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Symboles et Définitions de la Foi Catholique - Denzinger



GREGOIRE XVI ; 2 février

183l - 1er juin

 

Réponse de la Sacré Pénitencerie à l'archevêque de Besançon, 5

juillet 1831.
 

Thèses contre le traditionalisme de Bonnetty.

2811
1. " Même si la foi est au-dessus de la raison, il ne peut jamais exister entre elles aucun dissentiment réel, aucune discorde, puisque toutes deux découlent d'une seule et même source de vérité immuable et éternelle, Dieu très bon et très grand, et qu'elles s'aident mutuellement " 2776 ; voir 3019).

2812
2. Le raisonnement peut prouver avec certitude l'existence de Dieu, la spiritualité de l'âme, la liberté humaine. La foi est postérieure à la Révélation, et elle ne peut donc pas être alléguée pour prouver l'existence de Dieu vis-à-vis d'un athée, ni pour prouver la spiritualité de l'âme raisonnable et sa liberté face aux partisans du naturalisme et du fatalisme (voir 2751, 2754.

2813
3. L'usage de la raison précède la foi et y conduit l'homme à l'aide de la Révélation et de la grâce 2755.

2814
4. La méthode dont se sont servis saint Thomas, saint Bonaventure et d'autres scolastiques après eux, ne conduit pas au rationalisme, et elle n'a pas été la cause de ce que dans les écoles d'aujourd'hui la philosophie incline au naturalisme et au panthéisme. C'est pourquoi il n'est pas permis de reprocher à ces docteurs et à ces maîtres de faire usage de cette méthode, surtout avec l'approbation, au moins tacite, de l'Eglise.

Instruction du Saint-Office au vicaire apostolique du Siam, 4 Juillet 1855.
 

Privilège paulin

2817
Il est absolument défendu qu'une chrétienne épouse un païen ; mais si, après l'obtention de la dispense de disparité de culte par le Saint- Siège, il devait arriver qu'un tel mariage se réalise, on sait qu'il sera indissoluble quant au lien, et qu'il peut seulement être dissous parfois quant à la couche...C'est pourquoi une femme chrétienne ne pourra jamais contracter de secondes noces du vivant de cet homme non croyant, même s'il est concubinaire.

2818
Mais s'il s'agit de la femme païenne d'un païen concubinaire, et qu'elle se convertit, dans ce cas, une fois faite l'interpellation (comme plus haut), s'il refuse de se convertir ou de cohabiter sans injure à l'égard du Créateur, et donc de renoncer au concubinage (dans lequel il n'est certainement pas possible de vivre sans injure à l'égard du Créateur), elle pourra faire usage du privilège concédé en faveur de la foi.

2819
D'une façon générale, si la conversion du conjoint a précédé le mariage avec un non-croyant, conclu après dispense apostolique, il n'est absolument pas possible de bénéficier du privilège concédé en faveur de la foi ; mais si le mariage a précédé la conversion, alors la partie qui s'est convertie peut faire usage de ce privilège, toutes choses étant sauves, ainsi qu'il a été dit.

2820
Pour ce qui est des empêchements dirimants, il faut considérer également que l'ignorance invincible ou la bonne foi ne suffisent pas pour qu'un mariage soit contracté de façon valide. Même si parfois (mais cela doit rarement être considéré comme étant le cas dans la pratique) cette ignorance et cette bonne foi peuvent excuser du péché, jamais cependant elles ne peuvent rendre valide un mariage qui a été conclu malgré un empêchement dirimant.
 
 
 

Encyclique du Saint-Office aux évêques, 4 août 1856.

Abus du magnétisme

2823
Quelques réponses ont déjà été données par le Saint-Siège à ce sujet à propos de cas particuliers, et dans lesquelles ont été réprouvées comme illicites des expériences qui visent un but qui n'est pas naturel, ni honnête, et auquel on ne parvient pas par des moyens qui conviennent ; c'est pourquoi il a été décrété dans des cas semblables, le mercredi 21 avril 1841: "L'usage du magnétisme, tel qu'il est présenté, n'est pas licite." De même la Sacrée Congrégation a décidé de prohiber certains livres qui répandent obstinément des erreurs de cette sorte.

2824
Mais étant donné qu'au-delà des cas particuliers il devait être traité de l'usage du magnétisme en général, le mercredi 28 juillet 1847, il a été établi ce qui suit, pour servir de règle "Toute erreur, tout sortilège, toute invocation du démon, explicite ou implicite, étant écartés, l'usage du magnétisme, à savoir le simple acte d'utiliser des moyens physiques licites par ailleurs, n'est pas moralement interdit, dès lors qu'il ne tend pas à une fin illicite ou dévoyée d'une façon quelconque. Mais l'application de principes et de moyens purement physiques à des choses et à des effets réellement surnaturels, pour qu'ils soient expliqués physiquement, n'est rien d'autre qu'une tromperie absolument illicite et hérétique."

2825
Bien que par ce décret général le caractère licite ou illicite de l'usage ou de l'abus du magnétisme ait été suffisamment expliqué, la malice des hommes s'est tellement accrue que, négligeant la recherche licite du savoir, ils préfèrent s'attacher à des choses étranges au grand dommage de leurs âmes et au détriment de la société civile, et qu'ils se vantent d'avoir acquis un principe de magie ou de divination. C'est ainsi que des femmes de peu, emportées par des gesticulations qui ne sont pas toujours décentes, se répandent en affirmant que, grâce aux prestiges du somnambulisme et de ce qu'elles appellent la voyance, elles voient ce qui est invisible, et dans leur entreprise téméraire elles ont l'audace de s'engager dans des propos concernant la religion elle- même, d'évoquer les âmes des défunts, de recevoir des réponses, de révéler des choses ignorées ou lointaines, et de se livrer à d'autres pratiques superstitieuses de cette sorte, de manière à s'assurer pour elles-mêmes et pour leurs maîtres un grand bénéfice par des divinations sûres. Mais quels que soient l'art ou l'illusion mis en oeuvre en tout cela : dès lors que les moyens physiques sont ordonnés à des effets qui ne sont pas naturels, on est en présence d'une tromperie absolument illicite et hérétique, et d'un scandale qui porte atteinte aux bonnes moeurs.
 
 
 

Bref "Eximiam tuam" à l'archevêque de Cologne, 15 juin 1857.

Erreurs de Anton Günther

2828
Surtout en effet Nous constatons non sans douleur que prédomine dans ces oeuvres le système erroné et très pernicieux du rationalisme, souvent condamné par le Siège apostolique ; et de même nous constatons que dans ces mêmes livres et parmi d'autres choses on peut en lire d'assez nombreuses qui ne s'écartent pas peu de la foi catholique et d'une explication juste de la substance divine en trois personnes distinctes et éternelles.
De même nous avons appris que n'est pas meilleur ni plus exact ce qui est dit du mystère du Verbe incarné, et de l'unité de la personne divine du Verbe en deux natures, divine et humaine.
Nous constatons que dans ces mêmes livres il est porté atteinte à la conception et à la doctrine catholique concernant l'homme, lequel est constitué d'un corps et d'une âme de telle sorte que l'âme, c'est-à-dire l'âme rationnelle, est par elle-même la forme vraie et immédiate du corps.
Et nous n'ignorons pas qu'il y a dans ces livres des enseignements et des affirmations qui contredisent totalement la doctrine catholique concernant la liberté souveraine de Dieu, hors de toute nécessité, dans la création des choses.

2829
Il faut également réprouver et condamner fortement le fait que dans les livres de Günther la raison humaine et la philosophie qui, dans les choses de la religion, ne doivent pas dominer mais rester totalement servantes, se voient attribuer de façon téméraire le droit d'un magistère, et que pour cette raison se trouve perturbé ce qui doit demeurer très ferme, aussi bien pour ce qui est de la distinction entre science et foi, que pour ce qui est du caractère constamment immuable de la foi, laquelle est toujours une et demeure la même, tandis que la philosophie et les disciplines humaines ne demeurent pas toujours identiques à elles-mêmes et ne sont pas non plus exemptes d'une grande variété d'erreurs.

2830
A cela s'ajoute que les saints Pères ne sont pas considérés avec la révérence que prescrivent les canons des conciles et que méritent ces lumières très brillantes de l'Eglise, et qu'il n'est pas fait abstention non plus de ces sarcasmes contre les écoles catholiques que notre prédécesseur Pie VI, de vénérable mémoire, a solennellement condamnés 2679.

2831
Nous ne passerons pas non plus sous silence le fait que dans les livres de Günther la saine façon de parler est blessée au plus haut point, comme s'il était permis d'oublier les paroles de l'apôtre Paul 2Tm 1,13 ou celles par lesquelles Augustin nous avertit avec beaucoup de fermeté : "Mais à nous il convient de parler selon une règle précise, de peur qu'une trop grande liberté dans les mots n'engendre une opinion impie sur les choses qu'ils désignent."
 
 

Lettre apostolique "Dolore haud mediocri" à l'évêque de

Breslau, 30 avril 1860.

L'âme rationnelle comme principe de vie de l'homme

2833
On a incriminé... le fait que Baltzer..., après avoir ramené toute la controverse à la question de savoir si le corps possède un principe de vie qui lui est propre, distinct en lui-même de l'âme rationnelle, s'est élevé à une telle témérité qu'il a qualifié d'hérétique la position opposée, et qu'il a expliqué par de nombreux propos qu'elle devait être considérée comme telle.
Cela nous ne pouvons que le désapprouver avec force, lorsque nous considérons que la conception selon laquelle il y a en l'homme un unique principe de vie, à savoir l'âme rationnelle, par laquelle le corps aussi reçoit et son mouvement et toute sa vie et ses sensations, est très commune dans l'Eglise de Dieu, et que la plupart des docteurs - et surtout les plus approuvés - la considèrent comme à ce point liée au dogme de l'Eglise, qu'elle en est l'interprétation légitime et la seule vraie, et que par conséquent elle ne peut être niée sans erreur dans la foi.
 
 
 

Instruction du Saint-Office au vicaire apostolique de Tche-

Kiang, 1er (3) août

Réception régulière du baptême

2835
Exposé : (Un missionnaire, qui veut tenir compte aussi bien du respect dû au sacrement que du salut éternel du malade déjà proche de la mort, confère) le baptême avec cette condition : "Si tu es vraiment disposé", par quoi il a l'intention de ne pas baptiser si les bonnes dispositions n'existent pas.
 

Question : Une telle manière de conférer le baptême est-elle

licite ou non?

2836
Réponse : C'est une chose entendue que trois dispositions sont requises chez l'adulte pour la réception régulière du baptême, à savoir la foi, le repentir et l'intention de le recevoir. Est certainement nécessaire la foi, dans laquelle l'adulte doit être instruit de façon suffisante, à la mesure de l'intelligence qui est la sienne, au sujet des mystères de la religion chrétienne, et par laquelle il doit les croire fermement ; est nécessaire également le repentir, par lequel il doit éprouver de la douleur pour ses péchés et susciter en outre la contrition et l'attrition ; et troisièmement est requise de façon nécessaire l'intention ou la volonté de recevoir ce sacrement, et si elle fait défaut, le caractère baptismal n'est pas imprimé à l'adulte.

2837
Or la foi et le repentir sont requis chez l'adulte pour qu'il reçoive le sacrement de façon licite, et qu'il obtienne le fruit du sacrement ; l'intention cependant est nécessaire pour qu'il l'obtienne de façon valide, de sorte que celui qui est baptisé adulte sans la foi et le repentir, l'est de façon illicite certes, mais valide, et qu'en revanche celui qui est baptisé sans la volonté de recevoir le sacrement n'est baptisé ni licitement ni validement.

2838
Cela étant présupposé, il sera facile de reconnaître que dans le présent cas, le missionnaire n'a pas agi de façon juste lorsque, administrant le baptême à un adulte moribond, il a donné même valeur aux dispositions requises pour administrer le baptême de façon licite, et à celles qui sont requises de façon nécessaire pour le recevoir de façon valide. En effet, s'il y a doute sur le point de savoir si l'adulte proche de la mort est suffisamment instruit au sujet des mystères de la foi et s'il y croit de façon suffisante, et sur le point de savoir si lui-même veut réellement recevoir le baptême, et dès lors qu'après un examen diligent il demeure encore un doute au sujet de cette intention, le baptême doit être conféré avec cette condition : dans la mesure où il est capable d'être baptisé.

2839
Par ailleurs, le missionnaire n'a pas agi de façon juste lorsqu'en baptisant sous condition il a eu l'intention de ne pas baptiser si les bonnes dispositions n'étaient pas données chez celui qui reçoit le baptême, car en l'espèce le missionnaire doit seulement avoir l'intention de baptiser pour autant que celui qui reçoit le baptême est capable d'être baptisé, c'est-à-dire veut le recevoir de façon sincère.
 
 
 

Décret du Saint-Office, 18 septembre 1861

Erreurs des ontologistes.

Question : Les propositions suivantes peuvent-elles être enseignées de façon sûre.

2841
1. Une connaissance immédiate de Dieu, au moins habituelle, est essentielle à l'intelligence humaine, de sorte qu'elle ne peut rien connaître sans elle : elle est en effet la lumière de l'intellect elle-même.

2842
2. Cet être que nous connaissons en toutes choses et sans lequel nous ne connaissons rien, est l'être divin.

2843
3. Les universaux, considérés dans leur réalité objective, ne se distinguent pas réellement de Dieu.

2844
4. La connaissance innée de Dieu comme être pur et simple inclut toute autre connaissance de manière éminente ; de sorte que, par elle, nous connaissons implicitement tout être sous quelque aspect qu'il soit connaissable.

2845
5. Toutes les autres idées ne sont rien d'autre que les modifications de l'idée par laquelle Dieu est connu comme être pur et simple.

2846
6. Les réalités créées sont en Dieu comme la partie dans le tout, non pas certes dans le tout formel, mais dans le tout infini, parfaitement simple, qui pose hors de lui-même ses parties sans division ni diminution de lui-même.

2847
7. La création peut être expliquée ainsi : Dieu produit la créature par cet acte spécial par lequel il se comprend et se veut distinct d'une créature déterminée, par exemple l'homme.
Censure du Saint-Office : Non.
 
 
 

Lettre "Gravissimas inter" à l'archevêque de Munich-Freising,

11 décembre 1862.

Erreurs de Jakob Frohschammer concernant la liberté de la science

2850
(La Sacrée Congrégation de l'Index a jugé que l'auteur) s'écarte de la vérité catholique. Et cela d'une double manière surtout, d'abord parce que l'auteur attribue à la raison humaine des forces qui n'appartiennent aucunement à la raison ; ensuite parce qu'il accorde à cette même raison une liberté de juger de tout, et de toujours tout oser qui est telle que les droits, les devoirs et l'autorité de l'Eglise elle-même disparaissent totalement.

2851
L'auteur en effet enseigne d'abord que la philosophie, si on en a une notion exacte, peut non seulement connaître et comprendre les dogmes chrétiens que la raison naturelle a en commun avec la foi (à savoir comme objet commun de connaissance), mais aussi ceux qui sont principalement et proprement constitutifs de la religion et de la foi chrétiennes, à savoir la fin surnaturelle de l'homme elle-même et tout ce qui la concerne, et aussi que le très saint mystère de l'Incarnation du Seigneur, sont du domaine de la raison et de la philosophie, et que la raison, une fois donné l'objet, peut les atteindre en connaissance de cause par ses propres principes.
Même si l'auteur introduit une distinction entre ces dogmes et les premiers, et si c'est avec un moindre droit que ces derniers se voient attribués à la raison, il enseigne néanmoins très clairement et de façon ouverte qu'ils font partie eux aussi des données qui constituent l'objet propre de la science et de la philosophie.

2852
On peut et l'on doit, dès lors, conclure de l'opinion de l'auteur que, dans les mystères même les plus cachés de la sagesse et de la bonté de Dieu, même dans ceux de sa libre volonté - du moment que l'objet de la Révélation est donné - la raison peut par elle-même arriver à la science et à la certitude, et cela non pas à partir du principe de l'autorité divine, mais à partir de ses principes et de ses capacités naturelles. A quel point cette doctrine de l'auteur est fausse et erronée, tout un chacun... le voit aussitôt...

2853
Si ces partisans de la philosophie défendaient les vrais principes et les vrais droits de la raison et de la philosophie et eux seuls, ils devraient recevoir des louanges méritées. Car la vraie et saine philosophie occupe une place très remarquable, puisque sa tâche est de chercher soigneusement la vérité, de former justement et sérieusement la raison humaine, obscurcie sans doute mais nullement éteinte par la faute du premier homme, et de l'éclairer ; de saisir son objet de connaissance et un grand nombre de vérités, de bien les comprendre, de les approfondir, et de démontrer nombre d'entre elles, comme l'existence, la nature, les attributs de Dieu, que la foi aussi propose à croire, par des arguments tirés des principes, de les justifier, de les défendre, et, de cette manière, d'ouvrir la voie pour qu'on tienne plus exactement ces dogmes par la foi, et même pour que les dogmes les plus cachés, que la foi est seule d'abord à connaître, soient, d'une certaine manière, compris par la raison. Voilà ce que doit faire et ce à quoi doit s'occuper la science austère mais très belle de la vraie philosophie...

2854
Mais dans cette affaire des plus importantes nous ne pouvons jamais tolérer que tout soit mêlé inconsidérément, ni que la raison envahisse et trouble les réalités qui sont du domaine de la foi, alors qu'il y a des frontières très certaines et parfaitement connues de tous, au-delà desquelles la raison jamais n'a pu ni ne peut s'avancer de son propre droit. Relève notamment et clairement de ces dogmes ce qui concerne l'élévation surnaturelle de l'homme et ses rapports surnaturels avec Dieu, ainsi que ce qui est révélé à cette fin. Et comme ces dogmes dépassent la nature, il en résulte qu'ils ne peuvent être atteints ni par la raison naturelle, ni par les principes naturels. Jamais la raison ne peut être rendue capable de traiter de ces dogmes en connaissance de cause.
Mais si certains osent l'affirmer témérairement, qu'ils sachent qu'ils se séparent non pas de l'opinion de quelques docteurs, mais de la doctrine commune de l'Eglise qui n'a jamais changé.

2855
Il est établi en effet à partir des divines Ecritures et de la tradition des saints Pères que l'existence de Dieu et bien d'autres vérités peuvent certes être connues par la lumière de la raison naturelle Rm 1 , y compris par ceux qui n'ont pas encore reçu la foi, mais que les dogmes plus cachés, Dieu seul les a révélés, puisqu'il voulait faire connaître le mystère qui était caché depuis des siècles et des générations Col 1,26 ...

2856
... En transmettant la doctrine de l'Eglise, les saints Pères avaient le souci constant de distinguer la connaissance des réalités divines qui est commune à tous en vertu de l'intelligence naturelle, de la connaissance de ces choses qui est reçue par la foi moyennant le Saint-Esprit, et constamment ils ont enseigné que par elle nous sont révélés dans le Christ ces mystères qui dépassent non seulement la philosophie humaine mais également la connaissance naturelle des anges, et qui, même s'ils sont connus par la Révélation divine et reçus par la foi en elle, n'en demeurent pas moins recouverts du voile sacré de la foi et d'une ténèbre obscure aussi longtemps que dans cette vie mortelle nous cheminons loin du Seigneur.

2857
Tout cela fait apparaître le caractère totalement étranger à la doctrine de l'Eglise catholique de cette opinion par laquelle le même Frohschammer n'hésite pas à affirmer que tous les dogmes de la religion chrétienne sont immédiatement objet d'un savoir naturel ou de la philosophie, et que, dès lors que ces dogmes sont proposés à la raison comme son objet, la raison humaine simplement experte en histoire est à même, de par ses capacités naturelles et son principe, de parvenir à la connaissance véritable de tous les dogmes, y compris de ceux qui sont plus cachés 2909

2858
Mais dans les écrits de cet auteur qui ont été mentionnés prédomine une autre conception encore, qui est entièrement contraire à la doctrine et au sens de l'Eglise Catholique. Il attribue en effet à la philosophie une liberté qui ne doit pas être considérée comme une liberté de la science, mais comme une licence qui est à réprouver entièrement et qui ne peut pas être tolérée. Faisant en effet une distinction entre philosophe et philosophie, il donne au philosophe le droit et lui fait le devoir de se soumettre à une autorité que lui-même a reconnue pour vraie, mais il dénie l'un et l'autre à la philosophie en ce sens qu'il affirme, sans tenir compte de la doctrine révélée, que celle-ci ne peut ni ne doit jamais se soumettre à une autorité.

2859
Cela serait tolérable et peut-être admissible si cela était dit seulement du droit qu'a la philosophie de faire usage de ses principes et de ses méthodes ainsi que de ses conclusions, comme le font également les autres sciences, et si sa liberté consistait à user de son droit en ce sens qu'elle n'admettrait rien en elle qui n'aurait pas été acquis par elle-même selon ses propres conditions ou qui lui serait étranger.
Mais cette juste liberté de la philosophie doit reconnaître et éprouver ses limites. Car ce n'est pas au philosophe seulement, mais également à la philosophie, qu'il ne sera jamais permis soit de dire quelque chose qui est contraire à ce qu'enseignent la Révélation divine et l'Église, soit d'en mettre quelque chose en doute parce qu'elle ne le comprend pas, soit de ne pas accepter un jugement que l'autorité de l'Eglise a décidé de porter sur une conclusion de la philosophie.

2860
A cela s'ajoute encore que le même auteur défend la liberté de la philosophie, ou plutôt sa liberté sans limite, de façon si vive et si téméraire qu'il ne craint pas d'affirmer que l'Eglise ne doit pas seulement ne jamais blâmer la philosophie, mais qu'elle doit même tolérer les erreurs de la Philosophie et lui laisser le soin de se corriger elle-même 2911, d'où il résulte que les philosophes ont nécessairement part à cette liberté, et que par là ils sont eux-mêmes dégagés de toute loi. ...

2861
C'est pourquoi, en raison du pouvoir qui lui a été donné par son divin fondateur, l'Eglise n'a pas seulement le droit, mais surtout le devoir de ne pas tolérer et au contraire de proscrire les erreurs dès lors que l'intégrité de la foi et le salut des âmes le demandent, et à tout philosophe qui veut être un fils de l'Eglise, et aussi à la philosophie, incombe le devoir de ne jamais rien dire contre ce qu'enseigne l'Eglise, et de rétracter ce au sujet de quoi ils auront fait l'objet d'une monition.
La conception en revanche qui enseigne le contraire, nous affirmons et déclarons qu'elle est totalement erronée, et qu'elle fait injure au plus haut point à la foi elle-même, à l'Eglise et à son autorité.
 
 
 

Encyclique "Quanto conficiamur moerore" aux évêques d'Italie,

10 août 1863

L 'indifférentisme

2865
A nouveau nous devons mentionner et blâmer la très grave erreur dans laquelle malheureusement se trouvent certains catholiques qui pensent que des hommes vivant dans l'erreur et loin de la vraie foi et de l'unité catholique peuvent parvenir à la vie éternelle 2917. Or cela est contraire au plus haut point à la doctrine catholique.

2866
Nous savons, ainsi que vous, que ceux qui souffrent d'une ignorance invincible concernant notre très sainte religion, en observant avec soin la loi naturelle et ses préceptes, gravés par Dieu dans le coeur de tous, et qui sont disposés à obéir à Dieu et mènent ainsi une vie honnête et droite, peuvent, avec l'aide de la lumière et de la grâce divines, acquérir la vie éternelle ; car Dieu, qui voit parfaitement, scrute et connaît les esprits, les âmes, les pensées et les qualités de tous, dans sa très grande bonté et sa patience, ne permet pas que quelqu'un soit puni des supplices éternels sans être coupable de quelque faute volontaire.

2867
Mais nous connaissons parfaitement aussi le dogme catholique, à savoir qu'en dehors de l'Eglise catholique personne ne peut être sauvé, et que ceux qui sont rebelles à l'autorité de cette même Eglise et à ses définitions, et qui sont opiniâtrement séparés de l'unité de cette Eglise et du pontife romain, le successeur de Pierre, à qui a été confié le gouvernement et la garde de la vigne, ne peuvent pas obtenir le salut éternel.
 
 

Lettre "Tuas libenter" à l'archevêque de Munich-Freising, 21

décembre 1863

Soumission au magistère de l'Eglise

2875
Nous avons appris... que certains des catholiques qui s'adonnent à l'étude des plus hautes sciences, trop confiants dans les forces de l'esprit humain, n'ont pas craint qu'en affirmant une liberté fallacieuse et aucunement authentique de la science, les dangers d'erreurs les entraînent au-delà des limites que ne permet pas de franchir l'obéissance due au magistère de l'Eglise, établi pour garder l'intégralité de la totalité de la vérité révélée. Il en est résulté que des catholiques ainsi malheureusement trompés, se trouvent souvent d'accord aussi avec ceux qui déclament et déblatèrent contre les décrets de ce Siège apostolique et de nos congrégations, en affirmant qu'ils font obstacle au libre progrès de la science 2912, et s'exposent au danger de rompre ces liens de l'obéissance par lesquels, de par la volonté de Dieu, il sont liés à ce même Siège apostolique qui a été institué par Dieu lui-même maître et protecteur de la vérité.

2876
Nous n'ignorons pas non plus qu'en Allemagne une opinion fausse s'est développée contre l'école ancienne et contre la doctrine de ces éminents docteurs 2912 que l'Eglise universelle vénère en raison de leur sagesse admirable et de la sainteté de leur vie. Par cette fausse opinion l'autorité de l'Eglise elle-même est mise en doute, puisque l'Eglise elle-même, non seulement a permis, pendant des siècles, que la science théologique soit cultivée selon la méthode de ces docteurs et selon les principes consacrés par le consensus reconnu de toutes les écoles catholiques, mais a en outre très souvent accordé les plus grands éloges à leur doctrine théologique et l'a fortement recommandée comme le rempart le plus fort de la foi et comme une arme redoutable face à ses ennemis. ...

2877
Puisque cependant tous les hommes de ce congrès... ont affirmé que le progrès des sciences et le bon succès dans l'effort pour éviter et réfuter les erreurs de notre triste temps dépendent totalement de l'adhésion intérieure aux vérités révélées qu'enseigne l'Eglise catholique, ils ont eux-mêmes reconnu et professé cette vérité que les vrais catholiques, qui se sont adonnés à l'élaboration et au développement des sciences, ont toujours tenue et transmise. Et c'est en s'appuyant sur cette vérité que ces hommes savants et vraiment catholiques ont pu élaborer ces sciences de façon sûre, les expliquer et les rendre utiles et certaines.
Cela ne peut être obtenu cependant si la lumière de la raison humaine, circonscrite par des limites, même lorsqu'elle explore les vérités qu'elle peut atteindre par ses propres forces et ses facultés, ne vénère pas au plus haut point, comme il convient, la lumière infaillible et incréée de l'intelligence divine qui brille partout de façon admirable dans la révélation divine. En effet, bien que ces disciplines naturelles s'appuient sur leurs principes propres reconnus par la raison, les catholiques qui les cultivent n'en doivent pas moins avoir devant les yeux la Révélation divine comme une étoile qui les conduit, pour que éclairés par elle ils se gardent des écueils et des erreurs lorsque, dans leurs recherches et leurs réflexions, ils perçoivent qu'ils peuvent être conduits, comme cela arrive très souvent, à affirmer ce qui contredit plus ou moins la vérité infaillible des choses qui ont été révélées par Dieu.

2878
C'est pourquoi nous ne voulons pas douter que les hommes de ce congrès, puisqu'ils reconnaissent et professent cette vérité, aient voulu, à ce même moment, rejeter et réprouver cette façon récente et faussée de faire de la philosophie qui, même si elle admet la Révélation divine comme un fait historique, subordonne néanmoins les vérités ineffables proposées par la Révélation divine elle-même aux investigations de la raison humaine, comme si ces vérités étaient soumises à la raison, ou si la raison, avec ses propres forces et principes, pouvait parvenir à la connaissance et à la compréhension de toutes les vérités de notre foi très sainte, lesquelles sont à ce point au- dessus de la raison que celle-ci ne peu jamais être rendue capable de les comprendre ou de le démontrer par ses propres principes naturels 2909.

2879
Nous voulons Nous persuader qu'ils n'ont pas voulu que l'obligation à laquelle sont totalement soumis les maîtres et écrivains catholiques soit uniquement restreinte aux sujets que le jugement infaillible de l'Eglise propose à tous de croire comme des dogmes de foi 2922. Notre conviction est aussi qu'ils n'ont pas voulu déclarer que cette adhésion parfaite aux vérités révélées, dont ils ont reconnu l'absolue nécessité pour arriver au véritable progrès des sciences et pour réfuter les erreurs, puisse être obtenue en se contentant d'accorder foi et respect à tous les dogmes expressément définis par l'Eglise. Car, même s'il s'agissait de cette mission qui doit se manifester par l'acte de foi divine. Elle ne saurait être limitée à ce qui a été défini par les décrets exprès des conciles oecuméniques ou des pontifes romains de ce Siège apostolique, mais elle doit aussi s'étendre à ce que le magistère ordinaire de toute l'Eglise répandue dans l'univers transmet comme divinement révélé et, par conséquent, qui est retenu d'un consensus unanime et universel par les théologiens catholiques, comme appartenant à la foi.

2880
Mais quand il s'agit de cette soumission qui oblige en conscience tous les catholiques qui s'adonnent aux sciences de l'esprit, pour rendre de nouveaux services à l'Eglise par leurs écrits, les membres de ce congrès doivent reconnaître qu'il est absolument insuffisant pour des savants catholiques de recevoir et de révérer les dogmes de l'Eglise dont nous avons parlé, mais qu'il est aussi nécessaire de se soumettre aux décisions touchant la doctrine qui sont édictées par les congrégations pontificales, ainsi qu'aux points de doctrine que le consensus commun et constant des catholiques tient pour des vérités théologiques et des conclusions si certaines que les opinions qui leur sont contraires, même si elles ne peuvent être dites hérétiques, méritent cependant quelque censure théologique.
 
 
 

Lettre du Saint-Office aux évêques d'Angleterre, 16 septembre 1864.

L'unicité de I 'Eglise

2885
(L'Association pour la promotion de la réunification du christianisme érigée à Londres en 1857) professe expressément que trois communautés chrétiennes, la catholique romaine, la gréco-schismatique et l'anglicane, bien que séparées et divisées entre elles, revendiquent avec le même droit pour elles- mêmes le nom de catholique. Son accès est donc ouvert à tous, en quelque lieu qu'ils habitent, aussi bien catholiques, que gréco-schismatiques ou anglicans, à cette condition cependant qu'il ne sera permis à personne de soutenir une question au sujet des divers chapitres de doctrine qui les divisent, et qu'il soit libre à chacun de se conformer en toute tranquillité d'esprit aux principes de sa propre confession religieuse.
Elle demande cependant à tous ses membres de réciter des prières et aux prêtres de célébrer des sacrifices selon son intention : à savoir pour que les trois communions chrétiennes qui, comme il est suggéré, constituent toutes ensemble l'Eglise catholique, se réunissent enfin pour former un unique corps. ...

2886
Le fondement sur lequel s'appuie cette association est tel qu'il renverse de fond en comble la constitution divine de l'Eglise. Elle suppose en effet essentiellement que la véritable Eglise de Jésus Christ est composée pour une part de l'Eglise romaine, répandue et étendue dans le monde entier, pour une part du schisme de Photius et de l'hérésie anglicane, pour lesquels, tout comme pour l'Eglise romaine, il y a "un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême" Ep 4,5 ....

2887
Rien, certes, ne doit tenir plus à coeur au catholique que de voir la suppression radicale des schismes et des discordes entre chrétiens, et chez tous les chrétiens le "souci de garder l'unité de l'Esprit dans le lien de la paix" Ep 4,3 ... Mais que des fidèles et des ecclésiastiques prient pour l'unité chrétienne sous la conduite des hérétiques et, qui pis est, dans une intention profondément souillée et infectée par l'hérésie, ne peut être nullement toléré.

2888
La véritable Eglise du Christ est constituée par l'autorité divine et reconnue par quatre notes, auxquelles, dans le Symbole, nous affirmons qu'il faut croire. Chacune de ces notes est si intimement unie aux autres qu'elle ne peut en être séparée. D'où il résulte que l'Eglise qui est vraiment catholique et dite telle doit en même temps manifester les prérogatives de l'unité, de la sainteté et de la succession apostolique.
L'Eglise catholique est donc une, d'une unité remarquable et parfaite sur toute la terre et parmi toutes les nations, de cette unité dont le principe, la racine et l'origine indéfectible sont Pierre, chez des apôtres, l'autorité souveraine de ses successeurs dans la Chaire de Rome et son "origine supérieure". Il n'est pas d'autre Eglise catholique que celle qui. bâtie sur Pierre seul, en un corps joint et assemblé Ep 4,16 , se dresse dans l'unité de la foi et de la charité.
 
 
 

Encyclique "Quanta cura", 8 décembre 1864.

 

 

Naturalisme et socialisme

2890
Car lorsque la religion est bannie de la société civile, et que la doctrine et l'autorité de la Révélation divine sont rejetées, c'est aussi la vraie notion de la justice et du droit humain qui s'obscurcit et se perd, et la vraie justice et le droit légitime se trouvent remplacés par la force brute ; et on voit alors clairement pourquoi certains, ne tenant aucun compte des principes les plus assurés de la saine raison, osent dire hautement que "la volonté du peuple, manifestée par ce qu'ils appellent l'opinion publique ou d'une autre manière, constitue la loi suprême, indépendante de tout droit divin et humain et que, dans l'ordre politique, les faits accomplis, par cela même qu'ils sont accomplis, ont valeur de droit".
Mais qui ne voit et ne sent clairement qu'une société humaine soustraite aux liens de la religion et de la vraie justice ne pourra pas se proposer d'autre but que celui d'acquérir et d'amasser des richesses et de ne suivre d'autre loi dans ses actions que le désir sans frein du coeur, de servir ses propres passions et ses avantages ...

2891
Non contents de bannir la religion de la société publique, ils veulent également exclure cette même religion des familles privées. Enseignant et professant l'erreur très funeste du communisme et du socialisme, ils affirment en effet que "la société domestique ou la famille emprunte toute sa raison d'être uniquement au droit civil, et qu'en conséquence c'est de la loi civile que découlent et dépendent tous les droits des parents sur les enfants, et tout d'abord celui de les instruire et de les éduquer".

2892
Par ces conceptions et ces machinations impies, ces hommes pleins de tromperie visent surtout à soustraire complètement à la salutaire doctrine et à l'influence de l'Eglise l'instruction et l'éducation de la jeunesse.
 

L'indépendance de l'autorité de l'Eglise par rapport à

l'autorité civile.

2893
D'autres, qui renouvellent les inventions fausses et tant de fois condamnées des novateurs, ont l'insigne impudence de soumettre l'autorité suprême que l'Eglise et ce Siège apostolique ont reçue du Christ Seigneur à l'arbitraire de l'autorité civile, et de nier tous les droits de cette Eglise et de ce Siège au sujet de ce qui relève de l'ordre extérieur.

2894
Ils affirment en effet sans la moindre honte que "les lois de l'Eglise ne s'appliquent pas en conscience, à moins qu'elles n'aient été promulguées par le pouvoir civil ; que les actes et les décrets des pontifes romains touchant la religion et l'Eglise ont besoin de la sanction et de l'approbation, ou à tout le moins du consentement, du pouvoir civil ; que les constitutions apostoliques par lesquelles ont été condamnées les sociétés secrètes - qu'on y exige ou non le serment de garder le secret - et par lesquelles leurs adeptes et ceux qui les favorisent ont été frappés d'anathème, n'ont aucune force dans les régions du monde où les associations de ce genre ont été tolérées par le gouvernement civil.

2895
Et ils n'ont pas honte non plus de professer hautement et publiquement l'affirmation et le principe des hérétiques d'où naissent tant de conceptions fausses et d'erreurs. Ils répètent en effet que "le pouvoir ecclésiastique n'est pas, en vertu du droit divin, distinct et indépendant du pouvoir civil, et qu'une telle distinction et indépendance ne peuvent pas exister sans que les droits essentiels du pouvoir civil soient accaparés et usurpés par l'Eglise".
Et nous ne pouvons pas non plus passer sous silence l'audace de ceux qui... affirment que "pour les jugements et décrets du Siège apostolique dont il est déclaré que leur objet a trait au bien général de l'Eglise, ainsi qu'à ses droits et à sa discipline, dès lors qu'ils ne touchent pas aux dogmes de la foi et des moeurs, on peut refuser d'y adhérer et de leur obéir sans péché et sans aucun détriment aucun pour la profession de la foi catholique"...

2896
C'est pourquoi toutes et chacune des fausses opinions et doctrines signalées en détail dans la présente lettre, Nous les réprouvons, les proscrivons et les condamnons en vertu de notre autorité apostolique, et Nous voyons et ordonnons que tous les enfants de l'Eglise catholique les tiennent pour réprouvées, proscrites et condamnées.
 
 

Syllabus de Pie IX, ou Catalogue d'erreurs qui ont été condamnées

dans différentes déclarations de Pie IX, publié le 8 décembre 1864

Par. I Panthéisme, naturalisme et rationalisme absolu

2901
1. Il n'existe aucun être divin suprême, plein de sagesse et de providence, distinct de cet univers des choses ; et Dieu est la même chose que la nature des choses, assujetti par conséquent aux changements ; et en réalité Dieu devient dans l'homme et dans le monde, et toutes les choses sont Dieu et de la substance même de Dieu ; et Dieu est avec le monde une seule et même chose, comme le sont, dès lors, l'esprit et la matière, la nécessité et la liberté, le vrai et le faux, le bien et le mal, le juste et l'injuste.

2902
2. Il faut nier toute action de Dieu en l'homme et dans le monde.

2903
3. La raison humaine, sans avoir aucun compte à tenir de Dieu, est l'unique arbitre du vrai et du faux, du bien et du mal ; elle est à elle- même sa loi, et elle suffit par ses forces naturelles pour procurer le bien à l'homme et aux peuples.

2904
4. Toutes les vérités de la religion dérivent de la force native de la raison humaine ; c'est pourquoi la raison est la norme souveraine par laquelle l'homme peut et doit acquérir la connaissance des vérités de n'importe quelle espèce. (2775-2786).

2905
5. La Révélation divine est imparfaite, et pour cette raison sujette à un progrès continu et indéfini qui correspond au développement de la raison humaine (2775-2786).

2906
6. La foi en Christ est en contradiction avec la raison ; et la Révélation divine non seulement ne sert de rien, mais nuit même à la perfection de l'homme. (2775-2786).

2907
7. Les prophéties et les miracles exposés et racontés dans les Ecritures saintes sont des fables des prêtres, et les mystères de la foi chrétienne sont le fruit d'inventions philosophiques ; et dans les livres des deux Testaments sont contenues des inventions mythiques ; et Jésus Christ lui-même est une fiction mystique (2775-2786).
 

Par. II. Rationalisme modéré

2908
8. Comme la raison humaine est égalée à la religion elle-même, les disciplines théologiques doivent être traitées de la même manière que les disciplines philosophiques.

2909
9. Tous les dogmes de la religion chrétienne sans distinction sont objet de la science naturelle ou philosophique ; et la raison humaine, équipée de façon historique seulement, peut, par ses propres forces et principes naturels, parvenir à une vraie connaissance de tous les dogmes, même les plus cachés, dès lors que ces dogmes auront été proposés à la raison comme son objet. 2857, 2878

2910
10. Etant donné qu'autre est le philosophe, autre la philosophie, celui-là a le droit et le devoir de se soumettre à une autorité qu'il aura lui-même reconnue comme juste ; la philosophie cependant ne peut ni ne doit se soumettre à aucune autorité 2858.

2911
11. Non seulement l'Eglise ne doit jamais censurer la philosophie, mais elle doit même tolérer les erreurs de la philosophie elle-même, et lui permettre de se corriger elle-même (2868).

2912
12. Les décrets du Siège apostolique et des congrégations romaines empêchent le libre progrès de la science 2875.

2913
13. La méthode et les principes selon lesquels les anciens docteurs scolastiques ont cultivé la théologie ne correspondent d'aucune façon aux nécessités de notre temps et au progrès des sciences 2876.

2914
14. On doit s'occuper de la philosophie sans tenir compte de la révélation surnaturelle2875-2880.

N.B. Au système du rationalisme se rapportent pour une large part les erreurs d'Anton Günther qui ont été condamnées Cf.2828-2831.
 

Par. III. Indifférentisme, latitudinarisme.

2915
15. Il est loisible à chaque homme d'embrasser et de confesser la religion qu'il aura considérée comme vraie en étant conduit par la lumière de la raison.

2916
16. Les hommes peuvent trouver le chemin du salut éternel et obtenir le salut éternel dans n'importe quelle religion (2775-2786).

2917
17. Il faut avoir au moins bon espoir pour le salut éternel de tous ceux qui ne se trouvent pas du tout dans la vraie Eglise du Christ 2865- 2867.

2918
18. Le protestantisme n'est pas autre chose qu'une forme différente de la même vraie religion chrétienne, et dans laquelle il est donné de plaire à Dieu aussi bien que dans l'Eglise catholique.
 

Par. IV. Socialisme, communisme, sociétés secrètes, bibliques,

clérico- libéral

...sont réprouvés (2775-2786), (2865-2867).
 

Par. V. Erreurs concernant l'Eglise et ses droits

2919
19. L'Eglise n'est pas une société vraie et parfaite, pleinement libre, et elle ne jouit pas des droits propres et constants qui lui ont été conférés par son divin fondateur, mais il appartient au pouvoir civil de définir quels sont les droits de l'Eglise et les limites au sein desquelles elle peut exercer ces droits.

2920
20. Le pouvoir ecclésiastique ne doit pas exercer son autorité sans la permission et l'assentiment du pouvoir civil.

2921
21. L'Eglise n'a pas le pouvoir de définir dogmatiquement que la religion catholique est l'unique vraie religion.

2922
22. L'obligation par laquelle les maîtres et les écrivains catholiques sont tenus absolument se limite seulement aux choses qui ont été proposées par le jugement infaillible de l'Eglise comme dogme de foi à croire par tous 2879.

2923
23. Les pontifes romains et les conciles oecuméniques ont dépassé les limites de leur pouvoir, ont usurpé les droits des princes, et même ont erré en définissant en matière de foi et de moeurs.

2924
24. L'Eglise n'a pas le pouvoir d'employer la force, ni aucun pouvoir temporel direct ou indirect.

2925
25. Outre le pouvoir inhérent à l'épiscopat, un autre pouvoir, temporel, lui a été concédé de façon expresse ou tacite par l'autorité civile, lequel est révocable pour cette raison par le pouvoir civil à son gré.

2926
26. L'Eglise n'a pas le droit natif et légitime d'acquérir et de posséder.

2927
27. Les ministres sacrés de l'Eglise et le pontife romain doivent être absolument exclus de toute question et possession des choses temporelles.

2928
28. Sans l'autorisation du gouvernement il n'est pas permis aux évêques de promulguer même des lettres apostoliques.
 

2929
29. Les grâces concédées par le pontife romain doivent être considérées comme nulles si elles n'ont pas été sollicitées par le gouvernement.

2930
30. L'immunité de l'Eglise et des personnes ecclésiastiques avait son origine dans le droit civil.

2931
31. Le for ecclésiastique pour les causes temporelles des clercs, civiles ou criminelles, doit absolument être aboli même sans consulter le Siège apostolique et malgré son opposition.

2932
32. L'immunité personnelle en vertu de laquelle les clercs sont exempts d'assurer la charge du service militaire peut être abrogée sans aucune violation du droit naturel et de l'équité ; or le progrès demande cette abrogation, surtout dans une société constituée sous une forme libérale.

2933
33. Il n'appartient pas uniquement au pouvoir de juridiction ecclésiastique, par un droit propre et natif, de diriger en matière théologique 2875- 2880.

2934
34. La doctrine de ceux qui comparent le pontife romain à un prince libre qui agit dans l'ensemble de l'Eglise est une doctrine qui a prévalu au Moyen Age.

2935
35. Rien n'empêche que par une décision d'un concile général ou du fait de l'ensemble des peuples, le souverain pontificat soit transféré de la Ville à un autre évêque ou à une autre ville.

2936
36. La définition d'un concile national n'admet pas d'autre discussion, et l'administration civile peut exiger la chose selon ses déterminations.

2937
37. Il peut être institué des Eglises nationales soustraites à l'autorité du pontife romain, et totalement séparées d'elle.

2938
38. Trop d'actes arbitraires des pontifes romains ont contribué à la division de l'Eglise en orientale et occidentale.
 

Par. VI. Erreurs touchant la société civile considérée aussi

bien en elle- même

2939
39. En tant qu'origine et source de tout droit, l'Etat jouit d'un droit qui n'est circonscrit par aucune limite.

2940
40. La doctrine de l'Eglise catholique s'oppose au bien et aux intérêts de la société humaine 2775.

2941
41. Au pouvoir civil, même exercé par un détenteur infidèle, appartient un pouvoir indirect négatif dans le domaine des choses sacrées ; il ne lui appartient donc pas seulement le droit appelé 'exsequatur', mais aussi le droit appelé 'appel comme d'abus'.

2942
42. Dans un conflit de lois entre les deux pouvoirs, le droit civil prévaut.

2943
43. Le pouvoir laïc a autorité pour casser, déclarer et rendre nulles des conventions solennelles (appelées 'concordats') conclues avec le Siège apostolique relativement à l'usage de droits qui ont trait à l'immunité ecclésiastique, sans son consentement et même contre son opposition.

2944
44. L'autorité civile peut s'immiscer dans les affaires qui regardent la religion, les moeurs et le gouvernement spirituel. Elle peut donc juger des instructions que les pasteurs publient, conformément à leur charge, pour être une norme pour les consciences, et elle peut même se prononcer sur l'administration des sacrements et sur les dispositions nécessaires pour les recevoir.

2945
45. Toute la direction des écoles publiques dans lesquelles est éduquée la jeunesse d'un Etat chrétien, à l'exception dans une certaine mesure des séminaires épiscopaux, peut et doit être attribuée à l'autorité civile, et cela de telle manière que ne soit reconnu à aucune autre autorité le droit de s'immiscer dans la discipline des écoles, dans le régime des études, dans la collation des grades, dans le choix ou l'approbation des maîtres.

2946
46. Bien plus, dans les séminaires des clercs eux-mêmes, la méthode à suivre dans les études doit être soumise à l'autorité civile.

2947
47. Il est requis pour le meilleur de la société civile que les écoles populaires ouvertes à tous les enfants de n'importe quelle classe du peuple, et généralement les institutions publiques destinées à transmettre les lettres et les disciplines plus rigoureuses et à pourvoir à l'éducation des jeunes, soient soustraites à toute autorité, régulation et influence de l'Eglise, et qu'elles soient pleinement soumises à la décision de l'autorité civile et politique, selon ce qui plaît aux gouvernements et en conformité avec l'opinion commune du temps.

2948
48. Les catholiques peuvent approuver une méthode de formation des jeunes en dehors de la foi catholique et du pouvoir de l'Eglise, qui considère uniquement, ou en premier lieu, la connaissance des choses de la nature et les fins de la vie sociale terrestre.

2949
49. La société civile peut empêcher que les évêques et les fidèles du peuple communiquent librement avec le pontife romain et entre eux.

2950
50. L'autorité laïque a par elle-même le droit de présenter les évêques, et elle peut exiger d'eux qu'ils commencent à administrer les diocèses avant d'avoir reçu eux-mêmes du Saint-Siège l'institution canonique et les lettres apostoliques.

2951
51. Le gouvernement laïc a même le droit de retirer aux évêques l'exercice de leur ministère pastoral, et il n'est pas tenu d'obéir au pontife romain pour ce qui regarde l'institution des évêchés et des diocèses.

2952
52. Le gouvernement peut, de son propre droit, changer l'âge prescrit par l'Eglise pour la profession religieuse des femmes aussi bien que des hommes, et imposer à toutes les familles religieuses de n'admettre personne aux voeux solennels sans son autorisation.

2953
53. Il faut abroger les lois qui concernent la protection du statut des familles religieuses, de leurs droits et de leurs devoirs ; le gouvernement civil peut même offrir une aide à tous ceux qui veulent quitter l'état de la vie religieuse qu'ils avaient embrassé et enfreindre leurs voeux solennels ; de même il peut supprimer complètement les familles religieuses ainsi que les collégiales et les bénéfices simples, même avec droit de patronage, et soumettre et attribuer leurs biens et leurs revenus à l'administration et au contrôle du pouvoir civil.

2954
54. Les rois et les princes ne sont pas seulement exempts de la juridiction de l'Eglise, mais pour trancher les questions de juridiction ils sont supérieurs à l'Eglise.

2955
55. L'Eglise doit être séparée de l'Etat, et l'Etat de l'Eglise.
 

Par. VII. Erreurs concernant la morale naturelle et chrétienne

2956
56. Les lois concernant les moeurs n'ont pas besoin de sanction divine, et il n'est aucunement nécessaire que les lois humaines se conforment au droit naturel ou reçoivent leur force obligatoire de Dieu.

2957
57. La science concernant la philosophie et ce qui a trait aux moeurs de même que les lois civiles, peuvent et doivent s'écarter de l'autorité divine et ecclésiastique.

2958
58. On ne doit pas reconnaître d'autres forces que celles qui sont données dans la matière, et toute la discipline des moeurs ainsi que l'honnêteté doit consister à accumuler et à augmenter de toutes les manières les richesses, et à satisfaire le plaisir.

2959
59. Le droit consiste dans le fait matériel, et tous les devoirs des hommes représentent un mot vide, et tous les faits humains ont force de droit.

2960
60. L'autorité n'est pas autre chose que la somme du nombre et des forces matérielles.

2961
61. L'injustice réussie d'un fait ne porte pas préjudice au caractère inviolable du droit.

2962
62. On doit proclamer et observer le principe appelé de non- intervention.

2963
63. Il est permis de refuser l'obéissance aux princes légitimes, et même de se rebeller contre eux (2775-2786).

2964
64. Aussi bien la violation d'un serment, quelque saint qu'il soit, que n'importe quelle action criminelle et honteuse opposée à la loi éternelle, non seulement ne doit pas être blâmée, mais est tout à fait licite et doit être célébrée avec de grands éloges dès lors que cela est fait pour l'amour de la patrie.
 

Par. VIII. Erreurs concernant le mariage chrétien

2965
65. On ne peut admettre d'aucune manière que le Christ ait élevé le mariage à la dignité de sacrement.

2966
66. Le sacrement du mariage n'est rien d'autre qu'un accessoire du contrat qui peut en être séparé, et le sacrement lui-même réside uniquement dans la bénédiction nuptiale.

2967
67. En vertu du droit naturel, le lien du mariage n'est pas indissoluble, et dans différents cas le divorce proprement dit peut être sanctionné par l'autorité civile.

2968
68. L'Eglise n'a pas le pouvoir d'introduire des empêchements dirimants au mariage, mais ce pouvoir appartient à l'autorité civile par qui les empêchements existants doivent être supprimés.

2969
69. L'Eglise au cours des siècles a commencé à introduire des empêchements dirimants, non pas en vertu d'un droit propre, mais en usant d'un droit qu'elle avait emprunté au pouvoir civil.

2970
70. Les canons du concile de Trente qui censurent par l'anathème ceux qui osent dénier à l'Eglise la faculté d'introduire des empêchements dirimants 1803 ss., ou ne sont pas dogmatiques, ou doivent être entendus de ce pouvoir emprunté.

2971
71. La forme prescrite par Trente 1813-1816 n'oblige pas sous peine de nullité là où la loi civile prescrit une autre forme et veut que le mariage soit valide au moyen de cette nouvelle forme.

2972
72. Boniface VIII a affirmé le premier que le voeu de chasteté prononcé dans l'ordination rend nul le mariage.

2973
73. En vertu du contrat civil, un mariage au sens propre du terme peut exister entre chrétiens, et il est faux de dire soit que le contrat de mariage entre chrétiens est toujours un sacrement, soit que le contrat est nul si le sacrement est exclu.

2974
74. Les causes relatives au mariage et aux fiançailles relèvent de par leur nature de la juridiction civile.

N.B. - Ici il peut être fait mention de deux autres erreurs concernant l'abolition du célibat des clercs et la préférence à donner à l'état de mariage par rapport à celui de la virginité. Elles ont été réfutées, la première 2775- 2786 ; la seconde.
 

Par. IX. Erreurs concernant la souveraineté civile du pontife

romain

2975
75. La question de la compatibilité entre la souveraineté civile et la souveraineté spirituelle est disputée entre les fils de l'Eglise chrétienne et catholique.

2976
76. L'abrogation du pouvoir civil dont jouit le Siège apostolique contribuerait au plus haut point à la liberté et au bonheur de l'Eglise.

N.B. - Autres affirmations à ce sujet également.
 

Par. X. Erreurs qui se rapportent au libéralisme d'aujourd'hui

2977
77. En notre temps, il ne convient plus que la religion catholique soit considérée comme l'unique religion de l'Etat, à l'exclusion de tous les autres cultes.

2978
78. C'est donc de façon louable que dans certaines régions portant le nom de catholiques la loi a pourvu à ce qu'il soit permis aux immigrants de pouvoir exercer publiquement leurs cultes respectifs.

2979
79. Il est en effet faux que la liberté civile de tous les cultes, de même que le plein pouvoir laissé à tous de manifester publiquement et au grand jour leurs opinions et leurs pensées, conduise plus facilement à corrompre les moeurs et les esprits, et à propager la peste de l'indifférentisme.

2980
80. Le pontife romain peut et doit se réconcilier et composer avec le progrès, le libéralisme et la culture moderne.
 
 

Instruction de la Sacrée Pénitencerie, 15 janvier 1866.

Le mariage civil

2990
(2) La Sacrée Pénitencerie estime superflu de remettre en mémoire à quiconque que c'est un dogme bien connu de notre très sainte religion que le mariage est l'un des sept sacrements institués par le Christ, le Seigneur, et que par conséquent son administration appartient uniquement à l'Eglise elle-même à qui ce même Christ a confié la dispensation de ses mystères divins ; de même elle estime superflu de remettre en mémoire à quiconque la forme qui a été prescrite par le concile de Trente (24e session, Reforme du mariage, chap. 1: 1813-1816, et sans l'observance de laquelle, dans les lieux où elle a été promulguée, en aucun cas un mariage ne peut être contracté de façon valide.

2991
(3) Mais à partir de ces principes et de ces doctrines catholiques ainsi que d'autres, les pasteurs doivent élaborer des instructions pratiques par lesquelles ils persuaderont également les fidèles de ce que notre très saint Seigneur a proclamé dans le consistoire secret du 27 septembre 1852 : "Entre fidèles, il ne peut pas y avoir de mariage qui ne soit en même temps sacrement ; et c'est pourquoi toute autre union chez les chrétiens entre un homme et une femme en dehors du sacrement, même conclue en vertu de la loi civile, n'est rien d'autre qu'un concubinat honteux et funeste."

2992
(4) Et ils pourront en déduire facilement que devant Dieu et son Eglise l'acte civil non seulement ne peut pas être considéré comme un sacrement, mais qu'il ne peut pas être considéré non plus, d'aucune manière, comme un contrat et de même que le pouvoir civil n'a pas la capacité de lier un fidèle dans le mariage, de même il n'a pas la capacité non plus de le délier ; et c'est pourquoi... toute sentence portée par un pouvoir laïc concernant la séparation de conjoints qui ont été unis par un mariage légitime devant l'Eglise est sans aucune valeur ; et un conjoint qui, abusant de ce jugement, oserait s'unir à une autre personne, serait véritablement adultère, de même que serait véritablement concubinaire celui qui aurait la présomption de demeurer dans le mariage en vertu seulement d'un acte civil ; et l'un et l'autre sont indignes de l'absolution aussi longtemps qu'ils ne viennent pas à résipiscence et qu'ils ne se tournent pas vers la pénitence en se soumettant aux prescriptions de l'Eglise.

2993
(5) (Cependant, pour éviter des sanctions, pour le bien des descendants et pour éviter le danger de polygamie, il est permis qu'après avoir contracté légitimement le mariage devant l'Eglise, les fidèles aillent accomplir l'acte imposé par la loi, mais avec l'intention..., lorsqu'ils se présentent devant l'officier du gouvernement, de ne rien faire d'autre que d'accomplir une cérémonie civile.
 
 

Lettre apostolique "Iam vos omnes" à tous les protestants et

aux autres non- cat

La Nécessité de l'Eglise pour le salut

2997
Personne ne peut nier ou mettre en doute que le Christ Jésus lui-même, afin d'appliquer à toutes les générations humaines le fruit de sa Rédemption, a ici- bas sur terre édifié sur Pierre son unique Eglise, c'est-à-dire l'Eglise une, sainte, catholique, apostolique, et qu'il lui a conféré tout le pouvoir nécessaire pour que soit gardé intègre et pur le dépôt de la foi, et que cette même foi soit transmise à tous les peuples, races et nations, afin que par le baptême tous les hommes soient agrégés à son Corps mystique,... et pour que cette même Eglise, qui constitue le Corps mystique, demeure toujours ferme et immuable dans sa propre nature jusqu'à la fin des siècles...

2998
Or quiconque considère avec soin et médite l'état dans lequel se trouvent les diverses sociétés religieuses divisées entre elles et séparées de l'Eglise catholique, ... devra se convaincre facilement que ni aucune de ces sociétés, ni toutes réunies ensemble, ne constituent en aucune façon et ne sont cette Eglise une et catholique que le Christ, le Seigneur, a fondée et bâtie, et qu'il a voulu voir exister, et qu'elles ne peuvent pas non plus être considérées en aucune façon comme un membre ou une partie de cette même Eglise, puisqu'elles sont séparées visiblement de l'unité catholique.
Puisqu'en effet ces sociétés sont privées de cette autorité vivante et établie par Dieu qui en particulier enseigne aux hommes les réalités de la foi et de la règle des moeurs, et qui les dirige et les gouverne en tout ce qui intéresse leur salut éternel, il en résulte que ces sociétés ont continuellement varié dans leurs doctrines, et cette mobilité et cette instabilité ne cessent jamais dans ces sociétés. Chacun comprend facilement... que cela est en opposition complète avec l'Eglise instituée par le Christ Seigneur...

2999
C'est pourquoi, que tous ceux qui ne possèdent pas l'unité de l'Eglise catholique saisissent l'occasion de ce concile par lequel l'Eglise catholique, dont faisaient partie leurs aïeux donne une nouvelle preuve de son unité intime et de son invincible vitalité, et, répondant aux besoins de leurs coeurs qu'ils cherchent à s'arracher à cet état dans lequel ils ne peuvent pas être assurés de leur salut.
 
 
 

1er concile du VATICAN

(20e oecuménique)

8 décembre 1869-20

octobre 1870

 

3ème session, 1870 : constitution dogmatique "Dei Filius" sur

la foi catholique.

Préambule

3000
Mais à présent, au milieu des évêques du monde entier qui siègent et jugent avec Nous, réunis dans le Saint-Esprit par notre autorité en ce saint concile oecuménique, et appuyés sur la Parole de Dieu écrite et transmise par la tradition telle que Nous l'avons reçue, saintement conservée et fidèlement exposée par l'Eglise catholique, Nous avons résolu, du haut de cette chaire de Pierre, de professer et de déclarer à la face de tous la doctrine salutaire du Christ en proscrivant et en condamnant au nom de l'autorité qui Nous a été confiée par Dieu les erreurs contraires à cette doctrine.
 

Chap. 1. Dieu créateur de toutes choses

Le Dieu unique, parfait, distinct du monde.

3001
La sainte Eglise catholique apostolique romaine croit et professe qu'il y a un seul Dieu vrai et vivant, créateur et Seigneur du ciel et de la terre, tout- puissant, éternel, immense, incompréhensible, infini en intelligence, en volonté et en toute perfection ; vu qu'il est une substance spirituelle unique et singulière, absolument simple et immuable, il faut affirmer qu'il est distinct du monde en réalité et par essence, qu'il est parfaitement heureux en lui-même et par lui-même, et qu'il est ineffablement élevé au-dessus de tout ce qui est et peut se concevoir en dehors de lui 3021-3024.
 

L'acte de la création : sa perfection, sa fin et son effet.

3002
Ce seul vrai Dieu, par sa bonté et sa "toute-puissance", non pas pour augmenter sa béatitude ni pour acquérir sa pleine perfection, mais pour manifester celle-ci par les biens qu'il accorde à ses créatures, a, dans le plus libre des desseins, "tout ensemble, dès le commencement des temps, créé de rien les deux sortes de créatures, les spirituelles et les corporelles, c'est-à-dire les anges et le monde, et ensuite la créature humaine qui tient des deux, composée qu'elle est d'esprit et de corps" (4e concile du Latran : 800; dans ce qui suit : 3022 et 3025
 

La Providence divine

3003
Dieu garde et gouverne par sa Providence l'ensemble de ce qu'il a créé, "atteignant avec force d'un bout du monde à l'autre et disposant tout avec. douceur" Sg 8,1 . En effet, "toutes choses sont à nu et à découvert devant ses yeux" He 4,13 , y compris celles que l'action libre des créatures produira.
 
 

Chap. 2 La Révélation

Le fait de la Révélation surnaturelle

3004
La même sainte L'Eglise, notre Mère, tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées, car, "depuis la création du monde, ce qu'il y a d'invisible se laisse voir à l'intelligence grâce à ses oeuvres" Rm 1,20 . Toutefois, il a plu à sa sagesse et a sa bonté de se révéler lui-même au genre humain ainsi que les décrets éternels de sa volonté par une autre voie, surnaturelle celle-là : "Après avoir à maintes reprises et sous maintes formes parlé jadis à nos Pères par les prophètes, Dieu, tout récemment, nous a parlé par le Fils" He 1,1 ; 3021.
 

Sa nécessité

3005
C'est bien grâce à cette Révélation divine que tous les hommes doivent de pouvoir, dans la condition présente du genre humain, connaître facilement, avec une ferme certitude et sans aucun mélange d'erreur, ce qui dans les choses divines n'est pas de soi inaccessible à la raison. Ce n'est cependant pas pour cette raison que la Révélation doit être dite absolument nécessaire, mais parce que Dieu, dans son infinie bonté, a ordonné l'homme à une fin surnaturelle, à savoir la participation aux biens divins qui dépassent absolument ce que peut saisir l'esprit humain. Car "l'oeil n'a pas vu, l'oreille n'a pas entendu et n'est pas monté au coeur de l'homme ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment" 1Co 2,9 ; 3022-3023
 

Ses sources

3006
Cette Révélation surnaturelle est contenue, selon la foi de l'Eglise universelle affirmée par le saint concile de Trente "dans les livres écrits et dans les traditions non écrites qui, reçues par les apôtres de la bouche du Christ lui-même, ou transmises comme de main en main par les apôtres sous la dictée de l'Esprit Saint, sont parvenues jusqu'à nous " 1501. Ces livres de l'Ancien et du Nouveau Testament tels qu'ils sont énumérés dans le décret de ce concile et tels qu'on les trouve dans l'ancienne édition latine de la Vulgate, doivent être reçus pour sacrés et canoniques dans leur intégrité avec toutes leurs parties. L'Eglise les tient pour tels non point parce que, composés par le seul travail de l'homme, ils auraient été ensuite approuvés par son autorité, ni non plus seulement parce qu'ils contiennent sans erreur la Révélation, mais parce qu'écrits sous l'inspiration du Saint- Esprit, ils ont Dieu pour auteur et ont été transmis comme tels à l'Eglise 3024.
 
 
 

source: catho.org

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