1527
De cette disposition il est écrit : "Celui qui approche de Dieu
doit croire qu'il est et qu'il récompense ceux qui le cherchent"
He 11,6 , et: "Aie confiance, mon fils, tes péchés
te sont remis" Mt 9,2 , et "La crainte du Seigneur chasse les péchés"
Si 1,27 , et: "Faites pénitence et que chacun de vous soit
baptisé au nom de Jésus Christ, pour la rémission
de ses péchés, et vous recevrez le don de l'Esprit Saint
" Ac 2,38 , et "Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant
au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à
observer tout ce que je vous ai commandé Mt 28,19-20 et :
"Préparez vos coeurs pour le Seigneur " 1S 7,3 .
1529
Les causes de cette justification sont celles-ci : cause finale, la
gloire de Dieu et du Christ, et la vie éternelle ; cause efficiente
: Dieu qui, dans sa miséricorde, lave et sanctifie gratuitement
1Co 6,11 par le sceau et l'onction 2Co 1,21-22 de l'Esprit
Saint promis "qui est le gage de notre héritage" Ep 1,13-14 ;
cause méritoire : le Fils unique bien-aimé de Dieu, notre
Seigneur Jésus Christ qui, "alors que nous étions ennemis"
Rm 5,10 , "à cause du grand amour dont il nous a aimés"
Ep 2,4 , par sa très sainte Passion sur le bois de la croix
nous a mérité la justification 1560 et a satisfait pour nous
à Dieu son Père ; cause instrumentale, le sacrement du baptême,
"sacrement de la foi" sans laquelle il n'y a jamais eu de justification
pour personne.
Enfin l'unique cause formelle est la justice de Dieu, "non pas celle
par laquelle il est juste lui-même, mais celle par laquelle elle
nous fait justes " 1560-1561, c'est-à-dire celle par laquelle, l'ayant
reçue en don de lui, nous sommes "renouvelés par une transformation
spirituelle de notre esprit" Ep 4,23 nous ne sommes pas seulement
réputés justes, mais nous sommes dits et nous sommes vraiment
justes 1Jn 3,1 , recevant chacun en nous la justice, selon la mesure
que l'Esprit Saint partage à chacun comme il le veut 1Co 12,11
et selon la disposition et la coopération propres à chacun.
1530
En effet, bien que personne ne puisse être juste que si les mérites
de la Passion de notre Seigneur Jésus Christ lui sont communiqués,
c'est cependant ce qui se fait dans la justification de l'impie, alors
que, par le mérite de cette très sainte Passion, la charité
de Dieu est répandue par l'Esprit Saint dans les coeurs Rm 5,5
de ceux qui sont justifiés et habite en eux 1561. Aussi, avec
la rémission des péchés, l'homme reçoit-il
dans la justification même par Jésus Christ, en qui il est
inséré, tous les dons suivants infus en même temps:
la foi, l'espérance et la charité.
1531
Car la foi à laquelle ne se joignent ni l'espérance ni
la charité n'unit pas parfaitement au Christ et ne rend pas membre
vivant de son corps. Pour cette raison, l'on dit en toute vérité
que la foi sans les oeuvres est morte et inutile Jc 2,17-20 1569,
et que dans le Christ Jésus ni la circoncision, ni l'incirconcision
n'ont de valeur, mais la foi "qui opère par la charité" Ga
5,6 Ga 6,15 .
C'est elle que, selon la tradition des apôtres, les catéchumènes
demandent à l'Eglise avant le sacrement du baptême, quand
ils demandent "la foi qui procure la vie éternelle " que, sans l'espérance
et la charité, la foi ne peut procurer. Aussi entendent-ils immédiatement
la parole du Christ : " Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements
" Mt 19,17 1568-1570. C'est pourquoi lorsqu'ils reçoivent
la justice véritable et chrétienne, cette première
robe Lc 15,22 qui leur est donnée par le Christ à
la place de celle que, par sa désobéissance, Adam a perdue
pour lui et pour nous, il est ordonné aussitôt à ceux
qui viennent de renaître de la conserver blanche et sans tache, pour
l'apporter devant le tribunal de notre Seigneur Jésus Christ et
avoir la vie éternelle.
1534
Mais il ne faut pas non plus affirmer que tous ceux qui ont été
vraiment justifiés doivent être sans aucune hésitation
convaincus en eux- mêmes qu'ils ont été justifiés,
ni que personne n'est absous de ses péchés et justifié,
sauf celui qui croit avec certitude qu'il a été absous et
justifié, et que c'est par cette seule foi que se réalise
l'absolution et la justification 1564, comme si celui qui ne croit pas
cela mettait en doute les promesses de Dieu et l'efficacité de la
mort et de la Résurrection du Christ. En effet, de même qu'aucun
homme pieux ne doit mettre en doute la miséricorde de Dieu, les
mérites du Christ, la vertu et l'efficacité des sacrements,
de même quiconque se considère lui-même, ainsi que sa
propre faiblesse et ses mauvaises dispositions, peut être rempli
d'effroi et de crainte au sujet de sa grâce 1563, puisque personne
ne peut savoir, d'une certitude de foi excluant toute erreur, qu'il a obtenu
la grâce de Dieu.
1537
Bien qu'en cette vie mortelle, aussi saints et justes qu'ils soient,
ils tombent parfois au moins dans les péchés légers
et quotidiens, qu'on appelle aussi véniels 1573, ils ne cessent
pas pour autant d'être justes. En effet l'expression humble et authentique
des justes est celle-ci : "Remets-nous nos dettes" Mt 6,12 229 ss..
C'est pourquoi les justes eux-mêmes doivent se sentir d'autant
plus obligés à marcher dans la voie de la justice que, désormais
" libérés du péché, devenus serviteurs de Dieu
" Rm 6,22 , vivant "dans la tempérance, la justice et la
piété " Tt 2,12 , ils peuvent progresser par le Christ
Jésus qui leur a ouvert l'accès à cette grâce
Rm 5,2 . Car ceux qu'il a justifiés une fois, "Dieu ne les
abandonne pas, à moins qu'il ne soit d'abord abandonné par
eux".
1538
C'est pourquoi personne ne doit se rassurer dans la foi seule 1559
; 1569 ; 1570, pensant que par la foi seule il a été constitué
héritier et obtiendra l'héritage, même s'il ne souffre
pas avec le Christ pour être glorifié avec lui Rm 8,17
. Car le Christ lui-même (comme le dit l'Apôtre), "tout
Fils de Dieu qu'il fût, a appris par ses souffrances à obéir,
et, ayant tout accompli, est devenu cause de salut éternel pour
tous ceux qui lui obéissent" He 5,8-9 .
C'est pourquoi l'Apôtre lui-même avertit ceux qui ont été
justifiés en ces termes : " Ne savez-vous pas que, dans les courses
du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix ? Courez de manière
à le remporter. Pour moi, donc, c'est ainsi que je cours, non à
l'aventure ; c'est ainsi que je combats, non comme en frappant dans le
vide. Mais je châtie mon corps et je le réduis en esclavage,
de peur qu'après avoir prêché aux autres je ne sois
moi-même éliminé" 1Co 9,24 ss. Et Pierre, le
prince des Apôtres "Appliquez-vous à rendre certaine votre
vocation et votre élection par vos bonnes oeuvres ; en agissant
ainsi vous ne pécherez jamais" 2P 1,10 .
1539
Il est par là évident qu'ils s'opposent à la doctrine
orthodoxe de la religion ceux qui disent que, dans toute bonne action,
le juste pèche au moins véniellement 1575 ; 1481 ss. ou (ce
qui est plus intolérable) mérite les peines éternelles
; de même aussi ceux qui déclarent que les justes pèchent
dans toutes leurs actions, si, voulant secouer en eux l'indolence et s'encourager
à courir dans le stade, ils considèrent, en même temps
que la glorification mise en premier lieu, la récompense éternelle
1576 ; 1581, alors qu'il est écrit : "J'ai disposé mon coeur
à la pratique de tes prescriptions à cause de la récompense"
Ps 118,112 , et que l'Apôtre dit de Moïse qu'il "avait
les yeux fixés sur la récompense He 11,26 .
1543
Aussi faut-il enseigner que la pénitence du chrétien
après une chute est très différente de la pénitence
baptismale. Elle comprend non seulement l'abandon des péchés
et leur détestation, ou "un coeur contrit et humilié" Ps
50,19 mais aussi la confession sacramentelle de ceux-ci, ou du moins
le désir de la faire en temps opportun, l'absolution par un prêtre,
et, de plus, la satisfaction par le jeûne, les aumônes, les
prières et autres pieux exercices de la vie spirituelle, non pour
remettre la peine éternelle - laquelle est remise en même
temps que la faute par le sacrement ou le désir du sacrement -,
mais pour remettre la faute temporelle 1580 qui (comme l'enseigne l'Ecriture
sainte) n'est pas toujours totalement remise, comme elle l'est au baptême,
à ceux qui, ingrats envers la grâce de Dieu qu'ils ont reçue,
ont contristé l'Esprit Saint Ep 4,30 et n'ont pas craint
de violer le Temple de Dieu 1Co 3,17
Il est écrit de cette pénitence : "Souviens-toi d'où
tu es tombé, fais pénitence et reviens à tes premières
oeuvres" Ap 2,51 et aussi : "La tristesse selon Dieu produit une
pénitence pour un salut durable" 2Co 7,10 et encore "Faites
pénitence" Mt 3,2 Mt 4,17 , et "Faites de dignes fruits de
pénitence" Mt 3,8 Lc 3,8 .
1546
Le Christ Jésus lui-même communique constamment sa force
à ceux qui ont été justifiés, comme la tête
aux membres Ep 4,15 , comme le cep aux sarments Jn 15,5 force
qui toujours précède, accompagne et suit leurs bonnes oeuvres
et sans laquelle celles-ci ne pourraient en aucune manière être
agréables à Dieu et méritoires 1552. Aussi faut-il
croire qu'il ne manque rien d'autre aux justifiés eux-mêmes
pour qu'ils soient estimés avoir pleinement satisfait à la
Loi de Dieu, dans les conditions de cette vie, par ces oeuvres qui ont
été faites en Dieu Jn 3,21 , et avoir vraiment mérité
d'obtenir, en son temps, la vie éternelle 1582, si toutefois ils
meurent dans la grâce Ap 14,13 . Le Christ notre Sauveur ne
dit-il pas : " Si quelqu'un boit de l'eau que je lui donnerai, il n'aura
jamais soif ; elle deviendra en lui une source d'eau jaillissant pour la
vie éternelle " Jn 4,14 ?
1547
Ainsi notre justice personnelle n'est pas établie comme venant
personnellement de nous 2Co 3,5 et la justice de Dieu n'est ni méconnue
ni rejetée Rm 10,3 . En effet cette justice est dite nôtre,
parce que nous sommes justifiés par cette justice qui habite en
nous 1560 ; 1561 ; et cette même justice est celle de Dieu, parce
qu'elle est répandue en nous par Dieu et par les mérites
du Christ.
1548
Il ne faut pas omettre ceci : la sainte Ecriture attribue, certes,
une telle valeur aux bonnes oeuvres que le Christ promet que même
celui qui donne à l'un de ses plus petits un verre d'eau fraîche
ne perdra pas sa récompense Mt 10,42 Mc 9,40 ; et l'Apôtre
atteste que notre "légère tribulation d'un instant nous prépare
au-delà de toute mesure un poids éternel de gloire dans les
cieux" 2Co 4,17 Cependant, loin de nous de penser que le chrétien
se confie ou se glorifie en lui-même et non pas dans le Seigneur
1Co 1,31 2Co 10,17 dont la bonté envers les hommes est si
grande qu'il veut que ses dons soient leurs mérites 1582 ; 248.
1549
Et parce que " nous péchons tous en bien des choses Jc 3,2
1573, chacun doit avoir devant les yeux non seulement la miséricorde
et la bonté, mais aussi la sévérité et le jugement,
et l'on ne doit pas se juger soi-même, même si on n'est conscient
d'aucune faute. Car toute la vie des hommes doit être examinée
et jugée non pas par un jugement d'homme, mais par celui de Dieu
" qui éclairera les secrets des ténèbres et rendra
manifestes les secrets des coeurs ; et alors chacun recevra de Dieu la
louange qui lui revient " 1Co 4,4 s., lui qui, comme il est écrit,
" rendra à chacun selon ses oeuvres" Rm 2,6
1550
Après avoir exposé la doctrine catholique concernant
la justification 1583, que chacun recevra fidèlement et fermement
pour être justifié, le saint concile a jugé bon d'y
joindre les canons suivants, pour que tous sachent non seulement ce qu'ils
doivent tenir et suivre, mais aussi ce qu'ils doivent éviter et
fuir.
1552
2. Si quelqu'un dit que la grâce divine venant par Jésus
Christ n'est donnée que pour que l'homme puisse plus facilement
vivre dans la justice et mériter la vie éternelle, comme
si, par le libre arbitre et sans la grâce, il pouvait parvenir à
l'une et à l'autre chose, toutefois péniblement et difficilement
: qu'il soit anathème 1524 ss .
1553
3. Si quelqu'un dit que, sans l'inspiration prévenante du Saint-Esprit
et sans son aide, l'homme peut croire, espérer et aimer, ou se repentir,
comme il le faut, pour que lui soit accordée la grâce de la
justification : qu'il soit anathème 1525.
1554
4. Si quelqu'un dit que le libre arbitre de l'homme, mû et poussé
par Dieu, ne coopère en rien quand il acquiesce à Dieu, qui
le pousse et l'appelle à se disposer et préparer à
obtenir la grâce de la justification, et qu'il ne peut refuser d'acquiescer,
s'il le veut, mais que tel un être inanimé il ne fait absolument
rien et se comporte purement passivement: qu'il soit anathème 1525.
1555
5. Si quelqu'un dit que, après le péché d'Adam,
le libre arbitre de l'homme a été perdu et éteint,
ou qu'il est une réalité qui n'en porte que le nom, bien
plus un nom sans réalité, une fiction enfin introduite par
Satan dans l'Eglise : qu'il soit anathème 1521 ; 1525 ; 1486].
1556
6. Si quelqu'un dit qu'il n'est pas au pouvoir de l'homme de s'engager
dans les voies du mal, mais que ses mauvaises comme ses bonnes actions
sont l'oeuvre de Dieu, non seulement parce qu'il les permet, mais encore
proprement et par lui-même, tellement que la trahison de Judas ne
serait pas moins son oeuvre propre que la vocation de Paul : qu'il soit
anathème.
1557
7. Si quelqu'un dit que toutes les oeuvres accomplies avant la justification,
de quelque façon qu'elles le soient, sont vraiment des péchés
et méritent la haine de Dieu, ou que plus on fait d'efforts pour
se disposer à la grâce, plus on pèche gravement : qu'il
soit anathème 1526.
1558
8. Si quelqu'un dit que la crainte de l'enfer, par laquelle, en nous
affligeant de nos péchés, nous nous réfugions dans
la miséricorde de Dieu ou nous nous abstenons de pécher,
est un péché ou rend les hommes encore pires : qu'il soit
anathème 1526 ; 1456.
1559
9. Si quelqu'un dit que l'impie est justifié par la seule foi,
entendant par là que rien d'autre n'est requis pour coopérer
à l'obtention de la grâce, et qu'il ne lui est en aucune manière
nécessaire de se préparer et disposer par un mouvement de
sa volonté : qu'il soit anathème 1532 ; 1538 ; 1465 ; 1460
ss.
1560
10. Si quelqu'un dit que les hommes sont justifiés sans la justice
du Christ, par laquelle il a mérité pour nous, ou qu'ils
sont formellement justes par cette justice : qu'il soit anathème
1523 ; 1529.
1561
11. Si quelqu'un dit que les hommes sont justifiés ou bien par
la seule imputation de la justice du Christ, ou bien par la seule rémission
des péchés, à l'exclusion de la grâce et de
la charité qui est répandue dans leurs coeurs par l'Esprit
Saint Rm 5,5 et habite en eux, ou encore que la grâce par
laquelle nous sommes justifiés est seulement la faveur de Dieu :
qu'il soit anathème 1528-1531 1545 ss.
1562
12. Si quelqu'un dit que la foi qui justifie n'est rien d'autre que
la confiance en la miséricorde divine, qui remet les péchés
à cause du Christ, ou que c'est par cette seule confiance que nous
sommes justifiés : qu'il soit anathème. 1533.
1563
13. Si quelqu'un dit qu'il est indispensable à tout homme, pour
obtenir la rémission des péchés, de croire avec certitude
et sans aucune hésitation venant de sa faiblesse personnelle ou
de son manque de disposition que ses péchés lui sont remis
: qu'il soit anathème 1533 s ; 1460-1464.
1564
14. Si quelqu'un dit que l'homme est absous de ses péchés
et justifié parce qu'il croit avec une certitude qu'il est absous
et justifié, ou que n'est vraiment justifié que celui qui
croit qu'il est justifié, et que cette seule foi réalise
l'absolution et la justification : qu'il soit anathème. 1533 s ;
1460-1464.
1565
15. Si quelqu'un dit que l'homme né de nouveau et justifié
est tenu par la foi de croire qu'il est certainement au nombre des prédestinés
: qu'il soit anathème 1540.
1566
16. Si quelqu'un dit avec une certitude absolue et infaillible qu'il
aura certainement le grand don de la persévérance jusqu'à
la fin Mt 10,22 Mt 24,13 à moins qu'il ne l'ait appris par
une révélation spéciale : qu'il soit anathème
1540 s
1567
17. Si quelqu'un dit que la grâce de la justification n'échoit
qu'à ceux qui sont prédestinés à la vie et
que tous les autres qui sont appelés, le sont assurément,
mais ne reçoivent pas la grâce, parce que prédestinés
au mal par la puissance divine : qu'il soit anathème.
1568
8. Si quelqu'un dit que les commandements de Dieu sont impossibles
à observer même pour l'homme justifié et établi
dans la grâce : qu'il soit anathème 1536s.
1569
19. Si quelqu'un dit que rien n'est commandé dans l'Evangile
en dehors de la foi, que les autres choses sont indifférentes, ni
commandées, ni défendues, mais libres, ou que les dix commandements
ne concernent pas les chrétiens : qu'il soit anathème 1536s.
1570
20. Si quelqu'un dit que l'homme justifié, aussi parfait qu'il
soit, n'est pas tenu d'observer les commandements de Dieu et de l'Eglise,
mais seulement de croire, comme si l'Evangile était une pure et
simple promesse de la vie éternelle sans la condition d'observer
les commandements : qu'il soit anathème 1536s.
1571
21. Si quelqu'un dit que le Christ Jésus a été
donné par Dieu aux hommes comme rédempteur, en qui se confier,
et non pas aussi comme législateur à qui obéir : qu'il
soit anathème.
1572
22. Si quelqu'un dit que le justifié soit peut persévérer
dans la justice sans un secours spécial de Dieu, soit ne le peut
pas avec ce secours : qu'il soit anathème 1541.
1573
23. Si quelqu'un dit que l'homme une fois justifié ne peut plus
pécher ni perdre la grâce, et que donc celui qui tombe et
pèche n'a jamais été vraiment justifié : ou,
au contraire, qu'il peut dans toute sa vie éviter tous les péchés,
même véniels, à moins que ce soit par un privilège
spécial de Dieu, comme l'Eglise le tient au sujet de la bienheureuse
Vierge : qu'il soit anathème 1537 ; 1549.
1574
24. Si quelqu'un dit que la justice reçue ne se conserve pas et même ne s'accroît pas devant Dieu par les bonnes oeuvres, mais que ces oeuvres ne sont que le fruit et le signe de la justification obtenue et non pas aussi la cause de son accroissement : qu'il soit anathème 1535.
1575
25. Si quelqu'un dit qu'en toute bonne oeuvre le juste pèche
au moins véniellement ou (ce qui est plus intolérable) mortellement,
et qu'il mérite pour cela les peines éternelles ; qu'il n'est
pas damné à cause de cela seulement, parce que Dieu n'impute
pas ses oeuvres pour la damnation : qu'il soit anathème 1539 ; 1481s.
1576
26. Si quelqu'un dit que, pour les bonnes oeuvres qu'ils ont faites
en Dieu Jn 3,21 , les justes ne doivent pas attendre et espérer
de rétribution éternelle de la part de Dieu, en raison de
sa miséricorde et des mérites de Jésus Christ, s'ils
persévèrent jusqu'à la fin à faire le bien
et à garder les commandements divins Mt 10,22 Mt 24,13 :
qu'il soit anathème 1538.
1577
27. Si quelqu'un dit qu'il n'y a aucun péché mortel,
sauf celui d'infidélité, ou que la grâce une fois reçue
ne peut être perdue par aucun autre péché, aussi grave
et énorme soit-il, sauf par celui de l'infidélité
: qu'il soit anathème 1544.
1578
28. Si quelqu'un dit qu'une fois la grâce perdue par le péché,
en même temps la foi est pour toujours perdue ou que la foi qui reste
n'est pas une vraie foi, puisqu'elle n'est pas vivante Jc 2,26 ,
ou bien que celui qui a la foi sans la charité n'est pas un chrétien
: qu'il soit anathème 1544.
1579
29. Si quelqu'un dit que celui qui est tombé après le
baptême ne peut pas se relever avec la grâce de Dieu, ou qu'il
peut certes recouvrer la justice perdue, mais par la seule foi, sans le
sacrement de la pénitence, comme l'a jusqu'ici professé,
gardé et enseigné la sainte Eglise romaine universelle, instruite
par notre Seigneur et les apôtres : qu'il soit anathème 1542.
1580
30. Si quelqu'un dit que, après avoir reçu la grâce
de la justification, tout pécheur pénitent voit sa faute
remise et sa condamnation à la peine éternelle annulée,
en sorte que ne reste aucune condamnation à une peine temporelle
à expier, ou dans ce monde ou dans le monde à venir au purgatoire,
avant que ne puisse s'ouvrir l'entrée au royaume des cieux qu'il
soit anathème 1543.
1581
31. Si quelqu'un dit que le justifié pèche en faisant
le bien en vue d'une récompense éternelle : qu'il soit anathème
1539.
1582
32. Si quelqu'un dit que les bonnes oeuvres de l'homme justifié
sont les dons de Dieu, en telle sorte qu'elles ne soient pas aussi de bons
mérites de justifié ; ou que, par les bonnes oeuvres qu'il
fait par la grâce de Dieu et les mérites du Christ (dont il
est un membre vivant), le justifié ne mérite pas vraiment
un accroissement de la grâce, la vie éternelle et (s'il meurt
dans la grâce) l'entrée dans la vie éternelle, ainsi
que l'accroissement de gloire : qu'il soit anathème 1548 , 1545-1550.
1583
33. Si quelqu'un dit que, par cette doctrine catholique sur la justification
exposée par le saint concile dans le présent décret,
il fait tort en partie à la gloire de Dieu ou aux mérites
de Jésus Christ notre Seigneur et non plutôt que sont ainsi
mises en lumière la vérité de notre foi et la gloire
de Dieu et du Christ Jésus : qu'il soit anathème.
1602
2. Si quelqu'un dit que ces sacrements de la Loi nouvelle ne diffèrent
des sacrements de la Loi ancienne que parce que les cérémonies
sont autres et que sont autres les rites extérieurs : qu'il soit
anathème.
1603
3. Si quelqu'un dit que ces sept sacrements sont si égaux entre
eux que d'aucune façon l'un n'est plus digne que l'autre : qu'il
soit anathème.
1604
4. Si quelqu'un dit que les sacrements de la Loi nouvelle ne sont pas
nécessaires au salut, mais superflus, et que, sans eux ou sans le
désir de ceux- ci, les hommes obtiennent de Dieu la grâce
de la justification 1559, étant admis que tous ne sont pas nécessaires
à chacun : qu'il soit anathème.
1605
5. Si quelqu'un dit que ces sacrements n'ont été institués
que pour nourrir la foi : qu'il soit anathème.
1606
6. Si quelqu'un dit que les sacrements de la Loi nouvelle ne contiennent
pas la grâce qu'ils signifient ou qu'ils ne confèrent pas
cette grâce elle-même à ceux qui n'y mettent pas d'obstacle
1451, comme s'ils n'étaient que les signes extérieurs de
la grâce et de la justice reçus par la foi, et des marques
de profession chrétienne par lesquelles les fidèles sont
distingués des infidèles parmi les hommes : qu'il soit anathème.
1607
7. Si quelqu'un dit que par de tels sacrements la grâce n'est
pas donnée toujours et à tous, pour ce qui est de Dieu, même
s'ils sont reçus comme il convient, mais seulement parfois et à
quelques-uns : qu'il soit anathème.
1608
8. Si quelqu'un dit que la grâce n'est pas conférée
ex opere operato par ces sacrements de la Loi nouvelle, mais que seule
la foi en la promesse divine suffit pour obtenir la grâce : qu'il
soit anathème.
1609
9. Si quelqu'un dit que dans les trois sacrements du baptême,
de la confirmation et de l'ordre n'est pas imprimé dans l'âme
un caractère, c'est-à- dire une marque spirituelle et indélébile
telle qu'on ne peut les réitérer : qu'il soit anathème.
1610
10. Si quelqu'un dit que tous les chrétiens ont pouvoir sur
la parole et sur l'administration des sacrements : qu'il soit anathème.
1611
11. Si quelqu'un dit que chez les ministres, alors qu'ils réalisent
et confèrent les sacrements, l'intention n'est pas requise de faire
au moins ce que fait l'Eglise : qu'il soit anathème.1262.
1612
12. Si quelqu'un dit qu'un ministre en état de péché
mortel, du moment qu'il observe tout ce qui est essentiel concernant la
réalisation ou la collation du sacrement, en réalise ou ne
confère par un sacrement : qu'il soit anathème 1154.
1613
13. Si quelqu'un dit que les rites reçus et approuvés
de l'Eglise catholique, en usage dans l'administration solennelle des sacrements,
peuvent être ou méprisés ou omis sans péché,
au gré des ministres, ou encore être changés en d'autres
nouveaux par tout pasteur des églises : qu'il soit anathème.
1615
2. Si quelqu'un dit que l'eau vraie et naturelle n'est pas chose nécessaire
pour le baptême et si, en conséquence, il détourne
au sens d'une métaphore les paroles de notre Seigneur Jésus
Christ : " Si l'on ne renaît pas de l'eau et de l'Esprit Saint" Jn
3,5 : qu'il soit anathème.
1616
3. Si quelqu'un dit que dans l'Eglise romaine, qui est Mère
et maîtresse de toutes les Eglises, ne se trouve pas la vraie doctrine
sur le sacrement de baptême : qu'il soit anathème.
1617
4. Si quelqu'un dit que le baptême, même donné par
des hérétiques au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,
avec l'intention de faire ce que fait l'Eglise, n'est pas un vrai baptême
: qu'il soit anathème.
1618
5. Si quelqu'un dit que le baptême est libre, c'est-à-dire
n'est pas nécessaire pour le salut : qu'il soit anathème
1524.
1619
6. Si quelqu'un dit que le baptisé ne peut pas, même s'il
le voulait, perdre la grâce, quelque nombreux que soient ses péchés,
sauf s'il ne veut pas croire : qu'il soit anathème 1544.
1620
7. Si quelqu'un dit que les baptisés, par leur baptême,
ne sont pas obligés qu'à la foi, mais non à l'observation
de toute la Loi du Christ : qu'il soit anathème.
1621
8. Si quelqu'un dit que les baptisés sont libres par rapport
à tous les commandements de la sainte Eglise, aussi bien ceux qui
sont écrits que ceux qui sont transmis, en sorte qu'ils ne soient
tenus de les observer que s'ils veulent spontanément s'y soumettre
: qu'il soit anathème.
1622
9. Si quelqu'un dit que l'on doit rappeler aux hommes le souvenir du
baptême, de telle manière qu'ils comprennent que tous les
voeux faits après le baptême sont nuls, en vertu de la promesse
déjà faite lors du baptême lui- même, comme si
ces voeux portaient atteinte et à la foi qu'ils ont alors professée
et au baptême lui-même : qu'il soit anathème.
1623
10. Si quelqu'un dit que tous les péchés commis après
le baptême sont remis ou rendus véniels par le seul souvenir
et par la foi du baptême qui a été reçu : qu'il
soit anathème.
1624
11. Si quelqu'un dit que le vrai baptême, conféré
selon les rites, doit être réitéré pour celui
qui a renié la foi du Christ parmi les infidèles, lorsqu'il
s'est converti et a fait pénitence: qu'il soit anathème.
1625
12. Si quelqu'un dit que personne ne doit être baptisé
qu'à l'âge où le Christ a été baptisé
ou bien à l'article de la mort : qu'il soit anathème.
1626
13. Si quelqu'un dit que les petits enfants, par le fait qu'ils ne
font pas acte de foi, ne doivent pas être comptés parmi les
fidèles, après qu'ils ont reçu le baptême, et
que, pour cette raison, ils doivent être rebaptisés quand
ils sont arrivés à l'âge de discrétion, ou qu'il
est préférable d'omettre leur baptême plutôt
que de les baptiser dans la seule foi de l'Eglise, eux qui ne croient pas
par un acte personnel de foi : qu'il soit anathème.
1627
14. Si quelqu'un dit que l'on doit demander à ces petits enfants
ainsi baptisés, lorsqu'ils ont grandi, s'ils veulent ratifier ce
que les parrains ont promis en leur nom quand ils ont été
baptisés et que ceux qui répondent qu'ils ne le veulent pas,
on doit les laisser à leur libre arbitre et ne les contraindre par
aucune peine à une vie chrétienne, sauf en les écartant
de la réception de l'eucharistie et des autres sacrements jusqu'à
ce qu'ils s'amendent
1629
2. Si quelqu'un dit que font injure à l'Esprit Saint ceux qui
attribuent quelque vertu au saint chrême de la confirmation: qu'il
soit anathème.
1630
3. Si quelqu'un dit que le ministre ordinaire de la confirmation n'est
pas l'évêque seul, mais n'importe quel simple prêtre
: qu'il soit anathème 1318.
1637
C'est ainsi en effet que tous nos ancêtres, qui ont tous été
dans la véritable Eglise du Christ et ont traité de ce très
saint sacrement, ont professé très ouvertement que notre
Rédempteur a institué ce sacrement si admirable lors de la
dernière Cène, lorsque, après avoir béni le
pain et le vin, il attesta en termes clairs et précis qu'il leur
donnait son propre Corps et son propre Sang. Ces paroles, rappelées
par les saints évangélistes Mt 26,26-29 Mc 14,22-25 Lc
22,19-20 et répétées ensuite par saint Paul 1Co
11,24-25 , se présentent en un sens propre et très clair,
selon ce que les Pères ont compris. Aussi est-ce le scandale le
plus indigne de voir certains hommes querelleurs et pervers les ramener
à des figures de style sans consistance et imaginaires, par lesquels
est niée la vérité de la Chair et du Sang du Christ,
contre le sentiment universel de l'Eglise, elle qui en tant que colonne
et fondement de la vérité " 1Tm 3,15 déteste
comme sataniques ces inventions imaginées par des hommes impies,
elle qui reconnaît, d'un esprit qui sait toujours rendre grâces
et se souvenir, cet insigne bienfait du Christ.
1640
En effet, les apôtres n'avaient pas encore reçu l'eucharistie
de la main du Seigneur Mt 26,26 Mc 14,22 qu'il affirmait pourtant
que c'était vraiment son Corps qu'il présentait ; et ce fut
toujours la foi dans l'Eglise de Dieu que, immédiatement après
la consécration, le véritable Corps et le véritable
Sang de notre Seigneur se trouvaient sous les espèces du pain et
du vin en même temps que son âme et sa divinité. Certes,
si le Corps se trouve sous l'espèce du pain, et le Sang sous l'espèce
du vin par la vertu des paroles, le Corps lui-même est aussi sous
l'espèce du vin, et le Sang sous l'espèce du pain, et l'âme
sous les deux espèces, en vertu de cette connexion naturelle et
de cette concomitance qui unissent entre elles les parties du Christ Seigneur
qui, ressuscité des morts, ne meurt plus Rm 6,9 . La divinité
est unie, à cause de cette admirable union hypostatique avec son
corps et son âme 1651 ; 1653.
1641
C'est pourquoi il est tout à fait vrai que le Christ est contenu
sous l'une ou l'autre espèce et sous les deux espèces ensemble.
En effet, le Christ est totalement et intégralement sous l'espèce
du pain et sous n'importe quelle partie de cette espèce ; il est
de même totalement sous l'espèce du vin et sous les parties
de celle-ci 1653.
1644
En outre, le saint concile déclare que la coutume a été
pieusement et religieusement introduite dans l'Eglise de Dieu de célébrer
chaque année, en un jour de fête particulier, ce sacrement
éminent et vénérable dans une vénération
et une solennité spéciales, et de porter celui-ci avec respect
et honneur dans des processions à travers les rues et les places
publiques. 846
Il est, en effet, très juste qu'il y ait des jours saints fixés
où tous les chrétiens, par des manifestations singulières
et extraordinaires, attestent de leur reconnaissance et de leur mémoire
envers leur commun Seigneur et Rédempteur pour un bienfait si ineffable
et vraiment divin, par lequel sont représentés sa victoire
et son triomphe sur la mort. Et ainsi a-t-il fallu que la vérité
victorieuse du mensonge et de l'hérésie triomphe, pour que
ses adversaires, placés face à une si grande splendeur et
à la joie si grande de l'Eglise universelle, ou bien affaiblis et
brisés dépérissent, ou bien, pris de honte et de confusion,
viennent un jour à résipiscence.
Chap. 6. Le sacrement de la sainte eucharistie que l'on conserve et que l'on porte aux malades.
1645
La coutume de conserver la sainte eucharistie en un lieu sacré
est si ancienne que le siècle du concile de Nicée la connaissait
déjà. En outre, porter cette sainte eucharistie aux malades
et, pour ce faire, la conserver soigneusement dans les églises non
seulement est chose très équitable en même temps que
conforme à la raison, mais est aussi prescrit par de nombreux conciles
et observé par une très ancienne coutume de l'Eglise catholique.
C'est pourquoi ce saint concile a statué qu'il fallait garder absolument
cette coutume salutaire et nécessaire 1657.
1647
La coutume de l'Eglise montre clairement que cette épreuve est
nécessaire pour que personne en ayant conscience d'un péché
mortel, quelque contrit qu'il s'estime, ne s'approche de la sainte eucharistie
sans une confession sacramentelle préalable.
Ce saint concile a décrété que cela devait être
observé toujours par tous les chrétiens, même par les
prêtres qui sont tenus par office de célébrer, du moment
qu'ils peuvent avoir recours à un confesseur. Que si, en raison
d'une nécessité urgente, un prêtre a dû célébrer
sans confession préalable qu'il se confesse le plus tôt possible
2058.
1649
Enfin, avec une affection paternelle, le saint concile avertit, exhorte,
demande et conjure, " par les entrailles de la miséricorde de Dieu"
Lc 1,78 , tous et chacun de ceux qui portent le nom de chrétiens
de se retrouver enfin désormais ne formant qu'un seul coeur, dans
ce "signe", dans ce "lien de la charité ", dans ce symbole de l'accord
des coeurs ; se souvenant de la majesté si grande et de l'amour
si admirable de notre Seigneur Jésus Christ, qui a donné
sa chère vie pour prix de notre salut et sa chair pour que nous
la mangions Jn 6,48-58 qu'ils croient et vénèrent
les saints mystères de son Corps et de son Sang avec une foi si
constante et ferme, avec un coeur si dévot, avec une piété
et un respect tels qu'ils puissent recevoir fréquemment ce pain
supersubstantiel Mt 6,11 . Qu'il soit vraiment la vie de leur âme
et la santé perpétuelle de leur esprit ; que, fortifiés
par sa vigueur 1R 19,8 , ils soient à même de terminer
le chemin de leur malheureux pèlerinage pour entrer dans la patrie
céleste, où ils seront nourris sans aucun voile par ce pain
des anges Ps 77,25 qu'ils mangent seulement sous des voiles sacrés.
1650
Puisqu'il ne suffit pas de dire la vérité si l'on ne
fait apparaître et si l'on ne réfute pas les erreurs, le saint
concile a décidé d'ajouter les canons suivants pour que tous,
une fois bien connue la doctrine catholique, comprennent aussi quelles
hérésies doivent être écartées et évitées.
1652
2. Si quelqu'un dit que, dans le très saint sacrement de l'eucharistie,
la substance du pain et du vin demeure avec le Corps et le Sang de notre
Seigneur Jésus Christ, et s'il nie ce changement admirable et unique
de toute la substance du pain en son Corps et de toute la substance du
vin en son Sang, alors que demeurent les espèces du pain et du vin,
changement que l'Eglise catholique appelle d'une manière très
appropriée transsubstantiation : qu'il soit anathème 1642.
1653
3. Si quelqu'un nie que, dans le vénérable sacrement
de l'eucharistie, le Christ tout entier soit contenu sous chaque espèce
et sous chacune des parties de l'une ou l'autre espèce, après
leur séparation : qu'il soit anathème 1641.
1654
4. Si quelqu'un dit que, une fois achevée la consécration,
le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus Christ ne sont pas dans
l'admirable sacrement de l'eucharistie, mais seulement quand on en use
en le recevant, ni avant, ni après, et que le vrai Corps du Seigneur
ne demeure pas dans les hosties ou les parcelles consacrées qui
sont gardées ou restent après la communion : qu'il soit anathème
1639s.
1655
5. Si quelqu'un dit ou bien que le fruit principal de la très
sainte eucharistie est la rémission des péchés ou
bien qu'elle ne produit pas d'autres effets : qu'il soit anathème
1638.
1656
6. Si quelqu'un dit que, dans le saint sacrement de l'eucharistie,
le Christ, Fils unique de Dieu, ne doit pas être adoré d'un
culte de latrie, même extérieur et que, en conséquence,
il ne doit pas être vénéré par une célébration
festive particulière, ni être porté solennellement
en procession selon le rite ou la coutume louables et universels de la
sainte Eglise, ni être proposé publiquement à l'adoration
du peuple, ceux qui l'adorent étant des idolâtres : qu'il
soit anathème 1643s.
1657
7. Si quelqu'un dit qu'il n'est pas permis de garder la sainte eucharistie
dans le tabernacle, mais qu'elle doit nécessairement être
distribuée aux assistants immédiatement après la consécration,
ou qu'il n'est pas permis de la porter avec honneur aux malades : qu'il
soit anathème 1645.
1658
8. Si quelqu'un dit que le Christ présenté dans l'eucharistie
est mangé seulement spirituellement et non pas aussi sacramentellement
et réellement : qu'il soit anathème 1648.
1659
9. Si quelqu'un nie que, une fois qu'ils ont atteint l'âge de
discrétion, tous et chacun des chrétiens de l'un et l'autre
sexe sont tenus de communier chaque année au moins à Pâques,
conformément au commandement de notre sainte mère l'Eglise
: qu'il soit anathème 812.
1660
10. Si quelqu'un dit qu'il n'est pas permis au prêtre qui célèbre
de se communier lui-même : qu'il soit anathème 1648.
1661
11. Si quelqu'un dit que la foi seule est une préparation suffisante
pour recevoir le sacrement de la très sainte eucharistie : qu'il
soit anathème 1646.
Et pour qu'un si grand sacrement ne soit pas reçu indignement
et donc pour la mort et la condamnation, ce saint concile statue et déclare
que ceux dont la conscience est chargée d'un péché
mortel, quelque contrits qu'ils se jugent, doivent nécessairement
au préalable se confesser sacramentellement, s'il se trouve un confesseur.
Si quelqu'un a l'audace d'enseigner, prêcher ou affirmer opiniâtrement
le contraire ou même le défendre dans des disputes publiques,
qu'il soit par le fait même, excommunié 1647.
1669
Pour tous les hommes qui se sont souillés de quelque péché
mortel, la pénitence fut certes nécessaire en tout temps
pour obtenir la grâce et la justice, même pour ceux qui avaient
demandé à être lavés par le sacrement du baptême,
pour que, ayant rejeté et amendé toute perversité,
ils détestent une si grande offense faite à Dieu en ressentant
en même temps la haine du péché et une sainte douleur
dans leur âme. Aussi le prophète dit-il : "Convertissez-vous
et faites pénitence de toutes vos iniquités, et votre iniquité
ne sera pas pour votre ruine" Ez 18,30 . Le Seigneur dit aussi :
"Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous de la même
manière" Lc 13,3 . Et le chef des apôtres, Pierre,
disait, en recommandant la pénitence aux pécheurs qui allaient
recevoir le baptême : " Faites pénitence, et que chacun de
vous soit baptisé " Ac 2,38 .
1670
Mais, avant la venue du Christ, la pénitence n'était
pas un sacrement ; et après sa venue, elle n'en est un pour personne
avant le baptême. Or le Seigneur a principalement institué
ce sacrement de pénitence lorsque, ressuscité des morts,
il souffla sur les disciples en disant : " Recevez l'Esprit Saint ; les
péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez
; ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez " Jn
10,22-23 .
Que, par un fait hors du commun et des paroles si claires, le pouvoir
de remettre et de retenir les péchés, afin de réconcilier
les fidèles tombés après le baptême, ait été
communiqué aux apôtres et à leurs successeurs légitimes,
les Pères l'ont toujours compris unanimement 1703 ; et l'Eglise
a eu grandement raison de rejeter et de condamner comme hérétiques
les novatiens qui, autrefois, niaient avec obstination le pouvoir de remettre
les péchés.
C'est pourquoi ce saint concile, approuvant et faisant sienne cette
signification très authentique des paroles du Seigneur, condamne
les interprétations mensongères de ceux qui détournent
faussement ces paroles pour les appliquer au pouvoir de prêcher la
Parole de Dieu et l'Evangile du Christ et pour s'opposer à l'institution
de ce sacrement.
1672
En outre, autre est le fruit du baptême et autre celui de la
pénitence. En effet, revêtant le Christ par le baptême
Ga 3,27 , nous devenons en lui une créature nouvelle, alors
que nous obtenons une rémission pleine et entière de tous
les péchés. Nous ne pouvons nullement parvenir à cette
nouveauté et à cette intégrité par le sacrement
de la pénitence, sans de grandes larmes et peines de notre part,
ce qu'exige la justice divine. Aussi la pénitence a-t- elle été
dite à juste titre par les Pères " un baptême laborieux
". Ce sacrement de la pénitence est nécessaire au salut pour
ceux qui sont tombés après le baptême, comme l'est
le baptême lui-même pour ceux qui n'ont pas encore été
régénérés 1706.
source: catho.org