2812
2. Le raisonnement peut prouver avec certitude l'existence de Dieu,
la spiritualité de l'âme, la liberté humaine. La foi
est postérieure à la Révélation, et elle ne
peut donc pas être alléguée pour prouver l'existence
de Dieu vis-à-vis d'un athée, ni pour prouver la spiritualité
de l'âme raisonnable et sa liberté face aux partisans du naturalisme
et du fatalisme (voir 2751, 2754.
2813
3. L'usage de la raison précède la foi et y conduit l'homme
à l'aide de la Révélation et de la grâce 2755.
2814
4. La méthode dont se sont servis saint Thomas, saint Bonaventure
et d'autres scolastiques après eux, ne conduit pas au rationalisme,
et elle n'a pas été la cause de ce que dans les écoles
d'aujourd'hui la philosophie incline au naturalisme et au panthéisme.
C'est pourquoi il n'est pas permis de reprocher à ces docteurs et
à ces maîtres de faire usage de cette méthode, surtout
avec l'approbation, au moins tacite, de l'Eglise.
Instruction du Saint-Office au vicaire apostolique du Siam, 4 Juillet
1855.
2818
Mais s'il s'agit de la femme païenne d'un païen concubinaire,
et qu'elle se convertit, dans ce cas, une fois faite l'interpellation (comme
plus haut), s'il refuse de se convertir ou de cohabiter sans injure à
l'égard du Créateur, et donc de renoncer au concubinage (dans
lequel il n'est certainement pas possible de vivre sans injure à
l'égard du Créateur), elle pourra faire usage du privilège
concédé en faveur de la foi.
2819
D'une façon générale, si la conversion du conjoint
a précédé le mariage avec un non-croyant, conclu après
dispense apostolique, il n'est absolument pas possible de bénéficier
du privilège concédé en faveur de la foi ; mais si
le mariage a précédé la conversion, alors la partie
qui s'est convertie peut faire usage de ce privilège, toutes choses
étant sauves, ainsi qu'il a été dit.
2820
Pour ce qui est des empêchements dirimants, il faut considérer
également que l'ignorance invincible ou la bonne foi ne suffisent
pas pour qu'un mariage soit contracté de façon valide. Même
si parfois (mais cela doit rarement être considéré
comme étant le cas dans la pratique) cette ignorance et cette bonne
foi peuvent excuser du péché, jamais cependant elles ne peuvent
rendre valide un mariage qui a été conclu malgré un
empêchement dirimant.
2824
Mais étant donné qu'au-delà des cas particuliers
il devait être traité de l'usage du magnétisme en général,
le mercredi 28 juillet 1847, il a été établi ce qui
suit, pour servir de règle "Toute erreur, tout sortilège,
toute invocation du démon, explicite ou implicite, étant
écartés, l'usage du magnétisme, à savoir le
simple acte d'utiliser des moyens physiques licites par ailleurs, n'est
pas moralement interdit, dès lors qu'il ne tend pas à une
fin illicite ou dévoyée d'une façon quelconque. Mais
l'application de principes et de moyens purement physiques à des
choses et à des effets réellement surnaturels, pour qu'ils
soient expliqués physiquement, n'est rien d'autre qu'une tromperie
absolument illicite et hérétique."
2825
Bien que par ce décret général le caractère
licite ou illicite de l'usage ou de l'abus du magnétisme ait été
suffisamment expliqué, la malice des hommes s'est tellement accrue
que, négligeant la recherche licite du savoir, ils préfèrent
s'attacher à des choses étranges au grand dommage de leurs
âmes et au détriment de la société civile, et
qu'ils se vantent d'avoir acquis un principe de magie ou de divination.
C'est ainsi que des femmes de peu, emportées par des gesticulations
qui ne sont pas toujours décentes, se répandent en affirmant
que, grâce aux prestiges du somnambulisme et de ce qu'elles appellent
la voyance, elles voient ce qui est invisible, et dans leur entreprise
téméraire elles ont l'audace de s'engager dans des propos
concernant la religion elle- même, d'évoquer les âmes
des défunts, de recevoir des réponses, de révéler
des choses ignorées ou lointaines, et de se livrer à d'autres
pratiques superstitieuses de cette sorte, de manière à s'assurer
pour elles-mêmes et pour leurs maîtres un grand bénéfice
par des divinations sûres. Mais quels que soient l'art ou l'illusion
mis en oeuvre en tout cela : dès lors que les moyens physiques sont
ordonnés à des effets qui ne sont pas naturels, on est en
présence d'une tromperie absolument illicite et hérétique,
et d'un scandale qui porte atteinte aux bonnes moeurs.
2829
Il faut également réprouver et condamner fortement le
fait que dans les livres de Günther la raison humaine et la philosophie
qui, dans les choses de la religion, ne doivent pas dominer mais rester
totalement servantes, se voient attribuer de façon téméraire
le droit d'un magistère, et que pour cette raison se trouve perturbé
ce qui doit demeurer très ferme, aussi bien pour ce qui est de la
distinction entre science et foi, que pour ce qui est du caractère
constamment immuable de la foi, laquelle est toujours une et demeure la
même, tandis que la philosophie et les disciplines humaines ne demeurent
pas toujours identiques à elles-mêmes et ne sont pas non plus
exemptes d'une grande variété d'erreurs.
2830
A cela s'ajoute que les saints Pères ne sont pas considérés
avec la révérence que prescrivent les canons des conciles
et que méritent ces lumières très brillantes de l'Eglise,
et qu'il n'est pas fait abstention non plus de ces sarcasmes contre les
écoles catholiques que notre prédécesseur Pie VI,
de vénérable mémoire, a solennellement condamnés
2679.
2831
Nous ne passerons pas non plus sous silence le fait que dans les livres
de Günther la saine façon de parler est blessée au plus
haut point, comme s'il était permis d'oublier les paroles de l'apôtre
Paul 2Tm 1,13 ou celles par lesquelles Augustin nous avertit avec
beaucoup de fermeté : "Mais à nous il convient de parler
selon une règle précise, de peur qu'une trop grande liberté
dans les mots n'engendre une opinion impie sur les choses qu'ils désignent."
2837
Or la foi et le repentir sont requis chez l'adulte pour qu'il reçoive
le sacrement de façon licite, et qu'il obtienne le fruit du sacrement
; l'intention cependant est nécessaire pour qu'il l'obtienne de
façon valide, de sorte que celui qui est baptisé adulte sans
la foi et le repentir, l'est de façon illicite certes, mais valide,
et qu'en revanche celui qui est baptisé sans la volonté de
recevoir le sacrement n'est baptisé ni licitement ni validement.
2838
Cela étant présupposé, il sera facile de reconnaître
que dans le présent cas, le missionnaire n'a pas agi de façon
juste lorsque, administrant le baptême à un adulte moribond,
il a donné même valeur aux dispositions requises pour administrer
le baptême de façon licite, et à celles qui sont requises
de façon nécessaire pour le recevoir de façon valide.
En effet, s'il y a doute sur le point de savoir si l'adulte proche de la
mort est suffisamment instruit au sujet des mystères de la foi et
s'il y croit de façon suffisante, et sur le point de savoir si lui-même
veut réellement recevoir le baptême, et dès lors qu'après
un examen diligent il demeure encore un doute au sujet de cette intention,
le baptême doit être conféré avec cette condition
: dans la mesure où il est capable d'être baptisé.
2839
Par ailleurs, le missionnaire n'a pas agi de façon juste lorsqu'en
baptisant sous condition il a eu l'intention de ne pas baptiser si les
bonnes dispositions n'étaient pas données chez celui qui
reçoit le baptême, car en l'espèce le missionnaire
doit seulement avoir l'intention de baptiser pour autant que celui qui
reçoit le baptême est capable d'être baptisé,
c'est-à-dire veut le recevoir de façon sincère.
2841
1. Une connaissance immédiate de Dieu, au moins habituelle,
est essentielle à l'intelligence humaine, de sorte qu'elle ne peut
rien connaître sans elle : elle est en effet la lumière de
l'intellect elle-même.
2842
2. Cet être que nous connaissons en toutes choses et sans lequel
nous ne connaissons rien, est l'être divin.
2843
3. Les universaux, considérés dans leur réalité
objective, ne se distinguent pas réellement de Dieu.
2844
4. La connaissance innée de Dieu comme être pur et simple
inclut toute autre connaissance de manière éminente ; de
sorte que, par elle, nous connaissons implicitement tout être sous
quelque aspect qu'il soit connaissable.
2845
5. Toutes les autres idées ne sont rien d'autre que les modifications
de l'idée par laquelle Dieu est connu comme être pur et simple.
2846
6. Les réalités créées sont en Dieu comme
la partie dans le tout, non pas certes dans le tout formel, mais dans le
tout infini, parfaitement simple, qui pose hors de lui-même ses parties
sans division ni diminution de lui-même.
2847
7. La création peut être expliquée ainsi : Dieu
produit la créature par cet acte spécial par lequel il se
comprend et se veut distinct d'une créature déterminée,
par exemple l'homme.
Censure du Saint-Office : Non.
2851
L'auteur en effet enseigne d'abord que la philosophie, si on en a une
notion exacte, peut non seulement connaître et comprendre les dogmes
chrétiens que la raison naturelle a en commun avec la foi (à
savoir comme objet commun de connaissance), mais aussi ceux qui sont principalement
et proprement constitutifs de la religion et de la foi chrétiennes,
à savoir la fin surnaturelle de l'homme elle-même et tout
ce qui la concerne, et aussi que le très saint mystère de
l'Incarnation du Seigneur, sont du domaine de la raison et de la philosophie,
et que la raison, une fois donné l'objet, peut les atteindre en
connaissance de cause par ses propres principes.
Même si l'auteur introduit une distinction entre ces dogmes et
les premiers, et si c'est avec un moindre droit que ces derniers se voient
attribués à la raison, il enseigne néanmoins très
clairement et de façon ouverte qu'ils font partie eux aussi des
données qui constituent l'objet propre de la science et de la philosophie.
2852
On peut et l'on doit, dès lors, conclure de l'opinion de l'auteur
que, dans les mystères même les plus cachés de la sagesse
et de la bonté de Dieu, même dans ceux de sa libre volonté
- du moment que l'objet de la Révélation est donné
- la raison peut par elle-même arriver à la science et à
la certitude, et cela non pas à partir du principe de l'autorité
divine, mais à partir de ses principes et de ses capacités
naturelles. A quel point cette doctrine de l'auteur est fausse et erronée,
tout un chacun... le voit aussitôt...
2853
Si ces partisans de la philosophie défendaient les vrais principes
et les vrais droits de la raison et de la philosophie et eux seuls, ils
devraient recevoir des louanges méritées. Car la vraie et
saine philosophie occupe une place très remarquable, puisque sa
tâche est de chercher soigneusement la vérité, de former
justement et sérieusement la raison humaine, obscurcie sans doute
mais nullement éteinte par la faute du premier homme, et de l'éclairer
; de saisir son objet de connaissance et un grand nombre de vérités,
de bien les comprendre, de les approfondir, et de démontrer nombre
d'entre elles, comme l'existence, la nature, les attributs de Dieu, que
la foi aussi propose à croire, par des arguments tirés des
principes, de les justifier, de les défendre, et, de cette manière,
d'ouvrir la voie pour qu'on tienne plus exactement ces dogmes par la foi,
et même pour que les dogmes les plus cachés, que la foi est
seule d'abord à connaître, soient, d'une certaine manière,
compris par la raison. Voilà ce que doit faire et ce à quoi
doit s'occuper la science austère mais très belle de la vraie
philosophie...
2854
Mais dans cette affaire des plus importantes nous ne pouvons jamais
tolérer que tout soit mêlé inconsidérément,
ni que la raison envahisse et trouble les réalités qui sont
du domaine de la foi, alors qu'il y a des frontières très
certaines et parfaitement connues de tous, au-delà desquelles la
raison jamais n'a pu ni ne peut s'avancer de son propre droit. Relève
notamment et clairement de ces dogmes ce qui concerne l'élévation
surnaturelle de l'homme et ses rapports surnaturels avec Dieu, ainsi que
ce qui est révélé à cette fin. Et comme ces
dogmes dépassent la nature, il en résulte qu'ils ne peuvent
être atteints ni par la raison naturelle, ni par les principes naturels.
Jamais la raison ne peut être rendue capable de traiter de ces dogmes
en connaissance de cause.
Mais si certains osent l'affirmer témérairement, qu'ils
sachent qu'ils se séparent non pas de l'opinion de quelques docteurs,
mais de la doctrine commune de l'Eglise qui n'a jamais changé.
2855
Il est établi en effet à partir des divines Ecritures
et de la tradition des saints Pères que l'existence de Dieu et bien
d'autres vérités peuvent certes être connues par la
lumière de la raison naturelle Rm 1 , y compris par ceux
qui n'ont pas encore reçu la foi, mais que les dogmes plus cachés,
Dieu seul les a révélés, puisqu'il voulait faire connaître
le mystère qui était caché depuis des siècles
et des générations Col 1,26 ...
2856
... En transmettant la doctrine de l'Eglise, les saints Pères
avaient le souci constant de distinguer la connaissance des réalités
divines qui est commune à tous en vertu de l'intelligence naturelle,
de la connaissance de ces choses qui est reçue par la foi moyennant
le Saint-Esprit, et constamment ils ont enseigné que par elle nous
sont révélés dans le Christ ces mystères qui
dépassent non seulement la philosophie humaine mais également
la connaissance naturelle des anges, et qui, même s'ils sont connus
par la Révélation divine et reçus par la foi en elle,
n'en demeurent pas moins recouverts du voile sacré de la foi et
d'une ténèbre obscure aussi longtemps que dans cette vie
mortelle nous cheminons loin du Seigneur.
2857
Tout cela fait apparaître le caractère totalement étranger
à la doctrine de l'Eglise catholique de cette opinion par laquelle
le même Frohschammer n'hésite pas à affirmer que tous
les dogmes de la religion chrétienne sont immédiatement objet
d'un savoir naturel ou de la philosophie, et que, dès lors que ces
dogmes sont proposés à la raison comme son objet, la raison
humaine simplement experte en histoire est à même, de par
ses capacités naturelles et son principe, de parvenir à la
connaissance véritable de tous les dogmes, y compris de ceux qui
sont plus cachés 2909
2858
Mais dans les écrits de cet auteur qui ont été
mentionnés prédomine une autre conception encore, qui est
entièrement contraire à la doctrine et au sens de l'Eglise
Catholique. Il attribue en effet à la philosophie une liberté
qui ne doit pas être considérée comme une liberté
de la science, mais comme une licence qui est à réprouver
entièrement et qui ne peut pas être tolérée.
Faisant en effet une distinction entre philosophe et philosophie, il donne
au philosophe le droit et lui fait le devoir de se soumettre à une
autorité que lui-même a reconnue pour vraie, mais il dénie
l'un et l'autre à la philosophie en ce sens qu'il affirme, sans
tenir compte de la doctrine révélée, que celle-ci
ne peut ni ne doit jamais se soumettre à une autorité.
2859
Cela serait tolérable et peut-être admissible si cela
était dit seulement du droit qu'a la philosophie de faire usage
de ses principes et de ses méthodes ainsi que de ses conclusions,
comme le font également les autres sciences, et si sa liberté
consistait à user de son droit en ce sens qu'elle n'admettrait rien
en elle qui n'aurait pas été acquis par elle-même selon
ses propres conditions ou qui lui serait étranger.
Mais cette juste liberté de la philosophie doit reconnaître
et éprouver ses limites. Car ce n'est pas au philosophe seulement,
mais également à la philosophie, qu'il ne sera jamais permis
soit de dire quelque chose qui est contraire à ce qu'enseignent
la Révélation divine et l'Église, soit d'en mettre
quelque chose en doute parce qu'elle ne le comprend pas, soit de ne pas
accepter un jugement que l'autorité de l'Eglise a décidé
de porter sur une conclusion de la philosophie.
2860
A cela s'ajoute encore que le même auteur défend la liberté
de la philosophie, ou plutôt sa liberté sans limite, de façon
si vive et si téméraire qu'il ne craint pas d'affirmer que
l'Eglise ne doit pas seulement ne jamais blâmer la philosophie, mais
qu'elle doit même tolérer les erreurs de la Philosophie et
lui laisser le soin de se corriger elle-même 2911, d'où il
résulte que les philosophes ont nécessairement part à
cette liberté, et que par là ils sont eux-mêmes dégagés
de toute loi. ...
2861
C'est pourquoi, en raison du pouvoir qui lui a été donné
par son divin fondateur, l'Eglise n'a pas seulement le droit, mais surtout
le devoir de ne pas tolérer et au contraire de proscrire les erreurs
dès lors que l'intégrité de la foi et le salut des
âmes le demandent, et à tout philosophe qui veut être
un fils de l'Eglise, et aussi à la philosophie, incombe le devoir
de ne jamais rien dire contre ce qu'enseigne l'Eglise, et de rétracter
ce au sujet de quoi ils auront fait l'objet d'une monition.
La conception en revanche qui enseigne le contraire, nous affirmons
et déclarons qu'elle est totalement erronée, et qu'elle fait
injure au plus haut point à la foi elle-même, à l'Eglise
et à son autorité.
2866
Nous savons, ainsi que vous, que ceux qui souffrent d'une ignorance
invincible concernant notre très sainte religion, en observant avec
soin la loi naturelle et ses préceptes, gravés par Dieu dans
le coeur de tous, et qui sont disposés à obéir à
Dieu et mènent ainsi une vie honnête et droite, peuvent, avec
l'aide de la lumière et de la grâce divines, acquérir
la vie éternelle ; car Dieu, qui voit parfaitement, scrute et connaît
les esprits, les âmes, les pensées et les qualités
de tous, dans sa très grande bonté et sa patience, ne permet
pas que quelqu'un soit puni des supplices éternels sans être
coupable de quelque faute volontaire.
2867
Mais nous connaissons parfaitement aussi le dogme catholique, à
savoir qu'en dehors de l'Eglise catholique personne ne peut être
sauvé, et que ceux qui sont rebelles à l'autorité
de cette même Eglise et à ses définitions, et qui sont
opiniâtrement séparés de l'unité de cette Eglise
et du pontife romain, le successeur de Pierre, à qui a été
confié le gouvernement et la garde de la vigne, ne peuvent pas obtenir
le salut éternel.
2876
Nous n'ignorons pas non plus qu'en Allemagne une opinion fausse s'est
développée contre l'école ancienne et contre la doctrine
de ces éminents docteurs 2912 que l'Eglise universelle vénère
en raison de leur sagesse admirable et de la sainteté de leur vie.
Par cette fausse opinion l'autorité de l'Eglise elle-même
est mise en doute, puisque l'Eglise elle-même, non seulement a permis,
pendant des siècles, que la science théologique soit cultivée
selon la méthode de ces docteurs et selon les principes consacrés
par le consensus reconnu de toutes les écoles catholiques, mais
a en outre très souvent accordé les plus grands éloges
à leur doctrine théologique et l'a fortement recommandée
comme le rempart le plus fort de la foi et comme une arme redoutable face
à ses ennemis. ...
2877
Puisque cependant tous les hommes de ce congrès... ont affirmé
que le progrès des sciences et le bon succès dans l'effort
pour éviter et réfuter les erreurs de notre triste temps
dépendent totalement de l'adhésion intérieure aux
vérités révélées qu'enseigne l'Eglise
catholique, ils ont eux-mêmes reconnu et professé cette vérité
que les vrais catholiques, qui se sont adonnés à l'élaboration
et au développement des sciences, ont toujours tenue et transmise.
Et c'est en s'appuyant sur cette vérité que ces hommes savants
et vraiment catholiques ont pu élaborer ces sciences de façon
sûre, les expliquer et les rendre utiles et certaines.
Cela ne peut être obtenu cependant si la lumière de la
raison humaine, circonscrite par des limites, même lorsqu'elle explore
les vérités qu'elle peut atteindre par ses propres forces
et ses facultés, ne vénère pas au plus haut point,
comme il convient, la lumière infaillible et incréée
de l'intelligence divine qui brille partout de façon admirable dans
la révélation divine. En effet, bien que ces disciplines
naturelles s'appuient sur leurs principes propres reconnus par la raison,
les catholiques qui les cultivent n'en doivent pas moins avoir devant les
yeux la Révélation divine comme une étoile qui les
conduit, pour que éclairés par elle ils se gardent des écueils
et des erreurs lorsque, dans leurs recherches et leurs réflexions,
ils perçoivent qu'ils peuvent être conduits, comme cela arrive
très souvent, à affirmer ce qui contredit plus ou moins la
vérité infaillible des choses qui ont été révélées
par Dieu.
2878
C'est pourquoi nous ne voulons pas douter que les hommes de ce congrès,
puisqu'ils reconnaissent et professent cette vérité, aient
voulu, à ce même moment, rejeter et réprouver cette
façon récente et faussée de faire de la philosophie
qui, même si elle admet la Révélation divine comme
un fait historique, subordonne néanmoins les vérités
ineffables proposées par la Révélation divine elle-même
aux investigations de la raison humaine, comme si ces vérités
étaient soumises à la raison, ou si la raison, avec ses propres
forces et principes, pouvait parvenir à la connaissance et à
la compréhension de toutes les vérités de notre foi
très sainte, lesquelles sont à ce point au- dessus de la
raison que celle-ci ne peu jamais être rendue capable de les comprendre
ou de le démontrer par ses propres principes naturels 2909.
2879
Nous voulons Nous persuader qu'ils n'ont pas voulu que l'obligation
à laquelle sont totalement soumis les maîtres et écrivains
catholiques soit uniquement restreinte aux sujets que le jugement infaillible
de l'Eglise propose à tous de croire comme des dogmes de foi 2922.
Notre conviction est aussi qu'ils n'ont pas voulu déclarer que cette
adhésion parfaite aux vérités révélées,
dont ils ont reconnu l'absolue nécessité pour arriver au
véritable progrès des sciences et pour réfuter les
erreurs, puisse être obtenue en se contentant d'accorder foi et respect
à tous les dogmes expressément définis par l'Eglise.
Car, même s'il s'agissait de cette mission qui doit se manifester
par l'acte de foi divine. Elle ne saurait être limitée à
ce qui a été défini par les décrets exprès
des conciles oecuméniques ou des pontifes romains de ce Siège
apostolique, mais elle doit aussi s'étendre à ce que le magistère
ordinaire de toute l'Eglise répandue dans l'univers transmet comme
divinement révélé et, par conséquent, qui est
retenu d'un consensus unanime et universel par les théologiens catholiques,
comme appartenant à la foi.
2880
Mais quand il s'agit de cette soumission qui oblige en conscience tous
les catholiques qui s'adonnent aux sciences de l'esprit, pour rendre de
nouveaux services à l'Eglise par leurs écrits, les membres
de ce congrès doivent reconnaître qu'il est absolument insuffisant
pour des savants catholiques de recevoir et de révérer les
dogmes de l'Eglise dont nous avons parlé, mais qu'il est aussi nécessaire
de se soumettre aux décisions touchant la doctrine qui sont édictées
par les congrégations pontificales, ainsi qu'aux points de doctrine
que le consensus commun et constant des catholiques tient pour des vérités
théologiques et des conclusions si certaines que les opinions qui
leur sont contraires, même si elles ne peuvent être dites hérétiques,
méritent cependant quelque censure théologique.
2886
Le fondement sur lequel s'appuie cette association est tel qu'il renverse
de fond en comble la constitution divine de l'Eglise. Elle suppose en effet
essentiellement que la véritable Eglise de Jésus Christ est
composée pour une part de l'Eglise romaine, répandue et étendue
dans le monde entier, pour une part du schisme de Photius et de l'hérésie
anglicane, pour lesquels, tout comme pour l'Eglise romaine, il y a "un
seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême" Ep 4,5 ....
2887
Rien, certes, ne doit tenir plus à coeur au catholique que de
voir la suppression radicale des schismes et des discordes entre chrétiens,
et chez tous les chrétiens le "souci de garder l'unité de
l'Esprit dans le lien de la paix" Ep 4,3 ... Mais que des fidèles
et des ecclésiastiques prient pour l'unité chrétienne
sous la conduite des hérétiques et, qui pis est, dans une
intention profondément souillée et infectée par l'hérésie,
ne peut être nullement toléré.
2888
La véritable Eglise du Christ est constituée par l'autorité
divine et reconnue par quatre notes, auxquelles, dans le Symbole, nous
affirmons qu'il faut croire. Chacune de ces notes est si intimement unie
aux autres qu'elle ne peut en être séparée. D'où
il résulte que l'Eglise qui est vraiment catholique et dite telle
doit en même temps manifester les prérogatives de l'unité,
de la sainteté et de la succession apostolique.
L'Eglise catholique est donc une, d'une unité remarquable et
parfaite sur toute la terre et parmi toutes les nations, de cette unité
dont le principe, la racine et l'origine indéfectible sont Pierre,
chez des apôtres, l'autorité souveraine de ses successeurs
dans la Chaire de Rome et son "origine supérieure". Il n'est pas
d'autre Eglise catholique que celle qui. bâtie sur Pierre seul, en
un corps joint et assemblé Ep 4,16 , se dresse dans l'unité
de la foi et de la charité.
2891
Non contents de bannir la religion de la société publique,
ils veulent également exclure cette même religion des familles
privées. Enseignant et professant l'erreur très funeste du
communisme et du socialisme, ils affirment en effet que "la société
domestique ou la famille emprunte toute sa raison d'être uniquement
au droit civil, et qu'en conséquence c'est de la loi civile que
découlent et dépendent tous les droits des parents sur les
enfants, et tout d'abord celui de les instruire et de les éduquer".
2892
Par ces conceptions et ces machinations impies, ces hommes pleins de
tromperie visent surtout à soustraire complètement à
la salutaire doctrine et à l'influence de l'Eglise l'instruction
et l'éducation de la jeunesse.
2894
Ils affirment en effet sans la moindre honte que "les lois de l'Eglise
ne s'appliquent pas en conscience, à moins qu'elles n'aient été
promulguées par le pouvoir civil ; que les actes et les décrets
des pontifes romains touchant la religion et l'Eglise ont besoin de la
sanction et de l'approbation, ou à tout le moins du consentement,
du pouvoir civil ; que les constitutions apostoliques par lesquelles ont
été condamnées les sociétés secrètes
- qu'on y exige ou non le serment de garder le secret - et par lesquelles
leurs adeptes et ceux qui les favorisent ont été frappés
d'anathème, n'ont aucune force dans les régions du monde
où les associations de ce genre ont été tolérées
par le gouvernement civil.
2895
Et ils n'ont pas honte non plus de professer hautement et publiquement
l'affirmation et le principe des hérétiques d'où naissent
tant de conceptions fausses et d'erreurs. Ils répètent en
effet que "le pouvoir ecclésiastique n'est pas, en vertu du droit
divin, distinct et indépendant du pouvoir civil, et qu'une telle
distinction et indépendance ne peuvent pas exister sans que les
droits essentiels du pouvoir civil soient accaparés et usurpés
par l'Eglise".
Et nous ne pouvons pas non plus passer sous silence l'audace de ceux
qui... affirment que "pour les jugements et décrets du Siège
apostolique dont il est déclaré que leur objet a trait au
bien général de l'Eglise, ainsi qu'à ses droits et
à sa discipline, dès lors qu'ils ne touchent pas aux dogmes
de la foi et des moeurs, on peut refuser d'y adhérer et de leur
obéir sans péché et sans aucun détriment aucun
pour la profession de la foi catholique"...
2896
C'est pourquoi toutes et chacune des fausses opinions et doctrines
signalées en détail dans la présente lettre, Nous
les réprouvons, les proscrivons et les condamnons en vertu de notre
autorité apostolique, et Nous voyons et ordonnons que tous les enfants
de l'Eglise catholique les tiennent pour réprouvées, proscrites
et condamnées.
2902
2. Il faut nier toute action de Dieu en l'homme et dans le monde.
2903
3. La raison humaine, sans avoir aucun compte à tenir de Dieu,
est l'unique arbitre du vrai et du faux, du bien et du mal ; elle est à
elle- même sa loi, et elle suffit par ses forces naturelles pour
procurer le bien à l'homme et aux peuples.
2904
4. Toutes les vérités de la religion dérivent
de la force native de la raison humaine ; c'est pourquoi la raison est
la norme souveraine par laquelle l'homme peut et doit acquérir la
connaissance des vérités de n'importe quelle espèce.
(2775-2786).
2905
5. La Révélation divine est imparfaite, et pour cette
raison sujette à un progrès continu et indéfini qui
correspond au développement de la raison humaine (2775-2786).
2906
6. La foi en Christ est en contradiction avec la raison ; et la Révélation
divine non seulement ne sert de rien, mais nuit même à la
perfection de l'homme. (2775-2786).
2907
7. Les prophéties et les miracles exposés et racontés
dans les Ecritures saintes sont des fables des prêtres, et les mystères
de la foi chrétienne sont le fruit d'inventions philosophiques ;
et dans les livres des deux Testaments sont contenues des inventions mythiques
; et Jésus Christ lui-même est une fiction mystique (2775-2786).
2909
9. Tous les dogmes de la religion chrétienne sans distinction
sont objet de la science naturelle ou philosophique ; et la raison humaine,
équipée de façon historique seulement, peut, par ses
propres forces et principes naturels, parvenir à une vraie connaissance
de tous les dogmes, même les plus cachés, dès lors
que ces dogmes auront été proposés à la raison
comme son objet. 2857, 2878
2910
10. Etant donné qu'autre est le philosophe, autre la philosophie,
celui-là a le droit et le devoir de se soumettre à une autorité
qu'il aura lui-même reconnue comme juste ; la philosophie cependant
ne peut ni ne doit se soumettre à aucune autorité 2858.
2911
11. Non seulement l'Eglise ne doit jamais censurer la philosophie,
mais elle doit même tolérer les erreurs de la philosophie
elle-même, et lui permettre de se corriger elle-même (2868).
2912
12. Les décrets du Siège apostolique et des congrégations
romaines empêchent le libre progrès de la science 2875.
2913
13. La méthode et les principes selon lesquels les anciens docteurs
scolastiques ont cultivé la théologie ne correspondent d'aucune
façon aux nécessités de notre temps et au progrès
des sciences 2876.
2914
14. On doit s'occuper de la philosophie sans tenir compte de la révélation
surnaturelle2875-2880.
N.B. Au système du rationalisme se rapportent pour une large
part les erreurs d'Anton Günther qui ont été condamnées
Cf.2828-2831.
2916
16. Les hommes peuvent trouver le chemin du salut éternel et
obtenir le salut éternel dans n'importe quelle religion (2775-2786).
2917
17. Il faut avoir au moins bon espoir pour le salut éternel
de tous ceux qui ne se trouvent pas du tout dans la vraie Eglise du Christ
2865- 2867.
2918
18. Le protestantisme n'est pas autre chose qu'une forme différente
de la même vraie religion chrétienne, et dans laquelle il
est donné de plaire à Dieu aussi bien que dans l'Eglise catholique.
2920
20. Le pouvoir ecclésiastique ne doit pas exercer son autorité
sans la permission et l'assentiment du pouvoir civil.
2921
21. L'Eglise n'a pas le pouvoir de définir dogmatiquement que
la religion catholique est l'unique vraie religion.
2922
22. L'obligation par laquelle les maîtres et les écrivains
catholiques sont tenus absolument se limite seulement aux choses qui ont
été proposées par le jugement infaillible de l'Eglise
comme dogme de foi à croire par tous 2879.
2923
23. Les pontifes romains et les conciles oecuméniques ont dépassé
les limites de leur pouvoir, ont usurpé les droits des princes,
et même ont erré en définissant en matière de
foi et de moeurs.
2924
24. L'Eglise n'a pas le pouvoir d'employer la force, ni aucun pouvoir
temporel direct ou indirect.
2925
25. Outre le pouvoir inhérent à l'épiscopat, un
autre pouvoir, temporel, lui a été concédé
de façon expresse ou tacite par l'autorité civile, lequel
est révocable pour cette raison par le pouvoir civil à son
gré.
2926
26. L'Eglise n'a pas le droit natif et légitime d'acquérir
et de posséder.
2927
27. Les ministres sacrés de l'Eglise et le pontife romain doivent
être absolument exclus de toute question et possession des choses
temporelles.
2928
28. Sans l'autorisation du gouvernement il n'est pas permis aux évêques
de promulguer même des lettres apostoliques.
2929
29. Les grâces concédées par le pontife romain
doivent être considérées comme nulles si elles n'ont
pas été sollicitées par le gouvernement.
2930
30. L'immunité de l'Eglise et des personnes ecclésiastiques
avait son origine dans le droit civil.
2931
31. Le for ecclésiastique pour les causes temporelles des clercs,
civiles ou criminelles, doit absolument être aboli même sans
consulter le Siège apostolique et malgré son opposition.
2932
32. L'immunité personnelle en vertu de laquelle les clercs sont
exempts d'assurer la charge du service militaire peut être abrogée
sans aucune violation du droit naturel et de l'équité ; or
le progrès demande cette abrogation, surtout dans une société
constituée sous une forme libérale.
2933
33. Il n'appartient pas uniquement au pouvoir de juridiction ecclésiastique,
par un droit propre et natif, de diriger en matière théologique
2875- 2880.
2934
34. La doctrine de ceux qui comparent le pontife romain à un
prince libre qui agit dans l'ensemble de l'Eglise est une doctrine qui
a prévalu au Moyen Age.
2935
35. Rien n'empêche que par une décision d'un concile général
ou du fait de l'ensemble des peuples, le souverain pontificat soit transféré
de la Ville à un autre évêque ou à une autre
ville.
2936
36. La définition d'un concile national n'admet pas d'autre
discussion, et l'administration civile peut exiger la chose selon ses déterminations.
2937
37. Il peut être institué des Eglises nationales soustraites
à l'autorité du pontife romain, et totalement séparées
d'elle.
2938
38. Trop d'actes arbitraires des pontifes romains ont contribué
à la division de l'Eglise en orientale et occidentale.
2940
40. La doctrine de l'Eglise catholique s'oppose au bien et aux intérêts
de la société humaine 2775.
2941
41. Au pouvoir civil, même exercé par un détenteur
infidèle, appartient un pouvoir indirect négatif dans le
domaine des choses sacrées ; il ne lui appartient donc pas seulement
le droit appelé 'exsequatur', mais aussi le droit appelé
'appel comme d'abus'.
2942
42. Dans un conflit de lois entre les deux pouvoirs, le droit civil
prévaut.
2943
43. Le pouvoir laïc a autorité pour casser, déclarer
et rendre nulles des conventions solennelles (appelées 'concordats')
conclues avec le Siège apostolique relativement à l'usage
de droits qui ont trait à l'immunité ecclésiastique,
sans son consentement et même contre son opposition.
2944
44. L'autorité civile peut s'immiscer dans les affaires qui
regardent la religion, les moeurs et le gouvernement spirituel. Elle peut
donc juger des instructions que les pasteurs publient, conformément
à leur charge, pour être une norme pour les consciences, et
elle peut même se prononcer sur l'administration des sacrements et
sur les dispositions nécessaires pour les recevoir.
2945
45. Toute la direction des écoles publiques dans lesquelles
est éduquée la jeunesse d'un Etat chrétien, à
l'exception dans une certaine mesure des séminaires épiscopaux,
peut et doit être attribuée à l'autorité civile,
et cela de telle manière que ne soit reconnu à aucune autre
autorité le droit de s'immiscer dans la discipline des écoles,
dans le régime des études, dans la collation des grades,
dans le choix ou l'approbation des maîtres.
2946
46. Bien plus, dans les séminaires des clercs eux-mêmes,
la méthode à suivre dans les études doit être
soumise à l'autorité civile.
2947
47. Il est requis pour le meilleur de la société civile
que les écoles populaires ouvertes à tous les enfants de
n'importe quelle classe du peuple, et généralement les institutions
publiques destinées à transmettre les lettres et les disciplines
plus rigoureuses et à pourvoir à l'éducation des jeunes,
soient soustraites à toute autorité, régulation et
influence de l'Eglise, et qu'elles soient pleinement soumises à
la décision de l'autorité civile et politique, selon ce qui
plaît aux gouvernements et en conformité avec l'opinion commune
du temps.
2948
48. Les catholiques peuvent approuver une méthode de formation
des jeunes en dehors de la foi catholique et du pouvoir de l'Eglise, qui
considère uniquement, ou en premier lieu, la connaissance des choses
de la nature et les fins de la vie sociale terrestre.
2949
49. La société civile peut empêcher que les évêques
et les fidèles du peuple communiquent librement avec le pontife
romain et entre eux.
2950
50. L'autorité laïque a par elle-même le droit de
présenter les évêques, et elle peut exiger d'eux qu'ils
commencent à administrer les diocèses avant d'avoir reçu
eux-mêmes du Saint-Siège l'institution canonique et les lettres
apostoliques.
2951
51. Le gouvernement laïc a même le droit de retirer aux
évêques l'exercice de leur ministère pastoral, et il
n'est pas tenu d'obéir au pontife romain pour ce qui regarde l'institution
des évêchés et des diocèses.
2952
52. Le gouvernement peut, de son propre droit, changer l'âge
prescrit par l'Eglise pour la profession religieuse des femmes aussi bien
que des hommes, et imposer à toutes les familles religieuses de
n'admettre personne aux voeux solennels sans son autorisation.
2953
53. Il faut abroger les lois qui concernent la protection du statut
des familles religieuses, de leurs droits et de leurs devoirs ; le gouvernement
civil peut même offrir une aide à tous ceux qui veulent quitter
l'état de la vie religieuse qu'ils avaient embrassé et enfreindre
leurs voeux solennels ; de même il peut supprimer complètement
les familles religieuses ainsi que les collégiales et les bénéfices
simples, même avec droit de patronage, et soumettre et attribuer
leurs biens et leurs revenus à l'administration et au contrôle
du pouvoir civil.
2954
54. Les rois et les princes ne sont pas seulement exempts de la juridiction
de l'Eglise, mais pour trancher les questions de juridiction ils sont supérieurs
à l'Eglise.
2955
55. L'Eglise doit être séparée de l'Etat, et l'Etat
de l'Eglise.
2957
57. La science concernant la philosophie et ce qui a trait aux moeurs
de même que les lois civiles, peuvent et doivent s'écarter
de l'autorité divine et ecclésiastique.
2958
58. On ne doit pas reconnaître d'autres forces que celles qui
sont données dans la matière, et toute la discipline des
moeurs ainsi que l'honnêteté doit consister à accumuler
et à augmenter de toutes les manières les richesses, et à
satisfaire le plaisir.
2959
59. Le droit consiste dans le fait matériel, et tous les devoirs
des hommes représentent un mot vide, et tous les faits humains ont
force de droit.
2960
60. L'autorité n'est pas autre chose que la somme du nombre
et des forces matérielles.
2961
61. L'injustice réussie d'un fait ne porte pas préjudice
au caractère inviolable du droit.
2962
62. On doit proclamer et observer le principe appelé de non-
intervention.
2963
63. Il est permis de refuser l'obéissance aux princes légitimes,
et même de se rebeller contre eux (2775-2786).
2964
64. Aussi bien la violation d'un serment, quelque saint qu'il soit,
que n'importe quelle action criminelle et honteuse opposée à
la loi éternelle, non seulement ne doit pas être blâmée,
mais est tout à fait licite et doit être célébrée
avec de grands éloges dès lors que cela est fait pour l'amour
de la patrie.
2966
66. Le sacrement du mariage n'est rien d'autre qu'un accessoire du
contrat qui peut en être séparé, et le sacrement lui-même
réside uniquement dans la bénédiction nuptiale.
2967
67. En vertu du droit naturel, le lien du mariage n'est pas indissoluble,
et dans différents cas le divorce proprement dit peut être
sanctionné par l'autorité civile.
2968
68. L'Eglise n'a pas le pouvoir d'introduire des empêchements
dirimants au mariage, mais ce pouvoir appartient à l'autorité
civile par qui les empêchements existants doivent être supprimés.
2969
69. L'Eglise au cours des siècles a commencé à
introduire des empêchements dirimants, non pas en vertu d'un droit
propre, mais en usant d'un droit qu'elle avait emprunté au pouvoir
civil.
2970
70. Les canons du concile de Trente qui censurent par l'anathème
ceux qui osent dénier à l'Eglise la faculté d'introduire
des empêchements dirimants 1803 ss., ou ne sont pas dogmatiques,
ou doivent être entendus de ce pouvoir emprunté.
2971
71. La forme prescrite par Trente 1813-1816 n'oblige pas sous peine
de nullité là où la loi civile prescrit une autre
forme et veut que le mariage soit valide au moyen de cette nouvelle forme.
2972
72. Boniface VIII a affirmé le premier que le voeu de chasteté
prononcé dans l'ordination rend nul le mariage.
2973
73. En vertu du contrat civil, un mariage au sens propre du terme peut
exister entre chrétiens, et il est faux de dire soit que le contrat
de mariage entre chrétiens est toujours un sacrement, soit que le
contrat est nul si le sacrement est exclu.
2974
74. Les causes relatives au mariage et aux fiançailles relèvent
de par leur nature de la juridiction civile.
N.B. - Ici il peut être fait mention de deux autres erreurs concernant
l'abolition du célibat des clercs et la préférence
à donner à l'état de mariage par rapport à
celui de la virginité. Elles ont été réfutées,
la première 2775- 2786 ; la seconde.
2976
76. L'abrogation du pouvoir civil dont jouit le Siège apostolique
contribuerait au plus haut point à la liberté et au bonheur
de l'Eglise.
N.B. - Autres affirmations à ce sujet également.
2978
78. C'est donc de façon louable que dans certaines régions
portant le nom de catholiques la loi a pourvu à ce qu'il soit permis
aux immigrants de pouvoir exercer publiquement leurs cultes respectifs.
2979
79. Il est en effet faux que la liberté civile de tous les cultes,
de même que le plein pouvoir laissé à tous de manifester
publiquement et au grand jour leurs opinions et leurs pensées, conduise
plus facilement à corrompre les moeurs et les esprits, et à
propager la peste de l'indifférentisme.
2980
80. Le pontife romain peut et doit se réconcilier et composer
avec le progrès, le libéralisme et la culture moderne.
2991
(3) Mais à partir de ces principes et de ces doctrines catholiques
ainsi que d'autres, les pasteurs doivent élaborer des instructions
pratiques par lesquelles ils persuaderont également les fidèles
de ce que notre très saint Seigneur a proclamé dans le consistoire
secret du 27 septembre 1852 : "Entre fidèles, il ne peut pas y avoir
de mariage qui ne soit en même temps sacrement ; et c'est pourquoi
toute autre union chez les chrétiens entre un homme et une femme
en dehors du sacrement, même conclue en vertu de la loi civile, n'est
rien d'autre qu'un concubinat honteux et funeste."
2992
(4) Et ils pourront en déduire facilement que devant Dieu et
son Eglise l'acte civil non seulement ne peut pas être considéré
comme un sacrement, mais qu'il ne peut pas être considéré
non plus, d'aucune manière, comme un contrat et de même que
le pouvoir civil n'a pas la capacité de lier un fidèle dans
le mariage, de même il n'a pas la capacité non plus de le
délier ; et c'est pourquoi... toute sentence portée par un
pouvoir laïc concernant la séparation de conjoints qui ont
été unis par un mariage légitime devant l'Eglise est
sans aucune valeur ; et un conjoint qui, abusant de ce jugement, oserait
s'unir à une autre personne, serait véritablement adultère,
de même que serait véritablement concubinaire celui qui aurait
la présomption de demeurer dans le mariage en vertu seulement d'un
acte civil ; et l'un et l'autre sont indignes de l'absolution aussi longtemps
qu'ils ne viennent pas à résipiscence et qu'ils ne se tournent
pas vers la pénitence en se soumettant aux prescriptions de l'Eglise.
2993
(5) (Cependant, pour éviter des sanctions, pour le bien des
descendants et pour éviter le danger de polygamie, il est permis
qu'après avoir contracté légitimement le mariage devant
l'Eglise, les fidèles aillent accomplir l'acte imposé par
la loi, mais avec l'intention..., lorsqu'ils se présentent devant
l'officier du gouvernement, de ne rien faire d'autre que d'accomplir une
cérémonie civile.
2998
Or quiconque considère avec soin et médite l'état
dans lequel se trouvent les diverses sociétés religieuses
divisées entre elles et séparées de l'Eglise catholique,
... devra se convaincre facilement que ni aucune de ces sociétés,
ni toutes réunies ensemble, ne constituent en aucune façon
et ne sont cette Eglise une et catholique que le Christ, le Seigneur, a
fondée et bâtie, et qu'il a voulu voir exister, et qu'elles
ne peuvent pas non plus être considérées en aucune
façon comme un membre ou une partie de cette même Eglise,
puisqu'elles sont séparées visiblement de l'unité
catholique.
Puisqu'en effet ces sociétés sont privées de cette
autorité vivante et établie par Dieu qui en particulier enseigne
aux hommes les réalités de la foi et de la règle des
moeurs, et qui les dirige et les gouverne en tout ce qui intéresse
leur salut éternel, il en résulte que ces sociétés
ont continuellement varié dans leurs doctrines, et cette mobilité
et cette instabilité ne cessent jamais dans ces sociétés.
Chacun comprend facilement... que cela est en opposition complète
avec l'Eglise instituée par le Christ Seigneur...
2999
C'est pourquoi, que tous ceux qui ne possèdent pas l'unité
de l'Eglise catholique saisissent l'occasion de ce concile par lequel l'Eglise
catholique, dont faisaient partie leurs aïeux donne une nouvelle preuve
de son unité intime et de son invincible vitalité, et, répondant
aux besoins de leurs coeurs qu'ils cherchent à s'arracher à
cet état dans lequel ils ne peuvent pas être assurés
de leur salut.
source: catho.org