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Symboles et Définitions de la Foi Catholique - Denzinger



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Castration

1. Si quelqu'un a subi de la part de médecins une opération qu'il reste dans le clergé ; mais si quelqu'un s'est châtré lui-même, alors qu'il était en bonne santé, il convient qu'il cesse d'être rangé dans le clergé, et à l'avenir on ne devra admettre aucun de ceux qui auront agi ainsi. Mais, de même que ce qui vient d'être dit ne regarde évidemment que ceux qui font la chose de propos délibéré et qui osent se châtrer eux-mêmes, de même, si certains ont été rendus eunuques par des barbares ou par leurs maîtres et que par ailleurs ils se trouvent dignes, ceux-là, la règle ecclésiastique les admet dans le clergé.
2. Soit par nécessité, soit à cause des instances de quelques personnes, plusieurs choses contraires à la règle ecclésiastique se sont produites ; ainsi, on a accordé le bain spirituel et avec le baptême, la dignité épiscopale ou sacerdotale à des hommes qui avaient à peine passé de la vie païenne à la foi, et qui n'avaient été instruits que pendant très peu de temps ; il est juste qu'à l'avenir on n'agisse plus ainsi, car il faut du temps au catéchumène (en vue du baptême) et après le baptême une plus longue épreuve (en vue des ordres). Elle est sage la parole de l'Apôtre disant 1Tm 3,6 que l'évêque ne soit pas néophyte, de peur que par orgueil il ne tombe dans le jugement et dans le piège du démon. Si dans la suite un clerc se rend coupable d'une faute grave, constatée par deux ou trois témoins, il doit cesser d'appartenir au clergé. Celui qui agit contre cette ordonnance et qui se montre désobéissant à l'égard de ce grand concile est en danger de perdre sa cléricature.
3. Le grand Concile défend absolument aux évêques, aux prêtres, aux diacres, en un mot à tous les membres du clergé d'avoir (avec eux) une personne du sexe, à moins que ce soit une mère, une soeur, une tante, ou enfin les seules personnes qui échappent à tout soupçon.
4. L'évêque doit être établi par tous ceux (les évêques) de l'éparchie (province) , si une nécessité urgente, ou la longueur du chemin s'y oppose, trois (évêques) au moins doivent se réunir et procéder à la cheirotonie (sacre), munis de la permission écrite des absents. La confirmation de ce qui s'est fait revient de droit dans chaque éparchie, au métropolitain.
5. Pour ce qui est des excommuniés clercs ou laiques, la sentence portée par les évêques de chaque province doit avoir force de loi, conformément à la règle prescrivant que celui qui a été excommunié par l'un ne doit pas être admis par les autres. Il faut cependant s'assurer que l'évêque n'a pas porté cette sentence d'excommunication par étroitesse d'esprit, par esprit de contradiction ou par quelque sentiment de haine. Afin que cet examen puisse avoir lieu, il a paru bon d'ordonner que dans chaque province, on tînt deux fois par an un concile, qui se composera de tous les évêques de la province ; ils feront toutes les enquêtes nécessaires pour que chacun voie que la sentence d'excommunication a été justement portée pour une désobéissance constatée et jusqu'à ce qu'il plaise à l'assemblée des évêques d'adoucir ce jugement. Ces conciles devront se tenir l'un avant le carême, pour que, ayant éloigné tout sentiment peu élevé, nous puissions présenter à Dieu une offrande agréable; et le second dans l'automne.
 

Viatique pour les mourants

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13. A l'égard de ceux qui achèvent leur route ici-bas, la loi ancienne et canonique sera encore observée maintenant, de sorte que celui qui achève sa route ne soit pas privé du dernier et du plus nécessaire viatique, Si, dans un état désespéré, il obtient la communion avec l'Eglise et participe à l'offrande, et qu'ensuite il soit à nouveau compté au nombre des vivants, il se tiendra parmi ceux qui ont communion la prière seule. En général, pour n'importe quel mourant demandant de participer à l'eucharistie, que l'évêque après vérification lui donne part (à l'offrande).
14. Le saint et grand Concile ordonne que les catéchumènes qui ont failli soient seulement 'audientes' pendant trois ans ; ils pourront ensuite prier avec les autres catéchumènes.
15. Les troubles nombreux et les divisions ont fait trouver bon d'abolir la coutume qui, contrairement à la règle, s'est établie dans certains pays, c'est- à-dire de défendre aux évêques, aux prêtres et aux diacres de passer d'une ville dans une autre. Si quelqu'un osait agir contre la présente ordonnance et suivre l'ancien errement, la translation serait frappée de nullité, et il devrait revenir dans l'Eglise pour laquelle il avait été ordonné évêque ou prêtre.
16. Les prêtres, les diacres, ou en général les clercs qui, par légèreté, et n'ayant plus sous les yeux la crainte de Dieu, abandonnent au mépris des lois ecclésiastiques, leur Eglise, ne doivent, en aucune façon, être reçus dans une autre ; on doit les forcer de toutes manières à revenir dans leur diocèse, et s'ils s'y refusent, on doit les excommunier. Si quelqu'un ose, pour ainsi dire, voler un sujet qui appartient à un autre (évêque) et s'il ose ordonner ce clerc pour sa propre Eglise sans la permission de l'évêque auquel appartient ce clerc, l'ordination sera non avenue.
17. Comme plusieurs clercs, remplis d'avarice et d'un esprit d'usure et oubliant la parole sacrée : " Il n'a pas donné son argent à intérêt " Ps 15,5 , exigent en véritables usuriers un taux d'intérêt par mois, le saint et grand Concile décide que si quelqu'un, après la publication de cette ordonnance, prend des intérêts pour n'importe quel motif, ou fait ce métier d'usurier de n'importe quelle autre manière, ou s'il réclame la moitié et plus, ou s'il se livre à quelque autre manière de gain scandaleux, celui-là doit être chassé du clergé et son nom rayé de la liste.
18. Il est venu à la connaissance du saint et grand Concile que, dans certains endroits et dans certaines villes, des diacres distribuaient l'Eucharistie aux prêtres, quoiqu'il soit contraire aux canons et à la coutume de faire distribuer le Corps du Christ à ceux qui offrent le sacrifice par ceux qui ne peuvent l'offrir; le Concile a appris également que quelques diacres recevaient l'Eucharistie, même avant des évêques. Tout cela doit cesser ; les diacres doivent se tenir dans les limites de leurs attributions, se souvenir qu'ils sont les serviteurs des évêques, et ne viennent qu'après les prêtres. Ils ne doivent recevoir la communion qu'après les prêtres, ainsi que l'ordre l'exige, que ce soit un évêque ou un prêtre qui la leur distribue. Les diacres ne doivent pas non plus s'asseoir parmi les prêtres, cela est contre la règle et contre l'ordre. Si quelqu'un refuse d'obéir aux présentes prescriptions, il sera suspendu du diaconat.
 

Lettre synodale aux Egyptiens

L'hérésie d'Arius

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(Chap. 1, n 2) Avant toutes choses, on examina ce qui concerne l'impiété et l'iniquité d'Arius et de ses partisans et à l'unanimité il a été jugé bon de frapper d'anathème son opinion impie, les paroles et les expressions blasphématoires dont il se servait pour blasphémer le Fils de Dieu, en disant qu' " il vient du néant ", qu' " avant d'avoir été engendré il n'était pas " qu'" il était un temps où il n'était pas " et en disant que le Fils de Dieu était de par sa libre volonté capable du mal comme de la vertu et en l'appelant un et créé et un être fait. Tout cela, le saint concile l'a frappé d'anathème, ne supportant même pas d'entendre l'énormité de cette opinion impie, de cette déraison et de ces paroles de blasphème.
 

Autres canons du 1er Concile de Nicée

( ces textes n'apparaissent pas dans DENZINGER )

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6. Que l'ancienne coutume en usage en Egypte, dans la Lybie et la Pentapole soit maintenue, c'est-à-dire que l'évêque d'Alexandrie conserve juridiction sur toutes (ces provinces), car il y a le même rapport que pour l'évêque de Rome. On doit de même conserver aux Eglises d'Antioche et des autres éparchies (provinces) leurs anciens droits. Il est bien évident que, si quelqu'un est devenu évêque sans l'approbation du métropolitain, le Concile lui ordonne de renoncer à son épiscopat. Mais l'élection ayant été faite par tous avec discernement et d'une manière conforme aux règles de l'Eglise, si deux ou trois font opposition par pur esprit de contradiction, ce sera la majorité qui l'emportera.
7. Comme la coutume et l'ancienne tradition portent que l'évêque d'Aelia doit être honoré, qu'il obtienne la préséance d'honneur sans préjudice cependant de la dignité qui revient à la métropole.
 
 
 

MARC : 18 janvier - 7 octobre 336

JULES Ier : 6 février 337-12 avril 352

 

Lettre aux Antiochiens, 341.

La prééminence du Siège romain.

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(22).Car s'il y a eu, comme vous le dites, faute de leur part, il fallait juger l'affaire selon les canons de l'Eglise et non pas comme il a été fait. Vous deviez nous écrire à tous, afin que soit décrété par tous ce qui était juste. Il s'agissait d'évêques; et d'Eglises qui ne sont pas n'importe lesquelles, mais des Eglises qui ont été gouvernées par les apôtres eux-mêmes. Au sujet de l'Eglise d'Alexandrie, pourquoi ne nous a-t-on pas écrit ? Ignorez- vous donc que la coutume était qu'on nous écrive d'abord, et que de là soit proclamé ensuite ce qui était juste. Si une suspicion pesait sur l'évêque d'Alexandrie, il aurait fallu en prévenir l'Eglise d'ici.
 

Concile de Serdique, vers 343.

Ordonnance des Eglises et prééminence du Siège romain

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(Recension latine)
Can. 3a L'évêque Ossius dit : cela aussi (..doit être ajouté..): qu'aucun évêque ne voyage d'une province à une autre province dans laquelle se trouvent des évêques, à moins qu'il n'y soit invité par ses frères, de manière que nous n'ayons pas l'air d'avoir fermé la porte de la charité.
A cela aussi il faut pourvoir : si dans une province un évêque devait avoir un litige avec un autre évêque, son frère, qu'aucun des deux n'appelle à l'aide des évêques d'une autre province. Mais si un évêque a été condamné dans une cause et s'il pense que sa cause est bonne pour être jugée à nouveau, honorons s'il vous plaît la mémoire du très saint apôtre Pierre : que ceux qui ont examiné la cause, ou bien les évêques qui résident dans la province voisine, écrivent à l'évêque de Rome ; et si celui-ci juge qu'il faut réviser le procès, qu'il soit révisé et qu'il : donne des juges. Si par contre il estime la cause telle qu'on ne doive pas reprendre ce qui a été fait, ce qu'il aura décidé sera confirmé. Cela plaît-il à tous ? Le synode répondit : oui.

(recension grecque)
3. L'évêque Ossius dit : cela aussi doit être ajouté, qu'aucun évêque ne voyage de sa province à une autre province dans laquelle se trouvent des évêques, à moins qu'il y soit invité par ses frères, de manière que nous n'ayons pas l'air de fermer les portes de la charité.
Il faut pourvoir de même à ce que si dans une province un évêque devait avoir un litige avec son frère et coévêque, aucun des deux n'appelle à l'aide des évêques d'une autre province pour arbitrer. Mais s'il apparaît qu'un des évêques a été condamné dans une cause et s'il pense que sa cause n'est pas une cause mauvaise mais bonne pour être jugée à nouveau, honorons s'il plaît à Votre Charité la mémoire de l'apôtre Pierre : que ceux qui ont prononcé le jugement écrivent à (Jules) l'évêque de Rome, pour que les évêque voisins de la province, si nécessaire, renouvellent le jugement, et il doit nommer des arbitres. Mais s'il ne peut pas être montré que la cause est telle qu'elle requiert une reprise de la procédure, le jugement prononcé ne doit pas être suspendu, mais celui qui l'a été doit demeurer en l'état.

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(Recension latine)
(Isid. 5) L'évêque Gaudentius dit : s'il vous en convient il faut ajouter à cette décision que vous avez prise et qui est pleine de sainteté : si un évêque a été déposé par le jugement évêques qui résident dans le voisinage et qu'il a déclaré qu'il devait traiter l'affaire qui dans la ville de Rome, alors après l'appel de celui qui a été considéré comme déposé, un autre évêque ne doit absolument pas être ordonné à sa place dans la même cathèdre tant que la cause n'aura pas été arrêtée par un jugement de l'évêque de Rome.

(recension grecque)
L'Evêque Gaudentius dit : s'il semble bon, il est nécessaire d'ajouter à cette décision que tu as prise et qui est pleine de pure charité : si un évêque a été déposé par le jugement des évêques qui résident dans le voisinage et qu'il déclare qu'il lui revient encore une fois de se défendre, aucun autre ne doit être établi dans la cathèdre avant que l'évêque des Romains en décidé et arrêté une disposition.

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(Recension latine) ( Can. 3b ) (Isid.)
L'évêque Ossius dit : or il a plu que, si un évêque a été accusé et si les évêques de la région assemblés l'ont jugé et déchu de son rang, et s'il apparaît qu'il a fait appel et s'est réfugié auprès du bienheureux évêque de l'Eglise romaine, et si ce dernier a voulu qu'il soit entendu et qu'il a pensé qu'il était juste de renouveler l'examen, qu'il daigne écrire à ces évêques qui sont dans la province voisine de sa frontière pour qu'ils examinent tout soigneusement et qu'ils décident selon ce qui leur semblera véridique, à leur foi.
Mais si quelqu'un , demande que la cause soi entendue à nouveau et décide par sa supplique l'évêque de Rome à envoyer un presbytre a latere, il sera dans le pouvoir de l'évêque de décider ce qu'il veut ou ce qu'il estime nécessaire : s'il décide qu'il fallait envoyer des presbytres qui jugeraient en même temps que les évêques avec l'autorité de celui qui les aura envoyés, ce sera laissé à sa convenance. Mais s'il croit que les évêques suffisaient pour mettre un terme à et l'affaire, il fera selon ce qu'il aura jugé en son très sage conseil.

(Recension grecque)
5. L'évêque Ossius dit : il a plu que si un évêque a été dénoncé et si les évêques de la région assemblés l'ont déchu de son rang et si comme accusé il s'est réfugié auprès du bienheureux évêque de l'Eglise des Romains, et si celui- ci veut l'entendre et pense qu'il est juste de renouveler l'examen de l'affaire, qu'il daigne écrire à ces évêques qui sont voisins de la province pour qu'ils examinent tout consciencieusement et avec soin, et qu'ils prononcent un jugement selon ce qui leur semblera véridique, à leur foi.
Mais si quelqu'un demande que sa cause soit entendue à nouveau et qu'il apparaît qu'il décide par sa supplique l'évêque des romains à envoyer des presbytres a latere, ce sera dans le pouvoir de l'évêque si cela lui semble juste ; et s'il décide qu'il est nécessaire d'en envoyer pour juger en même temps que les évêques avec l'autorité de celui qui les aura envoyés, qu'il décide aussi cela. Mais s'il croit que les évêques suffisent pour examiner l'affaire et pour juger l'évêque, il doit faire selon ce qui semblera juste en son très sage conseil. Les évêques répondirent : oui à ce qui fut dit.
 

lettre du concile de Serdique. 'Quod semper' au pape Jules 1er,

vers 343.

La prééminence du Siège romain

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Ce qui apparaîtra le meilleur et comme convenant le mieux, c'est ceci : que de toutes les diverses provinces les prêtres du Seigneur fassent rapport à la tête, c'est-à-dire au Siège de l'apôtre Pierre.
 
 
 

LIBERE : 17 mai 352-24 septembre 366

 

Condamnation d'Athanase et professions de foi


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a) Lettre " Studens paci " aux Evêques d'Orient.

Dans le souci de la paix et de la concorde entre les Eglises, après avoir reçu la lettre écrite par Votre Charité à l'évêque Jules de bienheureuse mémoire au sujet de la personne d'Athanase et des autres, et suivant la tradition des prédécesseurs, j'ai envoyé en députation les presbytres de la ville de Rome, Lucius, Paul et Helianus à Alexandrie, auprès d'Athanase susnommé, pour qu'il vienne à Rome afin que soit établi en sa présence à son encontre ce qui correspond à la discipline de l'Eglise. Je lui ai fait transmettre également par les presbytres susdits une lettre dans laquelle il était dit que, s'il ne venait pas, il devait savoir qu'il serait exclu de la communion avec l'Eglise romaine. A leur retour, les presbytres rapportèrent qu'il refusait de venir. Finalement je me suis conformé à la lettre de Votre Charité, que vous nous avez adressée au sujet dudit Athanase, et cette lettre que j'ai composée dans le souci de l'unanimité avec vous, doit vous faire savoir que je suis en paix avec vous tous et avec tous les évêques de l'Eglise catholique, mais que ledit Athanase est exclu de la communion avec moi, c'est-à-dire de la communion avec l'Eglise romaine, et de l'échange des lettres ecclésiastiques.
 

b) 1ère profession de foi de Sirmium (351) souscrite par

Libère en 357.

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Nous croyons en un seul Dieu, le Père tout-puissant, celui qui a créé et fait toute chose, de qui toute paternité tient son nom, au ciel et sur la terre (voir Ep 3,15 ) ;
et en son Fils unique, notre Seigneur Jésus Christ, engendré du Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, lumière de lumière, par qui tout a été fait, au ciel et sur la terre, les choses visibles et invisibles ; il est Verbe et Sagesse, lumière véritable et vie ; devenu homme à cause de nous dans les derniers jours, et né de la sainte Vierge, et crucifié, et mort et enseveli ; et ressuscité d'entre les morts le troisième jour enlevé au ciel, assis à la droite du Père ; et qui viendra à la consommation du temps pour juger les vivants et les morts et donner à chacun selon ses oeuvres ; son Règne est sans fin et continue pour l'éternité des siècles ; car il demeurera assis à ta droite du Père, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans le siècle à venir ; et en l'Esprit Saint, c'est-à-dire au Paraclet qu'il avait promis aux apôtres d'envoyer après sa montée aux cieux, et qu'il envoya pour les enseigner et les exhorter en toutes choses ; et par lui sont sanctifiées aussi les âmes de ceux qui croient sincèrement en lui.

140
1. Mais ceux qui disent que le Fils vient du néant, ou d'une autre hypostase, et non de Dieu, qu'il fut un temps ou une durée où il n'était pas, la sainte Eglise catholique les tient pour étrangers à elle.
2. A nouveau nous disons, si quelqu'un dit que le Père et le Fils sont deux dieux, qu'il soit anathème.
3. Et si quelqu'un dit que le Christ, comme Fils de Dieu, est Dieu avant tous les temps, mais ne confesse pas qu'il a aidé Dieu dans la création de toutes choses, qu'il soit anathème.
4. Si quelqu'un ose dire que le non-engendré ou une partie de lui est né de Marie, qu'il soit anathème.
5. Si quelqu'un dit que le Fils est avant Marie selon la prescience, et non qu'engendré du Père avant les siècles il est auprès de Dieu, et que par lui toutes choses ont été faites, qu'il soit anathème.
6. Si quelqu'un dit que la substance de Dieu se dilate ou se contracte, qu'il soit anathème.
7. Si quelqu'un dit que la substance de Dieu dilatée fait le Fils, ou appelle Fils la dilatation de sa substance, qu'il soit anathème.
8. Si quelqu'un appelle le Fils de Dieu Verbe intérieur ou proféré, qu'il soit anathème.
9. Si quelqu'un dit que le fils de Marie est seulement un homme, qu'il soit anathème.
10. Si quelqu'un, nommant celui qui est de Marie Dieu et homme, entend par là le Dieu non engendré, qu'il soit anathème.
11. Si la parole " Je suis Dieu, le premier, et je suis après tout cela, et en dehors de moi il n'est pas de Dieu " Is 44,6 qui a été dite pour l'anéantissement des idoles et de ceux qui ne sont pas des dieux, quelqu'un la conçoit à la manière des juifs en excluant l'unique engendré de Dieu avant les siècles, qu'il soit anathème.
12. Si quelqu'un entend " le Verbe est devenu chair " Jn 1,14 et pense que le Verbe a été changé en chair, ou dit qu'il a pris chair en se soumettant à un changement, qu'il soit anathème.
13. Si quelqu'un entend que le Fils unique de Dieu a été crucifié et dit que la divinité a subi une corruption, ou une souffrance, ou un changement, ou une diminution, ou un anéantissement, qu'il soit anathème.
14. Si quelqu'un dit que la parole " Faisons l'homme " (Gn 1,26 n'a pas été dite par le Père au Fils, mais que Dieu a parlé lui-même à lui- même, qu'il soit anathème.
15. Si quelqu'un dit que ce n'est pas le Fils qui a été vu par Abraham Gn 18,1-22 mais le Dieu non engendré ou une partie de celui-ci, qu'il soit anathème.
16. Si quelqu'un dit que ce n'est pas le Fils qui a lutté avec Jacob comme un homme Gn 32,25 -31, mais le Dieu non engendré ou une partie de celui-ci, qu'il soit anathème.
17. Si quelqu'un ne comprend pas la parole " Le Seigneur fit pleuvoir du feu du Seigneur " Gn 19,24 du Père et du Fils, mais dit que lui-même a fait pleuvoir de lui-même, qu'il soit anathème.
18. Si quelqu'un entend que le Père est Seigneur et que le Fils est Seigneur et que le Père et le Fils sont Seigneur, et, parce que le Seigneur fit (pleuvoir) du Seigneur, parle de deux dieux, qu'il soit anathème. Car nous ne plaçons pas le Fils au même rang que le Père, mais disons qu'il est subordonné au Père. Car le Fils n'est pas desçendu sur Sodome sans la volonté du Père, et il n'a pas fait pleuvoir de lui-même, mais du Seigneur, c'est-à- dire sous l'instigation du Père ; et il n'est pas assis à la droite de lui même, mais il entend le Père qui dit : 'Assieds-toi à ma droite' Ps 110,1 .
19. Si quelqu'un dit que le Père et le Fils et le Saint-Esprit sont une seule personne, qu'il soit anathème.
20. Si quelqu'un qui appelle l'Esprit Saint Paraclet dit qu'il est le Dieu non engendré, qu'il soit anathème.
21. Si quelqu'un ne dit pas, comme le Seigneur nous l'a enseigné, que le Paraclet est un autre que le Fils, car il dit : " Et le Père vous enverra un autre Paraclet que je demanderai " Jn 14,16 , qu'il soit anathème.
22. Si quelqu'un dit que l'Esprit Saint est une partie du Père et du Fils, qu'il soit anathème.
23. Si quelqu'un appelle le Père et le Fils et le Saint-Esprit trois dieux, qu'il soit anathème.
24. Si quelqu'un dit que le Fils de Dieu a été fait selon la volonté de Dieu comme l'une des créatures, qu'il soit anathème.
25. Si quelqu'un dit que le Fils a été engendré contre la volonté du Père, qu'il soit anathème. Car ce n'est pas forcé, par une nécessité de la nature, sans le vouloir, que le Père a engendré le Fils ; mais aussitôt qu'il l'a voulu, il l'a montré engendré de lui-même, en dehors des temps et impassible.
26. Si quelqu'un appelle le Fils non engendré et sans commencement, en parlant ainsi de deux êtres non engendrés, et en faisant deux dieux, qu'il soit anathème. Car la tête, qui est le principe de tout, est le Fils ; et la tête qui est le principe du Christ, est Dieu ; de cette manière nous ramenons tout avec piété par le Fils à l'unique principe de tout qui est sans commencement.
27. Et à nouveau nous exprimons ensemble avec soin le sens de la doctrine chrétienne, et nous disons : si quelqu'un ne dit pas que le Christ Dieu, Fils de Dieu, était avant tous les temps, coopérateur du Père pour la création de toutes choses, mais qu'il dit que c'est au moment où il est né de Marie qu'il a été appelé Christ et Fils et qu'il a reçu commencement de l'être divin, qu'il soit anathème.
 

c) Lettre " Pro deifico " aux évêques d'Orient, printemps 357.

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(Lettre de Libère :) (1) En raison de la crainte qui est l'oeuvre de Dieu : votre foi sainte est connue de Dieu et des hommes de bonne volonté Lc 2,14 . Comme le dit la Loi : jugez de façon juste, fils des hommes Ps 58,2 je n'ai pas défendu Athanase, mais parce que l'évêque Jules, mon prédécesseur d'heureuse mémoire l'avait accueilli, j'ai craint d'être considéré comme ayant manqué à mes devoirs en quelque façon. Mais dès que j'ai reconnu, lorsqu'il a plu à Dieu que vous l'avez condamné à juste titre, j'en suis venu rapidement à être en accord avec vos jugements. De même j'ai fait porter par notre frère Fortunatien à l'empereur Constance une lettre à son sujet, c'est-à-dire au sujet de sa condamnation. Athanase se trouvant donc exclu de la communion avec nous tous et ses lettres ne devant plus être reçues par moi, je dis que je suis dans la paix et l'unanimité avec vous tous et avec tous les évêques d'Orient, c'est-à-dire de toutes les provinces.
(2) Pour que vous sachiez mieux encore que dans ma lettre j'exprime la vraie foi : parce que mon seigneur et frère Démophile a daigné dans sa bienveillance exposer votre foi catholique qui a été discutée, exposée et acceptée à Sirmium par de nombreux frères et coévêques (c'est par là l'hérésie arienne, j'ai noté cela, non l'apostat, Libère ce qui suit :) par tous ceux qui étaient présents, je l'ai acceptée volontiers (saint Hilaire l'anathématise : que je t'anathématise aussi, Libère et tes consorts), je ne l'ai contredite en rien, et j'y ai donné mon assentiment ; je la suis et je la tiens (une deuxième fois anathème, et une troisième fois, traître Libère). J'ai donc cru devoir prier votre sainteté, puisque vous me voyez à présent être en accord avec vous en tout, de daigner oeuvrer d'un commun effort à ce que je sois libéré de l'exil, et que je revienne au siège qui m'a été confié par Dieu.
 

d) Lettre " Quia scio " à Ursace, Valens et Germinius, 357.

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(1) Puisque je sais que vous êtes des fils de la paix et que vous aimez la concorde et l'unanimité, pour cette raison, non pas sous l'effet d'une contrainte - Dieu m'en est témoin - mais pour le bien de la paix et de la concorde que l'on préfère au martyre, je me tourne vers vous par cette lettre, très chers frères dans le Seigneur. Que votre prudence sache qu'Athanase qui était évêque de l'Eglise d'Alexandrie (a été condamné par moi) avant que, selon la lettre des évêques d'Orient (j'écrive) à la cour du saint empereur (qu')il a été exclu également de la communion avec l'Eglise romaine, comme en est témoin tout le presbyterium de l'Eglise romaine. C'est là la seule raison pour laquelle j'ai paru envoyer de façon tardive seulement une lettre à son sujet à nos frères et coévéques orientaux, afin que mes légats, que j'avais envoyés de la ville de Rome à la cour, et les évêques qui furent déportés, et nous-mêmes avec eux, soient rappelés si possible de l'exil.
(2) Mais je veux aussi que vous sachiez que j'ai demandé au frère Fortunatien (de transmettre) au très clément empereur la lettre (que j'ai faite aux évêques d'Orient, pour qu'ils sachent eux-mêmes aussi qu'avec eux je suis séparé de la communion avec Athanase. Je crois que pour le bien de la paix sa piété la recevra avec gratitude... Que Votre Charité reconnaisse que j'ai fait cela d'un coeur bienveillant et innocent. C'est pourquoi je me tourne vers vous par cette lettre et je vous adjure par le Dieu tout-puissant et par le Christ Jésus son Fils, notre Dieu et Seigneur, de daigner) vous présenter (auprès du très clément empereur) Constance Auguste et de le prier que, pour le bien de la paix et de la concorde dans lesquelles sa piété trouve toujours sa joie, il veuille me faire revenir à l'Eglise qui m'a été confiée par Dieu, pour que durant le temps de sa vie l'Eglise romaine ne souffre d'aucun tourment.
 

e) Lettre " Non doceo " à Vincentius, 357.

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(2)J'ai cru devoir faire savoir à ta Sainteté qu'au sujet de ce conflit je me suis éloigné de la personne d'Athanase, et que j'ai envoyé à nos frères et coévêques d'Orient une lettre à son sujet. C'est pourquoi, puisque nous aussi, selon la volonté de Dieu, nous sommes en paix avec tous, tu voudras bien rendre visite à tous les évêques de Campanie et le leur faire savoir. Avec une lettre de vous, faites parvenir un écrit de leur part à l'empereur très clément au sujet de l'unanimité et de la paix avec nous, de sorte que je puisse moi aussi être libéré de la tristesse. ... Nous sommes en paix avec tous les évêques d'Orient et avec vous. ...
 
 
 

DAMASE Ier : 1er OCTOBRE 366 - 11

DECEMBRE 384

 

Fragments de lettres à des évêques d'Orient vers 374.

Trinité

144
Pour cette raison, frères, cette Jéricho qui est la figure des voluptés du siècle, s'écroule sous les clameurs et ne se relève plus, parce que tous, d'une seule bouche, nous disons que la Trinité est d'une unique puissance, d'une unique majesté, d'une unique divinité, d'une unique ousie, si bien que nous disons qu'il est une puissance inséparable et cependant trois personnes, qui ne reviennent pas à elles-mêmes et ne sont pas diminuées,... mais qui demeurent toujours ; et aussi qu'il n'est pas de degrés de puissance, ni de temps de provenance différents, que le Verbe n'est pas proféré en sorte que nous écarterions la génération, ni imparfait en sorte qu'il manquerait à sa personne la nature du Père ou la plénitude de la divinité ; et aussi que le Fils n'est pas dissemblable par l'oeuvre, ni dissemblable par la puissance ou dissemblable en tout point, ni non plus qu'il tient son existence d'ailleurs, mais qu'il est né de Dieu non pas comme un faux Dieu, mais qu'il a été engendré vrai Dieu du vrai Dieu, vraie lumière de la vraie lumière, si bien qu'on ne le considère ni comme diminué, ni comme dissemblable, car l'unique engendré a la splendeur de la lumière éternelle Sg 7,26 , parce que dans l'ordonnance de la nature la lumière ne peut pas être sans l'éclat, ni l'éclat sans la lumière ; il est aussi l'image du Père, car qui l'a vu a vu aussi le Père Jn 14,9 ; le même, pour notre Rédemption, est sorti de la Vierge pour naître homme complet pour l'homme complet qui avait péché. C'est pourquoi nous affirmons que le Fils de Dieu a pris aussi l'homme complet.

145
Nous professons également que l'Esprit Saint est incréé et d'une unique majesté, d'une unique ousie, d'une unique puissance avec Dieu Père et notre Seigneur Jésus Christ. Et il ne mérite pas l'injure d'être une créature, lui qui a été envoyé pour créer, comme l'assurait le saint prophète en disant : " Envoie ton Esprit, et elles seront créées " Ps 103,30 . Ensuite un autre affirma de même : " L'Esprit divin qui m'a fait " (voir Jb 33,4 ). Car on ne doit pas séparer quant à la divinité celui qui est uni dans l'opération et dans la rémission des péchés.
 

L'incarnation, contre les apollinaristes

146
Nous nous étonnons certes de ce qu'on dise de certains des nôtres que bien qu'ils semblent avoir une intelligence orthodoxe de la Trinité, ils ne pensent pas juste cependant... au sujet du sacrement de notre salut. On affirme en effet qu'ils disent que notre Seigneur et Sauveur a pris de la Vierge Marie un homme incomplet, c'est-à-dire sans esprit. Hélas, quel voisinage, dans cette conception, avec les ariens ! Ces derniers disent que la divinité est incomplète dans le Fils de Dieu, les premiers affirment de façon mensongère que l'humanité est incomplète dans le Fils de l'homme. Mais si un homme incomplet a été pris, incomplet est notre salut, parce que ce n'est pas l'homme tout entier qui a été sauvé. Et pourquoi aura été dite cette parole du Seigneur : " Le Fils de l'homme est venu sauver ce qui était perdu " Mt 18,11 ? Tout entier, c'est-à-dire dans l'âme et dans le corps, dans l'esprit et dans toute la nature de sa substance. Si donc l'homme tout entier était perdu, il était nécessaire que ce qui était perdu fût sauvé ; mais s'il a été sauvé sans l'esprit, alors il apparaîtra, contre la foi de l'Evangile, que ce n'est pas tout ce qui était perdu qui a été sauvé ; or à un autre endroit le Sauveur lui-même dit : vous vous irritez contre moi parce que j'ai guéri tout l'homme (voir Jn 7,23 ). Du reste c'est bien dans l'esprit de l'homme que la faute originelle et la totalité de la perdition ont leur lieu. Car si le sens qui fait choisir le bien et le mal n'avait pas péri d'abord, il ne mourrait pas : comment donc admettre que n'aurait pas dû être sauvé entièrement ce dont on reconnaît qu'il a péché en tout premier ? Quant à nous, qui savons que nous avons été sauvés complètement et parfaitement, conformément à la profession de foi de l'Eglise catholique, nous professons que Dieu parfait a assumé un homme complet.
 
 

L'Esprit Saint et l'incarnation du Verbe

147 De même qu'en toutes choses nous tenons inviolable la foi de Nicée, sans en détourner les mots ou en fausser le sens, que nous croyons en la Trinité d'une essence coéternelle et unique, et que nous ne séparons en rien l'Esprit Saint mais le vénérons avec le Père et le Fils, parfait en tout, en pouvoir, en honneur, en majesté et en divinité, de même nous avons confiance que la plénitude du Verbe de Dieu, non pas proféré mais né, non pas qui demeure dans le Père en sorte qu'il n'est pas, mais qui est parfait et subsiste d'éternité en éternité, a pris et sauvé le pécheur complet, c'est-à-dire en sa totalité.
 

Lettre " Per filium meum " à l'évêque Paulin d'Antioche, 375.

L'incarnation du Verbe divin

148
...Il faut confesser que la Sagesse elle-même, le Verbe, le Fils de Dieu, a pris le corps, l'âme et l'esprit, c'est-à-dire l'Adam tout entier, et, pour parler plus expressément, tout notre vieil homme à l'exception du péché. De même qu'en confessant qu'il a pris un corps humain nous ne lui ajoutons pas par là les passions vicieuses des hommes, de même en disant qu'il a pris l'âme et l'esprit de l'homme nous ne disons pas par là qu'il a été soumis au péché des pensées humaines. Mais si quelqu'un affirme que le Verbe a pris la place de l'esprit humain dans la chair du Seigneur, l'Eglise catholique l'anathématise, comme aussi ceux qui confessent deux fils dans le Sauveur, l'un avant l'Incarnation, et l'autre après avoir pris chair de la Vierge, et qui ne confessent pas le même Fils de Dieu avant et après.
 

Lettre " Oti te apostolike cathedra " aux évêques d'Orient, vers 375

Condamnation de l'apollinarisme

149
vous devez donc savoir que depuis longtemps nous avons condamné l'infâme Timothée, le disciple d'Apollinaire l'Hérétique, en même temps que sa doctrine impie, et nous ne croyons aucunement que ce qu'il a laissé ait une influence quelconque à l'avenir. ... Le Christ en effet, le Fils de Dieu notre Seigneur, a donné par sa propre Passion au genre humain le salut en toute sa plénitude, afin de libérer de tout péché tout l'homme pris dans les péchés. Si donc quelqu'un dit qu'il avait une part moindre à la divinité ou à l'humanité, il se montre lui-même rempli de l'esprit du diable, comme le fils de la géhenne. Pourquoi donc me demandez-vous à nouveau la condamnation de Timothée ? Il a été condamné ici également par jugement du Siège apostolique... en même temps que son maître Apollinaire...
 
 
 

1er concile de CONSTANTINOPLE (2e concile Oecuménique)

mai-30 juillet 381

 

Profession de foi de Constantinople.

150
(Version grecque)
Nous croyons en un seul , Dieu Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles,
et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu, l'unique engendré, qui a été engendré du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait ;
qui à cause de nous les hommes et à cause de notre salut est descendu des cieux, s'est incarné de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie et s'est fait homme ; a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli, est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures et est monté aux cieux, siège à la droite du Père et reviendra en gloire juger les vivants et les morts : et son Règne n'aura pas de fin ;
et en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et donne la vie, qui procède du Père, qui avec le Père et le Fils est coadoré et coglorifié, qui a parlé par les prophètes : en une seule sainte Eglise, catholique et apostolique. Nous confessons un seul baptême pour la rémission des péchés ; nous attendons la résurrection des morts et la vie du monde à venir. Amen.

(Version latine)
Je crois en un seul Dieu Père tout-puissant créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles.
Et en un seul Seigneur Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, et né du Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait ;
qui à cause de nous les hommes et à cause de notre salut est descendu des cieux, s'est incarné de l'Esprit Saint de la Vierge Marie et s'est fait homme ; il a même été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli, est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures et est monté au ciel ; il siège à la droite du Père et reviendra en gloire juger les vivants et les morts ; et son Règne n'aura pas de fin.
Et en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et donne la vie, qui procède du Père et du Fils, qui avec le Père et le Fils est également coadoré et coglorifié, qui a parlé par les prophètes. Et en une seule sainte Eglise catholique et apoostolique. Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés. Nous attendons la résurrection des morts et la vie du monde à venir. Amen
 
 

Canons, 9 juillet 381.

Condamnation de diverses hérésies

151
1. Ne pas abroger la foi des 318 Pères réunis à Nicée en Bithynie, mais que celle-ci demeure en vigueur : et anathématiser toute hérésie : particulièrement celle des Eunomiens, c'est à dire des Anoméens, celle des Ariens ou Eudoxiens, celle des Semi-Ariens ou Pneumatomaques, celle des Sabelliens, celle des Marcelliens, celle des Photiniens et celle des Apollinaristes.
2. Que les évêques d'un diocèse n'interviennent pas dans les Eglises qui leur sont étrangères ni ne mettent de désordre dans les Eglises, mais que, conformément aux canons, l'évêque d'Alexandrie administre seulement les affaires de l'Egypte, les évêques de l'Orient, seulement celles du diocèse oriental, en maintenant les prérogatives reconnues par les canons de Nicée à l'Eglise d'Antioche ; que les évêques du diocèse d'Asie administrent seulement les affaires de l' Asie, ceux du Pont, seulement celles du Pont, et ceux de la Thrace, seulement celles de la Thrace. S'ils ne sont pas appelés, les évêques ne sortiront pas de leur diocèse pour imposer les mains ou pour d'autres fonctions ecclésiastiques. Si on observe ce canon, il est clair que le synode de l'éparchie est compétent dans son éparchie, selon les déterminations de Nicée. Quant aux Eglises de Dieu qui sont parmi les peuples barbares, il convient qu'elles soient administrées selon la coutume mise en vigueur par les Pères.
3. L'Evêque de Constantinople doit avoir la primauté d'honneur après l'évêque de Rome, car cette ville est la nouvelle Rome.
4. A propos de Maxime le Cynique et des désordres qui, à cause de lui, se sont produits à Constantinople, (nous déclarons) que Maxime n'a jamais été et qu'il n'est pas évêque, ni que ceux qu'il a ordonnés à quelque degré du clergé ne l'ont été ; tout ce qui a été fait à son égard ou qu'il a fait lui-même est sans valeur.
 

Concile de Rome. 382.

a) " Tomus Damasi " ou profession de foi à l'évêque Paulin

d'Antioche, 152

Trinité et Incarnation

152
Parce que après le concile de Nicée a surgi cette erreur, et que certains osèrent dire d'une bouche sacrilège que l'Esprit Saint a été fait par le Fils :

153
(1) Nous anathématisons ceux qui ne proclament pas en toute liberté qu'il possède une seule puissance, une seule substance avec le Père et le Fils.

154
(2) Nous anathématisons aussi ceux qui suivent l'erreur de Sabellius, en disant que le Père est le même que le Fils.

155
(3) Nous anathématisons Arius et Eunomius qui, égaux en impiété quoique différents dans leurs paroles, affirment que le Fils et le Saint- Esprit sont des créatures.

156
(4) Nous anathématisons les macédoniens qui, issus de la racine d'Arius, n'ont pas modifié la perfidie mais seulement le nom.

157
(5) Nous anathématisons Photin qui renouvelle l'hérésie d'Ebion et qui professe que le Seigneur Jésus Christ est seulement de Marie.

158
(6) Nous anathématisons ceux qui affirment deux Fils, existant l'un avant les siècles, et l'autre après l'assomption de la chair de la Vierge.

159
(7) Nous anathématisons ceux qui disent que le Verbe de Dieu a habité dans une chair humaine à la place d'une âme raisonnable spirituelle, parce que le Fils et Verbe de Dieu n'a pas été dans son corps à la place d'une âme raisonnable et spirituelle, mais c'est notre âme (raisonnable et spirituelle) que, sans péché, il a prise et sauvée.

160
(8) Nous anathématisons ceux qui affirment que le Verbe, le Fils de Dieu, est une extension ou une contraction, et séparé du Père, sans substance, et qu'il aura une fin.

161
(9) Ceux aussi qui sont allés d'Eglise en Eglise, nous les tenons pour exclus de la communion avec nous jusqu'à ce qu'ils soient retournés dans les cités où ils ont été établis d'abord. Et si quelqu'un, lorsqu'un autre a émigré, a été ordonné à sa place de son vivant, celui qui a quitté sa cité sera sans dignité sacerdotale jusqu'au moment où son successeur reposera dans le Seigneur.

162
(10) Si quelqu'un ne dit pas que le Père est toujours, que le Fils est toujours, que le Saint-Esprit est toujours, il est hérétique.

163
(11) Si quelqu'un ne dit pas que le Fils est né du Père, c'est- à-dire de sa substance divine, il est hérétique.

164
(12) Si quelqu'un ne dit pas que le Fils de Dieu est vrai Dieu, comme son Père est vrai Dieu, qu'il peut tout, qu'il sait tout et qu'il est égal au Père, il est hérétique.

165
(13) Si quelqu'un dit que le Fils, quand il était sur la terre dans la chair, n'était pas avec le Père aux cieux, il est hérétique.

166
(14) Si quelqu'un dit que dans la souffrance de la croix c'est Dieu qui ressentait la douleur, et non la chair et l'âme dont le Christ, Fils de Dieu, s'était revêtu - la forme d'esclave qu'il avait prise, comme dit l'Ecriture (voir Ph 2,7 ) il est dans l'erreur.

167
(15) Si quelqu'un ne dit pas qu'il siège à la droite du Père dans la chair dans laquelle il viendra juger les vivants et les morts, il est hérétique.

168
(16) Si quelqu'un ne dit pas que l'Esprit Saint est vraiment et proprement du Père comme le Fils, qu'il est de la substance divine et qu'il est vrai Dieu, il est hérétique.

169
(17) Si quelqu'un ne dit pas que le Saint-Esprit peut tout qu'il sait tout, qu'il est partout, comme le Fils et le Père il est hérétique.

170
(18) Si quelqu'un dit que le Saint-Esprit est une créature ou qu'il a été fait par le Fils, il est hérétique.

171
(19) Si quelqu'un ne dit pas que le Père a fait toutes choses, c'est-à-dire, les visibles et les invisibles, par le Fils et le Saint-Esprit, il est hérétique.

172
(20) Si quelqu'un ne dit pas que le Père, le Fils et le Saint Esprit ont une seule divinité, un seul pouvoir, une seule majesté, une seule puissance, une seule gloire et souveraineté, un seul Royaume, une seule volonté et une seule vérité il est hérétique.

173
(21) Si quelqu'un ne dit pas que sont vraies les trois Personnes du Père, du Fils et du Saint-Esprit, qu'elles sont égales, toujours vivantes, contenant toutes les choses visibles et invisibles, puissantes sur tout, jugeant tout, vivifiant tout créant tout, conservant tout, il est hérétique.

174
(22) Si quelqu'un ne dit pas que le Saint-Esprit doit être adoré par toute créature, comme le Fils et le Père, il est hérétique.

175
(23) Si quelqu'un pense de façon juste à propos du Père et du Fils, mais ne pense pas de façon juste à propos de l'Esprit, il est hérétique, parce que tous les hérétiques qui pensent mal au sujet du Fils de Dieu et de l'Esprit Saint se trouvent dans l'impiété des juifs et des païens,

176
(24) Si quelqu'un, en disant que le Père est Dieu, que son Fils est Dieu et que le Saint-Esprit est Dieu, partage, et veut dire ainsi des dieux et non pas Dieu, à cause de l'unique divinité et puissance, que nous croyons et savons appartenir au Père, au Fils et au Saint-Esprit ; s'il excepte le Fils ou l'Esprit Saint, en estimant que seul le Père doit être dit Dieu, et que c'est ainsi qu'il croit en un seul Dieu, il est hérétique en tous ces points ; il est même juif. Car le nom de dieux a été disposé et donné par Dieu à tous les anges et à tous les saints.
Mais pour le Père, le Fils et l'Esprit Saint, leur unique et égale divinité fait que ce n'est pas l'appellation de dieux, mais de Dieu, qui nous est montrée et indiquée pour que nous y croyions. Car nous sommes baptisés uniquement dans le Père, le Fils et l'Esprit Saint et non pas au nom des archanges ou des anges, comme les hérétiques ou les juifs ou même les païens insensés.

177
Tel est le salut des chrétiens : croyant à la Trinité, c'est-à- dire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, baptisés en elle, nous devons croire fermement qu'elle est une seule et vraie divinité et puissance, majesté et substance.
 

b) " Decretum Damasi "

Le Saint-Esprit

178
Tout d'abord il faut traiter de l'Esprit septiforme qui repose sur le Christ. L'Esprit de sagesse : le Christ est la force de Dieu et la sagesse de Dieu 1Co 1,24 L'Esprit d'intelligence : Je te donnerai l'intelligence et je t'instruirai dans la voie dans laquelle tu marcheras Ps 31,8 . L'Esprit de conseil : Et son nom sera appelé messager du grand conseil Is 9,6 LXX. L'Esprit de force : comme plus haut, force de Dieu et sagesse de Dieu 1Co 1,24 L'Esprit de science: en raison de l'éminence de la science du Christ Jésus Ep 3,19 Ph 3,8 , l'envoyé. L'Esprit de vérité : Moi je suis la voie, la vie et la vérité Jn 14,6 . L'Esprit de crainte (de Dieu) : Le commencement de la sagesse est la crainte de Dieu Ps 110,10 Pr 9,10 .
Multiforme cependant est la distribution des noms du Christ : Seigneur, parce que Esprit ; Verbe, parce que Dieu ; Fils, parce que unique né du Père ;... prophète, parce qu'il a révélé les choses futures ; " l'Esprit Saint en effet n'est pas l'Esprit du Père seulement, ou du Fils seulement, mais l'Esprit du Père et du Fils ; il est écrit en effet : si quelqu'un aime le monde, l'Esprit du Père n'est pas en lui (voir 1Jn 2,15 Rm 8,9 ) ; de même il est écrit : quiconque ' n'a pas l'Esprit du Christ, celui-là ne lui appartient pas' Rm 8,9 c'est par cette nomination du Père et du Fils qu'est reconnu l'Esprit Saint " dont le Fils lui-même dit dans l'Evangile : l'Esprit Saint procède du Père Jn 15,26 et : il recevra de ce qui est à moi et il vous l'annoncera Jn 16,14
 
 

Le canon de la sainte écriture

179
Il nous faut maintenant parler des divines Ecritures, de ce que reçoit l'Eglise catholique universelle et de ce qu'elle doit éviter.
On commence par l'ordre de l'Ancien Testament. Genèse, un livre ; Exode, un livre ; Lévitique, un livre ; Nombres, un livre ; Deutéronome, un livre ; Josué, un livre ; Juge un livre ; Ruth, un livre ; Rois, quatre livres ; Paralipomènes, deux livres ; 150 Psaumes (psautier), un livre ; Salomon, trois livres ; Proverbes, un livre ; Ecclésiaste, un livre ; Cantique des Cantiques, un livre ; encore Sagesse, un livre ; Ecclésiastique, un livre.
Puis l'ordre des prophètes. Isaïe, un livre ; Jérémie, un livre, avec Cinoth, c'est-à-dire ses Lamentations ; Ezéchiel un livre ; Daniel, un livre ; Osée, un livre ; Amos, un livre ; Michée, un livre ; Joël, un livre ; Abdias, un livre ; Jonas, un livre ; Nahum, un livre ; Habacuc, un livre ; Sophonie, un livre ; Aggée, un livre ; Zacharie, un livre ; Malachie, un livre.
Puis l'ordre des histoires. Job, un livre ; Tobie, un livre ; Esdras, deux livres ; Esther, un livre ; Judith, un livre ; Maccabées, deux livres.
Puis l'ordre des Ecritures du Nouveau et éternel Testament, que l'Eglise sainte et catholique (romaine) reçoit (et vénère). Evangiles (quatre livres) : un livre selon Matthieu ; un livre selon Marc ; un livre selon Luc ; un livre selon Jean
(de même les Actes des Apôtres, un livre.)
Les épîtres de (l'apôtre) Paul, au nombre de quatorze : une aux Romains ; deux aux Corinthiens ; une aux Ephésiens ; deux aux Thessaloniciens ; une aux Galates ; une aux Philippiens ; une aux Colossiens ; deux à Timothée ; une à Tite ; une à Philémon ; une aux Hébreux.
De même l'Apocalypse, livre un.
Et les Actes des Apôtres, un livre (voir plus haut).
Puis les épîtres canoniques, au nombre de sept : deux de l'apôtre Pierre ; une épître de l'apôtre Jacques ; une épître de l'apôtre Jean ; deux épîtres de l'autre Jean, le presbytre ; une épître de l'ap6tre Jude, le zélote. Fin du canon du Nouveau Testament.
 
 
 

SIRICE : décembre 384 (12 janvier

385 ?)-26 novembre

 

Lettre " Directa ad decessorem " à l'évêque Himère de

Tarragone, 10 février 385.

Prééminence et autorité doctrinale de l'évêque de Rome

181
(Introduction, Par. 1)... Nous ne refusons pas à ta demande la réponse qui convient, puisque eu égard à Notre charge, Nous n'avons pas la liberté de pouvoir dissimuler ou taire quelque chose, puisque plus qu'à tous Nous incombe le zèle pour la religion chrétienne. Nous portons les charges de tous ceux qui peinent, et plus encore : les porte en Nous le bienheureux apôtre Pierre dont Nous croyons avec confiance qu'il Nous protège et Nous garde en toutes choses comme l'héritier de son ministère...

182
(Chap. 15, Par 20) Maintenant Nous encourageons encore et encore le propos de ta fraternité d'observer les canons et de garder les décrets édictés, pour que ce que Nous avons écrit en réponse à ta demande, tu fasses en sorte que cela soit porté à la connaissance de tous nos coévêques, et non pas de ceux-là seulement qui se trouvent dans ta province ; mais ce qui a été déterminé par Nous selon une ordonnance salutaire doit être envoyé aussi, accompagné de ta lettre, à tous les évêques de Carthage, de la Bétie, de Lusitanie et de Galice. Et bien qu'aucun prêtre du Seigneur n'ait la liberté d'ignorer les décisions du Siège apostolique ou les déterminations vénérables des canons, il pourra être néanmoins très utile et - compte tenu de l'ancienneté de ton sacerdoce - très glorieux pour ta Charité, que ce qui t'a été écrit à titre spécial en termes généraux soit porté, par ton souci de l'unanimité, à la connaissance de tous nos frères : afin que qui a été édicté par Nous, non pas de façon inconsidérée mais de façon circonspecte, avec une grande prudence et longue réflexion, demeure inviolé, et qu'à l'avenir soit fermée la voie des excuses, laquelle ne pourra plus être ouverte à personne auprès de Nous.
 

Baptême des hérétiques

183
(Chap. 1,Par 2) (Tu as fait savoir)...que beaucoup de ceux qui ont été baptisés par les ariens impies se hâtent vers l'Eglise catholique, et que certains parmi nos frères veulent les baptiser à nouveau : cela n'est pas permis ; car que cela se fasse, l'Apôtre l'interdit (voir Ep 4,5 He 6,4 ), les canons s'y opposent, et les décrets généraux envoyés aux provinces par mon prédécesseur Libère d'heureuse mémoire après l'annulation du concile de Rimini l'interdisent aussi. Nous les recevons dans la communauté des catholiques avec les novatiens et d'autres hérétiques, comme cela été décidé au synode, par la seule invocation de l'Esprit septiforme et moyennant l'imposition des mains de l'évêque - ce qui est observé également par tout l'Orient et l'Occident ; vous aussi vous ne devez pas désormais vous écarter de ce chemin, si vous ne voulez pas être séparés de la communauté avec nous par une sentence synodale.
 

La nécessité du baptême

184
(Chap. 2, Par 3) Sans vouloir cependant amoindrir le respect sacré qui s'attache à Pâques, Nous prescrivons d'administrer sans délai le baptême aux enfants qui, du fait de leur âge, ne peuvent pas encore parler, ou aux personnes qui se trouvent dans une nécessité quelconque de recevoir le saint baptême, de peur qu'il ne s'ensuive un détriment pour nos âmes si, par suite de notre refus de la fontaine du salut à ceux qui le désiraient, certains mourants venaient à perdre le Royaume et la vie. Quiconque de même se trouve menacé d'un naufrage, d'une invasion ennemie, ou de quelque maladie mortelle, qu'il soit admis, aussitôt qu'il le demande, au bénéfice de la régénération sollicitée. L'erreur jusqu'ici dans ce domaine doit suffire ; à présent que tous les prêtres s'en tiennent à la règle susdite, s'ils ne veulent pas être arrachés à la solidité du roc apostolique sur lequel le Christ a construit toute l'Eglise.
 

Le célibat des clercs

185
(Chap. 7, Par 8). Nous avons appris en effet que beaucoup de prêtres du Christ et de lévites, longtemps après leur consécration, ont procréé une descendance aussi bien de leur propre mariage que d'un commerce honteux, et qu'ils défendent leur méfait en prétextant qu'on lit dans l'Ancien Testament que la permission d'engendrer est accordée aux prêtres et aux ministres.
(Contre cet argument le pontife romain objecte :) (Par 9) Pourquoi a-t-il même été enjoint aux prêtres d'habiter loin de leur maison, au temple, l'année de leur tour de service ? Pour la raison qu'ils ne devaient avoir de commerce charnel pas même avec leurs femmes, de manière à briller par la pureté de leur conscience et à offrir ainsi un sacrifice agréable à Dieu.
(Par 10) C'est pourquoi après nous avoir illuminé par sa venue, le Seigneur Jésus atteste à son tour dans l'Evangile qu'il est venu accomplir la Loi et non l'abolir Mt 5,17 . Et pour cette raison il a voulu que la forme de l'Eglise dont il est l'Epoux, brille de la splendeur de la chasteté, de manière qu'il puisse la trouver... " sans tache ni ride " (Ep 5,27) au jour du jugement, lorsqu'il viendra à nouveau. Par la loi indissoluble de ces dispositions nous sommes tous liés, prêtres et lévites, pour que du jour de notre ordination nous consacrions nos coeurs et nos corps à la sobriété et à la chasteté, de sorte que nous plaisions au Seigneur notre Dieu dans les sacrifices que nous offrons quotidiennement.
 
 

3eme concile de

Carthage, 28 août 397

 

Le canon des saintes Ecritures

186
(Il a été décidé).qu'en dehors des Ecritures canoniques rien ne doit être lu dans l'Eglise sous le nom de divines Ecritures. Or sont écritures canoniques : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, Jésus Nave, Juges, Ruth, quatre livres des Rois, deux livres des Chroniques, Job, le Psautier de David, cinq livres de Salomon, douze livres des Prophètes, Esaïe, Jérémie, Daniel, Ezéchiel, Tobie, Judith, Esther, deux livres d'Esdras, deux livres des Maccabées.
Quant au Nouveau Testament : quatre livres des évangiles, un livre des Actes des Apôtres, treize épîtres de l'apôtre Paul, du même une aux Hébreux, deux de Pierre, trois de Jean (voir Can. 179 , une de Jacques, une de Jude, l'Apocalypse de Jean. (est ajouté dans un manuscrit :)... l'Eglise d'outre-mer doit être consultée pour la confirmation de ce canon.
 
 
 

ANASTASE Ier : 27 novembre

399-402 (19 décembre 40

 

1er. concile de Tolède,

septembre 400 (405 ?)

 

a) Chapitre

La consécration du chrême

187
Can. 20. (1) Bien qu'on observe presque partout qu'en dehors de l'évêque personne ne consacre le chrême, parce qu'on dit qu'en certains lieux ou certaines provinces des presbytres consacrent le chrême, il a été décidé néanmoins qu'à partir de ce jour aucun autre en dehors de l'évêque ne consacre le chrême et le distribue aux diocèses, et cela de la manière suivante : de chaque église des diacres ou des sous-diacres seront envoyés à l'évêque avant le jour de Pâques, pour qu'on puisse disposer le jour de Pâques du chrême consacré et distribué par l'évêque. (2) L'évêque a le droit sans nul doute de consacrer le chrême à tout moment, mais absolument rien ne doit être fait sans que l'évêque le sache ; or il a été décrété que le diacre ne fait pas la chrismation, mais que le presbytre la fait en l'absence de l'évêque, et en sa présence si celui-ci l'en a chargé.
 

b) " Symbolum Toletanum " (400) " et sa forme plus longue

comme " Libellus in modum symboli " de l'évêque Pastor de

Palencia (477).

Profession de foi contre les erreurs des priscillianistes

188
Nous croyons en l'unique vrai Dieu, le Père et le Fils et l'Esprit Saint, le créateur des choses visibles et invisibles, par qui tout a été fait au ciel et sur la terre. Celui-ci est l'unique Dieu et celle-ci est l'unique Trinité du nom divin (de la substance divine). (Mais) le Père n'est pas le Fils lui-même, mais il a un Fils qui n'est pas le Père. Le Fils n'est pas le Père, mais il est le Fils de Dieu de (la) nature (du Père). Et l'Esprit est le Paraclet, qui n'est ni le Père lui-même ni le Fils, mais qui procède du Père (et du Fils). Le Père est donc non engendré, le Fils est engendré, le Paraclet n'est pas engendré mais procède du Père (et du Fils). C'est le Père dont on a entendu la voix du haut des cieux : celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis ma complaisance ; écoutez-le Mt 17,5 2P 1,17 voir Mt 3,17 . C'est le Fils qui dit : je suis sorti du Père, et je suis venu de Dieu dans ce monde (voir Jn 16,28 . C'est le Paraclet lui-même (l'Esprit Paraclet) dont le Fils dit : si je ne pars pas vers le Père le Paraclet ne viendra pas à vous Jn 16,7 . Cette Trinité distincte dans les personnes est une seule substance, vertu, puissance, majesté (unie par sa vertu et sa puissance et sa majesté), indivisible et sans différence; en dehors d'elle (nous le croyons) il n'est pas de nature divine, soit d'un ange, soit d'un esprit, soit d'une puissance dont on puisse croire qu'elle est Dieu,

189
Ce Fils de Dieu par conséquent, Dieu, né du Père avant tout commencement, a été sanctifié dans le sein de la bienheureuse Vierge Marie (le sein de la Vierge Marie), et d'elle, engendré sans la semence d'un homme, il a pris une humanité véritable (c'est-à-dire que deux natures, à savoir de la divinité et de la chair, se sont unies totalement en une seule personne) à savoir le (notre) Seigneur Jésus Christ (Et) il n'avait pas un corps maginaire ou fait d'une simple forme (d'un fantôme), mais entier (et vrai) : Et il a eu faim et a eu soif, et a ressenti la douleur et a pleuré, et a ressenti toutes les blessures du corps (a supporté toutes les injures du corps). A la fin il a été crucifié (par les juifs), est mort et a été enseveli, (et) le troisième jour il est ressuscité ; après cela il a conversé avec les (ses) disciples et le quarantième jour (après la résurrection) il est monté aux cieux (au ciel). Ce Fils de l'homme est appelé également " Fils de Dieu ", " mais le Fils de Dieu est appelé " Dieu , " non " Fils de l'homme " ( Mais le Fils de Dieu, Dieu, est appelé Fils de l'homme ).

190
Mais nous croyons en la résurrection de la chair humaine (qu'il y aura une résurrection pour la chair humaine). Mais l'âme de l'homme n'est pas une substance divine ou une part de Dieu, mais une créature qui n'est pas tombée de par la volonté divine (nous l'appelons une créature qui a été créée par la volonté divine).

191
1. Mais (donc) si quelqu'un dit et (ou) croit que ce n'est pas par le Dieu tout-puissant que ce monde et tous ses agencements ont été faits, qu'il soit anathème.

192
2. Si quelqu'un dit et (ou) croit que Dieu le père est même que le Fils ou le Paraclet, qu'il soit anathème.

193
3. Si quelqu'un... croit que le Dieu Fils (Fils de Dieu) est le même que le Père ou le Paraclet, qu'il soit anathème.

194
4. Si quelqu'un... croit que le Paraclet Esprit est le Père ou le Fils, qu'il soit anathème.

195
5. Si quelqu'un... croit que l'homme Jésus Christ n'a pas été assumé par le Fils de Dieu (que seule la chair, sans une âme, a été prise par le Fils de Dieu), qu'il soit anathème.

196
6 Si quelqu'un... croit que le Fils de Dieu a souffert comme Dieu (le Christ ne peut pas être né), qu'il soit anathème.

197
7. Si quelqu'un... croit que l'homme Jésus Christ était un homme impassible (la divinité du Christ était sujette au changement et à la souffrance), qu'il soit anathème.

198
8. Si quelqu'un... croit qu'autre est le Dieu de la Loi ancienne, autre celui des évangiles, qu'il soit anathème.

199
9. Si quelqu'un... croit que le monde a été fait par un autre Dieu que (et non pas par) celui dont il est écrit : au commencement Dieu a fait le ciel et la terre (voir Gn 1,1 )qu'il soit anathème.

200
10. Si quelqu'un... croit que les corps humains ne ressusciteront pas après la mort, qu'il soit anathème.

201
11. Si quelqu'un.., croit que l'âme humaine est une portion de Dieu ou de la substance de Dieu, qu'il soit anathème.

202
12. Si quelqu'un croit qu'en dehors des Ecritures que l'Eglise catholique a reçues, d'autres doivent être tenues comme ayant autorité ou s'il les vénère (si quelqu'un... croit qu'en dehors des Ecritures que l'Eglise catholique reçoit, d'autres doivent être considérées comme ayant autorité ou être vénérées), qu'il soit anathème.

203
(13. Si quelqu'un... croit qu'il y a dans le Christ une seule nature de la divinité et de la chair, qu'il soit anathème.).

204
(14. Si quelqu'un... croit qu'il existe quelque chose qui peut s'étendre au- dehors de la Trinité divine, qu'il soit anathème.)

205
(15. Si quelqu'un estime qu'on doit croire à l'astrologie ou aux mathématiques (sic !), qu'il soit anathème.(voir Can.460).

206
(16. Si quelqu'un... croit que les mariages qui sont tenus pour licites selon la Loi divine, sont abominables, qu'il soit anathème.)

207
(17. Si quelqu'un... croit que ce n'est pas seulement pour mortifier le corps qu'il faut s'abstenir de la chair des oiseaux ou des bêtes qui sont donnés pour qu'on s'en nourrisse, qu'il soit anathème.)

208
(18. Si quelqu'un adhère aux erreurs de la secte de Priscillien ou qu'il les professe, de sorte que dans le baptême salutaire il fait autre chose, contre le siège de saint Pierre, qu'il soit anathème.)
 

Lettre " Dat mihi " à l'évêque Venerius de Milan, vers 401.

La question de l'orthodoxie du pape Libère.

209
Une très grande joie m'est donnée par le fait, qui est l'oeuvre du Christ, que l'Italie victorieuse dans tout l'univers, enflammée d'un zèle et d'un empressement divins, a gardé intègre la foi transmise par les apôtres et établie par les anciens, et cela au moment, il est vrai, où Constance de divine mémoire a régné victorieux sur l'univers, et que la faction arienne n'a pu insinuer aucune hérésie et introduire ainsi ses souillures, parce que notre Dieu, nous le croyons, a veillé à ce que cette foi sainte et immaculée ne soit pas altérée par le blasphème d'hommes infâmes : cette foi qui avait été examinée et définie lors de la rencontre du synode de Nicée par de Saints hommes et par des évêques déjà réunis dans le repos des saints. Pour elle ils ont volontiers accepté l'exil, ceux qui alors se sont montrés de saints évêques, à savoir Denys, à cause de cela serviteur de Dieu, un homme instruit par l'enseignement divin, et ceux de sainte mémoire qui ont suivi son exemple, Libère, l'évêque de l'Eglise romaine, de même Eusèbe de Verceil, Hilaire de Gaule, pour ne pas parler de ceux, nombreux, qui ont pu préférer être fixés sur la croix plutôt que de blasphémer Dieu le Christ comme y poussait l'hérésie arienne, ou d'appeler le Fils de Dieu, Dieu le Christ, une créature du Seigneur.

( Suit la condamnation des livres d'Origène d'Alexandrie Traduits en latin par Ruffin, voir 353 )
 
 
 

INNOCENT Ier : 21 (22 ?)

décembre 402 -12 mars

 

Lettre " Etsi tibi " à l'évêque Victrice de Rouen, 15 février 404.

Baptême des hérétiques

211
(Chap. 8, Par 11) (Il est bon de veiller)... à ce que ceux qui viennent des novatiens ou des montanistes soient reçus seulement par l'imposition des mains ; car bien que l'ayant été par des hérétiques, ils ont cependant été baptisés au nom du Christ.
 

Lettre " Consulenti tibi " à l'Evêque Exupère de Toulouse, 20

février 405

212
 

La réconciliation au moment de la mort

(Chap. 2)... Il a été demandé comment il faut se comporter à l'égard de ceux qui, après le baptême, se sont livrés sans relâche à la volupté charnelle et qui, à la fin de leur vie demandent à la fois la pénitence et la réconciliation dans la communion.
A leur endroit la prescription ancienne est plus sévère ; l'autre, récente, plus douce, par mesure de miséricorde. En effet suivant l'ancienne coutume on tenait à ce que leur soit accordée la pénitence, mais que la communion soit refusée. En effet, en ces temps lointains où les persécutions étaient fréquentes l'on refusait à bon droit la communion, de peur qu'en raison d'une paix obtenue trop facilement, les fidèles sûrs de leur réconciliation ne se laissent aller plus encore à l'apostasie ; mais la pénitence leur était accordée pour ne pas tout leur refuser, et la dureté des temps rendait le pardon plus difficile.
Mais après que notre Seigneur eut rendu la paix à ses Eglises et que la terreur fut passée, l'on décida d'accorder la communion aux mourants - laquelle sera comme un viatique, grâce à la miséricorde divine, pour ceux qui vont trépasser, pour ne pas donner l'impression de suivre la dureté et la rigueur de l'hérétique Novatien qui niait la possibilité du pardon. On accordera donc la communion avec la pénitence in extremis : ainsi les hommes dont nous avons parlé, au moins à leurs derniers instants, et avec le consentement de notre Seigneur, seront défendus contre la damnation éternelle.
 

Le canon des saintes Ecritures et les livres apocryphes

213
(Chap. 7) Les livres qui ont été reçus dans le canon sont indiqués dans un bref appendice. C'est là (ce) que tu as désiré te voir indiquer :
Cinq livres de Moïse, c'est-à-dire Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, et un de Josué, un des Juges, quatre livres des Rois, en même temps Ruth, seize livres des Prophètes, cinq livres de Salomon, le Psautier.
De même les livres des histoires : un livre de Job, un de Tobie, un d'Esther, un de Judith, deux des Maccabées, deux d'Esdras, deux des Chroniques.
De même ceux du Nouveau Testament : quatre des évangiles, 13 (14) épîtres de l'apôtre Paul, trois épîtres de Jean, deux épîtres de Pierre, (une épître de Jude), une épître de Jacques, les Actes des Apôtres, l'Apocalypse de Jean.
Quant au reste, qui figure soit sous le nom de Matthieu ou sous celui de Jacques le Mineur, soit sous celui de Pierre et de Jean, ce qui a été écrit par un certain Leukios, (ou sous le nom d'André, ce qui l'a été par les philosophes Xenocharides et Léonidas,) ou sous le nom de Thomas, et s'il existe d'autres écrits, non seulement il faut le rejeter, mais comme tu le sais, le condamner.
 

Lettre " Magna me gratulatio ". à Rufus et à d'autres évêques

de Macédoine, 13 d

La forme du baptême

214
(On explique pourquoi selon les canons 8 et 19 de Nicée Can.127-128 il faut rebaptiser les paulianistes qui reviennent à l'Eglise mais non les novatiens :)

(Chap. 5, Par 10) Qu'il existe une distinction entre ces deux hérésies, la raison le fait apparaître, car les paulianistes ne baptisent pas du tout au nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint, et les novatiens baptisent dans ces mêmes noms redoutables et vénérables, et chez eux jamais n'a été mise en cause l'unité de la puissance divine, c'est-à-dire du Père et du Fils et de l'Esprit Saint.
 

Lettre " Si instituta ecclesiastica " à l'évêque Decentius de

Gubbio, 19 mars 41

Le ministre de la confirmation.

215
(Chap. 3, Par 6) Pour ce qui est de la confirmation des enfants, on sait qu'elle ne doit pas être faite par un autre que l'évêque. Les presbytres en effet, bien que prêtres du second rang, n'ont pas le degré suprême du pontificat. Que ce pontificat revienne seulement aux évêques, pour qu'ils Consignent ou transmettent l'Esprit Paraclet, non seulement la coutume de l'Eglise l'atteste, mais également ce passage des Actes des Apôtres qui rapporte que Pierre et Jean furent envoyés pour transmettre l'Esprit Saint à ceux qui étaient déjà baptisés (voir Ac 8,14-17 ). Aux presbytres en effet il est permis, lorsqu'ils baptisent soit sans l'évêque, soit en présence de l'évêque, d'oindre les baptisés de chrême, mais qui aura été consacré par l'évêque ; mais non de signer le front avec cette même huile, ce qui revient aux seuls évêques lorsqu'ils transmettent l'Esprit Paraclet. Les paroles cependant je ne puis les dire, pour ne pas sembler révéler (le mystère) plutôt que de répondre à une demande.
 

Onction des malades

216
(Chap. 8, Par. II) Puisque ta charité a voulu consulter au sujet de ceci comme du reste, mon fils, le diacre Célestin, a ajouté dans sa lettre que ta charité mentionnait ce qui est écrit dans l'épître de saint Jacques : " Quelqu'un parmi vous est-il malade? Qu'il appelle les presbytres de l'Eglise et qu'ils prient sur lui, après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S'il a commis des péchés, ils lui seront remis " Jc 5,14-15 . Il n'y a pas de doute qu'il faille l'entendre et le comprendre des fidèles malades qui peuvent être oints de l'huile sainte du chrême, laquelle étant confectionnée par l'évêque, il est permis non seulement aux prêtres, mais aussi à tous les chrétiens d'en user pour faire l'onction, dans leurs nécessités personnelles, ou celles des leurs.
Par ailleurs, cette addition nous semble superflue : on se demande si l'évêque peut faire ce qui est certainement permis aux presbytres. Car la raison pour laquelle on parle des presbytres est que les évêques, empêchés par d'autres occupations, ne peuvent se rendre chez tous les malades. Mais si un évêque en a la possibilité, et s'il juge que quelqu'un mérite d'être visité par lui, il peut le bénir et lui faire l'onction du chrême sans difficulté, puisque c'est lui qui fait le chrême. On ne peut en faire l'onction sur les pénitents, parce qu'elle est de l'ordre du sacrement. Car ceux auxquels on refuse les autres sacrements, comment penser qu'on puisse leur en concéder un de cette espèce ?
 

In requirendis, aux évêques du concile de Carthage, 27 janvier 417.

La prééminence du Siège de Rome

217
(Chap. 1) En Nous consultant sur les choses divines ... fidèles aux exemples de la tradition ancienne, ...vous avez affirmé la vigueur de votre esprit religieux de la vraie façon, pas moins maintenant où vous demandez conseil qu'auparavant lorsque vous vous êtes prononcés, vous qui avez approuvé de vous en rapporter à notre jugement, sachant ce qui est dû au Siège apostolique, puisque Nous tous qui sommes établis en cette place désirons suivre l'Apôtre de qui est issu l'épiscopat et toute l'autorité de ce nom. C'est en le suivant que Nous avons appris à condamner le mal comme à approuver ce qui est louable, comme ce que vous avez estimé dans la vigilance de votre office sacerdotal, à savoir qu'on ne doit pas fouler aux pieds les ordonnances des Pères ; car ceux-ci, dans une pensée plus divine qu'humaine, avaient décrété que n'importe quelle affaire à traiter, fût-ce des provinces les plus éloignées et les plus retirées, ne serait pas considérée comme finie avant d'avoir été portée à la connaissance de ce Siège, pour qu'il confirmât de toute son autorité les justes sentences et que les autres Eglises - comme les eaux qui jaillissent de leur source originelle et qui s'écoulent dans toutes les régions du monde par de purs ruisseaux venus de la source non corrompue - reçoivent de lui ce qu'elles prescriront et sachent qui elles doivent purifier et qui, souillé d'une fange ineffaçable, ne recevra pas l'eau digne des corps purs.
 

Lettre " Inter ceteras Ecclesiae Romanae " à Silvanus

et aux autre pères du concile de Milève, 27 janvier 417.

La prééminence du Siège romain

218
(Chap. 2) Avec diligence donc, et comme il convient, vous avez consulté les arcanes de la charge apostolique - de la charge, dis-je, de celui à qui appartient " en dehors des choses extérieures, la sollicitude de toutes les Eglises " 2Co 11,28 - au sujet de la position à tenir dans des questions douteuses, et vous vous êtes conformé en cela à ce qui est la règle ancienne, laquelle, vous le savez, a toujours été observée avec moi par l'univers entier... Pourquoi avez-vous aussi confirmé cela par votre agir, si ce n'est parce que vous savez que des réponses coulent toujours de la source apostolique dans toutes les provinces, pour ceux qui en font la requête ? Surtout chaque fois qu'est débattue une affaire de foi, je pense que tous nos frères et coévêques ne doivent en référer Pierre, c'est-à-dire au garant de son nom et de sa charge, comme l'a fait maintenant Votre Charité pour demander ce qui peut être profitable à toutes les Eglises ensemble dans le monde entier. Elles doivent en effet devenir plus prudentes, lorsqu'elles voient que, selon la relation du double synode, les inventeurs du mal sont séparés de la communion de par les déterminations de notre jugement.
 

La nécessité du baptême

219
(Chap. 5) ... que les petits enfants peuvent, même sans la grâce du baptême, jouir des récompenses de la vie éternelle, cela est stupide au plus haut point. Si, en effet, ils ne mangent pas la chair du Fils de l'homme et ne boivent pas son sang, ils n'auront pas la vie en eux (voir Jn 6,53 ). Ceux qui soutiennent que ces enfants l'auront sans être renés, me paraissent vouloir rendre vain le baptême lui-même, en prêchant qu'ils ont ce que la foi professe ne pouvoir leur être conféré que par le baptême.
Si donc, comme ils le veulent, il n'y a aucune fâcheuse conséquence à ne pas renaître, il leur faut aussi professer que les saintes eaux de la nouvelle naissance ne servent à rien. Mais, la vérité peut avoir rapidement raison de la doctrine erronée de ces hommes vains avec les paroles que le Seigneur dit dans l'Evangile : " Laissez venir à moi les petits enfants et ne les empêchez pas ; car c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume des cieux. (voir Mt 19,14 Mc 10,14 Lc 18,16 .
 
 
 

ZOSIME : 18 mars 417-26

décembre 418

 

Lettre "Quamvis Patrum" au concile de Carthage, 21 mars 418.

L'autorité doctrinale de l'évêque de Rome

221
(N. 1) Bien que la tradition des pères ait reconnu au Siège apostolique une telle autorité que personne n'a osé mettre en cause son jugement, et qu'elle ait toujours observé cela par des canons et des règles, et que, par ses lois, la discipline ecclésiastique en vigueur jusqu'ici manifeste au nom de Pierre, dont elle descend elle-même, la révérence qui convient : ...(3) Bien que donc Pierre soit l'origine d'une telle autorité et que les décrets suivants de tous les anciens confirment que l'Eglise romaine est affermie par toutes les lois et coutumes aussi bien humaines que divines - et vous ne l'ignorez pas, mais vous l'avez appris, frères très chers, et comme prêtres vous devez savoir que Nous en dirigeons la région et que nous détenons aussi le pouvoir de son nom - : (4) et alors que Nous aurions une telle autorité que personne ne pourrait débattre encore une fois de notre décision, Nous n'avons rien fait cependant que Nous n'aurions pas, de notre propre mouvement, porté à votre connaissance par notre lettre ; concédant cela à la fraternité et consultant ensemble, non pas parce que Nous n'aurions pas su ce qui doit être fait, ou que Nous aurions fait quelque chose qui déplairait parce que cela irait contre l'utilité de l'Eglise, mais Nous voulions avoir traité ensemble avec vous à son sujet (de Célestin qui est accusé).
 

15eme (ou 16eme) concile de Carthage, commencé le 1er mai 418.

Péché originel

222
Can. 1, Il a été décidé par tous les évêques.,. rassemblé au saint concile de Carthage : Quiconque dit qu'Adam, premier homme, a été créé mortel de telle sorte que, qu'il péchât ou non, il devait mourir corporellement, c'est-à-dire que quitter son corps ne serait pas une conséquence du péché mais une nécessité de nature, qu'il soit anathème.

223
Can. 2. Il a été décidé de même : Quiconque nie que les tout- petits doivent être baptisés, ou dit que c'est pour la rémission des péchés qu'on les baptise, mais qu'ils n'ont rien, eux du péché originel d'Adam que le bain de la régénération aurait à expier, ce qui a pour conséquence que pour eux la formule du baptême " en rémission des péchés " , n'a pas un sens vrai mais faux, qu'il soit anathème. Car on ne peut pas comprendre autrement ce que dit l'Apôtre : " Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort, et ainsi la mort a passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui " Rm 5,12 sinon de la manière dont l'Eglise catholique répandue par toute la terre l'a toujours compris. C'est en effet à cause de cette règle de foi que même les tout-petits, qui n'ont pas pu commettre encore par eux-mêmes quelque péché, sont cependant vraiment baptisés en rémission des péchés pour que la régénération purifie en eux ce que la génération leur a apporté.

224
Can. 3. Il a été décidé de même : Quiconque dit que le Seigneur a dit " Dans la maison de mon Père il y a plusieurs demeures " Jn 14,2 pour qu'on comprenne qu'il y a dans le Royaume des cieux un certain lieu, se trouvant au milieu ou ailleurs, où vivent bienheureux les petits enfants qui ont quitté cette vie sans le baptême sans lequel ils ne peuvent pas entrer dans le Royaume des cieux qui est la vie éternelle, qu'il soit anathème. Car puisque le Seigneur dit : " A moins que quelqu'un soit rené d'eau et d'Esprit Saint, il n'entre pas dans le Royaume des cieux " Jn 3,5 : quel catholique doutera que sera un compagnon du diable celui qui n'a pas mérité d'être cohéritier du Christ ? Celui en effet qui n'est pas à droite se trouvera sans nul doute placé à gauche.
 

Grâce

225
Can. 3. Il a été décidé de même : Quiconque dit que la grâce de Dieu, qui justifie l'homme par notre Seigneur Jésus Christ, vaut uniquement pour la rémission des péchés déjà commis, mais non pour aider à n'en plus commettre, qu'il soit anathème.

226
Can. 4. De même : Quiconque dit que cette même grâce de Dieu par notre Seigneur Jésus Christ nous aide à ne plus pécher en ce sens seulement qu'elle nous révèle et nous ouvre l'intelligence des commandements, en sorte que nous sachions ce que nous devons désirer et ce que nous devons éviter, mais qu'elle ne nous donne nullement l'amour et la force de faire aussi ce que nous avons reconnu comme notre devoir, qu'il soit anathème. Car, puisque l'Apôtre dit : " La science enfle, mais la charité édifie " 1Co 8,1 , il est très impie de croire que nous avons la grâce du Christ pour la science qui enfle et que nous ne l'avons pas pour la charité qui édifie, puisque c'est également un don de Dieu de savoir ce que nous devons faire et d'avoir l'amour pour le faire. Ainsi, la charité qui édifie empêche que la science ne nous enfle. Comme il est écrit de Dieu : " Il enseigne la science à l'homme " Ps 94,10 , il est aussi écrit : " La charité vient de Dieu " 1Jn 4,7 .

227
Can. 5. 11 a été décidé de même : Quiconque dit que la grâce de la justification nous est précisément donnée pour pouvoir accomplir plus facilement par elle ce que nous devons faire par notre libre arbitre, en sorte que, si la grâce n'était pas donnée, nous pourrions pourtant, quoique avec moins de facilité, observer sans elle les commandement de Dieu, qu'il soit anathème.
Lorsqu'il parle du fruit des commandements, le Seigneur ne dit pas : " Sans moi, vous pouvez le faire plus difficilement ", mais: " Sans moi, vous ne pouvez rien faire " Jn 15,5 .

228
Can. 6. Il a été décidé de même : l'apôtre saint Jean dit : " Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous abusons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous. 1Jn 1,8 . Quiconque pense qu'il faut l'entendre ainsi : c'est humilité que l'on doit dire que nous avons le péché, mais non parce que c'est la vérité, qu'il soit anathème. Car l'apôtre ajoute immédiatement : " Si nous confessons nos péchés il est assez fidèle et juste pour remettre nos péchés et nous purifier de toute injustice " 1Jn 1,9 . Ce passage fait suffisamment voir que cela n'est pas dit seulement par humilité mais aussi en vérité. Car l'apôtre pouvait dire : " Si disons : nous n'avons pas de péché, nous nous vantons et l'humilité n'est pas en nous " Mais en disant : " Nous nous abusons et la vérité n'est pas en nous ", il montre assez que celui qui se déclare sans péché ne dit pas le vrai, mais le faux.

229
Can. 7. Il a été décidé de même : Quiconque dit que, dans la prière du Seigneur, les saints disent : " Remets-nous nos dettes " Mt 6,12 non pour eux- mêmes, puisqu'ils n'ont déjà plus besoin de faire cette demande, mais pour les autres de leur peuple qui sont pécheurs, et que c'est la raison pour laquelle chacun des saints ne dit pas : " Remets-moi mes dettes " mais " Remets-nous nos dettes " ce qui fait comprendre que le juste demande plus pour autrui que pour lui-même qu'il soit anathème. Ce saint et ce juste était l'apôtre saint Jacques, quand il disait : " Tous, nous péchons en bien des choses " Jc 3,2 Pourquoi ajouter " tous " sinon pour que le mot soit d'accord avec le Psaume où se lit : " N'entre pas en jugement avec ton serviteur. car nul vivant n'est justifié devant toi " Ps 143,2 ; et dans la prière du très sage Salomon : " Il n'y a aucun homme qui n'ait péché " 1R 8,46 et dans le livre du saint homme Job : " Il suspend l'activité des hommes, pour que tout homme reconnaisse sa faiblesse Jb 37,7 ; également le saint et juste Daniel, lorsqu'il disait au pluriel : " Nous avons péché et nous avons commis l'iniquité " , et d'autres paroles qu'il confesse dans la vérité et l'humilité ; pour qu'on ne pense pas, comme certains le croient, qu'il parle alors non pas de ses péchés, mais plutôt de ceux de son peuple, il ajoute: " Quand... je priais et que je confessais mes péchés et les péchés de mon peuple " au Seigneur, mon Dieu, il n'a pas voulu dire " nos péchés " mais il a dit les " péchés de son peuple " et les " siens " car, prophète, il voyait par avance qu'il se trouverait des hommes qui le comprendraient bien mal.

230
Can. 8. Il a été décidé de même : Ces paroles de la prière du Seigneur où nous disons : " Remets-nous nos dettes " Mt 6,12 , tous ceux qui veulent que les saints les disent par humilité et non en vérité, qu'ils soient anathèmes. Qui donc admettrait que quelqu'un qui prie mente, non seulement aux hommes, mais au Seigneur lui-même, en déclarant de ses lèvres qu'il veut qu'il lui soit pardonné, et qui dit en son coeur qu'il n'a pas de dettes à se faire remettre.
 

Epistula tractoria aux Eglises orientales, entre juin et août 418.

Le péché originel

231
Le Seigneur est fidèle dans ses paroles Ps 145,13 , et son baptême, en sa réalité et en ses paroles, c'est-à-dire par ce qui est fait, par la confession de foi et par la vraie rémission des péchés, contient la même plénitude pour tout sexe, tout âge et toute condition de l'homme. Nul en effet ne devient libre s'il n'est esclave du péché, et ne peut être dit sauvé que celui qui auparavant était véritablement captif du péché, comme il est écrit : " Si le Fils vous a libérés, vous serez vraiment libres ". Jn 8,36 . Par lui en effet nous renaissons spirituellement, par lui nous sommes crucifiés au monde. Par sa mort est déchiré ce décret de mort (voir Col 2,14 ) qui a été contracté par propagation, et qui a été introduit par Adam pour nous tous et transmis à toute âme - décret auquel tous ceux, sans exception, qui sont nés sont soumis avant d'être libérés par le baptême.
 
 
 

BONIFACE Ier : 29 décembre

418-4 septembre 422

 

Lettre " Retro maioribus " à l'évêque Rufus de Thessalie, 11

mars 422.

La prééminence du Siège romain

232
(Chap. 2).. Nous avons envoyé au synode (de Corinthe)... des directives écrites pour que tous les frères comprennent qu'on ne doit pas débattre à nouveau de ce que nous avons jugé. Jamais en effet il n'a été permis de traiter à nouveau de ce qui a été décidé une fois par le Siège apostolique.
 

Lettre " Institutio " aux évêques de Thessalie, 11 mars 422.

La prééminence du Siège romain

233
(Chap. 1). L'institution de l'Eglise universelle naissante prit son départ dans le titre d'honneur du bienheureux Pierre en qui consiste son gouvernement et son couronnement. C'est de sa source en effet qu'a coulé la discipline dans toutes les Eglises, lorsque la vénération de la religion croissait déjà. Les préceptes du concile de Nicée n'attestent rien d'autre ; il n'a pas osé en effet établir quelque chose au-dessus de lui, car il voyait que rien ne pouvait être placé au-dessus de son rang, et enfin il savait que tout lui était accordé par la parole du Seigneur. Cette (Eglise romaine) est donc avec certitude pour toutes les Eglises répandues par le monde entier comme la tête de ses membres ; si quelqu'un se sépare d'elle, qu'il soit éloigné de la religion chrétienne, puisqu'il a cessé de se trouver dans ce même assemblage.
 

Lettre " Manet beatum " à Rufus et aux autres évêques de

Macédoine, etc., 11 mar

La prééminence du Siège romain

234
Demeure au bienheureux apôtre Pierre, de par la parole du Seigneur, la sollicitude reçue de lui pour l'ensemble de l'Eglise, laquelle, comme il le sait, a été fondée sur lui selon le témoignage de l'Evangile. Et jamais une position d'honneur ne peut être exempte de soucis, puisqu'il est sûr que toutes choses dépendent de sa réflexion. ... Qu'il n'arrive pas aux prêtres du Seigneur que l'un d'entre eux tombe dans la faute de tenter quelque chose par une usurpation nouvelle, et qu'il devienne l'ennemi des décisions des anciens, alors qu'il sait qu'il a pour rival en particulier celui auprès de qui notre Christ a placé le souverain sacerdoce ; et quiconque se dresse pour l'outrager ne pourra être un habitant du Royaume des cieux. " A toi, dit-il, je donnerai les clés du Royaume des cieux " Mt 16,19 dans lequel nul n'entrera sans la faveur du portier.

235
Puisque le lieu l'exige, recensez s'il vous plaît les déterminations des canons, et vous trouverez quel est après l'Eglise romaine le deuxième siège, et quel est le troisième. ... Jamais personne n'a levé la main avec audace contre l'éminence apostolique dont il n'est pas permis de réviser le jugement, personne ne s'est dressé contre elle s'il ne voulait pas être jugé. Les dites grandes Eglises observent les dignités par les canons : celles d'Alexandrie et d'Antioche (voir le 1er concile de Nicée, can. 6) ; car elles ont connaissance du droit de l'Eglise. Elles observent, dis-je, les décisions des anciens, en accordant leur bonne grâce en toutes choses comme ils reçoivent cette grâce en retour : celle dont ils savent qu'ils Nous la doivent dans le Seigneur qui est notre paix.
Mais puisque la chose le demande, on montrera par des documents que les Eglises des Orientaux surtout, dans les grandes affaires qui rendaient nécessaire un débat de plus grande ampleur, ont toujours consulté le Siège romain et lui ont demandé aide chaque fois que cela était nécessaire.
(suivent des exemples d'appels et de requêtes dans l'affaire d'Athanase et de Pierre d'Alexandrie, de l'Eglise d'Antioche, de Nectaire de Constantinople et des Orientaux séparés au temps d'Innocent Ier.)
 
 
 

CELESTIN Ier : 10

septembre 422 - 27 juil

 

Lettre Cuperemus quidem aux évêques des provinces de Vienne

et de Narbonne, 26 juillet 428.

La réconciliation à l'heure de la mort

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2) Nous avons appris que la pénitence était refusée aux mourants, et que l'on ne répondait pas aux désirs de ceux qui, au moment de leur mort, désiraient qu'on vienne en aide à leur âme par ce remède. Nous restons horrifiés, nous l'avouons, devant l'impiété de ceux qui osent mettre en doute la bonté de Dieu. Comme si Dieu ne pouvait pas secourir tous les pécheurs qui se tournent vers lui, à n'importe quel moment, et comme s'il ne pouvait pas délivrer l'homme, chancelant sous le poids de ses péchés, du fardeau dont il souhaite être débarrassé. Je vous le demande : que signifie ceci , sinon apporter une nouvelle mort à celui qui va mourir et tuer son ame, en se comportant de telle sorte qu'elle ne puisse plus être purifiée ? Or Dieu est toujours disposé au pardon ; il invite à la pénitence et déclare : " Le pécheur, quel que soit le jour où il se sera converti, son péché ne lui sera plus imputé " Ez 33,16 . ... Puisque c'est Dieu qui sonde les coeurs, il ne faut refuser à aucun moment la pénitence à qui la demande. ...
 

Lettre " Apostolici verba ". aux évêques de Gaule. mai 431.

L'autorité d'Augustin.

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Chap. 2. Augustin, homme de sainte mémoire par sa vie et ses mérites, nous l'avons toujours eu en communion avec nous et jamais ne fût-ce que la rumeur d'une suspicion ne l'a atteint ; et nous nous souvenons qu'il avait en son temps un si grand savoir, qu'auparavant déjà mes prédécesseurs l'ont toujours considéré comme faisant partie des maîtres les meilleurs.
 

Chapitres pseudo-célestiniens ou " Indiculus ".

La grâce

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Puisque certains, qui tirent gloire du nom de catholiques, en demeurant par méchanceté ou par ignorance, dans les idées condamnées des hérétiques, osent s'opposer aux pieux argumentateurs, et que, tout en condamnant sans hésitation Pélage et Célestius, ils accusent faussement nos maîtres d'avoir dépassé la mesure nécessaire et qu'ils déclarent vouloir uniquement suivre et reconnaître ce que le très saint Siège du bienheureux apôtre Pierre a, par le ministère de ses évêques, sanctionné et enseigné contre les ennemis de la grâce de Dieu, il a fallu rechercher exactement le jugement des chefs de l'Eglise romaine sur l'hérésie qui avait surgi de leur temps, et les idées qu'ils ont estimé nécessaire d'avoir sur la grâce de Dieu contre les très néfastes défenseurs du libre arbitre. Nous y avons joint aussi quelques sentences des conciles africains : celles que les évêques Apostoliques ont certainement faites leurs en les approuvant. Pour que donc ceux qui doutent en quelque point puissent s'instruire plus complètement, nous publions, en un bref résumé (Indiculus), les constitutions des saints pères. Celui qui n'est pas trop porté à la dispute pourra reconnaître que le résultat de toutes ces discussions est inclus dans les phrases brèves des autorités alléguées et qu'il ne lui reste plus motif à contredire, s'il croit et dit avec les catholiques.

239
Chap. 1. Dans la prévarication d'Adam, tous les hommes ont perdu leur pouvoir naturel et leur innocence, et aucun ne peut, par son libre arbitre, remonter de l'abîme de cette ruine si la grâce du Dieu qui fait miséricorde ne le relève, comme le déclare le pape Innocent, d'heureuse mémoire, dans son épître au concile de Carthage : " Victime un jour de son libre arbitre, en usant de ses biens inconsidérément, l'homme tombe dans les profondeurs de la prévarication, où il s'enfonce, et il ne trouve rien qui puisse lui permettre d'en sortir. Trompé pour toujours par sa liberté, il demeurerait écrasé sous le poids de cette ruine si ensuite ne le relevait, par sa grâce, la venue du Christ, qui a lavé tout péché passé dans le bain du baptême par la purification d'une nouvelle naissance ".

240
Chap. 2. Personne n'est bon par soi-même, si celui qui seul est bon ne le fait participer à lui-même. C'est ce que nous déclare dans la même lettre la sentence du même pape : " Pourrons-nous désormais attendre quelque chose de bon d'esprits qui pensent qu'ils doivent leur bonté à eux-mêmes, sans regarder celui dont ils reçoivent chaque jour la grâce, dans la confiance où ils sont de pouvoir l'obtenir sans lui ? "

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Chap. 3. Personne, même renouvelé par la grâce du baptême, n'est capable de surmonter les embûches du diable, ni de vaincre les concupiscences de la chair, s'il ne reçoit de l'aide quotidienne de Dieu la persévérance dans une bonne vie. C'est ce que confirme la doctrine du même pasteur dans ces mêmes pages où il dit: " Bien que Dieu ait racheté l'homme de ses péchés passés, parce
qu'il sait qu'il y aura des moyens de le redresser, même après ces fautes, en donnant chaque jour ces remèdes sans lesquels, si nous ne nous appuyons pas avec confiance sur eux, nous ne pourrons en aucune façon vaincre nos erreurs humaines. Il est en effet nécessaire que, comme nous sommes vainqueurs avec son aide, sans son aide, nous soyons vaincus ".

242
Chap. 4. Que personne n'use de son libre arbitre, sinon grâce au Christ, le même maître l'a déclaré dans la lettre envoyée au concile de Milève 219 : " Prends garde enfin, perverse doctrine d'esprits très pervertis, que sa liberté même a si bien trompé le premier homme que, tandis qu'il s'est servi plus mollement de son frein, sa présomption l'a fait tomber dans la prévarication. Il n'eût pu en être délivré si, dans le dessein de le régénérer, la venue du Christ n'avait restauré l'état de la liberté première ".

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Chap. 5. Tous les efforts, toutes les oeuvres et tous les mérites des saints doivent être rapportés à la gloire et à la louange de Dieu. Personne ne lui plaît sinon grâce à ce qu'il a donné lui-même. C'est vers cette idée que nous dirige l'autorité décisive du pape Zosime, d'heureuse mémoire, lorsque, écrivant aux évêques de l'univers entier, il dit : " Pour nous, c'est par une motion divine (tous les biens doivent être en effet rapportés à leur auteur, de qui ils proviennent) que nous avons tout remis à la conscience de nos frères et collègues les évêques ". Les évêques d'Afrique vénérèrent avec tant d'honneur cette parole, où rayonnait la lumière d'une très sincère vérité, qu'ils écrivirent ainsi à leur auteur : " Cette phrase des lettres que vous avez pris soin d'envoyer à toutes les provinces, en disant : " Pour nous, c'est par une motion divine, etc. ", nous avons considéré que vous la disiez pour pourfendre rapidement, comme en passant, avec le glaive dégainé de la vérité, ceux qui exaltent la liberté du libre arbitre contre l'aide de Dieu. Qu'avez-vous fait avec un si libre arbitre sinon tout rapporter à notre humble conscience ? Et cependant, vous avez vu avec sincérité et sagesse que vous faisiez cela par une motion divine, et vous l'avez dit avec véracité et courage. C'est pourquoi, puisque " la volonté est préparée par le Seigneur " Pr 8,35 LXX ; voir Can.374, lui-même touche les coeurs de ses fils par ses inspirations paternelles, pour qu'ils fassent quelque bien. " Car tous ceux qu'anime l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu " Rm 8,14 ; ainsi, nous ne pensons pas que notre libre arbitre nous manque et nous ne doutons pas que, dans chacun des bons mouvements de la volonté humaine, l'aide du Saint-Esprit ne soit prévalente ".

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Chap. 6. Dieu agit dans le coeur des hommes et dans le libre arbitre lui- même, de sorte qu'une sainte pensée, un pieux dessein et tout mouvement de volonté bonne viennent de Dieu : nous pouvons quelque bien grâce à celui sans lequel nous ne pouvons rien Jn 15,5 . Le même docteur, Zosime, nous a formés à le dire, lorsqu'il parlait aux évêques de l'univers entier du secours de la grâce divine : " Y a-t-il donc un temps, dit-il, où nous n'ayons pas besoin de son secours ? En tout acte, toute situation, toute pensée, tout mouvement, notre aide et protecteur doit être invoqué ". C'est orgueil, pour la nature humaine, de se targuer de quelque chose, alors que l'Apôtre proclame : " Ce n'est pas contre des adversaires de chair et de sang que nous avons à lutter, mais contre les principautés et les puissances de l'air, contre les esprits du mal des espaces célestes " Ep 6,12 . Et comme il dit encore : " Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps qui me voue à la mort ? La grâce de Dieu par notre Seigneur Jésus Christ " Rm 7,24 . Et encore : " C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n'a pas été stérile ; mais j'ai travaillé plus qu'eux tous : pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi " 1Co 15,10 .

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Chap. 7. Nous acceptons aussi comme un bien propre, pour ainsi dire, du Siège apostolique, ce qui a été décidé dans les décrets du concile de Carthage (418) dans son troisième chapitre : " Quiconque dit que la grâce de Dieu, qui justifie l'homme par notre Seigneur Jésus-Christ, vaut uniquement pour la rémission des péchés déjà commis, mais non pour aider à n'en plus commettre, qu'il soit anathème. "
Et de nouveau dans le quatrième chapitre : " Quiconque dit que la grâce de Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ nous aide à ne plus pécher en ce sens seulement qu'elle nous révèle et nous ouvre l'intelligence des commandements, en sorte que nous sachions ce que nous devons désirer et ce que nous devons éviter, mais qu'elle ne nous donne nullement l'amour et la force de faire aussi ce que nous avons reconnu comme notre devoir, qu'il soit anathème. Car, puisque l'Apôtre dit " La science enfle, mais la charité édifie " 1Co 8,1 il est très impie de croire que nous avons la grâce du Christ pour la science qui enfle et que nous ne l'avons pas pour la charité qui édifie, puisque c'est également un don de Dieu de savoir ce que nous devons faire et d'avoir l'amour pour le faire. Ainsi la charité qui édifie empêche que la science nous enfle. Comme il est écrit de Dieu : " Il enseigne la science à l'homme " Ps 94,10 , il est aussi écrit : " La Charité vient de Dieu " 1Jn 4,7 .
Et de même au cinquième chapitre : " Quiconque dit que la grâce de la justification nous est précisément donnée pour pouvoir accomplir plus facilement par elle ce que nous devons faire par notre libre arbitre, en sorte que, si la grâce n'était pas donnée, nous pourrions pourtant, quoique avec moins de facilité, observer sans elle les commandements de Dieu, qu'il soit anathème. Lorsqu'il parle du fruit des commandements, le Seigneur ne dit pas " Sans moi vous pouvez le faire plus difficilement ", mais : " Sans moi, vous ne pouvez rien faire " 1Jn 15,5 .

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Chap. 8. Outre ces décisions inviolables du très saint Siège apostolique par lesquelles nos saints pères, en rejetant l'orgueil de cette néfaste nouveauté, ont enseigné que les commandements de la bonne volonté, l'accroissement des efforts louables et la persévérance en eux jusqu'à la fin sont à attribuer à la grâce du Christ, considérons aussi les mystères des prières dites par les prêtres. Transmis par les apôtres, ils sont célébrés uniformément dans le monde entier et dans toute l'Eglise catholique, pour que la loi de la prière constitue la loi de la foi.
Lorsque ceux qui président aux saintes assemblées accomplissent la mission qui leur a été confiée, ils présentent à la clémence divine la cause du genre humain et, toute l'Eglise gémissant avec eux, ils demandent et ils prient pour que la foi soit donnée aux infidèles, pour que les idolâtres soient délivrés des erreurs qui les laissent sans Dieu, pour que le voile qui couvre le coeur des Juifs disparaisse, et que la lumière de la vérité luise sur eux, pour que les hérétiques se repentent et acceptent la foi catholique, pour que les schismatiques reçoivent l'esprit d'une charité ranimée, pour qu'à ceux qui sont tombés soient donnés les remèdes de la pénitence, pour qu'enfin aux catéchumènes conduits aux sacrements de la régénération soit ouvert le palais de la miséricorde céleste.
Ces demandes ne sont pas adressées à Dieu formellement ni vainement : les faits le montrent effectivement. Car Dieu daigne attirer nombre de victimes de toutes sortes d'erreurs ; " arrachés à la puissance des ténèbres, il les fait passer dans le Royaume de son Fils bien-aimé " Col 1,13 et, " de vases de colère ", il en fait " des vases de miséricorde " Rm 9,22-23 . Tout cela est si fortement ressenti comme l'oeuvre de Dieu que l'action de grâces continuelle et la louange de sa gloire sont adressées à Dieu qui fait ces choses, pour avoir illuminé et corrigé ces hommes.

247
Chap. 9. Contemplons aussi d'un regard diligent ce que la sainte Eglise fait uniformément pour les baptisés dans le monde entier. Quand des enfants ou des adolescents viennent au sacrement de la régénération, ils n'accèdent pas à la fontaine de vie avant que l'esprit immonde n'ait été expulsé d'eux par les exorcismes et les exsufflations des prêtres ; afin que soit vraiment mis en lumière comment " le prince de ce monde est jeté dehors " Jn 12,31 comment " d'abord l'homme fort est ligoté " Mt 12,29 , comment ensuite " on lui prend ses biens " Mc 3,27 passés en possession du vainqueur qui " a emmené captive la captivité " Ep 4,8 et qui " fait des dons aux hommes " Ps 68,19
 

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Ces règles de l'Eglise et ces preuves fondées sur l'autorité divine nous ont tellement confirmés, avec l'aide du Seigneur, que nous professons que Dieu est l'auteur de tous les bons mouvements et des bonnes actions, de tous les efforts et de toutes les vertus qui, depuis les commencements de la foi, nous font tendre vers Dieu. Nous ne doutons pas que sa grâce prévienne tous les mérites de l'homme. Par lui, nous commençons à " vouloir " et à " faire " quelque bien Ph 2,13

Cette aide et ce secours de Dieu n'enlèvent certes pas le libre arbitre, mais ils le libèrent, pour que d'obscur il soit lumineux, de pervers il soit droit, de languissant il soit sain, d'imprudent il soit sage. Si grande est en effet la bonté de Dieu pour tous les hommes qu'il veut que nos mérites soient ses propres dons, et qu'il nous donnera une récompense éternelle pour ce qu'il nous a prodigué. Il agit en nous pour que nous voulions et fassions ce qu'il veut, et il ne souffre pas que demeure en nous inactif ce qu'il nous a donné pour nous en servir. non pas pour le négliger. afin que nous soyons aussi les coopérateurs de la grâce de Dieu. Si nous voyons quelque chose s'alanguir en nous par suite de notre lâcheté, recourons instamment à celui qui guérit toutes nos langueurs et rachète notre vie de la mort Ps 103,3-4 , lui à qui nous disons chaque jour : " Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du mal " Mt 6,13
 

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Chap. 10. Pour les points plus profonds et plus difficiles des questions qui se posent, et qu'ont traitées au plus large ceux qui ont résisté aux hérétiques, nous n'osons pas les mépriser, pas plus que nous ne jugeons nécessaire de les alléguer, car pour confesser la grâce de Dieu, à l'oeuvre miséricordieuse de qui rien absolument ne saurait échapper, nous croyons suffisant ce que ces écrits nous ont enseigné, en accord avec les règles du Siège apostolique déjà mentionnées, si bien que nous ne considérons plus comme catholique ce qui se présenterait comme contraire aux sentences déterminées ci-avant.
 
 
 

Concile d'EPHESE (3e Oecuménique)

22 juin -

septembre 431

 

1ere session des cyrilliens, 22 juin 431.

a) 2eme lettre de Cyrille d'Alexandrie à Nestorius
 
 

source: catho.org

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