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Symboles et Définitions de la Foi Catholique - Denzinger



Encyclique "Octobri mense", 22 septembre 1891.

Marie médiatrice des grâces

3274
Lorsque le Fils éternel de Dieu voulut, pour le rachat et l'honneur de l'homme, prendre une nature humaine et pour cela réaliser comme une union mystique avec le genre humain tout entier, il ne l'a pas fait avant que la mère choisie n'ait donné son libre consentement ; elle agissait en quelque sorte en la personne du genre humain lui-même, selon l'opinion très célèbre et très vraie de 1'Aquinate : "A travers l'Annonciation était attendu le consentement de la Vierge au nom de toute la nature humaine."
C'est pourquoi il est permis d'affirmer avec non moins de vérité et de justesse, qu'absolument rien de cet immense trésor de toute grâce apporté par le Seigneur - puisque "la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ" Jn 1,17 rien ne nous est distribué, de par la volonté de Dieu, sinon par Marie, de sorte que de même que personne ne peut accéder au Père sinon par le Fils, de même pour ainsi dire personne ne peut parvenir au Christ sinon par la mère...

3275
Telle nous l'a donnée Dieu, comme celle à qui, en la choisissant comme la mère de son Fils, il a inspiré des sentiments vraiment maternels qui ne sont qu'amour et pardon ; telle nous l'a montrée Jésus Christ par son agir, en voulant librement être soumis à Marie et lui obéir comme un fils à sa mère ; telle il l'a proclamée sur la croix, en confiant tout le genre humain à sa sollicitude et à sa protection en la personne du disciple Jean Jn 19,26 s ; telle enfin elle s'est présentée elle-même, elle qui accepta de grand coeur l'héritage de l'immense labeur laissé par son Fils mourant, et qui se mit aussitôt à remplir son office maternel à l'égard de tous.
 
 
 

Réponse du Saint-Office à l'archevêque de Fribourg, 27 juillet 1892.

Crémation des corps

3276
Questions : 1. Est-il permis d'administrer les derniers sacrements à des fidèles qui certes n'appartiennent pas à la secte maçonnique et qui ne sont pas guidés par les principes de celles-ci, mais qui, mus par d'autres raisons, ont ordonné que leur corps soient brûlés après leur mort, s'ils ne veulent par rétracter cet ordre ?

3277
2. Est-il permis d'offrir publiquement le sacrifice de la messe, ou aussi de l'appliquer de façon privée, pour des fidèles qui sans faute de leur part ont été brûlés, et de même d'accepter des fondations à cette fin?

3278
3 Est-il permis de coopérer à la crémation des corps, soit en donnant un ordre ou un conseil, soit en y apportant son concours, comme dans le cas de médecins, de fonctionnaires ou d'ouvriers qui accomplissent leur service dans un crématoire ? Ou cela est-il au moins permis si cela se fait en cas de nécessité et pour éviter un grave danger ?
4. Est-il permis de donner les sacrements à ceux qui coopèrent ainsi s'ils ne veulent pas cesser cette coopération ou qu'ils affirment ne pas le pouvoir ?

3279
Réponses : Pour 1. si après admonestation ils refusent : non. Pour savoir s'il doit y avoir une admonestation ou non, on observera les règles transmises par les auteurs éprouvés, en veillant surtout à éviter le scandale.
Pour 2. Pour ce qui est de l'application publique de la messe: on pour ce qui est de l'application privée : oui.
Pour 3. Il n'est jamais permis de coopérer formellement par un ordre ou par un conseil. Il peut cependant être toléré parfois une coopération matérielle dès lors que - 1. la crémation n'est pas considérée comme un signe d'expression de la secte maçonnique, que - 2. rien n'y est contenu qui de soi exprime directement et uniquement le rejet de la doctrine catholique et l'approbation de la secte, et que - 3. il n'est pas établi que les fonctionnaires et les ouvriers catholiques sont astreints ou appelés à ce travail pour mépriser la religion catholique. Même si au demeurant dans ces cas ils doivent être maintenus dans leur bonne foi, ils doivent cependant être toujours exhortés à ne pas chercher à coopérer à la crémation.
Pour 4 - A été clarifié dans ce qui précède. Et on donnera le décret du 15/12/1886
 
 
 

Encyclique "Providentissimus Deus", 18 novembre 1893.

Les autorités pour l'interprétation de la sainte Ecriture.

3280
(Dans son enseignement, le maître) se référera à la traduction de la Vulgate, au sujet de laquelle le concile de Trente a décrété que "dans les leçons publiques, les discussions, les prédications et les explications" elle devra être tenue pour "authentique " 1506, et qui est recommandée également par la pratique quotidienne de l'Eglise. Cependant on tiendra compte également, comme il convient, des autres traductions que l'antiquité chrétienne a reconnues et utilisées, en particulier des premiers manuscrits. En effet, si pour ce qui concerne le donné principal, la façon dont s'exprime la Vulgate fait bien apparaître le sens hébreu et grec, lorsque quelque chose y est exprimé de façon ambiguë, ou l'est de façon moins précise, il sera utile, comme le conseille Augustin, de "considérer les langues antérieures". ..

3281
.. Le concile du Vatican a repris la doctrine des Pères lorsqu'il renouvela le décret du concile de Trente concernant l'interprétation de la Parole divine écrite, et qu'il déclara que sa volonté était que "dans les matières de foi et de moeurs qui concernent l'élaboration de la doctrine chrétienne, on doit tenir pour véritable sens de la sainte Ecriture celui qu'a tenu et que tient notre Mère la sainte Eglise, à laquelle il appartient de juger du sens et de l'interprétation véritables des saintes Ecritures ; et que, dès lors, il n'est permis à personne d'interpréter cette sainte Ecriture contrairement à ce sens ni non plus contrairement au consentement unanime des Pères" 1507, 3007.

3282
Par cette loi pleine de sagesse, l'Eglise n'arrête et ne contrarie en rien la recherche de la science biblique : au contraire, elle la maintient à l'abri de l'erreur et contribue puissamment à son progrès véritable. En effet, chaque docteur privé voit ouvert devant lui un vaste champ dans lequel, en suivant une direction sûre, il pourra, dans son travail d'interprétation, combattre d'une façon remarquable et avec profit pour l'Eglise. Dans les passages de la sainte Ecriture en effet qui attendent encore une explication certaine et bien définie, il pourra se faire, grâce à un dessein bienveillant de la Providence divine, que le jugement de l'Eglise se trouve pour ainsi dire mûri par une étude préparatoire ; mais pour les passages déjà définis, le docteur privé pourra jouer un rôle également utile, soit en les expliquant plus clairement à la foule des fidèles ou de façon plus ingénieuse aux hommes instruits, soit en les défendant plus fortement contre les adversaires. ..

3283
Dans les autres questions, on suivra l'analogie de la foi et on prendra pour norme suprême la doctrine catholique, telle qu'elle est reçue de l'autorité de l'Eglise. ..

3284
Les saints Pères qui "après les apôtres, ont planté, arrosé, bâti fait paître, nourri la sainte Eglise qui, par eux, s'est développée", ont la plus haute autorité chaque fois qu'ils expliquent tous, d'une seule manière, un texte de la Bible concernant la doctrine de la foi et des moeurs : leur accord en effet met nettement en relief que là est une tradition venant des apôtres, selon la foi catholique. ..
(L'exégète) ne doit pas penser pour autant que la route lui est fermée et qu'il ne peut pas, lorsqu'une juste cause existe, aller plus loin dans ses recherches et ses explications, pourvu qu'il suive religieusement le sage précepte donné par Augustin de ne s'écarter en rien du sens littéral et comme évident, à moins qu'il n'y ait quelque raison qui l'empêche de s'y attacher ou qui rende nécessaire de l'abandonner. ...
 
 
 

Réponse du Saint-Office à l'évêque de Srinagar (Inde), 18

juillet 1894.

Le baptême d'enfants de parents infidèles

3296
Questions (28 août 1886): 1 . Des enfants d'infidèles peuvent- ils être baptisés s'ils se trouvent en péril (de mort), mais non à l'article de la mort ?
2 . Ces enfants peuvent-ils au moins être baptisés s'il n'est pas d'espoir de les revoir à nouveau ?
3 . Qu'en est-il si on peut présumer avec prudence qu'ils ne survivront pas à une maladie dont ils sont actuellement atteints, et qu'ils mourront avant l'âge de discrétion ?
4 . Peut-on baptiser des enfants d'infidèles qui se trouvent en péril (de mort) ou à l'article de la mort, dont on doute qu'ils aient atteint l'âge de discrétion, et qu'il n'y a pas d'occasion de les instruire dans les réalités de la foi ?

Réponse : Pour 1-3 : oui; pour 4 : les missionnaires s'efforceront de les instruire de la meilleure manière possible, sinon ils doivent être baptisés sous condition.
 
 
 

Réponse du Saint-Office à l'archevêque de Cambrai, 24 juillet 1895.

Avortement

3298
Exposé : lorsque le médecin Titius fut appelé auprès d'une femme enceinte qui se trouvait dans un état grave, il constata que la maladie qui la mettait en danger de mort n'avait pas d'autre cause que la grossesse elle- même, c'est-à- dire la présence du foetus dans l'utérus. Aussitôt la voie lui est apparue permettant de sauver la mère d'une mort certaine, à savoir faire en sorte qu'il se produise un avortement, c'est-à-dire une sortie du foetus. C'est cette voie qu'il suivait habituellement, en mettant en oeuvre cependant des moyens et des opérations qui par eux-mêmes et de façon directe ne visent pas à tuer le foetus dans le sein de la mère, mais seulement à ce que, si possible, le foetus vienne au jour vivant, même s'il devait mourir aussitôt puisque totalement immature encore. Mais ayant lu ce que le Saint-Siège a répondu le 19 août l889 à l'archevêque de Cambrai, "à savoir qu'il ne peut pas être enseigné de façon sûre" qu'une opération qui tue directement le foetus est licite, même si cela était nécessaire pour sauver la mère, Titius se trouve dans le doute concernant la licéité des opérations chirurgicales par lesquelles il a parfois lui-même provoqué un avortement de manière à sauver des femmes enceintes gravement malades.
Question : Titius demande s'il peut procéder à nouveau de façon sûre aux opérations évoquées si les circonstances susdites se répètent.
Réponse (confirmée par le souverain pontife le 25 juillet) : Non, conformément à d'autres décrets, à savoir ceux du 28 mai 1884 et du 19 août 1889.
 
 
 

Réponse du Saint-Office à un évêque du Brésil, 5 août 1896

Le vin de messe

3312
Exposé ... Dans cette région le raisin est si faible et si aqueux que pour obtenir un vin passable il faut mêler au moût un peu de sucre tiré d'une plante appelée dans la langue du pays canna de assugar (canne à sucre). ... Ayant pris connaissance de... la réponse de la Sainte Inquisition romaine et universelle du 25 juin 1891, des doutes ont surgi :

Question : Le vin ainsi fabriqué peut-il être utilisé de façon sûre pour le saint sacrifice de la messe ?

Réponse (confirmée par le souverain pontife, le 7 août : Au lieu du sucre extrait de la canne à sucre appelée dans la langue du pays canna de assugar, il faut plutôt ajouter de l'alcool, à condition seulement qu'il soit tiré du fruit de la vigne, et que sa quantité, ajoutée à celle que le vin dont il s'agit contient naturellement, n'excède pas une proportion de douze pour cent ; ce mélange cependant doit être fait lorsque ce qu'on appelle la fermentation tumultueuse a commencé de s'apaiser.
 
 
 
 

Réponse du Saint-Office à l'archevêque de Tarragone, 5 août 1896.

Le vin de messe

3313
Question : 1 - Peut-on ... ajouter pour leur conservation aux vins (à exporter), en particulier aux vins doux, de l'esprit de vin ou de l'alcool, sans que pour autant ils cessent d'être une matière appropriée pour le saint sacrifice de la messe ?
2. Est-il permis, pour accomplir le saint sacrifice de la messe, d'utiliser du vin qui a été tiré du moût qui, avant la fermentation du vin, a été concentré par évaporation au-dessus du feu ?

Réponse (confirmée par le Souverain pontife, le 7 août): Pour 1. Dès lors que ... l'esprit-de-vin a été tiré du fruit de la vigne, et que la quantité d'alcool à ajouter, avec celle que le vin dont il s'agit contient naturellement, n'excède pas une proportion de dix-sept ou dix-huit pour cent, et que le mélange est fait lorsque ce qu'on appelle la fermentation tumultueuse a commencé à s'apaiser, rien ne s'oppose à ce que ce vin soit utilisé lors du sacrifice de la messe.
Pour 2. Cela est permis dès lors qu'une telle décoction n'exclut pas la fermentation alcoolique, et que la fermentation elle-même peut être obtenue de façon naturelle et qu'elle l'est effectivement.
 

Lettre "Apostolicae curae et caritatis", 13 septembre 1896

Ordinations anglicanes

3315
Dans le rite de la confection et de l'administration de tout sacrement, on distingue avec raison entre la partie cérémonielle et la partie essentielle qu'on a coutume d'appeler matière et forme. Chacun sait que les sacrements de la Loi nouvelle, en tant que signes sensibles et efficaces d'une grâce invisible, doivent signifier la grâce qu'ils produisent et produire la grâce qu'ils signifient 1310;1606. Même si cette signification doit se trouver dans tout le rite essentiel, c'est-à-dire dans la matière et la forme, elle appartient particulièrement à la forme, étant donné que la matière est en partie indéterminée par elle-même, et que c'est la forme qui la détermine. Et cela apparaît avec plus d'évidence encore dans le sacrement de l'ordre où, lorsqu'il est conféré, la matière telle qu'elle se donne à voir à cette place, est l'imposition des mains ; celle-ci, assurément, ne signifie par elle-même rien de défini, et on l'emploie aussi bien pour certains ordres que pour la confirmation.

3316
Or les paroles qui sont utilisées jusqu'à nos jours par les anglicans comme la forme propre à l'ordination presbytérale, à savoir "Reçois l'Esprit Saint", sont loin de signifier de façon précise l'ordination au sacerdoce ou sa grâce, et le pouvoir qui est principalement le pouvoir de "consacrer et d'offrir le vrai corps et le vrai sang du Seigneur" 1771 dans ce sacrifice, qui n'est pas "la simple commémoration du sacrifice accompli sur la croix" 1753. Certes, à cette forme furent ajoutées plus tard les mots "pour l'office et la charge de presbytre" ; mais cela donne à penser plutôt que les anglicans eux- mêmes ont vu que cette première forme était défectueuse et non appropriée à la chose. Mais cette même addition, à supposer qu'elle eût pu donner à la forme la signification requise, fut introduite trop tard, puisqu'un siècle déjà s'était écoulé depuis l'adoption de l'Ordinale Eduardianum car, la hiérarchie s'étant éteinte, il n'y avait plus de pouvoir d'ordonner. ...

3317
(Ce numéro est subdivisé en 3 parties : 3317, 3317a, 3317b)

Il en va de même pour la consécration épiscopale. En effet, la formule "Reçois l'Esprit Saint" non seulement fut complétée trop tard par les mots "pour l'office et la charge d'évêque", mais, Nous le dirons bientôt, ces mots doivent aussi être compris autrement que dans le rite catholique. Et il ne sert de rien d'avoir recours à la prière de la Préface Dieu tout-puissant, puisqu'on en a également retranché les mots qui désignent le sacerdoce suprême.
Certes, il n'y a pas lieu de rechercher ici si l'épiscopat est un complément du sacerdoce ou un ordre distinct de celui-ci ou si lorsqu'il est conféré per saltum, c'est-à-dire à un homme qui n'est pas prêtre, il a un effet ou non. Mais il est hors de doute, comme il ressort de l'institution même du Christ, que (l'épiscopat) fait partie véritablement du sacrement de l'ordre, et qu'il est sacerdoce à un degré éminent ; en effet, aussi bien dans le langage des saints Pères que dans notre usage liturgique, il est appelé sacerdoce suprême, sommet du ministère sacré.
Il en résulte ceci : étant donné que le sacrement de l'ordre et le vrai sacerdoce du Christ ont été totalement bannis du rite anglican, et que par conséquent dans la consécration épiscopale de ce rite le sacerdoce n'est d'aucune manière conféré, l'épiscopat ne peut pas non plus, et d'aucune manière, être conféré vraiment et de façon légitime, et cela d'autant plus que parmi les premières fonctions de l'épiscopat il y a celle d'ordonner les ministres pour la sainte eucharistie et le sacrifice.

3317a

Pour apprécier de façon juste et complète l'Ordinal anglican, outre ce qui a été critiqué pour certains de ses passages, rien n'est plus important que de considérer comme il convient dans quelles circonstances il a été composé et mis en vigueur publiquement. Il serait trop long de les passer toutes en revue, et cela n'est pas non plus nécessaire : l'histoire de cette époque en effet montre assez clairement quel esprit animait les auteurs de l'Ordinal à l'égard de l'Eglise catholique, quels appuis ils ont recherchés auprès de sectes hétérodoxes, et quel but ils poursuivaient.

Sachant très bien le lien nécessaire qui existe entre la foi et le culte, entre la règle de la foi et la règle de la prière, ils ont déformé de multiples manières l'Ordonnance de la liturgie dans le sens des erreurs des novateurs, et cela sous couvert de rétablir sa forme primitive. C'est pourquoi, dans tout l'Ordinal, non seulement il n'est fait aucune mention expresse du sacrifice, de la consécration, du sacerdoce et du pouvoir de consacrer et d'offrir le sacrifice ; mais encore les moindres traces de ces réalités qui subsistaient encore dans les prières du rite catholique qui n'ont pas été totalement rejetées, ont été supprimées et effacées avec ce soin que nous avons mentionné plus haut.

3317b

Le caractère originel et l'esprit de l'Ordinal, comme ils disent, apparaissent ainsi d'eux-mêmes. Mais étant donné qu'il comprenait ce défaut dès le commencement, et qu'il ne pouvait d'aucune manière être valide pour l'ordination, il ne pouvait pas être valide non plus dans la suite des temps, puisqu'il demeurait tel quel. Et c'est en vain qu'ont agi ceux qui depuis l'époque de Charles 1er se sont efforcés d'admettre quelque chose du sacrifice et du sacerdoce et qui firent un ajout à l'Ordinal ; et de même que c'est en vain que s'emploient un petit nombre d'anglicans qui se sont réunis récemment et qui pensent que ce même Ordinal peut être compris en un sens juste et y être ramené.
Ces efforts, disons-Nous, ont été et sont vains, et cela pour cet autre motif également que si, dans l'Ordinal anglican tel qu'il est maintenant, certaines expressions contiennent un double sens, elles ne peuvent pas cependant prendre la signification qu'elles ont dans le rite catholique. En effet, lorsqu'un rite a été adopté dans lequel, nous l'avons vu, a été nié ou dénaturé le sacrement de l'ordre, et dans lequel a été répudiée toute mention de la consécration et du sacrifice, la formule "Reçois l'Esprit Saint", c'est-à-dire l'Esprit qui, avec la grâce du sacrement, est infusé dans l'âme, n'a plus de consistance ; et de même les expressions "pour l'office et la charge de presbytre" ou "d'évêque" et d'autres semblables n'ont plus de consistance et demeurent comme des mots sans la réalité qu'a instituée le Christ.

3318
A ce défaut de forme très profond est lié un défaut de cette intention qui est requise elle aussi de façon nécessaire pour qu'il y ait sacrement. L'Eglise ne porte pas de jugement sur la pensée ou l'intention, puisqu'il s'agit de quelque chose qui de soi est intérieur ; mais dans la mesure où elle est exprimée, elle doit en juger. Lorsque donc quelqu'un, pour conférer ou administrer un sacrement, utilise sérieusement et régulièrement la matière et la forme requises, on considère, par le fait même, que manifestement il a voulu faire ce que fait l'Eglise. C'est sur ce principe que prend appui la doctrine selon laquelle il s'agit d'un sacrement véritable, même lorsqu'il a été conféré par le ministère d'un hérétique ou d'un non-baptisé, dès lors qu'il l'a été selon le rite catholique.
En revanche, lorsque le rite est modifié dans le dessein néfaste d'en introduire un autre, non reçu par l'Eglise, et de rejeter ce que l'Eglise fait et qui, de par l'institution du Christ, fait partie de la nature du sacrement, il est clair alors que non seulement l'intention nécessaire pour le sacrement fait défaut, mais que bien plus il y a là une intention contraire et opposée au sacrement.

3319
.. (Les consulteurs du Saint-Office) furent unanimes à reconnaître que la cause proposée avait été depuis longtemps pleinement instruite et jugée par le Siège apostolique... (Mais il Nous a paru bon) que cela soit déclaré à nouveau en vertu de notre autorité ...
C'est pourquoi,... confirmant et renouvelant (les décrets des pontifes nos prédécesseurs), Nous prononçons et déclarons par notre autorité, de notre propre mouvement et de science certaine, que les ordinations conférées selon le rite anglican ont été et sont absolument vaines et entièrement nulles.
 
 
 

Encyclique "identem piumque", 20 septembre 1896.

Marie médiatrice des grâces

3320
Il est très certain que le nom et la fonction de Conciliateur parfait ne conviennent à nul autre qu'au Christ, car lui seul, à la fois homme et Dieu, a rétabli le genre humain dans la grâce auprès du Père très haut : "Un seul médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Jésus Christ..." 1Tm 2,5 s. Mais si "rien n'empêche, comme l'enseigne le Docteur angélique, que quelques autres soient appelés, sous un certain rapport, médiateurs entre Dieu et les hommes, en tant qu'ils coopèrent d'une façon dispositive et subordonnée à unir les hommes à Dieu", parmi lesquels se trouvent les anges et les saints du ciel, les prophètes et les prêtres des deux Testaments, alors en vérité la parure de cette gloire revient de façon plus éminente encore à la Vierge très haute.

3321
Il est impossible en effet de concevoir quelqu'un qui, pour réconcilier les hommes avec Dieu, ait jamais pu ou puisse jamais réaliser une oeuvre pareille à celle de Marie. C'est elle en effet qui a donné le Sauveur aux hommes qui couraient à la perte éternelle, à savoir lorsque par son assentiment admirable elle accueillit "au nom de toute la nature humaine" l'annonce du Mystère de paix apporté par l'ange sur la terre ; elle "de qui est né Jésus" Mt 1,16 sa mère en vérité, et, pour ce motif, la digne médiatrice très agréée auprès du Médiateur.
 
 
 

Réponse du Saint-Office, 17 mars 1897.

fécondation artificielle


3323
Question : Une fécondation artificielle de la femme peut-elle être mise en oeuvre ? -
Réponse (confirmée par le Souverain Pontife le 26 mars) : n'est pas permis.
 
 
 

Réponse du Saint-Office, 30 mars 1898.

La foi et l'intention requises pour le baptême.

3333
Question : Un missionnaire peut-il conférer le baptême à l'article de la mort à un mahométan adulte dont on suppose qu'il est de bonne foi dans ses erreurs :
1 - S'il a encore une pleine capacité d'attention et s'il l'exhorte seulement à l'affliction (pour ses péchés) et à la confiance, sans parler du tout de nos mystères de crainte qu'il n'y croira pas.

3334
2. Si, quelle que soit encore sa capacité d'attention, il ne lui dit rien étant donné qu'on suppose d'un côté qu'il ne lui manque pas la contrition, et que de l'autre il ne serait pas prudent de parler avec lui de nos mystères.

3335
3. S'il a déjà perdu sa capacité d'attention et qu'il ne lui dit rien.

Réponse (confirmée par le souverain pontife le 1er avril). Pour 1 et 2. Non, c'est-à-dire qu'il n'est pas permis d'administrer le baptême à de tels mahométans..., ni de façon absolue, ni sous condition ; et on donnera les décrets du Saint-Office à l'évêque de Québec du 25 janvier et du 10 mai 1703 2380-2382, et l'instruction du Saint-Office au vicaire apostolique de Tche-Kiang du 1er août 1860 2835-2839.
Pour 3. Pour ce qui est des mahométans moribonds et déjà privés de leurs sens, il faut répondre comme dans le décret du Saint-Office du 18 septembre 1850 à l'évêque de Perth, à savoir : "Si auparavant ils ont donné des signes qu'ils veulent être baptisés, ou que dans l'état présent ils ont manifesté cette même disposition par un signe ou d'une autre manière, ils peuvent être baptisés sous condition, dès lors cependant que le missionnaire en aura jugé ainsi compte tenu de toutes les circonstances "
 
 
 

Réponse du Saint-Office à l'évêque de Sinaloa (Mexique), 4 mai 1898.

Différentes manières d'extraire un foetus

3336
Questions : 1. Une accélération de l'accouchement sera-t-elle permise lorsque la sortie du foetus se révèle impossible en raison de l'étroitesse (du bassin) de la femme ?

3337
2. Et lorsque l'étroitesse de la femme est telle qu'une naissance prématurée n'est pas considérée comme possible non plus, sera-t-il permis de provoquer un avortement ou de procéder à une opération césarienne au moment opportun?

3338
3. Une laparotomie est-elle licite dans le cas d'une grossesse extra-utérine ou d'embryons mal situés ?

Réponse (confirmée par le pape le 6 mai) .- Pour 1. L'accélération de l'accouchement n'est pas illicite en elle-même, pourvu seulement qu'il y soit procédé pour de justes causes, et au moment et de la manière qui pourvoient à la vie de la mère et de l'enfant selon le cours ordinaire.
Pour 2. Pour ce qui est de la première partie : non, conformément au décret du 24 juillet 1895 concernant le caractère illicite de l'avortement. - Mais pour ce qui concerne la deuxième partie, rien ne s'oppose à ce que, au moment opportun, la femme dont il s'agit se soumette à une opération césarienne.
Pour 3. En cas de nécessité contraignante, une laparotomie destinée à extraire du sein de la mère des embryons mal situés est licite, pourvu seulement que, dans la mesure du possible, il soit veillé de façon sérieuse et appropriée à la vie du foetus aussi bien que de la mère.
 
 
 

Encyclique "Caritatis studium" aux évêques d'Écosse, 25 juillet 1898

L'identité du sacrifice de la croix et du sacrifice de la messe

3339
La nature même de la religion implique la nécessité du sacrifice.. Et si on éloigne les sacrifices, aucune religion ne peut plus exister, ni être pensée. La loi de l'Evangile n'est pas inférieure à la Loi ancienne ; au contraire, elle est bien plus éminente encore, puisqu'elle a accompli de façon plus éminente ce que cette dernière avait commencé. Or les sacrifices en usage dans l'Ancien Testament présignifiaient déjà le sacrifice accompli sur la croix, bien avant que le Christ soit né ; après son ascension au ciel, ce même sacrifice est continué par le sacrifice eucharistique. C'est pourquoi ceux qui le rejettent se trompent immensément, comme s'il diminuaient la vérité et la vertu du sacrifice accompli par le Christ, fixé sur la croix ; "offert une fois pour toutes pour enlever les péchés de la multitude" He 9,28 .

Cette expiation pour les mortels a été parfaite et absolue, et ce n'est aucunement une autre, mais celle-là même, qui est incluse dans le sacrifice eucharistique. Du fait en effet que le rite sacrificiel devait être lié pour toujours à la religion, ce fut le propos le plus divin du Sauveur que le sacrifice, consommé une fois pour toutes sur la croix, devienne perpétuel et durable. La raison de ce caractère perpétuel cependant est inhérente à la très sainte eucharistie, laquelle ne livre pas une similitude vaine ou seulement une commémoration de la réalité, mais la réalité elle-même, bien que sous une espèce dissemblable ; et c'est pourquoi toute l'efficience de ce sacrifice, soit pour obtenir, soit pour expier, provient totalement de la mort du Christ.
 
 
 

Lettre "Testem benevolentiae" à l'archevêque de Baltimore, 22

janvier 1899.

L'erreur de l'adaptation des doctrines de la foi à la

conception moderne.

3340
Le principe des opinions nouvelles dont Nous avons parlé se présente à peu près comme suit : pour que ceux qui pensent autrement soient conduits plus facilement à la sagesse catholique, l'Eglise doit s'approcher davantage de l'humanité d'un siècle devenu adulte et, relâchant sa sévérité ancienne, considérer avec bienveillance les aspirations et les conceptions exprimées par les peuples. Or selon l'opinion de beaucoup, cela ne doit pas être entendu seulement des façons de vivre, mais également des doctrines dans lesquelles est contenu le dépôt de la foi. Ils soutiennent en effet que, pour gagner la volonté de ceux qui sont en désaccord, il est opportun d'omettre certains chapitres de doctrine comme étant de moindre importance, ou de les atténuer au point qu'ils ne gardent plus le même sens que celui que l'Eglise a constamment tenu.
Il n'est pas besoin d'un long discours... pour montrer dans quel propos condamnable cela a été conçu ; il suffit de rappeler la nature et l'origine de la doctrine que transmet l'Eglise. Le concile du Vatican dit à ce sujet : "La doctrine de la foi ... compréhension plus poussée" 3020 ..

3341
L'histoire de tous les temps passés est témoin de ce que le Siège apostolique, à qui est confié non seulement le magistère mais également le gouvernement de toute l'Eglise, a été attaché de façon constante "à la même doctrine, dans le même sens et dans la même pensée" 3020 mais que d'autre part il a toujours eu coutume de régler la discipline de la vie de telle sorte que - ce qui est de droit divin demeurant sauf - les moeurs et les usages des peuples divers qu'il embrasse ne soient jamais négligés. Si le salut des âmes l'exigeait, qui peut douter qu'il ne le ferait pas également maintenant.
Cependant, en décider n'appartient pas au gré de chacun, presque toujours trompé par l'apparence du bon ; c'est à l'Eglise qu'il doit revenir de porter un jugement. ..

3342
Tout magistère extérieur est rejeté comme superflu, voire même comme peu utile, par ceux qui veulent s'efforcer d'obtenir la perfection chrétienne : le Saint-Esprit, disent-ils, répand aujourd'hui dans les âmes des fidèles des dons plus étendus et plus abondants qu'aux temps passés, et il les enseigne et les conduit sans intermédiaire, par une sorte d'instinct mystérieux. ...
 

Le dédain des vertus surnaturelles et des vertus passives

3343
C'est pour cultiver les vertus surtout que le secours de l'Esprit Saint est absolument nécessaire ; mais ceux qui aiment s'attacher aux nouveautés vantent outre mesure les vertus naturelles, comme si elles répondaient davantage aux moeurs et aux besoins du présent, et comme s'il était préférable de posséder celles-ci parce qu'elles rendraient l'homme mieux à même d'agir et plus zélé.
On a peine à concevoir que ceux qui sont pénétrés de la sagesse chrétienne peuvent préférer les vertus naturelles aux vertus surnaturelles et leur attribuer une efficacité et une fécondité supérieures. ..

3344
A cette conception des vertus naturelles s'en rattache étroitement une autre, qui partage comme en deux genres l'ensemble des vertus : les vertus passives, comme ils disent, et les vertus actives ; et ils ajoutent que les premières convenaient davantage aux temps passés, mais que les secondes correspondent davantage au temps présent. ...
Or que certaines vertus chrétiennes soient plus appropriées que d'autres à notre époque, seul peut le prétendre celui qui ne se souvient pas des paroles de l'Apôtre : "Ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à devenir conformes à l'image de son Fils" Rm 8,29 .
Le maître et le modèle de toute sainteté est le Christ ; c'est sur lui qu'il est nécessaire que se règlent tous ceux qui désirent trouver place parmi les bienheureux. Or le Christ ne change pas au cours des siècles, mais il est "le même hier et aujourd'hui et dans les siècles" He 13,8 . C'est donc pour les hommes de tous les temps que vaut cette parole : "Apprenez de moi, car je suis doux et humble de coeur" Mt 11,29 et il n'est pas une époque où le Christ ne se montre à nous comme "devenu obéissant jusqu'à la mort" Ph 2,8 ; et l'affirmation de l'Apôtre vaut, elle aussi, pour tous les temps : "Ceux qui sont du Christ ont crucifié leur chair avec les vices et les concupiscences" Ga 5,24 ..

3345
De cette sorte de mépris des vertus évangéliques appelées à tort passives, on a pu facilement arriver également à ce que les âmes soient peu à peu envahies par le mépris de la vie religieuse. Et que cela soit commun aux partisans des opinions nouvelles, Nous le concluons de certaines de leurs affirmations concernant les voeux prononcés par les ordres religieux. Il disent en effet que ces voeux sont très éloignés du génie de notre époque dans la mesure où ils restreignent le champ de la liberté humaine ; et qu'ils conviennent davantage aux âmes faibles qu'aux âmes fortes, et aussi qu'ils ne contribuent pas au progrès chrétien et au bien de la société humaine, mais qu'au contraire ils y font obstacle et l'empêchent. ...

3346
De tout ce que Nous avons exposé jusqu'à présent, il ressort donc clairement... que Nous ne pouvons pas approuver ces opinions dont l'ensemble est désigné par plusieurs sous le nom "d'américanisme".
 
 
 

Encyclique "Annum sacrum", 25 mai 1899.

 

 

Le pouvoir royal du Christ

3350
Ce témoignage le plus ample et le plus grand de soumission et d'amour (à savoir l'acte de consécration de l'humanité au Coeur de Jésus) convient tout à fait à Jésus Christ, car il est lui-même le prince et le maître souverain. Manifestement son empire ne s'étend pas seulement aux nations qui portent le nom de catholiques, ou à ceux-là seulement qui, ayant été baptisés, appartiennent à l'Eglise si on considère le droit, même si l'erreur de leurs opinions les égare loin d'elle, ou si la dissension les sépare de la charité ; mais il embrasse également tous ceux qui sont considérés comme hors de la foi chrétienne, de sorte que c'est en stricte vérité l'universalité du genre humain qui est soumise au pouvoir de Jésus Christ.
Car celui qui est le Fils unique de Dieu le Père, et qui a la même substance que lui, "splendeur de la gloire et figure de sa substance" He 1,3 celui-là, nécessairement, possède tout en commun avec le Père, et donc aussi le pouvoir souverain sur toutes choses. C'est pourquoi le Fils de Dieu dit de lui-même chez le prophète : "Pour moi, j'ai été établi roi sur Sion, sa montagne sainte. - Le Seigneur m'a dit : Tu es mon Fils, aujourd'hui je t'ai engendré. Demande-moi, et je te donnerai les nations en héritage, et je te ferai posséder jusqu'aux extrémités de la terre" Ps 2,6-8 . Par là, il déclare qu'il a reçu pouvoir de Dieu aussi bien sur toute l'Eglise, représentée par la montagne de Sion, que sur le reste de la terre, jusqu'à ses plus lointaines limites. Quant à la base de cette puissance souveraine, elle est donnée suffisamment par ces paroles : "Tu es mon Fils."
Car par le fait même qu'il est le Fils du maître de tout ce qui est, il est l'héritier de la puissance universelle ; de là ces paroles : "Je te donnerai les nations en héritage. A quoi sont semblables les paroles de l'apôtre Paul : "Il l'a établi héritier en toutes choses" He 1,2 .

3351
Mais il faut considérer surtout ce que Jésus a affirmé de sa puissance ... de sa propre bouche. Au proconsul romain qui l'interroge : "Es-tu donc roi ?" il répond sans hésitation : "Tu le dis, je suis roi" Jn 18,37 . Et la grandeur de ce pouvoir et l'universalité de ce règne sont confirmées plus clairement encore par ces paroles aux apôtres : "Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre" Mt 28,18 . Si donc tout pouvoir a été donné au Christ, il s'ensuit nécessairement que sa puissance est souveraine, absolue, soumise à la volonté de personne, de sorte que rien ne lui est égal ou lui ressemble ; et parce qu'elle est donnée au ciel et sur la terre, il faut que le ciel et la terre lui soient soumis.
Ce droit sans pareil et propre à lui seul, il l'a exercé lorsqu'il commanda aux apôtres de propager sa doctrine, de réunir les hommes en une seule Eglise par le bain du salut, et enfin d'imposer des lois que nul ne peut méconnaître sans mettre en péril son salut éternel.

3352
Mais ce n'est pas en cela que tout est fondé. Le Christ n'exerce pas sa puissance en vertu d'un droit natif seulement, parce qu'il est le Fils unique de Dieu, mais également en vertu d'un droit acquis. Lui-même en effet "nous a arrachés à la puissance des ténèbres" Col 1,13 , et de même "il s'est livré lui-même pour la Rédemption de tous" 1Tm 2,6 . Lui sont donc devenus un "peuple acquis" 1P 2,9 non seulement les catholiques et tous ceux qui ont reçu régulièrement le baptême chrétien, mais tous les hommes en particulier et tous ensemble. ..
La cause cependant et la raison pour laquelle les infidèles eux-mêmes sont soumis au pouvoir de Jésus Christ, saint Thomas l'enseigne de façon explicite. En effet, après avoir examiné si son pouvoir judiciaire s'étend à tous les hommes et affirmé que "le pouvoir judiciaire découle de la dignité royale", il conclut clairement : "Toutes les réalités sont soumises au Christ en raison de son pouvoir, même si tout ne lui est pas encore soumis en ce qui concerne la réalisation de ce pouvoir." Ce pouvoir du Christ et cette puissance sont exercés par la vérité, par la justice, et surtout par la charité. III 59,4
 

Le très saint Coeur de Jésus, objet de vénération

3353
Puisque sont donnés dans le très saint Coeur de Jésus le symbole et l'image expresse de l'amour infini de Jésus Christ qui nous pousse à nous aimer les uns les autres, il est donc naturel de se consacrer à son Coeur très auguste ; ce qui cependant n'est rien d'autre que de se donner et se lier au Christ, car tout honneur, tout hommage et toute piété qui sont accordés au Coeur divin, s'adressent en réalité au Christ lui-même.
 
 
 

Réponse du Saint-Office à l'archevêque d'Utrecht, 21 août 1901.

La matière du baptême

3356
Exposé : Plusieurs médecins ont coutume dans les hôpitaux ou ailleurs, en cas de nécessité, de baptiser les petits enfants, surtout dans le sein de la mère, avec de l'eau mêlée de chloride de mercure. Cette eau est composée d'environ une part de chloride de mercure pour mille parts d'eau, et l'absorption d'une telle solution est toxique. Quant à la raison pour laquelle ils utilisent ce mélange, elle est d'éviter que le sein de la mère soit atteint d'une maladie.

Questions :1. Un baptême administré avec une telle eau est-il valide de façon certaine ou douteuse ?
2. Est-il permis, pour éviter tout danger de maladie, d'administrer le baptême avec une telle eau ?
3. Est-il permis d'utiliser également cette eau lorsqu'on peut utiliser de l'eau pure sans aucun danger de maladie?

Réponse (confirmée par le souverain pontife le 23 août) : Pour 1. Sera traité dans 2.
Pour 2. Cela est permis lorsqu'il existe un véritable danger de maladie.
Pour 3. Non.
 
 

Réponse du Saint-Office à la faculté de théologie de

l'université de Montréal, 5

Différentes manières d'extraire un foetus

3358
Question : Est-il permis parfois d'extraire du sein de la mère des foetus mal situés, lorsque le sixième mois suivant la conception n'est pas encore achevé ?
Réponse : Non, conformément au décret du 4 mai 1898. 3336- 3338, en vertu duquel il doit être pourvu, dans la mesure du possible, de façon sérieuse et appropriée, à la vie du foetus et de la mère ; quant au moment, le requérant se souviendra qu'aucune accélération de la naissance n'est licite s'il n'y est pas procédé au moment et de la manière qui pourvoient à la vie de la mère et de l'enfant selon le cours ordinaire.
 
 
 
 

Pie X: 4 août

1903-20 août 1914

 

 

Encyclique "Ad diem illum", 2 février 1904.

Marie médiatrice des grâces

3370
En raison de cette communion de douleurs et de volonté entre Marie et le Christ, elle "mérita de devenir de la façon la plus digne la réparatrice du monde perdu", et pour cette raison la dispensatrice de tous les biens que Jésus nous a préparés par sa mort et par son sang.
Certes nous ne nions pas que la dispensation de ces biens ne soit le droit propre et particulier du Christ ; ils sont en effet le fruit exclusif de sa mort, et lui-même est en raison de son pouvoir le médiateur entre Dieu et les hommes. Cependant, en raison de cette communion de douleurs et d'angoisse entre Marie et le Fils dont nous avons parlée, il a été donné à cette auguste Vierge "d'être auprès de son Fils unique la très puissante médiatrice et avocate du monde entier".
La source est donc le Christ, "de la plénitude de qui nous avons tous reçu" Jn 1,16 ; "par qui tout le corps, lié et rendu compact moyennant toutes les jointures qui le desservent... il opère l'accroissement du corps en vue de son édification dans la charité" Ep 4,16 . Mais Marie... est 1''aqueduc', ou encore le cou qui relie le corps à la tête...
Il est donc clair que nous sommes loin en effet d'attribuer à la Mère de Dieu le pouvoir d'opérer la grâce surnaturelle (un pouvoir) qui appartient à Dieu seul. Néanmoins, parce qu'elle l'emporte sur tous par la sainteté et par son Union avec le Christ, et parce qu'elle a été associée à l'oeuvre du salut des hommes, elle nous mérite de congruo, comme on dit, ce que le Christ a mérité de condigno, et elle est le ministre premier de la distribution des grâces.
 
 
 

Réponse de la Commission biblique, 13 février 1905.

"Citations implicites" dans l'Ecriture

3372
Question : Pour résoudre les difficultés qui se présentent dans quelques textes de la sainte Ecriture qui semblent rapporter des faits historiques, est- il permis à l'exégète catholique d'affirmer qu'il s'agit, en ces passages, d'une citation tacite ou implicite d'un document écrit par un auteur non inspiré, dont l'auteur inspiré n'entend nullement approuver ou faire siennes toutes les assertions, lesquelles, par conséquent, ne peuvent être considérées comme garanties contre l'erreur ?
Réponse (confirmée par le souverain pontife le 13 février): Non, excepté le cas où, le sentiment et le jugement de l'Eglise étant respectés, il est prouvé par de solides arguments 1. que l'écrivain sacré cite réellement des paroles ou des documents d'un autre ; et 2. qu'il ne les approuve pas et ne les fait pas siens, de sorte qu'il soit justement censé ne pas parler en son propre nom.
 
 
 

Réponse de la Commission biblique, 23 juin 1905.

Les parties apparemment historiques seulement de l'Ecriture

3373
Question : Peut-on admettre comme principe de bonne exégèse l'opinion qui tient que les livres de la sainte Ecriture regardés comme historiques, soit en totalité, soit en partie, ne racontent pas, parfois, l'histoire proprement dite ou objectivement vraie, mais présentent seulement l'apparence de l'histoire pour signifier quelque chose qui est étranger au sens proprement littéral ou historique des mots ?

Réponse (confirmée par le souverain pontife) : Non. excepté cependant le cas, qu'il ne faut pas admettre facilement, ni à la légère, où, le sentiment de l'Eglise n'y répugnant pas et son jugement étant réservé, il est prouvé par de solides arguments que l'hagiographe a voulu, non pas donner une histoire vraie et proprement dite, mais sous l'apparence et la forme de l'histoire, proposer une parabole, une allégorie ou un sens quelconque différent du sens proprement littéral ou historique des mots.
 
 
 

Décret "Sacra Tridentina Synodus", 16 (20) décembre 1905.

La communion eucharistique quotidienne.

3375
Or le désir de Jésus Christ et de l'Eglise que tous les fidèles s'approchent chaque jour du banquet sacré vise surtout à ce que, unis à Dieu par le sacrement, ils en reçoivent la force de réprimer leurs passions, qu'ils s'y purifient des fautes légères qui peuvent se présenter chaque jour, et qu'ils puissent éviter les fautes graves auxquelles est exposée la fragilité humaine : ce n'est donc pas principalement pour rendre gloire à Dieu, ni comme une sorte de faveur ou de récompense pour les vertus de ceux qui en approchent. Aussi le saint concile de Trente appelle-t-il l'eucharistie "l'antidote nous libérant des fautes quotidiennes et nous préservant des péchés mortels" 1638....

3376
Cependant la piété s'étant affaiblie, et plus tard surtout le venin du jansénisme s'étant répandu partout, on commença à discuter au sujet des dispositions qu'il fallait apporter pour s'approcher de la communion fréquente et quotidienne ; c'était à qui en réclamerait comme nécessaires de plus grandes et de plus difficiles. Il en résulta que très peu de personnes furent jugées dignes de recevoir chaque jour la sainte eucharistie et de puiser dans ce sacrement si salutaire des effets plus abondants : les autres devant se contenter de communier ou une fois par an, ou tous les mois, ou tout au plus chaque semaine. On en vint à une sévérité telle que des catégories entières de personnes, comme les marchands ou les gens mariés, furent exclues de la sainte table.

3377
D'autres cependant se jetèrent dans le sentiment contraire. Jugeant que la communion quotidienne est de précepte divin, et pour qu'aucun jour ne passât sans qu'on reçût la sainte communion, ils furent d'avis, entre autres choses contraires à la coutume de l'Eglise, qu'il fallait recevoir la sainte eucharistie même le vendredi saint, et ils la distribuaient ce jour-là.

3378
Le Saint-Siège ne manqua pas à son devoir sur ce point 2090- 2095 , 2323. .. Toutefois le venin du jansénisme qui s'était introduit même parmi les bons, sous prétexte d'honneur et de vénération dus à l'eucharistie, ne disparut pas complètement. Même après les déclarations du Saint- Siège les discussions sur les dispositions requises pour bien recevoir fréquemment la sainte communion ont continué ; il arriva que certains théologiens, même de bon renom, aient pensé qu'il ne fallait permettre la communion fréquente que rarement et sous de nombreuses conditions.

3379
La Congrégation du concile .. a établi et décrété ce qui suit :
1 - la communion fréquente et quotidienne doit être rendue accessible à tous les fidèles de quelque classe ou de quelque condition qu'ils soient, en sorte que nul, s'il est en état de grâce et s'il s'approche de la sainte table avec une intention droite, ne puisse en être écarté.

3380
2 - L'intention droite consiste à s'approcher de la sainte table, non par habitude ou par vanité, ou pour des raisons humaines, mais pour satisfaire à la volonté de Dieu, s'unir à lui plus intimement par la charité et, grâce à ce remède divin, combattre ses défauts et ses infirmités.

3381
3. Bien qu'il soit très désirable que ceux qui usent de la communion fréquente et quotidienne soient exempts de péchés véniels au moins pleinement délibérés et qu'ils n'y soient pas portés, il suffit néanmoins qu'ils n'aient aucune faute mortelle, avec le ferme propos de ne plus pécher à l'avenir. ...

3382
4 ... Il faut veiller à faire précéder la sainte communion d'une préparation diligente et à la faire suivre d'une action de grâces convenable, suivant les forces, la condition et le devoirs de chacun.

3383
5 .... Il importe de demander conseil à son confesseur. Que les confesseurs cependant se gardent de priver de la communion fréquente et quotidienne une personne qui est en état de grâce et qui s'en approche avec une intention droite. ...
 
 
 

Décret "Provida sapientique cura", 18 janvier 1906.

La législation tridentine concernant la conclusion non

publique du mariage.

3385
... I. Bien que le chapitre Tametsi du concile de Trente voir 1813- 1816 n'ait pas encore été publié et introduit en plusieurs lieux, que ce soit par une publication expresse ou par une observance légitime, il devra cependant s'appliquer à tous les catholiques dans l'ensemble de l'Empire allemand à partir du jour de la fête de Pâques (c'est-à-dire du 15 avril).y compris à ceux qui jusque-là n'étaient pas tenus à la forme tridentine, de sorte qu'ils ne pourront pas célébrer un mariage valide sinon devant le curé et deux ou trois témoins 3468-3474.

3386
II. Les mariages mixtes qui sont contractés par des catholiques avec des hérétiques ou des schismatiques sont et demeurent gravement prohibés, à moins qu'il existe une raison canonique juste et grave, que les cautions prescrites aient été données de part et d'autre sans conditions et selon les formes, et que la partie catholique ait alors obtenu régulièrement la dispense de l'empêchement de religion mixte.
Cependant, même si une dispense a été obtenue, ces mariages devront être célébrés dans tous les cas devant l'Eglise en présence du curé et de deux ou trois témoins, de sorte que commettront un grave délit ceux qui contractent devant un ministre acatholique ou devant le seul magistrat civil, ou d'une autre manière clandestine. Bien plus, si des catholiques font appel à l'intervention d'un ministre acatholique pour la célébration de tels mariages ou s'ils l'acceptent, ils commettent un autre délit et encourent des censures canoniques.

3387
Cependant nous voulons également que dans toutes les provinces et dans tous les lieux de l'Empire allemand, y compris dans ceux qui selon les décisions des congrégations romaines étaient soumis jusqu'ici de façon certaine à l'effet invalidant du chapitre Tametsi, les mariages mixtes qui ont été contractés sans que soit observée la forme tridentine, ou (ce qu'à Dieu ne plaise) qui le seront désormais, soient considérés comme pleinement valides dès lors qu'aucun autre empêchement canonique ne s'y oppose, et qu'il n'y a pas eu avant le jour de la fête de Pâques de cette année de jugement de nullité pour empêchement de clandestinité, et que l'accord mutuel des époux a perduré jusqu'au jour dit - et cela nous le déclarons, le définissons et le décrétons de façon expresse.

3388
III . Mais pour que les juges ecclésiastiques disposent d'une norme sûre, nous déclarons, définissons et décrétons la même chose, aux mêmes conditions, et avec les mêmes restrictions, à propos des mariages des non- catholiques, qu'ils soient hérétiques ou schismatiques, qui ont été contractés jusqu'ici ou qui désormais seront contractés entre eux dans les mêmes régions en dehors de l'observance de la forme tridentine ; en sorte que si l'un des conjoints non- catholiques ou les deux se convertissent à la foi catholique, ou qu'est présentée devant le tribunal ecclésiastique une controverse concernant le mariage de deux non-catholiques liée à la question de la validité d'un mariage conclu ou à conclure avec un catholique, ces mariages, toutes choses étant égales, devront être tenus de même comme valides sans restrictions.
 
 

Décret du Saint-Office, 25 avril 1906

La forme nécessaire de l'onction des malades

3391
Puisqu'il a été demandé qu'une unique formule brève soit déterminée pour l'administration de l'extrême-onction en cas de mort imminente, ... (les Inquisiteurs) ont décrété : dans le cas d'une véritable nécessité il suffit de la forme : "Par cette sainte onction, que le Seigneur te pardonne tout ce que tu as commis. Amen".
 
 
 

Réponse de la Commission biblique, 27 juin 1906

L'authenticité mosaïque du Pentateuque

3394
Question 1 : Les arguments accumulés par les critiques pour attaquer l'authenticité mosaïque des livres saints désignés sous le nom de Pentateuque sont-ils d'un tel poids que - en dépit des très nombreux témoignages, pris dans leur ensemble, des deux Testaments, de la persuasion constante du peuple juif et de la tradition ininterrompue de l'Eglise, et malgré les preuves internes tirées du texte même - on ait le droit d'affirmer que ces livres n'ont pas Moïse pour auteur, mais ont été composés d'éléments pour la plus grande partie postérieurs au temps de Moïse ?
Réponse : Non.

3395
Question 2 : L'authenticité mosaïque du Pentateuque réclame-t- elle nécessairement que tout l'ouvrage ait été rédigé de telle sorte que l'on doive tenir pour certain que Moïse a écrit de sa propre main ou dicté à des secrétaires tout l'ouvrage et chacune de ses parties ? Ou encore peut-on admettre l'hypothèse de ceux qui estiment que Moïse, après avoir conçu lui-même son oeuvre sous l'inspiration divine, en aurait confié la rédaction à un ou plusieurs secrétaires qui, toutefois, auraient fidèlement rendu sa pensée et n'auraient rien écrit contre sa volonté, ni rien omis ; et qu'enfin cet ouvrage ainsi composé et approuvé par le même Moïse, auteur principal et inspiré, aurait été publié sous son nom ?
Réponse : Non, pour la première partie ; oui, pour la seconde

3396
Question 3 : Peut-on admettre, sans porter atteinte à l'authenticité mosaïque du Pentateuque, que Moïse, pour composer son ouvrage, s'est servi de sources, documents écrits ou traditions orales, auxquels, suivant le but particulier qu'il se proposait et sous l'inspiration divine, il a fait quelques emprunts, prenant tantôt les mots eux-mêmes, et tantôt le sens, résumant ou amplifiant, et les insérant dans son ouvrage?
Réponse : Oui.

3397
Question 4 : Peut-on admettre - l'authenticité mosaïque et l'intégrité du Pentateuque étant sauvegardées quant à la substance - que cet ouvrage, à travers de si longs siècles, a subi quelques modifications, par exemple : des additions faites après la mort de Moïse par un auteur inspiré, des gloses des explications intercalées dans le texte ; des mots et des tournures vieillis, traduits en un langage plus moderne ; enfin des leçons fautives imputables à des erreurs de copistes, et qu'il appartient à la critique d'examiner et d'apprécier conformément à ses principes ?
Réponse : Oui, le jugement de l'Eglise étant réservé.
 
 
 

Réponse de la Commission biblique, 29 mai 1907

L'auteur et la vérité historique du quatrième évangile

3398
Question 1 : La tradition constante, universelle et solennelle de l'Eglise, dès le 2ème siècle, telle qu'elle ressort principalement :
a) des témoignages et des allusions des saints Pères, des écrivains ecclésiastiques et même des hérétiques : témoignages et allusions qui, ne pouvant dériver que des disciples ou des premiers successeurs des apôtres, sont en connexion nécessaire avec l'origine même du livre ;
b) de l'admission en tout temps et en tout lieu du nom de l'auteur du quatrième évangile dans le canon et les catalogues de livres saints ;
c) des plus anciens manuscrits de ces mêmes livres et de leurs plus anciennes versions en langues diverses ;
d) de l'usage liturgique public universellement répandu dès l'origine de l'Eglise ;
cette tradition constitue-t-elle, abstraction faite de la preuve théologique, une démonstration historique que l'apôtre Jean, et non un autre, doit être tenu pour l'auteur du quatrième évangile, démonstration assez solide pour qu'elle ne soit nullement infirmée par les raisons que les critiques allèguent à l'encontre ?
Réponse: Oui.

3399
Question 2 : Les raisons internes qui se tirent du texte du quatrième évangile considéré séparément, du témoignage de l'auteur et de la parenté manifeste de cet évangile avec la première épître de l'apôtre Jean, doivent- elles être considérées comme confirmant la tradition qui attribue indubitablement à ce même apôtre le quatrième évangile ?
En outre, les difficultés qui proviennent de la comparaison de cet évangile avec les trois autres peuvent-elles étant donné la diversité du temps, du but, des auditeurs pour qui ou contre qui l'auteur a écrit, se résoudre raisonnablement comme l'ont fait, en divers endroits, les saints Pères et les exégètes catholiques ?
Réponse : Oui, sur les deux points.

3400
Question 3 : Nonobstant la pratique constamment en vigueur, dès les premiers temps, dans toute l'Eglise, d'arguer du quatrième évangile comme d'un document proprement historique, néanmoins en raison du caractère particulier de cet évangile et de l'intention manifeste de l'auteur de mettre en lumière et de défendre la divinité du Christ au moyen des actes mêmes et des discours du Seigneur, ne peut-on pas dire que les faits racontés dans le quatrième évangile ont été inventés, en tout ou en partie, en manière d'allégories ou de symboles doctrinaux, et que les discours du Seigneur ne sont pas proprement et véritablement ceux du Seigneur lui-même mais des compositions théologiques de l'écrivain, bien que placés dans la bouche du Seigneur ?
Réponse : Non.
 
 
 

Décret du Saint-Office "Lamentabili", 3 juillet 1907.

Erreurs des modernistes

L'émancipation de l'exégèse par rapport au magistère de l'Eglise

3401
1. La loi ecclésiastique qui prescrit de soumettre à la censure préalable les livres traitant des saintes Ecritures ne s'étend pas aux chercheurs qui font la critique ou l'exégèse scientifique des livres de l'Ancien et du Nouveau Testament.

3402
2. L'interprétation des livres saints par l'Eglise n'est certes pas à mépriser, mais elle est soumise au jugement plus exact et à la correction des exégètes.

3403
3. Les jugements et les censures ecclésiastiques portés contre l'exégèse libre et scientifique permettent de voir que la foi proposée par l'Eglise contredit l'histoire, et que les dogmes catholiques ne peuvent réellement pas être accordés avec les origines plus vraies de la religion chrétienne.

3404
4. Le magistère de l'Eglise ne peut décider du sens authentique de la sainte Ecriture, même par des définitions dogmatiques.

3405
5. Puisque dans le dépôt de la foi sont contenues seulement les vérités révélées, il n'appartient d'aucune manière à l'Eglise de porter un jugement au sujet des affirmations des disciplines humaines.

3406
6. Dans la définition des vérités, l'Eglise enseignée et l'Eglise enseignante collaborent de telle façon qu'il ne reste à l'Eglise enseignante qu'à sanctionner les conceptions communes de l'Eglise enseignée.

3407
7. Lorsque l'Eglise proscrit des erreurs, elle ne peut exiger des fidèles aucun assentiment qui leur fasse adopter le jugement qu'elle a émis.

3408
8. Il faut considérer comme exempts de toute faute ceux qui tiennent pour rien les condamnations prononcées par la Sacrée Congrégation de l'Index ou par d'autres Sacrées Congrégations romaines.
 

L'inspiration ou l'inerrance de la sainte Ecriture

3409
9. Ceux qui croient que Dieu est vraiment l'auteur de l'Ecriture sainte manifestent une simplicité et une ignorance excessives.

3410
10. L'inspiration des livres de l'Ancien Testament consiste en ce que les écrivains d'Israël ont transmis les doctrines sous un point de vue qui était peu ou pas connu des païens.

3411
11. L'inspiration divine ne s'étend pas à toute l'Ecriture sainte de manière à prémunir contre toute erreur toutes et chacune de ses parties.

3412
12. Si l'exégète veut s'adonner utilement aux études bibliques, il doit d'abord mettre de côté toute opinion préconçue sur l'origine surnaturelle de l'Ecriture, et ne pas l'interpréter autrement que les autres documents purement humains.

3413
13. Les paraboles évangéliques ont été arrangées avec art par les évangélistes eux-mêmes et par les chrétiens de la deuxième et de la troisième génération, qui purent ainsi rendre compte du fruit minime de la prédication du Christ auprès des juifs.

3414
14. Dans plusieurs récits, les évangélistes n'ont pas tant rapporté ce qui est vrai que ce que, même faux, ils ont considéré comme plus profitable à leurs lecteurs.

3415
15. Les évangiles ont été enrichis d'additions et de corrections continuelles jusqu'à la constitution définitive du canon; il n'y est resté dès lors qu'une trace légère et incertaine de la doctrine du Christ.

3416
16. Les récits de Jean ne sont pas à proprement parler de l'histoire, mais une contemplation mystique de l'Evangile ; les discours contenus dans cet évangile sont des méditations théologiques sur le mystère du salut, dépourvues de vérité historique.

3417
17. Le quatrième évangile a exagéré les miracles, non seulement pour qu'ils apparaissent plus extraordinaires, mais aussi pour qu'ils soient rendus plus capables de signifier l'oeuvre et la gloire du Verbe incarné.

3418
18. Jean réclame pour lui d'avoir été le témoin du Christ ; en réalité, il n'est pourtant qu'un admirable témoin de la vie chrétienne ou de la vie du Christ dans l'Eglise, à la fin du 1er siècle.

3419
19. Des exégètes hétérodoxes ont exprimé plus fidèlement le véritable sens des Ecritures que des exégètes catholiques.
 

La conception de la Révélation et du dogme

3420
20. La Révélation n'a pu être autre chose que la conscience que l'homme a acquise de sa relation à Dieu.

3421
21. La Révélation, qui est l'objet de la foi catholique, n'a pas été achevée par les apôtres.

3422
22. Les dogmes que l'Eglise présente comme révélés ne sont pas des vérités tombées du ciel, mais une interprétation de faits religieux que l'esprit humain s'est donnée par un laborieux effort.

3423
23. Il peut exister et il a existé en fait une opposition entre les faits racontés dans la sainte Ecriture et les dogmes de l'Eglise qui s'appuient sur eux ; si bien que la critique peut rejeter comme faux des faits que l'Eglise croit comme très certains.

3424
24. On ne doit pas blâmer l'exégète qui pose des prémisses desquelles il résulte que des dogmes sont historiquement faux ou douteux, du moment qu'il ne nie pas directement les dogmes eux-mêmes.

3425
25. L'assentiment de la foi repose en dernière analyse sur un ensemble de probabilités.

3426
26 Les dogmes de foi sont à garder uniquement selon leur signification pratique, c'est-à-dire comme norme préceptive de l'action, mais non comme norme de la croyance.
 

Le Christ.

3427
27. La divinité de Jésus Christ n'est pas prouvée à partir des évangiles, mais elle est un dogme que la conscience chrétienne a déduit de la notion de Messie.

3428
28. Jésus, lorsqu'il exerçait son ministère, ne parlait pas dans l'intention d'enseigner qu'il était le Messie, et ses miracles ne visaient pas à prouver qu'il l'était.

3429
29. On peut considérer que le Christ que montre l'histoire est très inférieur au Christ qui est l'objet de la foi.

3430
30. Dans tous les textes évangéliques le terme "Fils de Dieu" équivaut seulement au terme "Messie", mais il ne signifie nullement que le Christ est vraiment et par nature Fils de Dieu.

3431
31. La doctrine concernant le Christ que livrent Paul, Jean et les conciles de Nicée, d'Éphèse et de Chalcédoine n'est pas celle que Jésus a enseignée, mais celle que la conscience chrétienne a de Jésus.

3432
32. Le sens naturel des textes évangéliques ne peut être mis d'accord avec ce que nos théologiens enseignent sur la conscience et la science infaillible de Jésus Christ.

3433
33. Il est évident pour quiconque n'est pas guidé par des opinions préconçues, ou bien que Jésus a professé une erreur sur la venue prochaine du Messie, ou bien que la majeure partie de sa doctrine, contenue dans les évangiles synoptiques, est dépourvue d'authenticité.

3434
34. La critique ne peut attribuer au Christ une science absolument illimitée, à moins de faire l'hypothèse, difficile à concevoir historiquement et contraire au sens moral, que le Christ en tant qu'homme a possédé la science de Dieu et que, néanmoins, il n'a pas voulu communiquer la connaissance de tant de choses à ses disciples et à la postérité.

3435
35. Le Christ n'a pas toujours eu conscience de sa dignité messianique.

3436
36. La Résurrection du Sauveur n'est pas proprement un fait de l'ordre historique, mais un fait de l'ordre purement surnaturel, ni démontré ni démontrable, que la conscience chrétienne a peu à peu fait découler d'autres données.

3437
37. La foi dans la Résurrection du Christ a, au commencement, moins porté sur le fait même de la résurrection que sur la vie immortelle du Christ auprès de Dieu.

3438
38. La doctrine de la mort expiatrice du Christ n'est pas évangélique mais paulinienne seulement.
 

Les sacrements.

3439
39. Les conceptions sur l'origine des sacrements dont étaient imbus les pères du concile de Trente, et qui ont eu, sans aucun doute, une influence sur leurs canons dogmatiques, sont très éloignées de celles qui maintenant sont tenues à juste titre chez ceux qui se livrent à la recherche historique sur le christianisme.

3440
40. Les sacrements avaient leur origine dans le fait que les apôtres et leurs successeurs ont interprété une idée et une intention du Christ sous la stimulation et la poussée des circonstances et des événements.

3441
41. Les sacrements visent seulement à rappeler à l'esprit des hommes la présence toujours bienfaisante du Créateur.

3442
42. La communauté chrétienne a introduit la nécessité du baptême, en l'adoptant comme un rite nécessaire et en y joignant les obligations de la profession chrétienne.

3443
43. L'usage de conférer le baptême aux enfants est une évolution disciplinaire, et c'est une des raisons pour lesquelles le sacrement s'est divisé en deux :le baptême et la pénitence.

3444
44. Rien ne prouve que le rite du sacrement de confirmation ait été employé par les apôtres : la distinction formelle des deux sacrements, baptême et confirmation, n'appartient pas du tout à l'histoire du christianisme primitif.

3445
45. Dans ce que Paul rapporte de l'institution de l'eucharistie 1Co 11,23-25 tout n'est pas à comprendre de façon historique.

3446
46. Il n'existait pas dans la primitive Eglise le concept du pécheur réconcilié par l'autorité de l'Eglise, mais l'Eglise ne s'est habituée que très lentement à ce concept. Bien plus, même après que la pénitence eut été reconnue comme une institution de l'Eglise, elle ne fut pas appelée du nom de sacrement, parce qu'on aurait dû le tenir pour un sacrement infamant.

3447
47. Les paroles du Seigneur : "Recevez l'Esprit Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils seront remis, et ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus" Jn 20,22-23 ne se rapportent nullement au sacrement de pénitence malgré ce qu'il a plu aux Pères de Trente d'affirmer.

3448
48. Jacques, dans son épître Jc 5,14-15 , n'a pas l'intention de promulguer un sacrement du Christ, mais de recommander une pieuse coutume, et si, par hasard, il voit dans cette coutume un moyen de grâce, il ne l'entend pas avec la rigueur des théologiens qui fixèrent la notion et le nombre des sacrements.

3449
49. La Cène chrétienne prenant peu à peu l'allure d'une action liturgique, ceux qui avaient coutume de la présider acquirent le caractère sacerdotal.

3450
50. Les anciens qui avaient la charge de veiller sur les assemblées des chrétiens furent institués prêtres et évêques par les apôtres pour pourvoir à l'ordre rendu nécessaire par l'accroissement des communautés, mais non à proprement parler pour perpétuer la mission et le pouvoir des apôtres.

3451
51. Le mariage n'a pu devenir que tardivement un sacrement de la loi nouvelle ; car pour que le mariage soit considéré comme un sacrement, il était nécessaire que précède le plein développement de la doctrine de la grâce et des sacrements.
 
 
 

La Constitution de l'Eglise

3452
52. Le Christ a été loin de penser à constituer l'Eglise comme une société destinée à durer au cours d'une longue suite de siècles ; bien plus, dans la pensée du Christ le Royaume des cieux devait arriver bientôt, en même temps que la fin du monde.

3453
53. La constitution organique de l'Eglise n'est pas immuable, mais la société chrétienne est soumise à une évolution perpétuelle, tout comme la société humaine.

3454
54. Les dogmes, les sacrements, la hiérarchie, tant pour ce qui touche leur notion que pour ce qui touche leur réalité, ne sont que des interprétations et des développements de la pensée chrétienne qui ont développé et perfectionné un germe minime caché dans l'Evangile.

3455
55. Simon Pierre n'a jamais même soupçonné que la primauté lui avait été confiée dans l'Eglise.

3456
56. L'Eglise romaine est devenue la tête de toutes les Eglises non par une disposition de la Providence divine, mais du fait de circonstances purement politiques.

3457
57. L'Eglise se montre hostile aux progrès des sciences naturelles et théologiques.

Le caractère immuable des vérités religieuses.

3458
58. La vérité n'est pas plus immuable que l'homme lui-même, puisqu'elle se développe avec lui, en lui et par lui.

3459
59. Le Christ n'a pas enseigné un corps de doctrine déterminé applicable à tous les temps et à tous les hommes, mais il a plutôt commencé un mouvement religieux adapté ou à adapter à divers temps et à divers lieux.

3460
60. La doctrine chrétienne en ses commencements était juive, mais par des évolutions successives elle est devenue tout d'abord paulinienne, puis johannique, et enfin hellénique et universelle.

3461
61. On peut dire sans paradoxe qu'aucun chapitre de l'Ecriture, depuis le premier chapitre de la Genèse jusqu'au dernier de l'Apocalypse, ne contient une doctrine vraiment identique à celle que l'Eglise présente sur le même sujet et que pour cette raison aucun chapitre de l'Ecriture n'a le même sens pour le critique et pour le théologien.

3462
62. Les principaux articles du Symbole des apôtres n'avaient pas pour les chrétiens des premiers temps la même signification qu'ils ont pour les chrétiens de notre temps.

3463
63. L'Eglise se montre incapable de défendre efficacement la morale évangélique, parce qu'elle est obstinément attachée à des doctrines immuables qui ne peuvent s'accorder aux progrès contemporains.

3464
64. Le progrès des sciences demande que soient réformés les concepts de la doctrine chrétienne concernant Dieu, la Création, la Révélation, la personne du Verbe incarné, la Rédemption.

3465
65. Le catholicisme d'aujourd'hui ne peut pas s'accorder avec la vraie science, à moins de se transformer en christianisme non dogmatique, c'est-à-dire en un protestantisme large et libéral.

3466
66. Censure du souverain pontife : "Sa Sainteté a approuvé et confirmé le décret des éminents pères, et ordonné que toutes et chacune des propositions relevées ci-dessus soient tenues pour réprouvées et proscrites par tous."
 
 
 

Décret de la Sacrée Congrégation du concile "Ne temere", 2 août

1907.

Fiançailles et mariage

3468
Fiançailles. I. Seules sont considérées comme valides et ont des effets canoniques les fiançailles qui ont été contractées moyennant un document écrit signé par les parties et soit par le curé ou l'Ordinaire du lieu, soit au moins par deux témoins. ..

3469
Mariage. III. Seuls sont valides les mariages qui ont été contractés devant le curé ou l'Ordinaire du lieu, ou devant un prêtre délégué par l'un ou l'autre, et devant deux témoins au moins. ..

3470
VII. Lorsqu'il y a péril de mort et qu'il n'est pas possible d'avoir le curé ou l'Ordinaire du lieu, ou un prêtre délégué par l'un ou par l'autre, pour pacifier la conscience ou, si nécessaire, légitimer les enfants, le mariage peut être contracté validement et licitement devant n'importe quel prêtre et deux témoins.

3471
VIII. S'il devait arriver que dans une région il n'est pas possible d'avoir le curé ou l'Ordinaire du lieu ou un prêtre délégué par eux devant qui le mariage pourrait être célébré, et que cet état de choses dure déjà depuis un mois, le mariage peut être contracté validement et licitement si le consentement est émis de façon formelle par les époux devant deux témoins.

3472
XI.- Par. 1. Les lois qui précèdent obligent tous ceux qui sont baptisés dans l'Eglise catholique et ceux qui s'y sont convertis de l'hérésie ou du schisme (même si les uns ou les autres l'ont ensuite abandonné) chaque fois qu'ils contractent entre eux des fiançailles ou des mariages.

3473
Par. 2. Elles valent également pour les mêmes catholiques que ci-dessus s'ils contractent des fiançailles ou un mariage avec des non- catholiques, qu'ils soient baptisés ou non, même après l'obtention de la dispense de l'empêchement de religion mixte ou de disparité du culte ; à moins que pour un lieu ou une région particulière le Saint-Siège ait statué autrement.

3474
Par. 3. Si des non-catholiques, baptisés ou non, contractent entre eux, ils ne sont tenus nulle part d'observer la forme catholique des fiançailles et du mariage.
 
 
 

Motu proprio " Praestantia Scripturae", 18 novembre 1907.

L'autorité des décisions de la Commission biblique

3503
(Il en est certains qui) n'ont pas reçu ou ne reçoivent pas ces décisions avec l'obéissance qui leur est due, bien qu'elles soient approuvées par le souverain pontife.
C'est pourquoi Nous considérons qu'il faut déclarer et ordonner, comme Nous déclarons et ordonnons expressément, que tous sans exception sont tenus en conscience d'obéir aux décisions de la Commission biblique pontificale, à celles qui ont été émises comme à celles qui le seront, de la même manière qu'aux décrets des Sacrées Congrégations qui ont trait à la doctrine et qui ont été approuvées par le souverain pontife ; que tous ceux qui, en paroles ou par des écrits, attaqueront ces décisions ne pourront éviter la note de désobéissance ou de témérité, et se chargeront la conscience d'une faute grave, sans parler du scandale qu'ils peuvent causer et d'autres responsabilités qu'ils peuvent encourir devant Dieu pour leurs propos différents, téméraires et erronés, comme souvent, en ces matières.
 
 
 

Réponse de la Commission biblique. 29 juin 1908

Caractère et auteur du livre d'Isaïe

3505
Question 1 : Peut-on enseigner que les prophéties qui se lisent dans le livre d'Isaïe - et dans divers passages des saintes Ecritures - ne sont pas des prophéties proprement dites, mais des récits composés après l'événement, ou que, s'il faut reconnaître que certains faits ont été prédits avant l'événement, le prophète n'a pas prédit ces faits grâce à une révélation surnaturelle de Dieu, qui sait l'avenir, mais par une conjecture déduite des événements passés, en vertu d'une heureuse sagacité et de la perspicacité naturelle de son esprit ?
Réponse: Non.

3506
Question 2 : L'opinion suivant laquelle Isaïe et les autres prophètes n'auraient annoncé que des événements imminents ou prochains peut- elle se concilier avec les prophéties - surtout les prophéties messianiques et eschatologiques - que ces mêmes prophètes ont certainement formulées longtemps à l'avance, et avec le sentiment commun des saints Pères affirmant de concert que les prophètes ont également prédit des faits qui ne devaient s'accomplir qu'après de longs siècles?
Réponse : Non

3507
Question 3 : Peut-on admettre que les prophètes, non seulement lorsqu'ils censuraient la dépravation humaine et annonçaient la Parole divine en vue de ceux qui les entendaient, mais encore lorsqu'ils annonçaient des événements à venir, ont toujours dû s'adresser non pas à des auditeurs futurs, mais à des auditeurs présents et dans une situation pareille à la leur, de manière à pouvoir être pleinement compris par ceux-ci, et que, en conséquence, la seconde partie du livre d'Isaïe Is 40-66 , dans laquelle le prophète adresse des paroles de consolation, comme s'il vivait au milieu d'eux, non pas à des juifs dans la même situation qu'Isaïe mais à des juifs gémissant dans l'exil de Babylone, ne peut avoir pour auteur Isaïe lui-même, mort depuis longtemps, mais doit être attribué à un prophète inconnu partageant l'existence des exilés ?
Réponse : Non.

3508
Question 4 : L'argument philologique, tiré de la langue et du style, en vertu duquel on conteste l'identité d'auteur du livre d'Isaïe, doit-il être jugé de telle force qu'il oblige un homme grave, versé dans la connaissance de la méthode critique et de la langue hébraïque, à admettre pour ce même livre une pluralité d'auteurs ?
Réponse Non.

3509
Question 5 : Produit-on de solides arguments pouvant, même pris collectivement, démontrer que le livre d'Isaïe ne doit pas être attribué au seul Isaïe, mais à deux et même à plusieurs auteurs ?
Réponse : Non.
 
 
 

Réponse de la Commission biblique, 30 juin 1909.

Le caractère historique des premiers chapitres de la Genèse

3512
Question 1 : Les divers systèmes exégétiques qui ont été conçus pour exclure le sens littéral historique des trois premiers chapitres du livre de la Genèse, et qui ont été défendus sous l'apparence de la science, s'appuient-ils sur un fondement solide ?
Réponse: Non.

3513
Question 2 : Est-il possible, malgré le caractère et la forme historique du livre de la Genèse, le lien particulier qui existe entre les trois premiers chapitres et entre ceux-ci et les chapitres suivants, les multiples témoignages des Ecritures aussi bien de l'Ancien que du Nouveau Testament, l'opinion presque unanime des saints Pères et l'opinion traditionnelle, transmise également par le peuple israélite, que l'Eglise a toujours tenue, d'enseigner que les trois chapitres précités de la Genèse ne contiennent pas des narrations de choses véritablement arrivées, c'est-à-dire qui correspondent à la réalité objective et à la vérité historique, mais sont soit des fables empruntées aux mythes et aux cosmogonies des peuples anciens et adaptées par l'auteur sacré à la doctrine monothéiste après expurgation de toute erreur polythéiste, soit des allégories ou des symboles dépourvus du fondement de la réalité objective et qui ont été proposés sous l'apparence de l'histoire pour inculquer des vérités religieuses et philosophiques, soit enfin des légendes pour une part historiques et pour une part inventées qui ont été composées librement en vue de l'instruction et de l'édification des âmes?
Réponse : Non pour les deux parties.

3514
Question 3 : Est-il possible en particulier de mettre en doute le sens littéral historique lorsqu'il s'agit de faits racontés dans ces mêmes chapitres qui touchent au fondement de la religion chrétienne, comme sont, entre autres, la création de toutes choses faite par Dieu au commencement du temps ; la création particulière de l'homme ; la formation de la première femme à partir du premier homme ; l'unité du genre humain ; le bonheur originel des premiers parents dans l'état de justice d'intégrité et d'immortalité ; le commandement donné par Dieu à l'homme pour éprouver son obéissance ; la transgression du précepte divin, à l'instigation du diable sous la forme du serpent ; la déchéance des premiers parents de cet état primitif d'innocence ; ainsi que la promesse du Rédempteur à venir?
Réponse: Non.

3515
Question 4 : Dans l'interprétation des passages de ces chapitres que les Pères et les docteurs ont compris de diverse manière sans transmettre quelque chose de certain et de défini est-il permis, le jugement de l'Eglise étant sauf et l'analogie de la foi étant sauvegardée, de suivre et de défendre l'opinion que chacun, avec prudence, aura considérée comme juste?
Réponse: Oui.

3516
Question 5 : Toutes les choses et chacune, c'est-à-dire les mots et les phrases, qui figurent dans les chapitres précités, doivent-elles toujours et nécessairement être entendues au sens propre, de sorte qu'il n'est jamais permis de s'en écarter, même lorsqu'il apparaît que les façons de parler ont été utilisées de façon impropre, métaphorique ou analogique, et que la raison interdit de tenir le sens propre ou que la nécessité contraint à l'abandonner?
Réponse: Non.

3517
Question 6: Le sens littéral et historique étant présupposé, est-il possible de mettre en oeuvre, de façon sage et utile, une interprétation allégorique et prophétique de certains passages de ces mêmes chapitres, conformément à l'exemple lumineux des saints Pères et de l'Eglise elle-même?
Réponse: Oui.

3518
Question 7 : Bien que lors de la composition du premier chapitre de la Genèse, l'intention de l'auteur sacré n'ait pas été d'enseigner de manière scientifique la constitution interne des réalités visibles et l'ordre complet de la création, mais plutôt celle de transmettre à son peuple une connaissance populaire telle que le permettait le langage commun de l'époque, et qui était adaptée aux sens et aux capacités des hommes, faut-il, dans l'interprétation de ces choses, rechercher exactement et constamment le caractère propre du discours scientifique ?
Réponse: Non.

3519
Question 8 : Dans cette désignation et cette distinction des six jours dont il est question dans le premier chapitre de la Genèse, le mot yôm (jour) peut-il être compris aussi bien au sens propre, comme un jour naturel, que dans un sens impropre, comme un certain laps de temps, et est-il permis de discuter de cette question entre exégètes?
Réponse : Oui.
 
 
 

Réponse de la Commission biblique, 1er mai 1910.

Auteur et date de rédaction des Psaumes.

3521
Question 1 : Les appellations "Psaumes de David", "Hymnes de David", "Livre des Psaumes de David", "Psautier davidique", qui ont été utilisées dans des collections anciennes et aux premiers conciles pour désigner le livre des cent cinquante Psaumes de l'Ancien Testament, comme aussi l'opinion de plusieurs Pères et docteurs qui ont soutenu que tous les Psaumes du Psautier doivent être attribués au seul David, ont-elles une importance telle qu'on doit considérer David comme l'unique auteur de la totalité du Psautier ?
Réponse: Non.

3522
Question 2 : La concordance entre le texte hébreu et le texte grec d'Alexandrie et d'autres versions anciennes, permet-elle d'affirmer à bon droit que les titres des Psaumes qui précèdent le texte hébraïque sont plus anciens que la traduction dite des LXX, et que par conséquent ils proviennent, sinon directement des auteurs des Psaumes eux-mêmes, du moins d'une tradition juive ancienne ?
Réponse: Oui.

3523
Question 3 : Les titres des Psaumes précités, témoins de la tradition juive, peuvent-ils raisonnablement être mis en doute lorsqu'il n'y a pas de raison importante à l'encontre de leur authenticité?
Réponse: Non.

3524
Question 4 : Si on considère les témoignages de la sainte Ecriture, qui ne sont pas rares, concernant le talent naturel, éclairé par le don gracieux de l'Esprit Saint, qu'avait David de composer des chants religieux, les dispositions établies par lui pour le chant liturgique des Psaumes, le fait que les Psaumes lui sont attribués aussi bien dans l'Ancien Testament que dans le Nouveau et dans les titres qui depuis longtemps sont placés avant les Psaumes, ainsi que l'accord des juifs, des Pères et des docteurs de l'Eglise, est-il raisonnablement possible de nier que David est l'auteur principal des chants du Psautier, ou au contraire, d'affirmer qu'un petit nombre seulement de chants doivent être attribués à ce même chantre royal ?
Réponse : Non pour les deux parties.

3525
Question 5 : Est-il possible en particulier de nier l'origine davidique de ces Psaumes qui dans l'Ancien et le Nouveau Testament sont cités expressément sous le nom de David, et parmi lesquels il faut mentionner surtout le Psaume 2 : "Pourquoi cette agitation des nations?" Ps 2 ; le Psaume 15 "Garde-moi Seigneur" Ps 16 ; le Psaume 17 : "Je veux t'aimer, Seigneur, ma force" Ps 18 ; le Psaume 30 : "Heureux ceux dont les iniquités sont remises" Ps 31 ; le Psaume 68 : "Dieu, sauve-moi" Ps 69 ; le Psaume 109 : "Le Seigneur dit à mon Seigneur"? Ps 110
Réponse: Non.

3526
Question 6 : Est-il possible d'admettre l'opinion de ceux qui affirment que parmi les Psaumes du Psautier il en est certains qui ont pour auteur David ou d'autres et qui, pour des raisons liturgiques ou musicales, du fait de la fatigue des scribes ou pour d'autres raisons encore, ont été divisés en plusieurs ou réunis en un ; et de même qu'il est d'autres Psaumes, comme "Pitié pour moi Seigneur" Ps 51 , qui pour être mieux adaptés aux circonstances historiques ou aux festivités du peuple juif, ont été légèrement retravaillés ou modifiés, par la suppression ou l'addition de l'un ou l'autre verset, étant sauve cependant l'inspiration du texte sacré tout entier ?
Réponse : Oui pour les deux parties.

3527
Est-il possible de soutenir comme vraisemblable l'opinion de ceux des auteurs récents qui, s'appuyant seulement sur des indices internes ou par une interprétation moins juste du texte sacré, se sont efforcés de démontrer qu'un nombre assez important de Psaumes a été composé après les époques d'Esdras et de Néhémie, ou même à l'époque des Maccabées ?
Réponse: Non.

3528
Question 8 : Etant donné les témoignages multiples des livres saints du Nouveau Testament et l'accord unanime des Pères, ou aussi ce que disent des auteurs du peuple juif, faut-il reconnaître plusieurs Psaumes prophétiques et messianiques qui ont prédit la venue, le Règne, le sacerdoce, la Passion, la mort et la Résurrection du Libérateur à venir ; et pour cette raison faut-il rejeter absolument l'opinion de ceux qui mettent en cause le caractère prophétique et messianique des Psaumes, et qui limitent ces oracles relatifs au Christ à la seule prédiction du sort futur du peuple élu?
Réponse : Oui pour les deux parties.
 
 
 

Décret de la Sacrée Congrégation des sacrements "Quam

singulari", 8 août 1910.

La communion et l'onction des malades chez les enfants

3530
I. L'âge de discrétion pour la confession aussi bien que pour la sainte communion est celui où l'enfant commence à raisonner, c'est-à-dire vers sept ans, soit même au-dessous. Dès ce moment commence l'obligation de satisfaire au double précepte de la confession et de la communion 812.

3531
II. Pour la première confession et la première communion il n'est pas nécessaire qu'il y ait une connaissance pleine et parfaite de la doctrine chrétienne. L'enfant devra cependant ensuite continuer à apprendre graduellement le catéchisme entier, suivant la capacité de son intelligence.

3532
III. La connaissance de la religion requise chez l'enfant pour qu'il se prépare convenablement à la première communion est qu'il comprenne, selon ses capacités, les nécessaires mystères de la foi qui sont autant de moyens, et qu'il sache distinguer le pain eucharistique du pain ordinaire et corporel, afin de s'approcher de la très sainte eucharistie avec la dévotion que comprend son âge.

3533
IV. L'obligation de précepte de la confession et de la communion, qui touche l'enfant, retombe sur ceux-là surtout qui sont chargés de lui, c'est-à-dire les parents, le confesseur, les instituteurs et le curé. Mais c'est au père ou à ceux qui le remplacent et au confesseur qu'il appartient suivant le Catéchisme romain d'admettre l'enfant à la première communion.

3534
VI. Ceux qui ont la charge des enfants doivent mettre tout leur soin à les faire approcher fréquemment de la sainte table après leur première communion et, s'il est possible, même tous les jours, comme le désirent le Christ Jésus et notre Mère l'Eglise 3375-3383, et qu'ils le fassent avec la dévotion que comprend leur âge.

3535
VII. La coutume de ne pas admettre à la confession ou de ne jamais absoudre les enfants qui ont atteint l'âge de raison est tout à fait à réprouver.

3536
VIII. C'est un abus tout à fait détestable que de ne pas donner le viatique et l'extrême-onction aux enfants parvenus à l'âge de raison et de les enterrer suivant le rite des tout-petits.
 
 
 

Motu proprio "Sacrorum antistitum", 1er septembre 19l0

Serment anti-moderniste

3537
Moi, N..., j'embrasse et reçois fermement toutes et chacune des vérités qui ont été définies, affirmées et déclarées par le magistère infaillible de l'Eglise, principalement les chapitres de doctrine qui sont directement opposés aux erreurs de ce temps.
 

3538
Et d'abord, je professe que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être certainement connu, et par conséquent aussi, démontré à la lumière naturelle de la raison "par ce qui a été fait" Rm 1,20 , c'est-à-dire par les oeuvres visibles de la création, comme la cause par les effets.

3539
Deuxièmement, j'admets et je reconnais les preuves extérieures de la Révélation, c'est-à-dire les faits divins, particulièrement les miracles et les prophéties comme des signes très certains de l'origine divine de la religion chrétienne et je tiens qu'ils sont tout à fait adaptés à l'intelligence de tous les temps et de tous les hommes, même ceux d'aujourd'hui.

3540
Troisièmement, je crois aussi fermement que l'Eglise, gardienne et maîtresse de la Parole révélée, a été instituée immédiatement et directement par le Christ en personne, vrai et historique, lorsqu'il vivait parmi nous, et qu'elle a été bâtie sur Pierre, chef de la hiérarchie apostolique, et sur ses successeurs pour les siècles.

3541
Quatrièmement, je reçois sincèrement la doctrine de la foi transmise des apôtres jusqu'à nous toujours dans le même sens et dans la même interprétation par les pères orthodoxes ; pour cette raison, je rejette absolument l'invention hérétique de l'évolution des dogmes, qui passeraient d'un sens à l'autre, différent de celui que l'Eglise a d'abord professé. Je condamne également toute erreur qui substitue au dépôt divin révélé, confié à l'Epouse du Christ, pour qu'elle garde fidèlement, une invention philosophique ou une création de la conscience humaine, formée peu à peu par l'effort humain et qu'un progrès indéfini perfectionnerait à l'avenir.

3542
Cinquièmement, je tiens très certainement et professe sincèrement que la foi n'est pas un sentiment religieux aveugle qui émerge des ténèbres du subconscient sous la pression du coeur et l'inclination de la volonté moralement informée, mais qu'elle est un véritable assentiment de l'intelligence à la vérité reçue du dehors, de l'écoute, par lequel nous croyons vrai, à cause de l'autorité de Dieu souverainement véridique, ce qui a été dit, attesté et révélé par le Dieu personnel, notre Créateur et notre Seigneur.

3543
Je me soumets aussi, avec la révérence voulue, et j'adhère de tout mon coeur à toutes les condamnations, déclarations, prescriptions, qui se trouvent dans l'encyclique Pascendi (3475-3500) et dans le décret Lamentabili 3401- 3466, notamment sur ce qu'on appelle l'histoire des dogmes.

3544
De même, je réprouve l'erreur de ceux qui affirment que la foi proposée par l'Eglise peut être en contradiction avec l'histoire, et que les dogmes catholiques, au sens où on les comprend aujourd'hui, ne peuvent être mis d'accord avec une connaissance plus exacte des origines de la religion chrétienne.

3545
Je condamne et rejette aussi l'opinion de ceux qui disent que le chrétien savant revêt une double personnalité, celle du croyant et celle de l'historien, comme s'il était permis à l'historien de tenir ce qui contredit la foi du croyant, ou de poser des prémices d'où il suivra que les dogmes sont faux ou douteux, pourvu que ces dogmes ne soient pas niés directement.
 

3546

Je réprouve également la manière de juger et d'interpréter l'Ecriture sainte qui, dédaignant la tradition de l'Eglise, l'analogie de la foi et les règles du Siège apostolique, s'attache aux inventions des rationalistes et adopte la critique textuelle comme unique et souveraine règle, avec autant de dérèglement que de témérité.

3547
Je rejette en outre l'opinion de ceux qui tiennent que le professeur des disciplines historico-théologiques ou l'auteur écrivant sur ces questions doivent d'abord mettre de côté toute opinion préconçue, à propos, soit de l'origine surnaturelle de la tradition catholique, soit de l'aide promise par Dieu pour la conservation éternelle de chacune des vérités révélées ; ensuite, que les écrits de chacun des Pères sont à interpréter uniquement par les principes scientifiques, indépendamment de toute autorité sacrée, avec la liberté critique en usage dans l'étude de n'importe quel document profane.

3548
Enfin, d'une manière générale, je professe n'avoir absolument rien de commun avec l'erreur des modernistes qui tiennent qu'il n'y a rien de divin dans la tradition sacrée, ou, bien pis, qui admettent le divin dans un sens panthéiste, si bien qu'il ne reste plus qu'un fait pur et simple, à mettre au même niveau que les faits de l'histoire : les hommes par leurs efforts, leur habileté, leur génie continuant, à travers les âges, l'enseignement inauguré par le Christ et ses apôtres.

3549
Enfin, je garde très fermement et je garderai jusqu'à mon dernier soupir la foi des Pères sur le charisme certain de la vérité qui est, qui a été et qui sera toujours "dans la succession de l'épiscopat depuis les apôtres", non pas pour qu'on tienne ce qu'il semble meilleur et plus adapté à la culture de chaque âge de pouvoir tenir, mais pour que "jamais on ne croie autre chose, ni qu'on ne comprenne autrement la vérité absolue et immuable prêchée depuis le commencement par les apôtres.

3550
Toutes ces choses, je promets de les observer fidèlement, entièrement et sincèrement, et de les garder inviolablement, sans jamais m'en écarter ni en enseignant ni de quelque manière que ce soit dans ma parole et dans mes écrits. J'en fais le serment ; je le jure. Qu'ainsi Dieu me soit en aide et ces saints Evangiles.
 

Lettre "Ex quo, nono" aux délégués apostoliques à Byzance, en Grèce,

en Egypte, en Mésopotamie, etc., 26 décembre 1910

Erreurs des Orientaux

3553
D'une manière non moins téméraire que fausse, on ouvre la porte à l'opinion selon laquelle le dogme de la procession de l'Esprit Saint du Fils ne proviendrait pas des paroles mêmes de l'Evangile, et qu'il ne serait pas confirmé par les Pères anciens

3554
de même on met en doute de façon très imprudente que les dogmes sacrés concernant le Purgatoire et la Conception immaculée de la bienheureuse Vierge Marie aient été reconnus par les saints hommes des siècles antérieurs ;

3555
... au sujet de la constitution de l'Eglise .. est renouvelée tout d'abord l'erreur condamnée depuis longtemps par notre prédécesseur Innocent X 1999, et qui insinue que Saint Paul doit être considéré comme un frère égal en tout à Saint Pierre ; - ensuite avec non moins de fausseté est manifestée la conviction selon laquelle l'Eglise catholique n'était pas, aux premiers siècles, le gouvernement d'un seul, c'est-à-dire une monarchie ; ou que la primauté de l'Eglise romaine ne s'appuie pas sur les arguments valides.

3556
Mais .. la doctrine catholique au sujet du très saint sacrement de l'eucharistie n'est pas laissée intacte non plus, lorsqu'il est enseigné sans ménagement qu'on pourrait admettre la conception qui tient que chez les Grecs les paroles consécratoires n'ont pas d'effet à moins que soit prononcée cette prière qu'ils appellent épiclèse, alors que pourtant on sait que l'Eglise n'a aucunement le droit d'innover en quoi que ce soit s'agissant de la substance même des sacrements et il n'est pas moins malsonnant qu'ils tiennent pour valide la confirmation conférée par n'importe quel prêtre 2522.
(Censure : rejetées comme de) graves erreurs.
 
 
 

Réponse de la commission biblique, 19 juin 1911

Auteur, date de composition et vérité historique de

l'évangile selon Matthieu.

3561
Question 1 : Compte tenu de l'accord universel et constant de toute l'Eglise depuis les premiers siècles que manifestent clairement les témoignages explicites des Pères, les titres des manuscrits des Evangiles, les versions les plus anciennes des Saintes Ecritures, les catalogues transmis par les saints Pères, les écrivains ecclésiastiques, les souverains pontifes et les conciles, et enfin l'usage liturgique de l'Eglise orientale et occidentale, peut-on et doit-on affirmer comme certain que Matthieu, l'apôtre du Christ, est réellement l'auteur de l'évangile publié sous son nom ?
Réponse : Oui.

3562
Question 2 : Faut-il considérer comme suffisamment fondée par la voix de la Tradition l'opinion selon laquelle Matthieu a précédé dans sa rédaction les autres évangélistes et qu'il a composé le premier évangile dans la langue maternelle alors utilisée par les juifs de Palestine à qui cette oeuvre était destinée ?
Réponse : Oui pour les deux parties.

3563
Question 3 : Est-il possible de déplacer la rédaction de ce texte original au delà de l'époque de la destruction de Jérusalem, de sorte que les prédictions qu'on y lit au sujet de cette destruction auraient été écrites après l'événement ; ou le témoignage d'Irénée qu'on a coutume d'alléguer, et dont l'interprétation est incertaine et controversée, doit-il être considéré comme ayant un poids tel qu'il oblige à rejeter l'opinion de ceux qui estiment qu'il est davantage conforme à la Tradition que cette rédaction soit intervenue avant même la venue de Paul dans la ville ?
Réponse : Non pour les deux parties.

3564
Question 4 : Peut-on soutenir au moins comme probable l'opinion de certains modernes selon lesquels Matthieu n'aurait pas été composé, au sens propre et restreint du terme, l'évangile tel qu'il nous est transmis, mais seulement une collection de dits et de paroles du Christ qu'un autre auteur, anonyme, dont ils font le rédacteur de l'évangile lui- même, aurait utilisé comme sources ?
Réponse : Non.

3565
Question 5 : Etant donné que tous les Pères et les écrivains ecclésiastiques, et l'Eglise elle-même depuis ses commencements, ont utilisé seulement comme étant canonique le texte grec de l'évangile connu sous le nom de Matthieu - ceux-là mêmes qui ont transmis expressément que Matthieu a écrit dans sa langue naturelle n'étant pas exceptés - peut-on prouver avec certitude que quant à la substance l'évangile grec est identique à cet évangile-là qui a été élaboré par ce même apôtre dans sa langue maternelle ?
Réponse: Oui.

3566
Question 6 : Etant donné que l'auteur du premier évangile poursuit un dessein principalement théologique et apologétique, c'est-à-dire vise à montrer aux juifs que Jésus est le Messie annoncé par les prophètes et né de la race de David, et que de surcroît, dans la manière de disposer les faits et les dits qu'il raconte et rapporte, il ne suit pas toujours l'ordre chronologique, est-il permis d'en déduire que ceux-ci ne doivent pas être reconnus comme vrais ; ou peut-on affirmer également que les récits des actions et des paroles de Jésus qu'on lit dans l'évangile auraient subi un changement ou une adaptation sous l'influence des prophéties de l'Ancien Testament et de l'état plus développé de l'Eglise, et qu'ils ne seraient donc pas conformes à la vérité historique ?
Réponse : Non pour les deux parties.

3567
Question 7 : Faut-il en particulier considérer comme dépourvues d'un fondement solide les opinions de ceux qui mettent en doute l'authenticité historique des deux premiers chapitres dans lesquels sont racontées la généalogie et l'enfance du Christ, ainsi que certaines déclarations de grande importance en matière dogmatique, comme celles qui ont trait à la primauté de Pierre Mt 16,17-19 , à la forme du baptême transmise aux apôtres avec la mission universelle de prêcher Mt 28,19 ss., à la profession de foi des apôtres en la divinité du Christ Mt 14,33 , et d'autres semblables qui apparaissent comme affirmées de façon particulière chez Matthieu ?
Réponse : Oui.
 
 
 
 

source: catho.org

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