez et vous recevrez" Jn 16,24 n'a pas été dite par le Christ pour les âmes intérieures qui ne veulent pas avoir de volonté ; au contraire, ces âmes parviennent à ce qu'elles puissent ne rien demander à Dieu.

2215
15.- De même qu'elles ne doivent rien demander à Dieu, elles ne doivent pas non plus lui rendre grâces pour quelque chose ; car l'un et l'autre est un acte de la volonté propre.

2216
16.- Il ne convient pas de chercher des indulgences pour la peine due à ses propres péchés ; car il est mieux de satisfaire à la justice divine que de chercher la miséricorde divine, car le premier procède du pur amour de Dieu, et le second de l'amour intéressé pour nous-mêmes, ce qui n'est pas ce qui plaît à Dieu et qui n'est pas méritoire, puisque c'est vouloir fuir la croix.

2217
17.- Le libre arbitre étant remis à Dieu, le soin et l'examen de notre âme lui étant aussi abandonnés, il n'y a plus lieu de s'inquiéter des tentations, et on ne doit pas leur opposer d'autre résistance que négative, sans s'efforcer davantage, et si la nature se meut, il faut la laisser se mouvoir, puisqu'elle est la nature.

2218
18.- Celui qui dans l'oraison se sert d'images, de figures, d'idées et de ses propres concepts, n'adore pas Dieu en esprit et en vérité Jn 4,23
 

2219
19.- Celui qui aime Dieu de la manière que le demande la raison ou que l'entendement le comprend, n'aime pas le vrai Dieu.

2220
20.- Dire que dans l'oraison il est besoin de s'aider du raisonnement et de pensées, lorsque Dieu ne parle pas à l'âme, c'est être dans l'ignorance, Dieu ne parle jamais, sa parole est action, et il agit toujours dans l'âme lorsqu'elle ne l'en empêche pas par ses raisonnements, ses pensées et ses opérations.

2221
21.- Dans l'oraison, il faut demeurer dans la foi obscure et universelle, dans le repos et dans l'oubli de toute pensée particulière et distincte des attributs de Dieu et de la Trinité, et il faut demeurer ainsi en la présence de Dieu pour l'adorer, l'aimer et le servir, mais sans produire des actes, parce que Dieu n'y trouve pas sa complaisance.

2222
22. Cette connaissance par la foi n'est pas un acte produit par la créature, mais elle est une connaissance donnée par Dieu à la créature, que la créature ne sait pas ce qu'elle a, et qu'elle ne sait pas ensuite avoir eue, et la même chose vaut pour l'amour.

2223
23. Les mystiques distinguent avec saint Bernard dans la Scala claustralium quatre degrés : la lecture, la méditation, l'oraison et la contemplation infuse. Celui qui reste toujours au premier ne passe jamais au deuxième ; celui qui reste toujours au deuxième ne parvient jamais au troisième, qui est notre contemplation acquise dans laquelle il faut persister pendant toute la vie, aussi longtemps que Dieu n'attire pas l'âme (sans qu'elle le désire toutefois) à la contemplation infuse ; et celle-ci venant à cesser, l'âme doit retourner au troisième degré et y demeurer, sans retourner à nouveau au deuxième ou au premier.

2224
24. Quelles que soient les pensées qui surviennent dans l'oraison, même impures, même contre Dieu, la foi et les sacrements, si elles ne sont pas entretenues volontairement et repoussées volontairement, mais supportées avec indifférence et résignation, elles n'empêchent pas l'oraison de foi ; au contraire, elles la rendent plus parfaite, parce que l'âme est alors davantage résignée à la volonté divine.

2225
25. Lors même que surviendrait le sommeil et qu'on s'endormirait, il n'y en aurait pas moins une oraison et une contemplation actuelles ; car oraison et résignation, résignation et oraison sont la même chose ; et tant que perdure la résignation, perdure aussi l'oraison.

2226
26. Les trois voies : purgative, illuminative et unitive, sont la plus grande absurdité qui ait été dite en mystique, car il n'y a qu'une seule voie, à savoir la voie intérieure.

2227
27. Celui qui désire et embrasse la dévotion sensible, ne désire et ne cherche pas Dieu, mais lui-même ; et celui qui marche dans la voie intérieure agit mal lorsqu'il le souhaite et s'efforce de l'avoir, tant dans des lieux saints qu'aux fêtes solennelles.

2228
28. Le dégoût des choses spirituelles est bon, puisque par lui l'amour à proprement parler est purifié.

2229
29. Lorsque l'âme intérieure prend en dégoût les entretiens sur Dieu et les vertus, et qu'elle demeure froide et ne sent en elle aucune ferveur, c'est un bon signe.

2230
30. Toute chose sensible que nous éprouvons dans la vie spirituelle est abominable, malpropre et immonde.

2231
31. Aucun de ceux qui méditent ne pratiquent les vraies vertus intérieures, lesquelles ne doivent pas être connues par les sens. Il faut perdre les vertus.

2232
32. Ni avant ni après la communion une autre préparation ou une autre action de grâces n'est requise (pour ces âmes intérieures) que de demeurer dans l'habituelle résignation passive ; elle supplée en effet d'une manière plus parfaite tous les actes des vertus qui peuvent se faire et se font dans la voie ordinaire ; et Si à l'occasion de la communion s'élèvent des mouvements d'humiliation, de demande ou d'action de grâces, il faut les réprimer chaque fois qu'on ne reconnaîtra pas qu'ils viennent d'une inspiration particulière de Dieu ; autrement il s'agit de mouvements de la nature qui n'est pas encore morte.

2233
33. Elle agit mal, l'âme qui marche dans cette voie intérieure, si aux jours de fêtes solennelles elle veut, par quelque effort particulier, exciter en elle quelque sentiment de dévotion, car pour l'âme intérieure tous les jours sont égaux, et sont tous des jours de fête. Et il faut en dire autant des lieux sacrés, parce que pour ces âmes tous les lieux sont égaux.

2234
34. Rendre grâces à Dieu par la parole et par la langue ne convient pas aux âmes intérieures, qui doivent demeurer dans le silence, sans opposer à Dieu d'obstacle qui opère en eux ; et plus elles s'abandonnent à Dieu, plus elles éprouvent leur impuissance à réciter l'oraison dominicale, ou Notre Père.

2235
35. Il ne convient pas aux âmes de la voie intérieure de faire des actes, même vertueux, de leur propre choix et de leur propre activité, autrement elles ne seraient pas mortes et elles ne doivent pas non plus faire des actes d'amour envers la bienheureuse Vierge, les saints et l'humanité du Christ, car ces objets étant sensibles, l'amour qui s'y rapporte l'est aussi.

2236
36. Aucune créature, ni la bienheureuse Vierge, ni les saints, ne doivent avoir place dans notre coeur, car Dieu seul veut l'occuper et le posséder.

2237
37. Dans le cas de tentations même violentes, l'âme ne doit pas faire d'actes explicites de vertus qui y sont opposés, mais demeurer dans l'amour et la résignation dont il a été parlé.

2238
38. La croix volontaire des mortifications est un poids lourd et sans fruit, et c'est pourquoi il faut s'en décharger.

2239
39. Les actions les plus saintes et les pénitences faites par les saints ne suffisent pas pour ôter de l'âme même un seul attachement.

2240
40. La bienheureuse Vierge n'a jamais fait d'oeuvre extérieure, et cependant elle a été plus sainte que tous les saints. C'est pourquoi on peut parvenir à la sainteté sans oeuvre extérieure.

2241
41. Dieu permet et veut, pour nous humilier et nous conduire à la vraie transformation, qu'à certaines âmes parfaites, même non possédées, le démon violente leurs corps et leur fasse commettre des actes charnels, même à l'état de veille et sans aucun trouble de conscience, en remuant physiquement leurs mains et d'autres membres contre leur volonté. Et il faut en dire autant pour d'autres actions, coupables en elles-mêmes, et qui ne sont pas dans ce cas des péchés, parce qu'il n'y a pas consentement.

2242
42. Il peut se produire des cas où ces violences poussant à des actes charnels se produisent en même temps pour deux personnes, à savoir un homme et une femme, et qu'il en résulte un acte charnel pour les deux.

2243
43. Dieu, aux siècles passés, faisait des saints par le ministère des tyrans ; mais maintenant il fait ces saints à l'aide des démons qui, en causant en eux les violences dont il a été parlé, font qu'ils se méprisent et s'anéantissent davantage encore et s'abandonnent à Dieu.

2244
44. Job a blasphémé, et cependant il n'a pas péché par ses lèvres, car cela fut du fait de la violence du démon.

2245
45. Saint Paul a souffert dans son corps ces violences du démon ; c'est pourquoi il a écrit : " Je ne fais pas le bien que je veux, mais le mal que je ne veux pas, je le fais" Rm 7,19 .

2246

46. Ces violences sont le moyen le plus apte à annihiler l'âme et à la conduire à la transformation et à l'union véritable, et il n'y a pas d'autre voie pour y parvenir. Et celle-ci est la voie la plus facile et la plus sûre.

2247
47. Lorsque surviennent ces violences, il faut laisser faire Satan sans y opposer aucun moyen de résistance ni aucun effort ; au contraire, l'homme doit rester dans le néant et même s'il s'ensuit des pollutions et des actes obscènes produits par les mains et pis encore, il n'y a pas lieu de s'inquiéter, mais il faut chasser les scrupules et les craintes, car l'âme est plus éclairée, plus fortifiée et plus pure, et l'on acquiert la sainte liberté ; et surtout il n'est pas besoin de confesser ces choses, et l'on agit très saintement en ne les confessant pas, car c'est par ce moyen qu'on triomphe du démon et qu'on acquiert un trésor de paix.

2248
48. Satan, l'auteur de ces violences, suggère ensuite que ce sont des fautes graves afin que l'âme s'inquiète et n'avance plus ensuite dans la voie intérieure ; c'est pourquoi, pour affaiblir ses forces, il est préférable de ne pas confesser cela, car ce ne sont pas des péchés, même véniels.

2249
49. Job, par la violence du démon se souillait de ses propres mains, au moment où il s'adressait à Dieu, si on interprète ainsi le passage du chap. 16 Jb 16,18 .

2250
50. David, Jérémie et beaucoup parmi les saints prophètes, ont souffert de telles violences pour ces actions extérieures impures.

2251
51. Dans la sainte Ecriture il y a beaucoup d'exemples de violences portant à des actes extérieurs de péché ; ainsi pour Samson qui par la violence se tua avec les Philistins Jg 16,29 s, qui épousa une femme étrangère Jg 14,1-20 , et qui pratiqua l'impudicité avec la prostituée Dalila Jg 16,4-22 , ce qui autrement était défendu et aurait été péché ; ainsi pour Judith qui mentit à Holopherne Jdt 11,5-19 , pour Elisée qui maudit les enfants 2R 2,24 pour qui brûla deux chefs avec les troupes du roi Achab 2R 1,10-12 . Savoir cependant si la violence a été faite directement par Dieu ou par le ministère des démons, comme cela arrive pour d'autres âmes, est incertain.

2252
52. Lorsque des violences de cette sorte, même impures, arrivent sans que l'esprit en soit obscurci, l'âme peut alors s'unir à Dieu et de fait lui est toujours davantage unie.

2253
53. Pour savoir en pratique si une action en d'autres personnes était une violence, la règle dont je dispose à ce sujet n'est pas simplement les protestations que font ces âmes de n'avoir jamais consenti à ces violences ou de ne pas pouvoir jurer y avoir consenti, et de voir qu'il s'agit d'âmes qui avancent dans la voie intérieure ; mais je prendrais ma règle d'une certaine lumière actuelle, supérieure à la connaissance humaine et théologique, qui me fait connaître de façon certaine, avec une certitude intérieure, qu'une telle action est suscitée de façon violente, et je suis certain que cette lumière vient de Dieu, parce qu'elle me vient jointe à la certitude qu'elle provient de Dieu, et qu'elle ne laisse en moi pas même l'ombre d'un doute du contraire : de la manière dont il arrive parfois que Dieu, lorsqu'il révèle quelque chose, donne en même temps à l'âme la certitude que c'est lui-même qui révèle, et que l'âme ne peut plus avoir de doute contraire.

2254
54. Les spirituels de la voie ordinaire se trouveront à l'heure de la mort moqués et confondus avec toutes les passions qui devront être purifiées dans l'autre monde.

2255
55. Par cette voie intérieure on parvient, quoique avec beaucoup de peine, à purifier et à éteindre toutes les passions, au point qu'on ne ressent plus rien, rien, rien et on ne ressent plus aucune inquiétude, comme un corps mort, et l'âme ne se laisse plus davantage troubler.

2256
56. Les deux lois et les deux convoitises, l'une de l'âme, l'autre de l'amour-propre, perdurent autant que perdure l'amour-propre : c'est pourquoi lorsqu'il est purifié et mort, comme cela se fait dans la voie intérieure, il n'y a plus alors ces deux voies et ces deux convoitises, et on ne connaît plus aucune chute, et on ne ressent plus rien, pas même un péché véniel.

2257
57. Par la contemplation acquise on parvient à un état où on ne commet plus de péché, ni mortel ni véniel.

2258
58. On parvient à cet état en ne réfléchissant plus sur ses propres actions, car les fautes naissent de la réflexion.

2259
59. La voie intérieure est indépendante de la confession, des confesseurs et des cas de conscience, de la théologie et de la philosophie.

2260
60. Aux âmes avancées qui commencent à mourir aux réflexions et qui sont arrivées à être mortes, Dieu rend quelquefois la confession impossible et y supplée lui-même par une grâce qui préserve et qui est égale à celle qu'elles recevraient dans le sacrement ; et c'est pourquoi il n'est pas bon pour ces âmes de s'approcher dans un tel cas du sacrement de la pénitence, car cela leur est impossible.

2261
61. Lorsque l'âme est parvenue à la mort mystique, elle ne peut plus vouloir autre chose que ce que Dieu veut, car elle n'a plus de volonté, et Dieu la lui a enlevée.

2262
62. Par la voie intérieure on parvient à un état continu et immobile dans une paix qui ne peut plus être troublée.

2263
63. Par la voie intérieure on parvient aussi à la mort des sens ; et c'est même un signe que quelqu'un est dans l'état d'anéantissement, c'est-à-dire de mort mystique, lorsque les sens extérieurs ne nous représentent plus les choses sensibles ; celles-ci sont alors comme si elles n'étaient pas, car elles ne parviennent plus à faire que l'entendement s'y applique.

2264
64. Un théologien a une disposition moindre à l'état contemplatif qu'un homme ignorant premièrement parce qu'il n'a pas une foi aussi pure ; deuxièmement parce qu'il n'est pas aussi humble ; troisièmement parce qu'il n'a pas autant le souci de son propre salut ; quatrièmement parce qu'il a la tête pleine d'imaginations, de représentations, d'opinions et de spéculations, et que la vraie lumière ne peut pas entrer en lui.

2265
65. Il faut obéir aux supérieurs dans les choses extérieures, et le voeu d'obéissance des religieux s'étend seulement à l'extérieur. Pour l'intérieur cependant il en est autrement là Dieu seul et le directeur y entrent.

2266
66. Elle est digne de risée, cette doctrine nouvelle selon laquelle l'âme, pour ce qui concerne l'intérieur, devrait être gouvernée par l'évêque, et que si l'évêque n'en est pas capable, l'âme devrait aller auprès de lui avec son directeur. Doctrine nouvelle, dis-je, car ni la sainte Ecriture, ni les conciles, ni les canons, ni les bulles, ni les saints, ni les auteurs ne l'ont jamais enseignée et n'ont pu l'enseigner ; car l'Eglise ne juge pas des choses cachées, et l'âme a le droit et la faculté de choisir qui bon lui semble.

2267
67. Dire qu'il faut manifester ce qui est intérieur au tribunal extérieur, et que c'est un péché de ne pas le faire, est une tromperie manifeste, parce que l'Eglise ne juge pas des choses cachées, et qu'on nuit à sa propre âme par ces duperies et ces hypocrisies.

2268
68. I1 n'y a pas dans le monde de faculté ou de juridiction qui puisse ordonner que les lettres du directeur qui concernent l'intérieur de l'âme soient communiquées, et c'est pourquoi il faut avertir qu'il s'agit d'un outrage satanique.

(Censure : Ces propositions nous les avons condamnées selon le cas comme hérétiques 3, 13-15, 41-53, suspectes ; proches de l'hérésie 21,23,(57),60s ; sentant l'hérésie : 2, 4-10, 12, 16-19, (31), (35), 55 s, (58) et erronées 4-6, (8-10), 13-19, 21 s, (24), (32), (35), 41-53, (58), scandaleuses 6s, (9-11), 14-20, (24), 30-52, (54), (58-60), 63 s, (66), blasphématoires 10, 14 s, 41- 53, 60, offensant les oreilles pies 6, 30, (58), téméraires 11, 14 s, 17-20, 23 s, 26 s, 30-35, (38s), 41-68, énervant la discipline chrétienne 10, 16, 21 s, (24), (31), (35), (38s), 41-52, (59), (65s) et la renversant (68), et séditieuses (65). De surplus... nous avons condamné tous les livres et toutes les oeuvres imprimées, en quelque lieu et en quelque langue que ce soit, ainsi que tous les manuscrits du même Miguel de Molinos.
 
 
 
 

ALEXANDRE VIII : 6 octobre

1689 - 1er févrie

 

Articles gallicans concernant les droits du pape

2281
1. Le bienheureux Pierre et ses successeurs, vicaires de Jésus Christ, et l'Eglise elle-même ont reçu de Dieu la puissance sur les choses spirituelles et qui regardent le salut éternel, et non pas sur les choses civiles et temporelles, le Seigneur disant : "Mon Royaume n'est pas de ce monde" Jn 18,36 et encore "Donnez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu" Lc 20,25 ; et c'est pourquoi les paroles de l'Apôtre se tiennent fermement : "Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures, car il n'y a pas de puissance qui ne vienne de Dieu ; et celles qui existent ont été ordonnées par Dieu ; c'est pourquoi celui qui s'oppose à la puissance, s'oppose à Dieu" Rm 13,1 s.
Les rois et les souverains ne sont soumis à aucune puissance ecclésiastique par l'ordre de Dieu dans les choses temporelles ; ils ne peuvent pas être déposés directement ou indirectement par l'autorité des clés de l'Eglise ; leurs sujets ne peuvent être dispensés de la soumission et de l'obéissance et relevés du serment de fidélité ; et cette doctrine, nécessaire pour la tranquillité publique et non moins nécessaire à l'Eglise qu'à l'Etat, doit être inviolablement suivie comme conforme à la Parole de Dieu, à la tradition des Pères, et aux exemples des saints.

2282
2. La plénitude de puissance que le Siège apostolique et les successeurs de Pierre, vicaires du Christ, ont sur les choses spirituelles est telle qu'en même temps sont en vigueur et demeurent immuables les décrets du saint concile oecuménique de Constance, dans la quatrième et la cinquième session, sur l'autorité des conciles généraux, approuvés par le Siège apostolique, confirmés par la pratique des pontifes romains eux-mêmes et de l'Eglise tout entière, et toujours observés religieusement par l'Eglise gallicane ; mais ne sont pas approuvés par l'Eglise gallicane ceux qui mettent en cause la force de ces décrets, comme si leur autorité était douteuse et qu'ils étaient moins approuvés, ou qui restreignent les affirmations du concile au seul temps de schisme.

2283
3. C'est pourquoi l'exercice de la puissance apostolique doit être réglé suivant les canons établis par l'Esprit de Dieu et conservés par la révérence du monde entier ; valent aussi les règles, les moeurs et les constitutions reçues par le royaume et l'Eglise gallicane, et les bornes posées par les Pères demeurent inébranlables ; et il est même de la grandeur du Siège apostolique que les lois et les coutumes qui ont été confirmées par le consentement d'un Siège si important et les Eglises possèdent la stabilité qui leur revient.

2284
4. De même dans les questions concernant la foi le pape a la part principale, et ses décrets valent pour toutes et chacune des Eglises ; son jugement cependant n'est pas irréformable, à moins que le consentement de l'Eglise n'intervienne.

2285
(Sentence judiciaire de la bulle :) Toutes et chacune des choses qui ont été décidées et faites par ladite Assemblée du clergé gallican qui s'est tenue en 1682, tant touchant l'extension du droit régalien que touchant la déclaration sur la puissance ecclésiastique et les quatre propositions qu'elle contient, avec tous et chacun des mandements, arrêtés, confirmations, déclarations, lettres, édits, décrets faits ou publiés par des personnes quelconques, soit ecclésiastiques, soit laïques, quelle que soit leur qualité, et quelle que soit leur autorité ou leur pouvoir, et qui exigeraient aussi une mention particulière,... par la teneur des présentes Nous déclarons toutes ces choses de plein droit nulles et non avenues, invalides et vaines, pleinement et entièrement dénuées de force et d'effet dès leur principe, et qu'elles le sont encore et qu'elles le seront à perpétuité ; et que personne n'est tenu de les observer, ou quelqu'une d'entre elles, fussent-elles munies du sceau du serment.
 
 

Décret du Saint-Office, 24 août 1690

Erreurs sur le bien moral et sur le péché philosophique

2290
1. La bonté objective consiste dans la conformité de l'objet avec la nature rationnelle ; la bonté formelle en revanche consiste dans la conformité de l'acte avec la règle des moeurs. Pour cela il suffit que l'acte moral tende à la fin dernière de manière interprétative, et cette fin, l'homme n'est pas tenu de l'aimer ni au début, ni au cours de sa vie morale.

2291
2. Le péché philosophique ou moral est un acte humain qui disconvient à la nature humaine et à la droite raison le péché théologique en revanche est une transgression libre de la Loi divine. Quelque grave qu'il soit, ce péché philosophique est, dans celui qui ne connaît pas Dieu ou qui ne pense pas actuellement à Dieu, un péché grave, mais il n'est pas une offense à Dieu ni un péché mortel faisant perdre l'amitié de Dieu, et il ne mérite pas la peine éternelle.

2292
(Censure : ) Propos. 1 : hérétique. - 2 : scandaleuse, téméraire, offensante pour les oreilles pies, erronée.
 
 

Décret du Saint-Office, 7 décembre 1690

Erreurs des jansénistes

2301
1. Dans l'état de la nature déchue, pour qu'il y ait péché mortel (formel) et démérite, il suffit de cette liberté par laquelle le péché a été volontaire et libre dans sa cause : le péché d'Adam.

2302
2. Même s'il y avait ignorance invincible du droit naturel, dans l'état de nature déchue elle n'excuse pas du péché formel (matériel) celui qui agit en vertu d'elle.

2303
3. Il n'est pas permis de suivre une opinion (probable), ou la plus probable entre celles qui sont probables.

2304
4. Le Christ s'est offert lui-même en sacrifice à Dieu pour nous, non pas pour les seuls élus, mais pour tous les fidèles et eux seuls.

2305
5. Les païens, les juifs, les hérétiques, et d'autres semblables, ne reçoivent aucune influence de Jésus Christ ; et on peut en conclure justement que la volonté est en eux nue et désarmée, sans aucune grâce suffisante.

2306
6. Pour l'état qui est le nôtre, la grâce suffisante n'est pas tant utile que pernicieuse, en sorte que c'est à juste titre que nous pouvons prier : De la grâce suffisante, délivre nous Seigneur.

2307
7. Toute action humaine délibérée est amour de Dieu ou amour du monde ; si elle est amour de Dieu, elle est charité du Père ; si elle est amour du monde, elle est concupiscence de la chair, c'est-à-dire mauvaise.

2308
8. L'infidèle pèche nécessairement en toutes ses oeuvres.

2309
9. Celui-là pèche vraiment qui ne hait le péché qu'en raison de sa turpitude et de sa disconvenance par rapport a la nature, sans considérer d'aucune manière l'offense à Dieu.

2310
10. L'intention par laquelle quelqu'un déteste le mal et ne poursuit le bien que pour obtenir la gloire céleste, n'est ni droite, ni agréable à Dieu.

2311
11. Tout ce qui ne provient pas de la foi chrétienne surnaturelle qui agit par amour est péché.

2312
12. Lorsque dans les grands pécheurs tout amour fait défaut, la foi aussi fait défaut ; et même s'ils semblent croire, ce n'est pas une foi divine mais humaine.

2313
13. Quiconque aime Dieu, même en vue de la récompense éternelle, si la charité lui fait défaut, le vice ne lui fait pas défaut, si souvent qu'il puisse agir en vue de la béatitude.

2314
14. La crainte de l'enfer n'est pas surnaturelle.

2315
15. L'attrition qu'on conçoit par la crainte de l'enfer et des peines, sans l'amour de Dieu pour lui-même, n'est pas un mouvement bon et surnaturel.

2316
16. L'ordonnance qui place la satisfaction avant l'absolution n'a pas été introduite par la discipline ou l'institution de l'Eglise, mais vient de la Loi et de la prescription du Christ lui-même, la nature de la chose le dictant ainsi en quelque sorte.

2317
17. Par cette pratique d'absoudre aussitôt, l'ordonnance de la pénitence a été inversée.

2318
18. La coutume moderne relative à l'administration de la pénitence, même si elle est soutenue par l'autorité de nombreux hommes et confirmée par une longue durée de temps, pour autant n'est pas tenue par l'Eglise comme un usage mais comme un abus.

2319
19. L'homme doit faire pénitence toute sa vie pour le péché originel.

2320
20. Les confessions faites aux religieux sont la plupart ou sacrilèges, ou invalides.

2321
21. Un paroissien peut soupçonner que les religieux mendiants, qui vivent d'aumônes ordinaires, pour obtenir ou gagner un bien temporel, imposent une peine trop légère ou mal proportionnée.

2322
22. Il faut considérer comme impies ceux qui prétendent avoir droit à la communion avant d'avoir fait une pénitence proportionnée à leurs péchés.

2323
23. De même il faut éloigner de la sainte communion ceux que n'habite pas encore un amour de Dieu très pur et sans mélange.

2324
24. L'offrande que la Vierge Marie a faite au Temple, le jour de la purification, de deux colombes, l'une pour l'holocauste et l'autre pour les péchés, atteste suffisamment qu'elle avait besoin de purification, et que le fils qui avait présenté était entaché des taches de la mère, selon les paroles de la Loi.

2325
25. Il n'est pas permis à un chrétien de placer dans un temple chrétien une image de Dieu le Père (assis).

2326
26. La louange adressée à Marie comme Marie est vaine.

2327
27. Il fut un temps où un baptême conféré sous cette forme : "Au nom du Père, etc.", en omettant "Je te baptise", était valide.

2328
28. Un baptême est valide lorsqu'il a été conféré par un ministre qui observe tout le rite extérieur et la forme, mais qui intérieurement, dans son coeur et à part soi, décide : je n'ai pas l'intention de faire ce que fait l'Eglise.

2329
29. C'est une affirmation futile et réfutée de nombreuses fois, que celle de l'autorité du pape au-dessus du concile oecuménique et de l'infaillibilité dans les questions de foi.

2330
30. Lorsque quelqu'un a trouve' une doctrine clairement établie chez Augustin, il faut absolument la soutenir et l'enseigner, sans avoir égard à aucune bulle du pape.

2331
31. La bulle In eminenti d'Urbain VIII a été obtenue par ruse.

(Censure : condamnées et prohibées comme étant) selon le cas, téméraires, scandaleuses, malsonnantes, proches de l'hérésie, sentant l'hérésie, erronées, schismatiques et hérétiques.
 
 
 
 

INNOCENT XII : 12 JUILLET

1691-27 septembre

 

 

Réponse du Saint-Office à des missionnaires capucins, 23

Juillet 1698

Le mariage comme sacrement

2340
Question : Un mariage entre personnes qui ont apostasié la foi et qui auparavant ont été régulièrement baptisées, s'il est conclu après l'apostasie de façon publique selon la coutume des païens et des mahométans, est- il véritablement un mariage et un sacrement ?

Réponse : S'il existe un pacte de dissolubilité, ce n'est ni un mariage ni un sacrement ; Si un tel pacte n'existe pas, il s'agit d'un mariage et d'un sacrement.
 

Erreurs de François de Fénelon concernant l'amour de Dieu

2351
1.- 11 y a un état habituel d'amour de Dieu, qui est une charité pure et sans aucun mélange du motif de l'intérêt propre. Ni la crainte des châtiments, ni le désir des récompenses n'ont plus de part a' cet amour : on n'aime plus Dieu ni pour le mérite, ni pour la perfection, ni pour le bonheur qu'on trouve en l'aimant.

2352
2.- Dans l'état de la vie contemplative ou unitive, on perd tout motif intéressé de crainte ou d'espérance.

2353
3.- Ce qui est essentiel dans la direction est de ne faire que suivre pas à pas la grâce avec une patience, une précaution et une délicatesse infinie. il faut se borner à laisser faire Dieu, et ne parler jamais du pur amour que lorsque Dieu, par l'onction intérieure, commence à ouvrir le coeur à cette parole, qui est si dure aux âmes encore attachées à elles-mêmes, et si capable de les scandaliser et de les jeter dans le trouble.

2354
4.- Dans l'état de la sainte indifférence, l'âme n'a plus de désirs volontaires et délibérés pour son intérêt, excepté dans les occasions où elle ne coopère pas fidèlement à toute la grâce.

2355
5. Dans cet état de la sainte indifférence, on ne veut rien pour soi, mais on veut tout pour Dieu ; on ne veut rien pour être parfait ni bienheureux dans son propre intérêt, mais on veut toute perfection et toute béatitude, autant qu'il plaît à Dieu de nous faire vouloir ces choses par l'impression de sa grâce.

2356
6. En cet état de la sainte indifférence, on ne veut plus le salut comme salut propre, comme délivrance éternelle, comme récompense de nos mérites, comme le plus grand de tous nos intérêts ; mais on le veut d'une volonté pleine, comme la gloire et le bon plaisir de Dieu, comme une chose qu'il veut et qu'il veut que nous voulions pour lui.

2357
7. L'abandon n'est que l'abnégation ou renoncement de soi-même que Jésus Christ nous demande dans l'Evangile, après que nous aurons tout quitté au- dehors. Cette abnégation de nous-mêmes n'est que pour l'intérêt propre. ... Les épreuves où cet abandon doit être exercé sont les tentations par lesquelles Dieu jaloux veut purifier l'amour, en ne lui faisant voir aucune ressource ni aucune espérance pour son intérêt propre, même éternel.

2358
8. Tous les sacrifices que les âmes les plus désintéressées font d'ordinaire sur leur béatitude éternelle sont conditionnels. Mais ce sacrifice ne peut être absolu dans l'état ordinaire : il n'y a que le cas des dernières épreuves où ce sacrifice soit en quelque manière absolu.

2359
9. Dans les dernières épreuves, une âme peut être invinciblement persuadée, d'une persuasion réfléchie et qui n'est pas le fond intime de la conscience, qu'elle est justement éprouvée par Dieu.

2360
10. Alors l'âme, divisée d'elle-même, expire sur la croix avec le Christ, en disant : " Ô mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ? " Mt 27,46 Dans cette même impression involontaire de désespoir, elle fait le sacrifice absolu de son intérêt propre pour l'éternité.

2361
11. En cet état, l'âme perd toute espérance pour son propre intérêt ; mais elle ne perd jamais dans sa partie supérieure, c'est-à-dire dans ses actes directs et intimes l'espérance parfaite qu'est le désir désintéressé des promesses.

2362
12. Un directeur peut alors laisser faire à cette âme un acquiescement simple à la perte de son intérêt propre, et à la condamnation juste où elle croit être de la part de Dieu.

2363
13. La partie inférieure de Jésus Christ sur la croix ne communiquait pas à la partie supérieure son trouble involontaire.

2364
14. I1 se fait dans les dernières épreuves, pour la purification de l'amour, une séparation de la partie supérieure de l'âme d'avec l'inférieure. ... Les actes de la partie inférieure, dans cette séparation, sont d'un trouble entièrement aveugle et involontaire, parce que tout ce qui est intellectuel et volontaire est de la partie supérieure.

2365
15. La méditation consiste dans des actes discursifs qui sont faciles à distinguer les uns des autres. ... Cette composition d'actes discursifs et réfléchis est propre à l'exercice de l'amour intéressé.

2366
16. Il y a un état de contemplation si haute et si parfaite qu'il devient habituel : en sorte que toutes les fois qu'une âme se met en actuelle oraison, son oraison est contemplative et non discursive ; alors elle n'a plus besoin de revenir à la méditation ni à ses actes méthodiques.

2367
17. Les âmes contemplatives sont privées de la vue distincte, sensible et réfléchie de Jésus Christ, en deux temps différents. Premièrement dans la ferveur naissante de leur contemplation ; secondement une âme perd de vue Jésus Christ dans les dernières épreuves.

2368
18. Dans l'état passif on exerce toutes les vertus distinctes sans penser qu'elles sont vertus ; on ne pense qu'à faire ce que Dieu veut ; et l'amour jaloux fait tout ensemble qu'on ne veut plus être vertueux pour soi, et qu'on ne l'est jamais tant que quand on n'est pas attaché à l'être.

2369
19.- On peut dire en ce sens que l'âme passive et désintéressée ne veut plus même l'amour en tant qu'il est sa perfection et son bonheur ; mais seulement en tant qu'il est ce que Dieu veut de nous.

2370
20.- Les âmes transformées doivent, en se confessant, détester leurs fautes, les condamner et désirer la rémission de leurs péchés, non comme leur propre perfection et délivrance, mais comme quelque chose que Dieu veut et qu'il veut que nous voulions pour sa gloire.

2371
21. - Les saints mystiques ont exclu de l'état des âmes transformées les pratiques de vertu.

2372
22. - Quoique cette doctrine (du pur amour) fût la pure et simple perfection de l'Evangile, marquée dans toute la tradition, les anciens pasteurs ne proposaient d'ordinaire, au commun des sujets, que les pratiques de l'amour intéressé, proportionnées à leur grâce.

2373
23. - Le pur amour fait lui seul la vie intérieure, et devient alors l'unique principe et l'unique motif de tous les actes délibérés et méritoires.

2374
(Censure ) ... Le livre susdit..., dont la lecture et l'usage peuvent entraîner peu à peu les fidèles à des erreurs déjà condamnées par l'Eglise catholique, et qui de surcroît contient des propositions qui soit dans leur sens obvie, soit compte tenu de leur contexte, sont respectivement téméraires (1 s, 8, 10, 15-20, 22), scandaleuses (7, 10, 12, 19-21), malsonnantes (4-6, 23), offensantes aux oreilles pieuses (8, 18), pernicieuses dans la pratique (2, 14, 17), et même erronées (1-7, 1O s,13 ,17-19 , 22 s), par la teneur des présentes nous condamnons et réprouvons, et... interdisons l'impression de ce livre.
 
 
 
 

CLEMENT XI : 23 novembre

1700 - 19 Mars 17

 

Réponse du Saint-Office à l'évêque de Québec, 25 janvier 1703.

Vérités nécessaires à croire, parce que communiquant le salut

2380
Question : Avant de conférer le baptême à un adulte le ministre est-il tenu de lui expliquer tous les mystères de notre foi, surtout s'il est moribond, du moment que cela troublerait son esprit ? Ou ne suffirait-il pas que le moribond promette que, dès qu'il sera guéri de sa maladie, il se préoccupera de recevoir une instruction de manière à mettre en pratique ce qui lui aura été prescrit ? ...Réponse : La promesse ne suffit pas, et le missionnaire est tenu, même pour un moribond, s'il ne se trouve pas dans un état d'incapacité totale, d'expliquer les mystères de la foi qui sont nécessaires (au salut) d'une nécessité de moyen, comme le sont principalement les mystères de la Trinité et de l'Incarnation.
 
 
 

Réponse du Saint-Office à l'évêque de Québec, 10 mai 1703.

La foi et l'intention chez celui qui reçoit le sacrement

2381
Question 2 : Est-il possible de baptiser un adulte inculte et stupide, comme il est arrivé pour un barbare, s'il lui est communiqué seulement la connaissance de Dieu et quelques-uns de ses attributs, en particulier celui de la justice rémunératrice et vindicative, selon le passage de l'Apôtre celui qui s'approche de Dieu doit croire qu'il est et qu'il rétribue He 11,6 d'où l'on conclut que dans le cas d'une urgente nécessité un adulte peut être baptisé même s'il ne croit pas explicitement en Jésus Christ ?
Réponse : Un missionnaire ne peut pas baptiser quelqu'un qui ne croit pas explicitement au Seigneur Jésus Christ, et il est tenu de l'instruire au sujet de toutes les choses qui sont nécessaires (au salut) de nécessité de moyen, selon la capacité de celui qui doit être baptisé.

2382
Question 8 : Le viatique ou l'extrême-onction peuvent-ils être donnés à des adultes moribonds que nous avons crus aptes à recevoir le baptême, mais non la communion et les autres sacrements ?

Réponse : Le viatique ne doit pas être administré à un néophyte moribond s'il ne discerne pas au moins la nourriture spirituelle de la nourriture corporelle, en reconnaissant et en croyant la présence du Christ Seigneur dans l'hostie. De même le sacrement de l'extrême-onction ne doit pas être conféré à un néophyte moribond que le missionnaire a cru apte à recevoir le baptême, s'il n'a pas au moins une certaine intention de recevoir l'onction sainte destinée au bien de l'âme au moment de la mort.
 
 
 

Constitution " Vineam Domini Sabaoth ", 16 juillet 1705

Le silence obéissant concernant les faits dogmatiques

2390
Par. 6 ou 25. Afin que soit totalement coupée désormais toute occasion d'erreur, et que tous les fils de l'Eglise catholique apprennent à écouter cette même Eglise, non seulement en se taisant (car les ennemis également se taisent dans les ténèbres 1S 2,9 , mais également par l'obéissance intérieure, laquelle est la véritable obéissance de l'homme à la foi droite, Nous décidons, déclarons, déterminons et ordonnons en vertu de la même autorité apostolique par cette constitution qui est la nôtre et qui vaudra toujours, qu'on ne satisfait aucunement par ce silence respectueux à l'obéissance due à la constitution apostolique précitée ; mais que le sens condamné dans les cinq propositions de Jansénius précitées, que les termes de celles-ci expriment comme il est exprimé, doit être rejeté et condamné comme hérétique par tous les fidèles, non seulement de bouche, mais de coeur ; et que le formulaire susdit ne peut pas être signé licitement avec une autre intention, un autre esprit ou une autre conviction, de sorte que tous ceux qui sur tous ces points et sur chacun en particulier pensent, tiennent, enseignent oralement ou par écrit, ou affirment autre chose ou l'opposé, transgressent la constitution apostolique précitée et sont de ce fait sous le coup de toutes et de chacune des censures qu'elle contient.
 
 
 

Constitution " Unigenitus Dei Filius ", 8 septembre 1713.

Erreurs jansénistes de Pasquier Quesnel

2400
Par. 2 ... Nous savons pertinemment que ce qu'il y a de très pernicieux dans ce livre se répand et s'accroît surtout parce que cela se trouve caché au- dedans, et ne viendra au-dehors, comme une mauvaise sanie, que si l'ulcère est percé ; car le livre lui-même séduit le lecteur au premier regard par une certaine apparence de piété...

2401
Par. 3. 1. Que reste-t-il à une âme qui a perdu Dieu et sa grâce, sinon le péché et ses suites, une orgueilleuse pauvreté et une indigence paresseuse, c'est-à-dire une impuissance générale au travail, à la prière et à toute oeuvre bonne ? Cette proposition se trouve dans les Observations morales de Quesnel sur Lc 16,3 .

2402
2. La grâce de Jésus Christ, principe efficace de toute sorte de bien, est nécessaire pour toute oeuvre bonne ; sans elle non seulement rien ne se fait, mais rien ne peut se faire. - Jn 15,5 : éd. de 1693.

2403
3. En vain tu commandes, Seigneur, si tu ne donnes pas toi-même ce que tu commandes. - Ac 16,10 .

2404
4. Oui Seigneur, tout est possible à celui à qui tu rends tout possible en le faisant en lui. - Mc 9,22 .

2405
5. Quand Dieu n'amollit pas le coeur par l'onction intérieure de sa grâce, les exhortations et les grâces extérieures ne servent qu'à l'endurcir davantage. - Rm 9,18 éd. De 1693.

2406
6. La différence entre l'alliance judaïque et l'alliance chrétienne est que dans celle-là Dieu exigeait du pécheur de renoncer au péché et d'accomplir la Loi, en le laissant à l'impuissance, mais dans celle-ci Dieu donne au pécheur ce qu'il commande, en le purifiant par sa grâce. - Rm 11,27 .

2407
7. Quel avantage pour l'homme dans l'Alliance ancienne, où Dieu l'a laissé à sa propre infirmité lorsqu'il lui a imposé sa Loi ? Mais quelle n'est pas la félicité d'être admis dans une Alliance où Dieu nous donne ce qu'il demande. - He 8,7 .

2408
8. Nous n'appartenons à la Nouvelle Alliance qu'autant que nous avons part à la nouvelle grâce, qui opère en nous ce que Dieu nous commande. - He 8,10 .

2409
9. La grâce du Christ est la grâce suprême, sans laquelle nous ne pouvons jamais confesser le Christ, et avec laquelle nous ne le renions jamais. - 1Co 12,3 éd. de 1693.

2410
10. La grâce est l'opération de la main de Dieu que rien ne peut empêcher ni retarder. - Mt 20,34 .

2411
11. La grâce n'est pas autre chose que la volonté toute puissante de Dieu qui commande et qui fait ce qu'il commande. - Mc 2,11 .

2412
12. Quand Dieu veut sauver l'âme, en tout temps, en tout lieu, l'indubitable effet suit le vouloir de Dieu. - Mc 2,12 .

2413
13. Quand Dieu veut sauver une âme, et qu'il la touche de la main intérieure de sa grâce, nulle volonté ne lui résiste. -Lc 5,13 éd. de 1693.

2414
14. Quelque éloigné que soit du salut un pécheur obstiné, quand Jésus se fait voir à lui par la lumière salutaire de sa grâce, il faut qu'il se rende, qu'il accoure, qu'il s'humilie, et qu'il adore son Sauveur. - Mc 5,67 éd. de 1693.

2415
15. Quand Dieu accompagne son commandement et sa parole extérieure de sa grâce, elle opère dans le coeur l'obéissance qu'elle demande. - Lc 9,60 .

2416
16. Il n'y a pas de charmes qui ne cèdent aux charmes de la grâce, parce que rien ne résiste au Tout-Puissant. Ac 8,12 .

2417
17. La grâce est cette voix du Père qui enseigne intérieurement les hommes et les fait venir à Jésus Christ. Quiconque ne vient pas à lui après avoir entendu la voix intérieure du Fils, n'est pas enseigné par le Père. - Jn 6,45
 

2418
18. La semence de la parole que la main de Dieu arrose porte toujours son fruit. - Ac 11,21 .

2419
19. La grâce de Dieu n'est pas autre chose que sa volonté toute-puissante : c'est l'idée que Dieu lui-même nous donne dans toutes ses Ecritures. - Rm 14,4 édition 1693.

2420
20. La vraie idée de la grâce est que Dieu veut que nous lui obéissions, et il est obéi ; il commande et tout se fait ; il parle en maître, et tout lui est soumis. - Mc 4,39 .

2421
21. La grâce de Jésus Christ est une grâce forte, puissante, souveraine, invincible, puisqu'elle est l'opération de la volonté toute- puissante, une suite et une imitation de Dieu incarnant et ressuscitant son Fils. 2Co 5,21 éd. de 1693.
 

2422
22. L'accord de l'opération toute-puissante de Dieu dans le coeur de l'homme avec le libre consentement de la volonté, nous est montré aussitôt dans l'Incarnation, comme dans la source et le modèle de toutes les autres opérations de miséricorde et de grâce, et toutes aussi gratuites et dépendantes de Dieu que cette opération originelle elle-même. - Lc 1,48 .
 

2423
23. Dieu nous a donné lui-même l'idée de l'opération toute- puissante de sa grâce, en la signifiant par celle par laquelle il tire les créatures de rien et redonne la vie aux morts. - Rm 4,17 .

2424
24. L'idée juste qu'a le centurion de la toute-puissance de Dieu et de Jésus Christ pour guérir les corps par le seul mouvement de sa volonté, est l'image de l'idée qu'on doit avoir de la toute-puissante de sa grâce pour guérir les âmes de la cupidité. - Lc 7,7 .

2425
25. Dieu illumine l'âme, et la guérit ainsi que le corps, par sa seule volonté : il commande et il est obéi. - Lc 18,42 .

2426
26. Il n'est pas donné de grâces, sinon par la foi. - Mc 11,25
 

2427
27. La foi est la première grâce et la source de toutes les autres. - 2P 1,3
 

2428
28. La première grâce que Dieu accorde au pécheur est la rémission des péchés. - Mc 11,25 .

2429
29. Hors de l'Eglise aucune grâce n'est concédée. - Lc 10,35-36
 

2430
30. Tous ceux que Dieu veut sauver par Jésus Christ, sont sauvés infailliblement. - Jn 6,40 .

2431
31. Les souhaits de Jésus Christ ont toujours leur effet : il porte la paix à l'intime des coeurs quand il la leur désire. - Jn 20,19 .

2432
32. Jésus s'est livré à la mort afin de libérer pour toujours par son sang les premiers-nés, c'est-à-dire les élus, de la main de l'ange exterminateur. -

2433
33. Oh ! combien il faut avoir renoncé aux choses de la terre et à soi-même pour avoir la confiance de s'approprier, pour ainsi dire, le Christ Jésus, son amour, sa mort, son mystère, comme le fait Paul en disant : "Il m'a aimé et s'est livré pour moi. " - .

2434
34. La grâce d'Adam ne produisait que des mérites humains. - 2Co 5,21 éd. 1693.

2435
35. La grâce d'Adam est une suite de la création et était due à la nature sainte et intègre. - 2Co 5,21 .

2436
36. La différence essentielle entre la grâce d'Adam et l'état d'innocence, et la grâce chrétienne est que chacun aurait reçu la première en sa propre personne, tandis que celle-ci n'est pas reçue sinon dans la personne de Jésus Christ ressuscité à qui nous sommes unis. - Rm 7,4 .

2437
37. La grâce d'Adam, du fait qu'elle le sanctifiait lui-même, lui était proportionnée ; la grâce chrétienne nous sanctifiant en Jésus Christ est toute- puissante et digne du Fils de Dieu. - Ep 1,6 .

2438
38. Le pécheur n'est libre que pour le mal sans la grâce du libérateur. - Lc 8,9
 

2439
39. La volonté que la grâce ne prévient pas n'a de lumière que pour s'égarer, d'ardeur que pour se précipiter, de force que pour se blesser. Elle est capable de tout mal et incapable de tout bien. - Mt 20,34 .

2440
40. Sans la grâce nous ne pouvons rien aimer, sinon pour notre condamnation. - 2Th 3,18 éd. 1693.

2441
41. Toute connaissance de Dieu, même naturelle, même dans les philosophes païens, ne peut venir que de Dieu, et sans la grâce elle ne produit que présomption, vanité, et opposition à Dieu lui-même, au lieu des sentiments d'adoration, de gratitude et d'amour. - Rm 1,19 .

2442
42. Seule la grâce rend l'homme apte au sacrifice de la foi : sans cela, rien qu'impureté, rien qu'indignité. Ac 11,9 .

2443
43. Le premier effet de la grâce baptismale est de faire que nous mourions au péché, de sorte que l'esprit, le coeur et les sens n'ont pas davantage de vie pour le péché qu'un homme mort n'en a pour les choses du monde. - Rm 6,2 éd. de 1693.

2444
44. Il n'y a que deux amours, d'où naissent toutes nos volontés et nos actions : l'amour de Dieu qui fait tout pour Dieu et que Dieu récompense, et l'amour par lequel nous nous aimons nous-mêmes et le monde, qui ne rapporte pas à Dieu ce qui doit lui être rapporté, et qui par cela même devient mal. - Jn 5,29
 

2445
45. Lorsque l'amour de Dieu ne règne plus dans le coeur des pécheurs, nécessairement la cupidité charnelle y règne et corrompt toutes leurs actions. - Lc 15,13 éd. de 1693.

2446
46. La cupidité ou la charité rendent l'usage des sens bon ou mauvais. - Mt 5,28
 

2447
47. L'obéissance à la Loi doit couler de source, et cette source est la charité. Quand l'amour de Dieu en est le principe intérieur, et sa gloire, sa fin, alors ce qui appartient à l'extérieur est pur ; sans cela ce n'est qu'hypocrisie et fausse justice. - Mt 25,26 éd. de 1693.

2448
48. Que pouvons-nous être d'autre, sinon ténèbres, égarement et péché, sans la lumière de la foi, sans le Christ, et sans la charité ? - Ep 5,8
 

2449
49. De même qu'il n'y a pas de péché sans amour de nous-mêmes, de même il n'y a pas d'oeuvre bonne sans amour de Dieu. - Mc 7,22-23 .

2450
50. C'est en vain que nous crions vers Dieu : "Mon Père", si ce n'est pas l'esprit de charité qui crie. - Rm 8,15 .

2451
51. La foi justifie lorsqu'elle opère, mais elle n'opère que par la charité. - Ac 13,39 .

2452
52. Tous les autres moyens de salut sont contenus dans la foi comme dans leur germe et leur semence ; mais ce n'est pas une foi sans amour ni sans confiance. - Ac 10,43 .

2453
53. Seule la foi accomplit chrétiennement (les actions chrétiennes) par le rapport à Dieu et à Jésus Christ. - Col 3,14 .

2454
54. C'est la charité seule qui parle à Dieu ; c'est elle seule que Dieu entend. - 1Co 13,1 .

2455
55. Dieu ne couronne que la charité ; qui court en vertu d'un autre mouvement et pour un autre motif, court en vain. 1Co 9,24 .

2456
56. Dieu ne récompense que la charité, presque seule la charité honore Dieu. - Mt 25,36 .

2457
57. Tout manque à un pécheur quand il lui manque l'espérance ; et il n'y a pas d'espérance en Dieu là où il n'y a pas amour de Dieu. - Mt 27,5
 

2458
58. Il n'y a ni Dieu, ni religion, là où il n'y a pas charité.- 1Jn 4,8 .

2459
59. La prière des impies est un nouveau péché ; et ce que Dieu leur accorde, est un nouveau jugement pour eux. - Jn 10,25 éd. de 1693.

2460
60. Si la seule crainte du supplice anime le repentir, plus ce repentir est violent, plus il conduit au désespoir. - Mt 27,5 .

2461
61. La crainte n'arrête que la main ; le coeur cependant est livré au péché aussi longtemps qu'il n'est pas conduit par l'amour. - Lc 20,19 .

2462
62. Celui qui ne s'abstient du mal que par crainte de la peine le commet dans son coeur, et il est déjà coupable devant Dieu. - Mt 21,46 .

2463
63. Un baptisé est encore sous la Loi comme un juif s'il n'accomplit pas la loi, ou s'il l'accomplit par la seule crainte. - Rm 6,14 .

2464
64. Sous la malédiction de la Loi on ne fait jamais le bien, parce qu'on pèche soit en faisant le mal, soit en ne l'évitant que par la crainte. -
 

2465
65. Moïse, les prophètes, les prêtres et les docteurs de la Loi sont morts sans qu'ils aient donné de fils à Dieu, puisqu'ils n'ont fait que des esclaves par la crainte. - Mc 12,19 .

2466
66. Celui qui veut s'approcher de Dieu ne doit ni venir à lui avec des pensées brutales, ni se conduire par un instinct naturel, ou par la crainte, comme les bêtes, mais par la foi et l'amour comme des fils. - He 12,20 éd. de 1693.

2467
67. La crainte servile ne se représente Dieu que comme un maître dur, impérieux, injuste, intraitable. - Lc 19,21 éd. de 1693.

2468
68. Dieu a abrégé la voie du salut en incluant tout dans la foi et les prières. - Ac 2,21 .

2469
69. La foi, l'usage, l'accroissement et la récompense de la foi, tout cela est un don de la pure libéralité de Dieu. - Mc 9,22 .

2470
70. Dieu n'afflige jamais des innocents, et les afflictions servent toujours, soit à punir le péché, soit à purifier le pécheur. - Jn 9,3 .

2471
71. L'homme peut se dispenser, pour sa conservation, de cette loi que Dieu a établie pour son utilité. - Mc 2,28 .

2472
72. La note de l'Eglise est qu'elle est catholique, comprenant et tous les anges du ciel, et tous les élus, et les justes de la terre et de tous les siècles. - He 12,22-24 .

2473
73. Qu'est l'Eglise, sinon l'assemblée des fils de Dieu qui demeurent dans son sein, adoptés en Jésus Christ, subsistant en sa personne, rachetés par son sang, vivant de son Esprit, agissant par sa grâce et attendant la paix du siècle à venir ? - 2Th 1,1 s éd. de 1693.

2474
74. L'Eglise, ou le Christ entier, a pour tête le Verbe incarné et pour membres tous les saints. - 1Tm 3,16 .

2475
75. L'Eglise est un seul homme, composé de plusieurs membres, dont le Christ est la tête, la vie, la substance et la personne : un seul Christ composé de plusieurs saints dont il est le sanctificateur. - Ep 2,14-16 .

2476
76. Rien de plus spacieux que l'Eglise, puisque tous les élus et les justes de tous les siècles la composent. - Ep 2,22 .

2477
77. Qui ne mène pas une vie digne d'un fils de Dieu et d'un membre du Christ cesse d'avoir intérieurement Dieu pour Père et le Christ pour tête. - 1Jn 2,24
éd. de 1693.

2478
78. Quelqu'un est séparé du peuple élu, dont le peuple juif était la figure et dont le Christ est la tête, aussi bien en ne vivant pas selon l'Evangile qu'en ne croyant pas à l'Evangile. - Ac 3,23 .

2479
79. Il est utile et nécessaire en tout temps, en tous lieux, et à toutes sortes de personnes d'étudier et de connaître l'esprit, la piété et les mystères de la sainte Ecriture. - 1Co 14,5 .

2480
80. La lecture de l'Ecriture est pour tout le monde. - Ac 8,28
 

2481
81. L'obscurité sainte de la Parole de Dieu n'est pas pour les laïcs une raison pour se dispenser de sa lecture. - Ac 8,28 .

2482
82. Le dimanche doit être sanctifié par des lectures de piété et surtout par celle des saintes Ecritures. Il est condamnable de vouloir écarter les chrétiens de cette lecture. - .

2483
83. C'est une illusion de s'imaginer que la connaissance des mystères de la religion ne doive pas être communiquée aux femmes par la lecture des livres saints. Ce n'est pas de la simplicité des femmes, mais de la science orgueilleuse des hommes qu'est venu l'abus des Ecritures et que sont nées les hérésies. - Jn 4,26 .

2484
84. Arracher le Nouveau Testament de la main des chrétiens ou le leur tenir fermé, en leur ôtant le moyen de le comprendre, c'est leur fermer la bouche du Christ. - Mt 5,2 .

2485
85. Interdire aux chrétiens la lecture de la sainte Ecriture, et surtout de l'Evangile, c'est interdire l'usage de la lumière aux fils de lumière et leur faire souffrir une espèce d'excommunication. - Lc 11,33 éd. de 1693.

2486
86. Ravir au simple peuple la consolation d'unir sa voix à la voix de toute l'Eglise est un usage contraire à la pratique apostolique et au dessein de Dieu. - 1Co 14,16 .

2487
87. C'est une conduite pleine de sagesse, de lumière et de charité, que de donner aux âmes le temps de porter avec humilité et de sentir l'état de péché, de demander l'esprit de pénitence et de contrition et de commencer, au moins, à satisfaire à la justice de Dieu, avant que de les réconcilier. - Ac 8,9 .

2488
88. Nous ignorons ce qu'est le péché et la vraie justice quand nous voulons être rétablis aussitôt dans la possession des biens dont le péché nous a dépouillés, et que nous ne voulons pas porter la confusion de cette séparation. - Lc 17,11-12 .

2489
89. Le quatorzième degré de la conversion du pécheur consiste en ce que, lorsqu'il a déjà été réconcilié, il a le droit d'assister au sacrifice de l'Eglise. - Lc 15,23 .

2490
90. L'Eglise a l'autorité d'excommunier, pour l'exercer par les premiers pasteurs du consentement au moins présumé de tout le corps. - Mt 18,17
 

2491
91. La crainte d'une excommunication injuste ne doit jamais nous empêcher de faire notre devoir ; nous ne sortons jamais de l'Eglise, même quand nous semblons en être expulsés par la méchanceté des hommes, aussi longtemps que nous sommes attachés à Jésus Christ et à l'Eglise par la charité. - Jn 9,22-23
 

2492
92. Plutôt souffrir en paix l'excommunication et l'anathème injuste que de trahir la vérité, c'est imiter saint Paul ; cela est loin de s'ériger contre l'autorité ou de rompre l'unité. Rm 9,3 .

2493
93. Jésus guérit quelquefois les blessures que la précipitation des premiers pasteurs inflige dans son ordre ; Jésus rétablit ce qu'ils retranchent par un zèle inconsidéré. - Jn 18,11 .

2494
94. Rien ne donne une plus mauvaise opinion de l'Eglise à ses ennemis que d'y voir exercer une domination sur la foi des fidèles et des divisions y être entretenues pour des choses qui ne blessent ni la foi ni les moeurs. - Rm 14,16
 

2495
95. Les vérités en sont venues à être comme une langue étrangère pour la plupart des chrétiens, et la manière de les prêcher est comme un langage inconnu tant elle est éloignée de la simplicité des apôtres et au-dessus de la portée commune des fidèles ; et on ne considère pas assez que cette déficience est un des signes les plus sensibles de la vieillesse de l'Eglise et de la colère de Dieu sur ses fils. - .

2496
96. Dieu permet que toutes les puissances soient contraires aux prédicateurs de la vérité, afin que sa victoire ne puisse être attribuée qu'à la divine grâce. - Ac 17,8 .

2497
97. Il arrive trop souvent que les membres qui sont le plus saintement et le plus étroitement unis à l'Eglise soient regardés et traités comme indignes d'être dans l'Eglise, ou comme séparés d'elle. Mais "le juste vit de la foi" Rm 1,17 et non de l'opinion des hommes. - Ac 4,11 .

2498
98. Subir la persécution et les peines que subit quelqu'un comme hérétique, odieux et impie est ordinairement la dernière épreuve, et la plus méritoire, car elle rend l'homme plus conforme à Jésus Christ. - Lc 22,37 .

2499
99. L'entêtement, la prévention, l'obstination à ne vouloir rien examiner ou reconnaître s'être trompé, changent tous les jours pour beaucoup en odeur de mort ce que Dieu a mis dans son Eglise pour y être une odeur de vie par exemple de bons livres, des instructions, de saints exemples, etc. - 2Co 2,16
 

2500
100. Temps déplorable où on croit honorer Dieu en percutant la vérité et ses disciples ! Ce temps est venu. .. Etre regardé et traité par les ministres de la religion comme un impie et indigne de commercer avec Dieu, comme un membre putride, capable de tout corrompre dans la société des saints, c'est pour les hommes pieux une mort plus terrible que la mort du corps. C'est en vain que quelqu'un se flatte de la pureté de ses intentions et d'un zèle pour la religion, s'il persécute par le feu et le fer des hommes probes, s'il est aveuglé par la passion ou emporté par celle des autres, parce qu'il ne veut rien examiner. Nous croyons souvent sacrifier à Dieu un impie, et nous sacrifions au diable un serviteur de Dieu. - Jn 16,2 .

2501
101. Rien n'est plus contraire à l'esprit de Dieu et à la doctrine de Jésus Christ que de rendre communs les serments dans l'Eglise ; car c'est multiplier les occasions de parjure, tendre des pièges aux faibles et aux ignorants, et faire que le nom et la vérité de Dieu servent quelquefois au dessein des impies. - Mt 5,37 .

2502
(Censure )...Nous déclarons, condamnons et réprouvons les propositions qui précèdent comme étant, selon le cas, fausses, captieuses, malsonnantes, offensantes aux oreilles pies, scandaleuses, pernicieuses, téméraires, injurieuses à l'Eglise et à ses usages, outrageantes, non seulement pour elle, mais pour les puissances séculières, séditieuses, impies, blasphématoires, suspectes d'hérésie, sentant l'hérésie, favorables aux hérétiques et aux hérésies, et même à un schisme, erronées, proches de l'hérésie, et souvent condamnées, enfin comme hérétiques et renouvelant diverses hérésies, principalement celles qui sont contenues dans les fameuses propositions de Jansénius, prises dans le sens dans lequel elles ont été condamnées.
 
 
 
 

source: catho.org

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