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Symboles et Définitions de la Foi Catholique - Denzinger

6ème session, 13 janvier 1547 : décret sur la justification

 

Préambule

1520
Ce n'est pas sans la perte de nombreuses âmes et un grave détriment pour l'unité de l'Eglise que s'est répandue en notre temps une doctrine erronée concernant la justification. Aussi, pour la louange et la gloire du Dieu tout- puissant, pour la paix de l'Eglise et le salut des âmes, le saint concile oecuménique et général de Trente... se propose d'exposer à tous les chrétiens la véritable et sainte doctrine de la justification qu'a enseignée le Christ Jésus, soleil de justice Ml 4,2 , auteur de notre foi, qui la mène à sa perfection He 12,2 que les apôtres nous ont transmise et que l'Eglise catholique, sous l'inspiration de l'Esprit Saint, a toujours conservée, en interdisant sévèrement que personne n'ose à l'avenir croire, prêcher ou enseigner autrement que ce qui est statué et déclaré par le présent décret.
 

Chap. 1. Impuissance de la nature et de la Loi à justifier

les hommes.

1521
En premier lieu. le saint concile déclare que. pour avoir une intelligence exacte et authentique de la doctrine de la justification, il faut que chacun reconnaisse et confesse que, tous les hommes ayant perdu l'innocence dans la prévarication d'Adam Rm 5,12 1Co 15,22 239, "devenus impurs" Is 64,6 et (comme le dit l'Apôtre) "enfants de colère par nature" Ep 2,3 comme cela a été exposé dans le décret sur le péché originel, ils étaient à ce point "esclaves du péché" Rm 6,20 et sous le pouvoir du diable et de la mort, que non seulement les païens, par la force de la nature 1551, mais aussi les juifs, par la lettre même de la Loi de Moïse, ne pouvaient se libérer ou se relever de cet état, même si le libre arbitre n'était aucunement éteint en eux 1555, bien qu'affaibli et dévié en sa force 378.
 

Chap. 2. L'économie et le mystère de la venue du Christ

1522
D'où il arriva que le Père céleste, " Père des miséricordes et Dieu de toute consolation" 2Co 1,3 , envoya aux hommes le Christ Jésus. son Fils 1551, annoncé et promis aussi bien avant la Loi qu'au temps de la Loi à de nombreux saints Pères Gn 49,10 Gn 49,18 , lorsque vint cette bienheureuse "plénitude des temps" Ep 1,10 Ga 4,4 , afin que, d'une part, "il rachète les juifs sujets de la Loi" Ga 4,5 et que, de l'autre, "les païens qui ne poursuivaient pas de justice, atteignent la justice" Rm 9,30 , et que tous reçoivent l'adoption filiale Ga 4,5 . C'est lui que "Dieu a établi victime propitiatoire par son sang moyennant la foi " Rm 3,25 " pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier" 1Jn 2,2 .
 

Chap. 3. Ceux qui sont justifiés par le Christ

1523
Mais, bien que lui soit " mort pour tous " 2Co 5,15 , tous cependant ne reçoivent pas le bienfait de sa mort. mais ceux-là seulement auxquels le mérite de sa Passion est communiqué. En effet, de même qu'en toute vérité les hommes ne naîtraient pas injustes s'ils ne naissaient de la descendance issue corporellement d'Adam, puisque, quand ils sont conçus, ils contractent une injustice personnelle par le fait qu'ils descendent corporellement de lui, de même ils ne seraient jamais justifiés s'ils ne renaissaient pas dans le Christ , puisque, grâce à cette renaissance, leur est accordé par le mérite de sa Passion la grâce par laquelle ils deviennent justes. Pour ce bienfait l'Apôtre nous exhorte à toujours "rendre grâce au Père qui nous a rendus dignes d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière et nous a arrachés à la puissance des ténèbres et transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la Rédemption et la rémission des péchés" Col 1,12-14
 
 

Chap. 4. Esquisse d'une description de la justification de

l'impie. Son mode d

1524
Ces mots esquissent une description de la justification de l'impie, comme étant un transfert de l'état dans lequel l'homme naît du premier Adam à l'état de grâce et d'adoption des fils de Dieu Rm 8,15 , par le second Adam, Jésus Christ, notre Sauveur. Après la promulgation de l'Evangile, ce transfert ne peut se faire sans le bain de la régénération 1618 ou le désir de celui-ci, selon ce qui est écrit "Nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu s'il ne renaît pas de l'eau et de l'Esprit Saint" Jn 3,5 .
 

Chap. 5. Nécessité pour les adultes d 'une préparation à la

justification. Son

1525
Le concile déclare, en outre, que la justification elle-même chez les adultes a son origine dans la grâce prévenante de Dieu par Jésus Christ 1553, c'est-à-dire dans un appel de Dieu par lequel ils sont appelés sans aucun mérite en eux. De la sorte, ceux qui s'étaient détournés de Dieu par leurs péchés, poussés et aidés par la grâce, se disposent à se tourner vers la justification que Dieu leur accorde, en acquiesçant et coopérant librement à cette même grâce 1554-1555. De cette manière, Dieu touchant le coeur de l'homme par l'illumination de l'Esprit Saint, d'une part l'homme lui-même n'est pas totalement sans rien faire, lui qui accueille cette inspiration qu'il lui est possible de rejeter, d'autre part, pourtant, sans la grâce de Dieu, il ne lui est pas possible, par sa propre volonté, d'aller vers la justice en présence de Dieu 1553. Aussi, lorsqu'il est dit dans la sainte Ecriture " Tournez- vous vers moi et moi je me tournerai vers vous" Za 1,3 ], notre liberté nous est rappelée ; lorsque nous répondons "Tourne-nous vers toi, Seigneur, et nous nous convertirons" Lm 5,21 , nous reconnaissons que la grâce de Dieu nous prévient.
 

Chap. 6. Mode de la préparation

1526
Les hommes sont disposés à la justice elle-même 1557- 1559 lorsque, poussés et aidés par la grâce divine, concevant en eux la foi qu'ils entendent prêcher Rm 10,17 , ils vont librement vers Dieu, croyant qu'est vrai tout ce qui a été divinement révélé et promis 1562-1564 et, avant tout que Dieu justifie l'impie " par sa grâce, au moyen de la Rédemption qui est dans le Christ Jésus" Rm 3,24 ; lorsque, aussi, comprenant qu'ils sont pécheurs et passant de la crainte de la justice divine, qui les frappe fort utilement 1558, à la considération de la miséricorde de Dieu, ils s'élèvent à l'espérance, confiants que Dieu, à cause du Christ, leur sera favorable, commencent à l'aimer comme source de toute justice, et, pour cette raison, se dressent contre les péchés, animés par une sorte de haine et de détestation 1559, c'est-à-dire par cette pénitence que l'on doit faire avant le baptême Ac 2,38 ; lorsque, enfin, ils se proposent de recevoir le baptême, de commencer une vie nouvelle et d'observer les commandements divins.

1527
De cette disposition il est écrit : "Celui qui approche de Dieu doit croire qu'il est et qu'il récompense ceux qui le cherchent" He 11,6 , et: "Aie confiance, mon fils, tes péchés te sont remis" Mt 9,2 , et "La crainte du Seigneur chasse les péchés" Si 1,27 , et: "Faites pénitence et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez le don de l'Esprit Saint " Ac 2,38 , et "Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé Mt 28,19-20 et : "Préparez vos coeurs pour le Seigneur " 1S 7,3 .
 

Chap. 7 La justification de l'impie et ses causes.

1528
Cette disposition ou préparation est suivie par la justification elle-même, qui n'est pas seulement rémission des péchés 1561, mais à la fois sanctification et rénovation de l'homme intérieur par la réception volontaire de la grâce et des dons. Par là, d'injuste l'homme devient juste, d'ennemi ami, en sorte qu'il est "Héritier, en espérance, de la vie éternelle" Tt 3,7
 

1529
Les causes de cette justification sont celles-ci : cause finale, la gloire de Dieu et du Christ, et la vie éternelle ; cause efficiente : Dieu qui, dans sa miséricorde, lave et sanctifie gratuitement 1Co 6,11 par le sceau et l'onction 2Co 1,21-22 de l'Esprit Saint promis "qui est le gage de notre héritage" Ep 1,13-14 ; cause méritoire : le Fils unique bien-aimé de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ qui, "alors que nous étions ennemis" Rm 5,10 , "à cause du grand amour dont il nous a aimés" Ep 2,4 , par sa très sainte Passion sur le bois de la croix nous a mérité la justification 1560 et a satisfait pour nous à Dieu son Père ; cause instrumentale, le sacrement du baptême, "sacrement de la foi" sans laquelle il n'y a jamais eu de justification pour personne.
Enfin l'unique cause formelle est la justice de Dieu, "non pas celle par laquelle il est juste lui-même, mais celle par laquelle elle nous fait justes " 1560-1561, c'est-à-dire celle par laquelle, l'ayant reçue en don de lui, nous sommes "renouvelés par une transformation spirituelle de notre esprit" Ep 4,23 nous ne sommes pas seulement réputés justes, mais nous sommes dits et nous sommes vraiment justes 1Jn 3,1 , recevant chacun en nous la justice, selon la mesure que l'Esprit Saint partage à chacun comme il le veut 1Co 12,11 et selon la disposition et la coopération propres à chacun.

1530
En effet, bien que personne ne puisse être juste que si les mérites de la Passion de notre Seigneur Jésus Christ lui sont communiqués, c'est cependant ce qui se fait dans la justification de l'impie, alors que, par le mérite de cette très sainte Passion, la charité de Dieu est répandue par l'Esprit Saint dans les coeurs Rm 5,5 de ceux qui sont justifiés et habite en eux 1561. Aussi, avec la rémission des péchés, l'homme reçoit-il dans la justification même par Jésus Christ, en qui il est inséré, tous les dons suivants infus en même temps: la foi, l'espérance et la charité.

1531
Car la foi à laquelle ne se joignent ni l'espérance ni la charité n'unit pas parfaitement au Christ et ne rend pas membre vivant de son corps. Pour cette raison, l'on dit en toute vérité que la foi sans les oeuvres est morte et inutile Jc 2,17-20 1569, et que dans le Christ Jésus ni la circoncision, ni l'incirconcision n'ont de valeur, mais la foi "qui opère par la charité" Ga 5,6 Ga 6,15 .
C'est elle que, selon la tradition des apôtres, les catéchumènes demandent à l'Eglise avant le sacrement du baptême, quand ils demandent "la foi qui procure la vie éternelle " que, sans l'espérance et la charité, la foi ne peut procurer. Aussi entendent-ils immédiatement la parole du Christ : " Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements " Mt 19,17 1568-1570. C'est pourquoi lorsqu'ils reçoivent la justice véritable et chrétienne, cette première robe Lc 15,22 qui leur est donnée par le Christ à la place de celle que, par sa désobéissance, Adam a perdue pour lui et pour nous, il est ordonné aussitôt à ceux qui viennent de renaître de la conserver blanche et sans tache, pour l'apporter devant le tribunal de notre Seigneur Jésus Christ et avoir la vie éternelle.
 

Chap. 8. Comment comprendre que l'impie est justifié par la

foi et gratuitemen

1532
Lorsque l'Apôtre dit que l'homme est "justifié par la foi" 1559 et gratuitement Rm 3,22-24 , il faut comprendre ces mots dans le sens où l'a toujours et unanimement tenu et exprimé l'Eglise catholique, à savoir que si nous sommes dits être justifiés par la foi, c'est parce que "la foi est le commencement du salut de l'homme", le fondement et la racine de toute justification, que sans elle "il est impossible de plaire à Dieu" He 11,6 et de parvenir à partager le sort de ses enfants 2P 1,4 ; et nous sommes dits être justifiés gratuitement parce que rien de ce qui précède la justification, que ce soit la foi ou les oeuvres, ne mérite cette grâce de la justification. En effet " Si c'est une grâce, elle ne vient pas des oeuvres ; autrement (comme le dit le même Apôtre) la grâce n'est plus la grâce " Rm 11,6 .
 

Chap. 9. Contre la vaine confiance des hérétiques

1533
Bien qu'il soit indispensable de croire que les péchés ne sont et n'ont jamais été remis que gratuitement par miséricorde divine à cause du Christ, cependant personne ne doit, en se targuant de la confiance et de la certitude que ses péchés sont remis et en se reposant sur cela, dire que ses péchés sont ou ont été remis, alors que cette confiance vaine et éloignée de toute piété peut exister chez des hérétiques et des schismatiques, bien plus que de notre temps elle existe et est prêchée à grand bruit contre l'Eglise catholique 1562.

1534
Mais il ne faut pas non plus affirmer que tous ceux qui ont été vraiment justifiés doivent être sans aucune hésitation convaincus en eux- mêmes qu'ils ont été justifiés, ni que personne n'est absous de ses péchés et justifié, sauf celui qui croit avec certitude qu'il a été absous et justifié, et que c'est par cette seule foi que se réalise l'absolution et la justification 1564, comme si celui qui ne croit pas cela mettait en doute les promesses de Dieu et l'efficacité de la mort et de la Résurrection du Christ. En effet, de même qu'aucun homme pieux ne doit mettre en doute la miséricorde de Dieu, les mérites du Christ, la vertu et l'efficacité des sacrements, de même quiconque se considère lui-même, ainsi que sa propre faiblesse et ses mauvaises dispositions, peut être rempli d'effroi et de crainte au sujet de sa grâce 1563, puisque personne ne peut savoir, d'une certitude de foi excluant toute erreur, qu'il a obtenu la grâce de Dieu.
 

Chap. 10. L'accroissement de la grâce reçue

1535
Ainsi donc, ceux qui ont été justifiés et sont devenus " amis de Dieu " et "membres de sa famille " Jn 15,15 Ep 2,19 marchant "de vertu en vertu" Ps 83,8 se renouvellent (comme dit l'Apôtre) de jour en jour 2Co 4,16 , c'est-à- dire en mortifiant les membres de leur chair Col 3,5 et en les présentant comme des armes à la justice pour la sanctification Rm 6,13-19 , par l'observation des commandements de Dieu et de l'Eglise ; ils croissent dans cette justice reçue par la grâce du Christ, la foi coopérant aux bonnes oeuvres Jc 2,22 et ils sont davantage justifiés (1574) ; 1582, selon ce qui est écrit : "Celui qui est juste, sera encore justifié" Ap 22,11 et aussi : " Ne crains pas d'être justifié jusqu'à la mort" Si 18,22 et encore "Vous voyez que l'homme est justifié par les oeuvres et non par la foi seule" Jc 2,24 Cet accroissement de justice, la sainte Eglise le demande quand elle dit dans la prière : "Seigneur, augmente en nous la foi, l'espérance et la charité."
 

Chap. 11. L'observation des commandements. Sa nécessité et sa

possibilité.

1536
Personne, si justifié soit-il, ne doit penser qu'il est libéré de l'observation des commandements 1570. Personne ne doit user de cette expression téméraire et interdite sous peine d'anathèmes par les Pères, à savoir que pour l'homme justifié les commandements de Dieu sont impossibles à observer 1568 ; 1572 ; 397. "Car Dieu ne commande pas de choses impossibles, mais en commandant il t'invite à faire ce que tu peux et à demander ce que tu ne peux pas ", et il t'aide pour que tu le puisses ; ses commandements ne sont pas pesants 1Jn 5,3 , son joug est doux et son fardeau léger Mt 11,30 En effet, ceux qui sont enfants de Dieu aiment le Christ ; ceux qui l'aiment (comme il en témoigne lui-même) gardent ses paroles Jn 14,23 ce qui leur est toujours possible avec l'aide de Dieu.

1537
Bien qu'en cette vie mortelle, aussi saints et justes qu'ils soient, ils tombent parfois au moins dans les péchés légers et quotidiens, qu'on appelle aussi véniels 1573, ils ne cessent pas pour autant d'être justes. En effet l'expression humble et authentique des justes est celle-ci : "Remets-nous nos dettes" Mt 6,12 229 ss..
C'est pourquoi les justes eux-mêmes doivent se sentir d'autant plus obligés à marcher dans la voie de la justice que, désormais " libérés du péché, devenus serviteurs de Dieu " Rm 6,22 , vivant "dans la tempérance, la justice et la piété " Tt 2,12 , ils peuvent progresser par le Christ Jésus qui leur a ouvert l'accès à cette grâce Rm 5,2 . Car ceux qu'il a justifiés une fois, "Dieu ne les abandonne pas, à moins qu'il ne soit d'abord abandonné par eux".

1538
C'est pourquoi personne ne doit se rassurer dans la foi seule 1559 ; 1569 ; 1570, pensant que par la foi seule il a été constitué héritier et obtiendra l'héritage, même s'il ne souffre pas avec le Christ pour être glorifié avec lui Rm 8,17 . Car le Christ lui-même (comme le dit l'Apôtre), "tout Fils de Dieu qu'il fût, a appris par ses souffrances à obéir, et, ayant tout accompli, est devenu cause de salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent" He 5,8-9 .
C'est pourquoi l'Apôtre lui-même avertit ceux qui ont été justifiés en ces termes : " Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix ? Courez de manière à le remporter. Pour moi, donc, c'est ainsi que je cours, non à l'aventure ; c'est ainsi que je combats, non comme en frappant dans le vide. Mais je châtie mon corps et je le réduis en esclavage, de peur qu'après avoir prêché aux autres je ne sois moi-même éliminé" 1Co 9,24 ss. Et Pierre, le prince des Apôtres "Appliquez-vous à rendre certaine votre vocation et votre élection par vos bonnes oeuvres ; en agissant ainsi vous ne pécherez jamais" 2P 1,10 .

1539
Il est par là évident qu'ils s'opposent à la doctrine orthodoxe de la religion ceux qui disent que, dans toute bonne action, le juste pèche au moins véniellement 1575 ; 1481 ss. ou (ce qui est plus intolérable) mérite les peines éternelles ; de même aussi ceux qui déclarent que les justes pèchent dans toutes leurs actions, si, voulant secouer en eux l'indolence et s'encourager à courir dans le stade, ils considèrent, en même temps que la glorification mise en premier lieu, la récompense éternelle 1576 ; 1581, alors qu'il est écrit : "J'ai disposé mon coeur à la pratique de tes prescriptions à cause de la récompense" Ps 118,112 , et que l'Apôtre dit de Moïse qu'il "avait les yeux fixés sur la récompense He 11,26 .
 

Chap. 12. On doit se garder d'une présomption téméraire

concernant la prédesti

1540
Personne non plus, aussi longtemps qu'il vit dans la condition mortelle, ne doit présumer du mystère caché de la prédestination divine qu'il déclare avec certitude qu'il est absolument du nombre des prédestinés 1565, comme s'il était vrai qu'une fois justifié ou bien il ne puisse plus pécher 1573 ou bien, s'il venait à pécher, il doive se promettre une repentance certaine. Car, à moins d'une révélation spéciale, on ne peut savoir ceux que Dieu s'est choisis 1566.
 

Chap. 13. Le don de la persévérance

1541
Il en est de même du don de la persévérance 1566. Il est écrit à son sujet : "Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé" Mt 10,22 Mt 24,13 : cela ne peut se faire que par celui qui "a le pouvoir de maintenir celui qui est debout pour qu'il continue de l'être" Rm 14,4 et de relever celui qui tombe. Que personne donc ne se promette rien de sûr avec une certitude absolue, bien que tous doivent placer et faire reposer dans le secours de Dieu la plus ferme espérance. Car Dieu, s'ils ne sont pas infidèles à sa grâce, mènera à son terme la bonne oeuvre, comme il l'a déjà commencée Ph 1,6 , opérant en eux le vouloir et le faire Ph 2,13 1572.
Pourtant, que ceux qui se croient être debout, veillent à ne pas tomber 1Co 10,12 et travaillent à leur salut avec crainte et tremblement Ph 2,12 dans les fatigues, les veilles, les aumônes, les prières et les offrandes, dans le jeûne et la chasteté 2Co 6,5-6 . Sachant, en effet, qu'ils sont nés de nouveau dans l'espérance de la gloire 1P 1,3 mais pas encore dans la gloire, ils doivent avoir des craintes concernant le combat qui leur reste contre la chair, contre le monde, contre le diable, combat dans lequel ils ne peuvent être vainqueurs que si, avec la grâce de Dieu, ils obéissent aux paroles de l'Apôtre: " Nous ne sommes plus tenu, vis-à-vis de la chair, de vivre selon la chair. Si vous vivez, en effet, selon la chair, vous mourrez. Mais si par l'Esprit vous faites mourir les oeuvres de la chair, vous vivrez " Rm 8,12-13 .
 

Chap. 14. Ceux qui sont tombés et leur relèvement

1542
Ceux qui, après avoir reçu la grâce de la justification, en sont déchus par le péché pourront être de nouveau justifiés 1579 lorsque, poussés par Dieu, ils feront en sorte de retrouver la grâce perdue au moyen du sacrement de la pénitence, grâce aux mérites du Christ. Ce mode de justification est le relèvement du pécheur, que les saints Pères ont fort bien appelé "la seconde planche après le naufrage qu'est la perte de la grâce". En effet pour ceux qui tombent dans le péché après le baptême, le Christ Jésus a institué le sacrement de la pénitence, lorsqu'il dit "Recevez le Saint-Esprit, à ceux à qui vous remettrez les péchés, ils seront remis, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez " Jn 20,22-23 .

1543
Aussi faut-il enseigner que la pénitence du chrétien après une chute est très différente de la pénitence baptismale. Elle comprend non seulement l'abandon des péchés et leur détestation, ou "un coeur contrit et humilié" Ps 50,19 mais aussi la confession sacramentelle de ceux-ci, ou du moins le désir de la faire en temps opportun, l'absolution par un prêtre, et, de plus, la satisfaction par le jeûne, les aumônes, les prières et autres pieux exercices de la vie spirituelle, non pour remettre la peine éternelle - laquelle est remise en même temps que la faute par le sacrement ou le désir du sacrement -, mais pour remettre la faute temporelle 1580 qui (comme l'enseigne l'Ecriture sainte) n'est pas toujours totalement remise, comme elle l'est au baptême, à ceux qui, ingrats envers la grâce de Dieu qu'ils ont reçue, ont contristé l'Esprit Saint Ep 4,30 et n'ont pas craint de violer le Temple de Dieu 1Co 3,17

Il est écrit de cette pénitence : "Souviens-toi d'où tu es tombé, fais pénitence et reviens à tes premières oeuvres" Ap 2,51 et aussi : "La tristesse selon Dieu produit une pénitence pour un salut durable" 2Co 7,10 et encore "Faites pénitence" Mt 3,2 Mt 4,17 , et "Faites de dignes fruits de pénitence" Mt 3,8 Lc 3,8 .
 

Chap. 15. Tout péché mortel fait perdre la grâce, mais non la foi.

1544
Contre les esprits rusés de certains hommes qui, "par de doux discours et des bénédictions, séduisent les coeurs simples" Rm 16,18 , il faut affirmer que la grâce de la justification, qui a été reçue, se perd non seulement par l'infidélité 1577, par laquelle se perd aussi la foi elle- même, mais aussi par n'importe quel péché mortel, bien qu'alors ne se perde pas la foi 1578. On défend ainsi la doctrine de la Loi divine qui exclut du Royaume de Dieu non seulement les infidèles, mais aussi les fidèles fornicateurs, adultères, efféminés, sodomites, voleurs, avares, ivrognes, médisants, rapaces 1Co 6,9-10 et tous les autres qui commettent des péchés mortels dont, avec l'aide de la grâce divine, ils peuvent s'abstenir et à cause desquels ils sont séparés de la grâce du Christ 1577.
 

Chap. 16. Le fruit de la justification : le mérite, les

bonnes oeuvres. Sa nat

1545
C'est donc dans cette perspective qu'il faut proposer aux hommes justifiés, qu'ils aient sans cesse gardé la grâce reçue ou qu'ils l'aient recouvrée après l'avoir perdue, les mots de l'Apôtre : "Soyez riches de toute oeuvre bonne, sachant que votre labeur n'est pas vain dans le Seigneur" 1Co 15,58 car "Dieu n'est pas injuste au point d'oublier ce que vous avez fait et la charité dont vous avez fait preuve en son nom " He 6,10 , et : "Ne perdez pas votre confiance ; elle aura une grande récompense" He 10,35 . Et c'est pourquoi, à ceux qui agissent bien "jusqu'à la fin" Mt 10,22 Mt 24,13 et qui espèrent en Dieu, il faut proposer la vie éternelle à la fois comme la grâce miséricordieusement promise par le Christ Jésus aux fils de Dieu et " comme la récompense ", que Dieu, selon la promesse qu'il a faite lui-même, accordera à leurs oeuvres bonnes et à leurs mérites 1576 ; 1582. Telle est, en effet, " la couronne de justice " dont l'Apôtre disait qu'elle lui était "réservée après son combat et sa course et lui serait donnée par le juste juge, non seulement à lui, mais aussi à tous ceux qui attendent avec amour son avènement " 2Tm 4,7-8 .

1546
Le Christ Jésus lui-même communique constamment sa force à ceux qui ont été justifiés, comme la tête aux membres Ep 4,15 , comme le cep aux sarments Jn 15,5 force qui toujours précède, accompagne et suit leurs bonnes oeuvres et sans laquelle celles-ci ne pourraient en aucune manière être agréables à Dieu et méritoires 1552. Aussi faut-il croire qu'il ne manque rien d'autre aux justifiés eux-mêmes pour qu'ils soient estimés avoir pleinement satisfait à la Loi de Dieu, dans les conditions de cette vie, par ces oeuvres qui ont été faites en Dieu Jn 3,21 , et avoir vraiment mérité d'obtenir, en son temps, la vie éternelle 1582, si toutefois ils meurent dans la grâce Ap 14,13 . Le Christ notre Sauveur ne dit-il pas : " Si quelqu'un boit de l'eau que je lui donnerai, il n'aura jamais soif ; elle deviendra en lui une source d'eau jaillissant pour la vie éternelle " Jn 4,14 ?

1547
Ainsi notre justice personnelle n'est pas établie comme venant personnellement de nous 2Co 3,5 et la justice de Dieu n'est ni méconnue ni rejetée Rm 10,3 . En effet cette justice est dite nôtre, parce que nous sommes justifiés par cette justice qui habite en nous 1560 ; 1561 ; et cette même justice est celle de Dieu, parce qu'elle est répandue en nous par Dieu et par les mérites du Christ.

1548
Il ne faut pas omettre ceci : la sainte Ecriture attribue, certes, une telle valeur aux bonnes oeuvres que le Christ promet que même celui qui donne à l'un de ses plus petits un verre d'eau fraîche ne perdra pas sa récompense Mt 10,42 Mc 9,40 ; et l'Apôtre atteste que notre "légère tribulation d'un instant nous prépare au-delà de toute mesure un poids éternel de gloire dans les cieux" 2Co 4,17 Cependant, loin de nous de penser que le chrétien se confie ou se glorifie en lui-même et non pas dans le Seigneur 1Co 1,31 2Co 10,17 dont la bonté envers les hommes est si grande qu'il veut que ses dons soient leurs mérites 1582 ; 248.

1549
Et parce que " nous péchons tous en bien des choses Jc 3,2 1573, chacun doit avoir devant les yeux non seulement la miséricorde et la bonté, mais aussi la sévérité et le jugement, et l'on ne doit pas se juger soi-même, même si on n'est conscient d'aucune faute. Car toute la vie des hommes doit être examinée et jugée non pas par un jugement d'homme, mais par celui de Dieu " qui éclairera les secrets des ténèbres et rendra manifestes les secrets des coeurs ; et alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui revient " 1Co 4,4 s., lui qui, comme il est écrit, " rendra à chacun selon ses oeuvres" Rm 2,6
 

1550
Après avoir exposé la doctrine catholique concernant la justification 1583, que chacun recevra fidèlement et fermement pour être justifié, le saint concile a jugé bon d'y joindre les canons suivants, pour que tous sachent non seulement ce qu'ils doivent tenir et suivre, mais aussi ce qu'ils doivent éviter et fuir.
 

Canons sur la justification.

1551
1. Si quelqu'un dit que l'homme peut être justifié devant Dieu par ses oeuvres - que celles-ci soient accomplies par les forces de la nature humaine ou par l'enseignement de la loi - sans la grâce divine venant par Jésus Christ : qu'il soit anathème 1521.

1552
2. Si quelqu'un dit que la grâce divine venant par Jésus Christ n'est donnée que pour que l'homme puisse plus facilement vivre dans la justice et mériter la vie éternelle, comme si, par le libre arbitre et sans la grâce, il pouvait parvenir à l'une et à l'autre chose, toutefois péniblement et difficilement : qu'il soit anathème 1524 ss .

1553
3. Si quelqu'un dit que, sans l'inspiration prévenante du Saint-Esprit et sans son aide, l'homme peut croire, espérer et aimer, ou se repentir, comme il le faut, pour que lui soit accordée la grâce de la justification : qu'il soit anathème 1525.

1554
4. Si quelqu'un dit que le libre arbitre de l'homme, mû et poussé par Dieu, ne coopère en rien quand il acquiesce à Dieu, qui le pousse et l'appelle à se disposer et préparer à obtenir la grâce de la justification, et qu'il ne peut refuser d'acquiescer, s'il le veut, mais que tel un être inanimé il ne fait absolument rien et se comporte purement passivement: qu'il soit anathème 1525.

1555
5. Si quelqu'un dit que, après le péché d'Adam, le libre arbitre de l'homme a été perdu et éteint, ou qu'il est une réalité qui n'en porte que le nom, bien plus un nom sans réalité, une fiction enfin introduite par Satan dans l'Eglise : qu'il soit anathème 1521 ; 1525 ; 1486].

1556
6. Si quelqu'un dit qu'il n'est pas au pouvoir de l'homme de s'engager dans les voies du mal, mais que ses mauvaises comme ses bonnes actions sont l'oeuvre de Dieu, non seulement parce qu'il les permet, mais encore proprement et par lui-même, tellement que la trahison de Judas ne serait pas moins son oeuvre propre que la vocation de Paul : qu'il soit anathème.

1557
7. Si quelqu'un dit que toutes les oeuvres accomplies avant la justification, de quelque façon qu'elles le soient, sont vraiment des péchés et méritent la haine de Dieu, ou que plus on fait d'efforts pour se disposer à la grâce, plus on pèche gravement : qu'il soit anathème 1526.

1558
8. Si quelqu'un dit que la crainte de l'enfer, par laquelle, en nous affligeant de nos péchés, nous nous réfugions dans la miséricorde de Dieu ou nous nous abstenons de pécher, est un péché ou rend les hommes encore pires : qu'il soit anathème 1526 ; 1456.

1559
9. Si quelqu'un dit que l'impie est justifié par la seule foi, entendant par là que rien d'autre n'est requis pour coopérer à l'obtention de la grâce, et qu'il ne lui est en aucune manière nécessaire de se préparer et disposer par un mouvement de sa volonté : qu'il soit anathème 1532 ; 1538 ; 1465 ; 1460 ss.

1560
10. Si quelqu'un dit que les hommes sont justifiés sans la justice du Christ, par laquelle il a mérité pour nous, ou qu'ils sont formellement justes par cette justice : qu'il soit anathème 1523 ; 1529.

1561
11. Si quelqu'un dit que les hommes sont justifiés ou bien par la seule imputation de la justice du Christ, ou bien par la seule rémission des péchés, à l'exclusion de la grâce et de la charité qui est répandue dans leurs coeurs par l'Esprit Saint Rm 5,5 et habite en eux, ou encore que la grâce par laquelle nous sommes justifiés est seulement la faveur de Dieu : qu'il soit anathème 1528-1531 1545 ss.

1562
12. Si quelqu'un dit que la foi qui justifie n'est rien d'autre que la confiance en la miséricorde divine, qui remet les péchés à cause du Christ, ou que c'est par cette seule confiance que nous sommes justifiés : qu'il soit anathème. 1533.

1563
13. Si quelqu'un dit qu'il est indispensable à tout homme, pour obtenir la rémission des péchés, de croire avec certitude et sans aucune hésitation venant de sa faiblesse personnelle ou de son manque de disposition que ses péchés lui sont remis : qu'il soit anathème 1533 s ; 1460-1464.

1564
14. Si quelqu'un dit que l'homme est absous de ses péchés et justifié parce qu'il croit avec une certitude qu'il est absous et justifié, ou que n'est vraiment justifié que celui qui croit qu'il est justifié, et que cette seule foi réalise l'absolution et la justification : qu'il soit anathème. 1533 s ; 1460-1464.

1565
15. Si quelqu'un dit que l'homme né de nouveau et justifié est tenu par la foi de croire qu'il est certainement au nombre des prédestinés : qu'il soit anathème 1540.

1566
16. Si quelqu'un dit avec une certitude absolue et infaillible qu'il aura certainement le grand don de la persévérance jusqu'à la fin Mt 10,22 Mt 24,13 à moins qu'il ne l'ait appris par une révélation spéciale : qu'il soit anathème 1540 s

1567
17. Si quelqu'un dit que la grâce de la justification n'échoit qu'à ceux qui sont prédestinés à la vie et que tous les autres qui sont appelés, le sont assurément, mais ne reçoivent pas la grâce, parce que prédestinés au mal par la puissance divine : qu'il soit anathème.

1568
8. Si quelqu'un dit que les commandements de Dieu sont impossibles à observer même pour l'homme justifié et établi dans la grâce : qu'il soit anathème 1536s.

1569
19. Si quelqu'un dit que rien n'est commandé dans l'Evangile en dehors de la foi, que les autres choses sont indifférentes, ni commandées, ni défendues, mais libres, ou que les dix commandements ne concernent pas les chrétiens : qu'il soit anathème 1536s.

1570
20. Si quelqu'un dit que l'homme justifié, aussi parfait qu'il soit, n'est pas tenu d'observer les commandements de Dieu et de l'Eglise, mais seulement de croire, comme si l'Evangile était une pure et simple promesse de la vie éternelle sans la condition d'observer les commandements : qu'il soit anathème 1536s.

1571
21. Si quelqu'un dit que le Christ Jésus a été donné par Dieu aux hommes comme rédempteur, en qui se confier, et non pas aussi comme législateur à qui obéir : qu'il soit anathème.

1572
22. Si quelqu'un dit que le justifié soit peut persévérer dans la justice sans un secours spécial de Dieu, soit ne le peut pas avec ce secours : qu'il soit anathème 1541.

1573
23. Si quelqu'un dit que l'homme une fois justifié ne peut plus pécher ni perdre la grâce, et que donc celui qui tombe et pèche n'a jamais été vraiment justifié : ou, au contraire, qu'il peut dans toute sa vie éviter tous les péchés, même véniels, à moins que ce soit par un privilège spécial de Dieu, comme l'Eglise le tient au sujet de la bienheureuse Vierge : qu'il soit anathème 1537 ; 1549.

1574

24. Si quelqu'un dit que la justice reçue ne se conserve pas et même ne s'accroît pas devant Dieu par les bonnes oeuvres, mais que ces oeuvres ne sont que le fruit et le signe de la justification obtenue et non pas aussi la cause de son accroissement : qu'il soit anathème 1535.

1575
25. Si quelqu'un dit qu'en toute bonne oeuvre le juste pèche au moins véniellement ou (ce qui est plus intolérable) mortellement, et qu'il mérite pour cela les peines éternelles ; qu'il n'est pas damné à cause de cela seulement, parce que Dieu n'impute pas ses oeuvres pour la damnation : qu'il soit anathème 1539 ; 1481s.

1576
26. Si quelqu'un dit que, pour les bonnes oeuvres qu'ils ont faites en Dieu Jn 3,21 , les justes ne doivent pas attendre et espérer de rétribution éternelle de la part de Dieu, en raison de sa miséricorde et des mérites de Jésus Christ, s'ils persévèrent jusqu'à la fin à faire le bien et à garder les commandements divins Mt 10,22 Mt 24,13 : qu'il soit anathème 1538.

1577
27. Si quelqu'un dit qu'il n'y a aucun péché mortel, sauf celui d'infidélité, ou que la grâce une fois reçue ne peut être perdue par aucun autre péché, aussi grave et énorme soit-il, sauf par celui de l'infidélité : qu'il soit anathème 1544.

1578
28. Si quelqu'un dit qu'une fois la grâce perdue par le péché, en même temps la foi est pour toujours perdue ou que la foi qui reste n'est pas une vraie foi, puisqu'elle n'est pas vivante Jc 2,26 , ou bien que celui qui a la foi sans la charité n'est pas un chrétien : qu'il soit anathème 1544.

1579
29. Si quelqu'un dit que celui qui est tombé après le baptême ne peut pas se relever avec la grâce de Dieu, ou qu'il peut certes recouvrer la justice perdue, mais par la seule foi, sans le sacrement de la pénitence, comme l'a jusqu'ici professé, gardé et enseigné la sainte Eglise romaine universelle, instruite par notre Seigneur et les apôtres : qu'il soit anathème 1542.

1580
30. Si quelqu'un dit que, après avoir reçu la grâce de la justification, tout pécheur pénitent voit sa faute remise et sa condamnation à la peine éternelle annulée, en sorte que ne reste aucune condamnation à une peine temporelle à expier, ou dans ce monde ou dans le monde à venir au purgatoire, avant que ne puisse s'ouvrir l'entrée au royaume des cieux qu'il soit anathème 1543.

1581
31. Si quelqu'un dit que le justifié pèche en faisant le bien en vue d'une récompense éternelle : qu'il soit anathème 1539.

1582
32. Si quelqu'un dit que les bonnes oeuvres de l'homme justifié sont les dons de Dieu, en telle sorte qu'elles ne soient pas aussi de bons mérites de justifié ; ou que, par les bonnes oeuvres qu'il fait par la grâce de Dieu et les mérites du Christ (dont il est un membre vivant), le justifié ne mérite pas vraiment un accroissement de la grâce, la vie éternelle et (s'il meurt dans la grâce) l'entrée dans la vie éternelle, ainsi que l'accroissement de gloire : qu'il soit anathème 1548 , 1545-1550.

1583
33. Si quelqu'un dit que, par cette doctrine catholique sur la justification exposée par le saint concile dans le présent décret, il fait tort en partie à la gloire de Dieu ou aux mérites de Jésus Christ notre Seigneur et non plutôt que sont ainsi mises en lumière la vérité de notre foi et la gloire de Dieu et du Christ Jésus : qu'il soit anathème.
 

7ème session, 3 Mars 1547, décret sur les sacrements

 

Préambu1e

1600
Pour compléter cette doctrine salutaire sur la justification, promulguée lors de la précédente session avec le consentement unanime de tous les pères, il a paru à propos de traiter des sacrements très saints de l'Eglise. C'est par eux que toute véritable justice ou commence, ou, une fois commencée, s'accroît, ou, perdue, est réparée.
C'est pourquoi le saint concile oecuménique et général de Trente,...
veut éliminer les erreurs et extirper les hérésies qui, apparues de notre temps, concernant les très saints sacrements, sont nées d'hérésies autrefois condamnées par nos Pères ou bien même ont été découvertes, nuisant grandement à la pureté de l'Eglise catholique et ,au salut des âmes, attaché à l'enseignement des saintes Ecritures, aux traditions apostoliques et à l'accord unanime des Pères des autres conciles, ce saint concile a décidé de statuer et de décréter les canons suivants. Ceux qui restent encore pour porter à son terme l'oeuvre commencée seront, avec l'aide de l'Esprit Saint, publiés plus tard.
 

Canons sur les sacrements en général.

1601
1. Si quelqu'un dit que les sacrements de la Loi nouvelle n'ont pas été tous institués par Jésus Christ notre Seigneur ou bien qu'il y en a plus ou moins que sept, à savoir : le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la pénitence, l'extrême-onction, l'ordre et le mariage, ou encore que l'un de ces sept n'est pas vraiment et proprement un sacrement : qu'il soit anathème.

1602
2. Si quelqu'un dit que ces sacrements de la Loi nouvelle ne diffèrent des sacrements de la Loi ancienne que parce que les cérémonies sont autres et que sont autres les rites extérieurs : qu'il soit anathème.

1603
3. Si quelqu'un dit que ces sept sacrements sont si égaux entre eux que d'aucune façon l'un n'est plus digne que l'autre : qu'il soit anathème.

1604
4. Si quelqu'un dit que les sacrements de la Loi nouvelle ne sont pas nécessaires au salut, mais superflus, et que, sans eux ou sans le désir de ceux- ci, les hommes obtiennent de Dieu la grâce de la justification 1559, étant admis que tous ne sont pas nécessaires à chacun : qu'il soit anathème.

1605
5. Si quelqu'un dit que ces sacrements n'ont été institués que pour nourrir la foi : qu'il soit anathème.

1606
6. Si quelqu'un dit que les sacrements de la Loi nouvelle ne contiennent pas la grâce qu'ils signifient ou qu'ils ne confèrent pas cette grâce elle-même à ceux qui n'y mettent pas d'obstacle 1451, comme s'ils n'étaient que les signes extérieurs de la grâce et de la justice reçus par la foi, et des marques de profession chrétienne par lesquelles les fidèles sont distingués des infidèles parmi les hommes : qu'il soit anathème.

1607
7. Si quelqu'un dit que par de tels sacrements la grâce n'est pas donnée toujours et à tous, pour ce qui est de Dieu, même s'ils sont reçus comme il convient, mais seulement parfois et à quelques-uns : qu'il soit anathème.

1608
8. Si quelqu'un dit que la grâce n'est pas conférée ex opere operato par ces sacrements de la Loi nouvelle, mais que seule la foi en la promesse divine suffit pour obtenir la grâce : qu'il soit anathème.

1609
9. Si quelqu'un dit que dans les trois sacrements du baptême, de la confirmation et de l'ordre n'est pas imprimé dans l'âme un caractère, c'est-à- dire une marque spirituelle et indélébile telle qu'on ne peut les réitérer : qu'il soit anathème.

1610
10. Si quelqu'un dit que tous les chrétiens ont pouvoir sur la parole et sur l'administration des sacrements : qu'il soit anathème.

1611
11. Si quelqu'un dit que chez les ministres, alors qu'ils réalisent et confèrent les sacrements, l'intention n'est pas requise de faire au moins ce que fait l'Eglise : qu'il soit anathème.1262.

1612
12. Si quelqu'un dit qu'un ministre en état de péché mortel, du moment qu'il observe tout ce qui est essentiel concernant la réalisation ou la collation du sacrement, en réalise ou ne confère par un sacrement : qu'il soit anathème 1154.

1613
13. Si quelqu'un dit que les rites reçus et approuvés de l'Eglise catholique, en usage dans l'administration solennelle des sacrements, peuvent être ou méprisés ou omis sans péché, au gré des ministres, ou encore être changés en d'autres nouveaux par tout pasteur des églises : qu'il soit anathème.
 

Canons sur le sacrement de baptême

1614
1. Si quelqu'un dit que le baptême de Jean a eu la même force que le baptême du Christ : qu'il soit anathème.

1615
2. Si quelqu'un dit que l'eau vraie et naturelle n'est pas chose nécessaire pour le baptême et si, en conséquence, il détourne au sens d'une métaphore les paroles de notre Seigneur Jésus Christ : " Si l'on ne renaît pas de l'eau et de l'Esprit Saint" Jn 3,5 : qu'il soit anathème.

1616
3. Si quelqu'un dit que dans l'Eglise romaine, qui est Mère et maîtresse de toutes les Eglises, ne se trouve pas la vraie doctrine sur le sacrement de baptême : qu'il soit anathème.

1617
4. Si quelqu'un dit que le baptême, même donné par des hérétiques au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, avec l'intention de faire ce que fait l'Eglise, n'est pas un vrai baptême : qu'il soit anathème.

1618
5. Si quelqu'un dit que le baptême est libre, c'est-à-dire n'est pas nécessaire pour le salut : qu'il soit anathème 1524.

1619
6. Si quelqu'un dit que le baptisé ne peut pas, même s'il le voulait, perdre la grâce, quelque nombreux que soient ses péchés, sauf s'il ne veut pas croire : qu'il soit anathème 1544.

1620
7. Si quelqu'un dit que les baptisés, par leur baptême, ne sont pas obligés qu'à la foi, mais non à l'observation de toute la Loi du Christ : qu'il soit anathème.

1621
8. Si quelqu'un dit que les baptisés sont libres par rapport à tous les commandements de la sainte Eglise, aussi bien ceux qui sont écrits que ceux qui sont transmis, en sorte qu'ils ne soient tenus de les observer que s'ils veulent spontanément s'y soumettre : qu'il soit anathème.

1622
9. Si quelqu'un dit que l'on doit rappeler aux hommes le souvenir du baptême, de telle manière qu'ils comprennent que tous les voeux faits après le baptême sont nuls, en vertu de la promesse déjà faite lors du baptême lui- même, comme si ces voeux portaient atteinte et à la foi qu'ils ont alors professée et au baptême lui-même : qu'il soit anathème.

1623
10. Si quelqu'un dit que tous les péchés commis après le baptême sont remis ou rendus véniels par le seul souvenir et par la foi du baptême qui a été reçu : qu'il soit anathème.

1624
11. Si quelqu'un dit que le vrai baptême, conféré selon les rites, doit être réitéré pour celui qui a renié la foi du Christ parmi les infidèles, lorsqu'il s'est converti et a fait pénitence: qu'il soit anathème.

1625
12. Si quelqu'un dit que personne ne doit être baptisé qu'à l'âge où le Christ a été baptisé ou bien à l'article de la mort : qu'il soit anathème.

1626
13. Si quelqu'un dit que les petits enfants, par le fait qu'ils ne font pas acte de foi, ne doivent pas être comptés parmi les fidèles, après qu'ils ont reçu le baptême, et que, pour cette raison, ils doivent être rebaptisés quand ils sont arrivés à l'âge de discrétion, ou qu'il est préférable d'omettre leur baptême plutôt que de les baptiser dans la seule foi de l'Eglise, eux qui ne croient pas par un acte personnel de foi : qu'il soit anathème.

1627
14. Si quelqu'un dit que l'on doit demander à ces petits enfants ainsi baptisés, lorsqu'ils ont grandi, s'ils veulent ratifier ce que les parrains ont promis en leur nom quand ils ont été baptisés et que ceux qui répondent qu'ils ne le veulent pas, on doit les laisser à leur libre arbitre et ne les contraindre par aucune peine à une vie chrétienne, sauf en les écartant de la réception de l'eucharistie et des autres sacrements jusqu'à ce qu'ils s'amendent

qu'il soit anathème.

Canons sur le sacrement de confirmation.

1628
1. Si quelqu'un dit que la confirmation des baptisés est une cérémonie vaine et non pas plutôt un sacrement véritable et proprement dit, ou qu'elle ne fut autrefois rien d'autre qu'une catéchèse, par laquelle ceux qui approchaient de l'adolescence rendaient compte de leur foi en présence de l'Eglise

qu'il soit

anathème.

1629
2. Si quelqu'un dit que font injure à l'Esprit Saint ceux qui attribuent quelque vertu au saint chrême de la confirmation: qu'il soit anathème.

1630
3. Si quelqu'un dit que le ministre ordinaire de la confirmation n'est pas l'évêque seul, mais n'importe quel simple prêtre : qu'il soit anathème 1318.
 
 

Continuation du Concile de Trente sous Jules III

 

JULES

III: 7 février 15

 

13ème session, 11 octobre 1551 : décret sur le sacrement de

l'eucharistie.

Préambule

1635
Le saint concile oecuménique et général de Trente... s'est réuni, non sans être particulièrement conduit et gouverné par l'Esprit Saint, dans le but d'exposer la véritable et antique doctrine sur la foi et les sacrements et pour porter remède à toutes les hérésies et à tous les autres très graves dommages qui, aujourd'hui, troublent malheureusement l'Eglise de Dieu et la divisent en de nombreuses et diverses parties. Il a cependant, dès le début, eu spécialement à coeur d'arracher jusqu'à la racine l'ivraie des erreurs et schismes exécrables que l'ennemi, en ces temps malheureux qui sont les nôtres, a semé Mt 13,15 dans la doctrine de la foi, dans l'usage et le culte de la sainte eucharistie, elle que notre Seigneur a pourtant laissée dans son Eglise comme le symbole de cette unité et de cet amour par lesquels il a voulu que tous les chrétiens soient unis et reliés entre eux.
C'est pourquoi ce même saint concile, transmettant la saine et authentique doctrine concernant ce vénérable et divin sacrement de l'eucharistie, que l'Eglise catholique, instruite par Jésus Christ notre Seigneur lui-même et par les apôtres, enseignées par l'Esprit Saint lui rappelant de jour en jour la vérité tout entière Jn 14,26 , a toujours gardée et conservera jusqu'à la fin du monde, interdit à tous les chrétiens d'oser croire, enseigner ou prêcher désormais sur la très sainte eucharistie autre chose que ce qui est expliqué et défini par le présent décret.
 

Chap. 1. La présence réelle de notre Seigneur Jésus Christ

dans le très saint s

1636
En premier lieu, le saint concile enseigne et professe ouvertement et sans détour que, dans le vénérable sacrement de la sainte eucharistie, après la consécration du pain et du vin, notre Seigneur Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, est vraiment, réellement et substantiellement 1651 contenu sous l'apparence de ces réalités sensibles. Il n'y a en effet aucune opposition à ce que notre Sauveur lui-même siège toujours dans les cieux à la droite du Père, selon un mode d'existence qui est surnaturel, et à ce que néanmoins il soit pour nous sacramentellement présent en de nombreux autres lieux en sa substance, par un mode d'existence que nous pouvons à peine exprimer par des mots, et que nous pouvons cependant reconnaître et constamment croire comme possible à Dieu Mt 19,26 Lc 18,27 par notre pensée éclairée par la foi.

1637
C'est ainsi en effet que tous nos ancêtres, qui ont tous été dans la véritable Eglise du Christ et ont traité de ce très saint sacrement, ont professé très ouvertement que notre Rédempteur a institué ce sacrement si admirable lors de la dernière Cène, lorsque, après avoir béni le pain et le vin, il attesta en termes clairs et précis qu'il leur donnait son propre Corps et son propre Sang. Ces paroles, rappelées par les saints évangélistes Mt 26,26-29 Mc 14,22-25 Lc 22,19-20 et répétées ensuite par saint Paul 1Co 11,24-25 , se présentent en un sens propre et très clair, selon ce que les Pères ont compris. Aussi est-ce le scandale le plus indigne de voir certains hommes querelleurs et pervers les ramener à des figures de style sans consistance et imaginaires, par lesquels est niée la vérité de la Chair et du Sang du Christ, contre le sentiment universel de l'Eglise, elle qui en tant que colonne et fondement de la vérité " 1Tm 3,15 déteste comme sataniques ces inventions imaginées par des hommes impies, elle qui reconnaît, d'un esprit qui sait toujours rendre grâces et se souvenir, cet insigne bienfait du Christ.
 

Chap. 2. Raison de l'institution de ce très saint sacrement

1638
Donc, notre Sauveur, allant quitter ce monde pour le Père, a institué ce sacrement dans lequel il a en quelque sorte répandu les richesses de son amour divin pour les hommes, " laissant un mémorial de ses merveilles " Ps 110,4 , et il nous a donné dans la réception de ce sacrement de célébrer sa mémoire Lc 22,19 1Co 11,24 et d'annoncer sa mort jusqu'à ce qu'il vienne 1Co 11,26 pour juger lui-même le monde.
Il a voulu ce sacrement comme aliment spirituel des âmes Mt 26,26 qui nourrit et fortifie ceux qui vivent de sa vie 1655, lui qui a dit "qui me mange vivra lui-même par moi " Jn 6,57 , et comme antidote nous libérant des fautes quotidiennes et nous préservant des péchés mortels.
Il a voulu, en outre, que ce soit le gage de notre gloire à venir et de notre félicité éternelle, en même temps qu'un symbole de cet unique corps dont il est lui-même la tête 1Co 11,3 Ep 5,23 et auquel Il a voulu que nous, en tant que ses membres, nous soyons attachés par les liens les plus étroits de la foi, de l'espérance et de la charité, en sorte que nous disions tous la même chose et qu'il n'y ait pas de divisions parmi nous 1Co 1,10 .
 

Chap. 3. Excellence de la très sainte eucharistie par rapport

aux autres sacrem

1639
La très sainte eucharistie a, certes, ceci de commun avec les autres sacrements qu'elle est "le symbole d'une réalité sainte et la forme visible d'une grâce invisible ". Mais ce que l'on trouve en elle d'excellent et de particulier est que les autres sacrements ont la vertu de sanctifier lorsque quelqu'un y a recours, alors que dans l'eucharistie se trouve l'auteur même de la sainteté avant qu'on ne la reçoive 1654.

1640
En effet, les apôtres n'avaient pas encore reçu l'eucharistie de la main du Seigneur Mt 26,26 Mc 14,22 qu'il affirmait pourtant que c'était vraiment son Corps qu'il présentait ; et ce fut toujours la foi dans l'Eglise de Dieu que, immédiatement après la consécration, le véritable Corps et le véritable Sang de notre Seigneur se trouvaient sous les espèces du pain et du vin en même temps que son âme et sa divinité. Certes, si le Corps se trouve sous l'espèce du pain, et le Sang sous l'espèce du vin par la vertu des paroles, le Corps lui-même est aussi sous l'espèce du vin, et le Sang sous l'espèce du pain, et l'âme sous les deux espèces, en vertu de cette connexion naturelle et de cette concomitance qui unissent entre elles les parties du Christ Seigneur qui, ressuscité des morts, ne meurt plus Rm 6,9 . La divinité est unie, à cause de cette admirable union hypostatique avec son corps et son âme 1651 ; 1653.

1641
C'est pourquoi il est tout à fait vrai que le Christ est contenu sous l'une ou l'autre espèce et sous les deux espèces ensemble. En effet, le Christ est totalement et intégralement sous l'espèce du pain et sous n'importe quelle partie de cette espèce ; il est de même totalement sous l'espèce du vin et sous les parties de celle-ci 1653.
 

Chap. 4. La transsubstantiation

1642
Parce que le Christ notre Rédempteur a dit qu'était vraiment son corps ce qu'il offrait sous l'espèce du pain Mt 26,26-29 Mc 14,22-25 Lc 22,19 1Co 11,24-26 on a toujours été persuadé dans l'Eglise de Dieu - et c'est ce que déclare de nouveau aujourd'hui ce saint concile - que par la consécration du pain et du vin se fait un changement de toute la substance du pain en la substance du corps du Christ notre Seigneur et de toute la substance du vin en la substance de son sang. Ce changement a été justement et proprement appelé, par la sainte Eglise catholique, transsubstantiation 1652.
 

Chap. 5. Le culte et la vénération qui sont dus à ce très

saint sacrement.

1643
C'est pourquoi il ne reste aucune raison de douter que tous les chrétiens selon la coutume reçue depuis toujours dans l'Eglise catholique, rendent avec vénération le culte de latrie, qui est dû au vrai Dieu, à ce très saint sacrement 1656.
En effet, celui-ci ne doit pas être moins adoré parce qu'il a été institué par le Christ Seigneur pour nous nourrir Mt 26,26-29 . Car nous croyons qu'en lui est présent ce même Dieu que le Père éternel a introduit dans le monde en disant "Et que tous les anges de Dieu l'adorent " He 1,6 Ps 96,7 lui que les mages ont adoré en se prosternant Mt 2,11 , lui enfin dont toute l'Ecriture témoigne qu'il fut adoré en Galilée par les apôtres Mt 28,17 Lc 24,52
 

1644
En outre, le saint concile déclare que la coutume a été pieusement et religieusement introduite dans l'Eglise de Dieu de célébrer chaque année, en un jour de fête particulier, ce sacrement éminent et vénérable dans une vénération et une solennité spéciales, et de porter celui-ci avec respect et honneur dans des processions à travers les rues et les places publiques. 846
Il est, en effet, très juste qu'il y ait des jours saints fixés où tous les chrétiens, par des manifestations singulières et extraordinaires, attestent de leur reconnaissance et de leur mémoire envers leur commun Seigneur et Rédempteur pour un bienfait si ineffable et vraiment divin, par lequel sont représentés sa victoire et son triomphe sur la mort. Et ainsi a-t-il fallu que la vérité victorieuse du mensonge et de l'hérésie triomphe, pour que ses adversaires, placés face à une si grande splendeur et à la joie si grande de l'Eglise universelle, ou bien affaiblis et brisés dépérissent, ou bien, pris de honte et de confusion, viennent un jour à résipiscence.

Chap. 6. Le sacrement de la sainte eucharistie que l'on conserve et que l'on porte aux malades.

1645
La coutume de conserver la sainte eucharistie en un lieu sacré est si ancienne que le siècle du concile de Nicée la connaissait déjà. En outre, porter cette sainte eucharistie aux malades et, pour ce faire, la conserver soigneusement dans les églises non seulement est chose très équitable en même temps que conforme à la raison, mais est aussi prescrit par de nombreux conciles et observé par une très ancienne coutume de l'Eglise catholique. C'est pourquoi ce saint concile a statué qu'il fallait garder absolument cette coutume salutaire et nécessaire 1657.
 

Chap. 7. La préparation à apporter pour qu'on reçoive

dignement la sainte eucha

1646
S'il ne convient pas que qui que ce soit s'approche d'une fonction sacrée si ce n'est saintement, à coup sûr plus un chrétien découvre la sainteté et le caractère divin de ce sacrement céleste, plus il doit diligemment veiller à ne s'en approcher pour le recevoir qu'avec grand respect et sainteté 1661, d'autant plus que nous lisons dans l'Apôtre ces mots pleins de crainte : " Qui mange et boit indignement, mange et boit sa condamnation, ne discernant pas le corps du Christ" 1Co 11,29 . C'est pourquoi il faut rappeler à qui veut communier le commandement : "Que l'homme s'éprouve lui-même" 1Co 11,28
 

1647
La coutume de l'Eglise montre clairement que cette épreuve est nécessaire pour que personne en ayant conscience d'un péché mortel, quelque contrit qu'il s'estime, ne s'approche de la sainte eucharistie sans une confession sacramentelle préalable.
Ce saint concile a décrété que cela devait être observé toujours par tous les chrétiens, même par les prêtres qui sont tenus par office de célébrer, du moment qu'ils peuvent avoir recours à un confesseur. Que si, en raison d'une nécessité urgente, un prêtre a dû célébrer sans confession préalable qu'il se confesse le plus tôt possible 2058.
 

Chap. 8. L'usage de ce sacrement admirable

1648
Pour ce qui est de l'usage, nos pères ont justement et sagement distingué trois manières de recevoir ce saint sacrement. Ils ont enseigné que certains ne le reçoivent que sacramentellement en tant que pécheurs. D'autres ne le reçoivent que spirituellement : ce sont ceux qui, mangeant par le désir le pain céleste qui leur est offert avec cette "foi " vive " qui opère par la charité " Ga 5,6 , en ressentent le fruit et l'utilité. D'autres, enfin, le reçoivent à la fois sacramentellement et spirituellement 1658: ce sont ceux qui s'éprouvent et se préparent de telle sorte qu'ils s'approchent de cette table divine après avoir revêtu la robe nuptiale Mt 22,11-14 .
Dans la réception sacramentelle, l'usage a toujours été dans l'Eglise de Dieu que les laïcs reçoivent la communion des prêtres et que les prêtres qui célèbrent se communient eux-mêmes 1560; cette coutume, en tant que venant de la tradition apostolique, doit être maintenue à juste titre et à bon droit.

1649
Enfin, avec une affection paternelle, le saint concile avertit, exhorte, demande et conjure, " par les entrailles de la miséricorde de Dieu" Lc 1,78 , tous et chacun de ceux qui portent le nom de chrétiens de se retrouver enfin désormais ne formant qu'un seul coeur, dans ce "signe", dans ce "lien de la charité ", dans ce symbole de l'accord des coeurs ; se souvenant de la majesté si grande et de l'amour si admirable de notre Seigneur Jésus Christ, qui a donné sa chère vie pour prix de notre salut et sa chair pour que nous la mangions Jn 6,48-58 qu'ils croient et vénèrent les saints mystères de son Corps et de son Sang avec une foi si constante et ferme, avec un coeur si dévot, avec une piété et un respect tels qu'ils puissent recevoir fréquemment ce pain supersubstantiel Mt 6,11 . Qu'il soit vraiment la vie de leur âme et la santé perpétuelle de leur esprit ; que, fortifiés par sa vigueur 1R 19,8 , ils soient à même de terminer le chemin de leur malheureux pèlerinage pour entrer dans la patrie céleste, où ils seront nourris sans aucun voile par ce pain des anges Ps 77,25 qu'ils mangent seulement sous des voiles sacrés.

1650
Puisqu'il ne suffit pas de dire la vérité si l'on ne fait apparaître et si l'on ne réfute pas les erreurs, le saint concile a décidé d'ajouter les canons suivants pour que tous, une fois bien connue la doctrine catholique, comprennent aussi quelles hérésies doivent être écartées et évitées.
 

Canons sur le saint sacrement de l'eucharistie.

1651
1. Si quelqu'un dit que dans le très saint sacrement de l'eucharistie ne sont pas contenus vraiment, réellement et substantiellement le Corps et le Sang en même temps que l'âme et la divinité de notre Seigneur Jésus Christ et, en conséquence, le Christ tout entier, mais dit qu'ils n'y sont qu'en tant que dans un signe ou en figure ou virtuellement qu'il soit anathème 1636 ; 1640.

1652
2. Si quelqu'un dit que, dans le très saint sacrement de l'eucharistie, la substance du pain et du vin demeure avec le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus Christ, et s'il nie ce changement admirable et unique de toute la substance du pain en son Corps et de toute la substance du vin en son Sang, alors que demeurent les espèces du pain et du vin, changement que l'Eglise catholique appelle d'une manière très appropriée transsubstantiation : qu'il soit anathème 1642.

1653
3. Si quelqu'un nie que, dans le vénérable sacrement de l'eucharistie, le Christ tout entier soit contenu sous chaque espèce et sous chacune des parties de l'une ou l'autre espèce, après leur séparation : qu'il soit anathème 1641.

1654
4. Si quelqu'un dit que, une fois achevée la consécration, le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus Christ ne sont pas dans l'admirable sacrement de l'eucharistie, mais seulement quand on en use en le recevant, ni avant, ni après, et que le vrai Corps du Seigneur ne demeure pas dans les hosties ou les parcelles consacrées qui sont gardées ou restent après la communion : qu'il soit anathème 1639s.

1655
5. Si quelqu'un dit ou bien que le fruit principal de la très sainte eucharistie est la rémission des péchés ou bien qu'elle ne produit pas d'autres effets : qu'il soit anathème 1638.

1656
6. Si quelqu'un dit que, dans le saint sacrement de l'eucharistie, le Christ, Fils unique de Dieu, ne doit pas être adoré d'un culte de latrie, même extérieur et que, en conséquence, il ne doit pas être vénéré par une célébration festive particulière, ni être porté solennellement en procession selon le rite ou la coutume louables et universels de la sainte Eglise, ni être proposé publiquement à l'adoration du peuple, ceux qui l'adorent étant des idolâtres : qu'il soit anathème 1643s.

1657
7. Si quelqu'un dit qu'il n'est pas permis de garder la sainte eucharistie dans le tabernacle, mais qu'elle doit nécessairement être distribuée aux assistants immédiatement après la consécration, ou qu'il n'est pas permis de la porter avec honneur aux malades : qu'il soit anathème 1645.

1658
8. Si quelqu'un dit que le Christ présenté dans l'eucharistie est mangé seulement spirituellement et non pas aussi sacramentellement et réellement : qu'il soit anathème 1648.

1659
9. Si quelqu'un nie que, une fois qu'ils ont atteint l'âge de discrétion, tous et chacun des chrétiens de l'un et l'autre sexe sont tenus de communier chaque année au moins à Pâques, conformément au commandement de notre sainte mère l'Eglise : qu'il soit anathème 812.

1660
10. Si quelqu'un dit qu'il n'est pas permis au prêtre qui célèbre de se communier lui-même : qu'il soit anathème 1648.

1661
11. Si quelqu'un dit que la foi seule est une préparation suffisante pour recevoir le sacrement de la très sainte eucharistie : qu'il soit anathème 1646.
Et pour qu'un si grand sacrement ne soit pas reçu indignement et donc pour la mort et la condamnation, ce saint concile statue et déclare que ceux dont la conscience est chargée d'un péché mortel, quelque contrits qu'ils se jugent, doivent nécessairement au préalable se confesser sacramentellement, s'il se trouve un confesseur.
Si quelqu'un a l'audace d'enseigner, prêcher ou affirmer opiniâtrement le contraire ou même le défendre dans des disputes publiques, qu'il soit par le fait même, excommunié 1647.
 
 

14ème session, 25 novembre 1551

Doctrine sur le sacrement de la pénitence

1667
Le saint concile oecuménique et général de Trente... a largement parlé, à l'occasion du décret sur la justification 1542s ; 1579, du sacrement de pénitence, une certaine nécessité l'exigeant à cause de la relation entre les sujets. Néanmoins la multitude d'erreurs diverses sur ce sacrement est si grande qu'il a jugé d'une utilité publique d'en donner une définition plus exacte et plus complète. Par là, une fois démasquées et repoussées toutes les erreurs, sous la protection de l'Esprit Saint, la vérité catholique deviendra claire et nette. C'est elle que ce saint concile expose à tous les chrétiens pour qu'ils la gardent toujours.
 

Chapitre 1. Nécessité et institution du sacrement de la pénitence

1668
S'il y avait dans tous les régénérés une telle reconnaissance envers Dieu qu'ils gardent constamment la justice, reçue dans le baptême de sa bonté et de sa grâce, il n'aurait pas été besoin d'instituer un autre sacrement que celui du baptême pour la rémission des péchés 1702. Mais parce que " Dieu, riche en miséricorde" Ep 2,4 , " sait de quoi nous sommes faits" Ps 102,14 il a aussi donné un remède rendant la vie à ceux qui se sont ensuite livrés à l'esclavage du péché et au pouvoir du démon : le sacrement de la pénitence 1701, par lequel le bienfait de la mort du Christ est appliqué à ceux qui sont tombés après le baptême.

1669
Pour tous les hommes qui se sont souillés de quelque péché mortel, la pénitence fut certes nécessaire en tout temps pour obtenir la grâce et la justice, même pour ceux qui avaient demandé à être lavés par le sacrement du baptême, pour que, ayant rejeté et amendé toute perversité, ils détestent une si grande offense faite à Dieu en ressentant en même temps la haine du péché et une sainte douleur dans leur âme. Aussi le prophète dit-il : "Convertissez-vous et faites pénitence de toutes vos iniquités, et votre iniquité ne sera pas pour votre ruine" Ez 18,30 . Le Seigneur dit aussi : "Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous de la même manière" Lc 13,3 . Et le chef des apôtres, Pierre, disait, en recommandant la pénitence aux pécheurs qui allaient recevoir le baptême : " Faites pénitence, et que chacun de vous soit baptisé " Ac 2,38 .

1670
Mais, avant la venue du Christ, la pénitence n'était pas un sacrement ; et après sa venue, elle n'en est un pour personne avant le baptême. Or le Seigneur a principalement institué ce sacrement de pénitence lorsque, ressuscité des morts, il souffla sur les disciples en disant : " Recevez l'Esprit Saint ; les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez ; ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez " Jn 10,22-23 .
Que, par un fait hors du commun et des paroles si claires, le pouvoir de remettre et de retenir les péchés, afin de réconcilier les fidèles tombés après le baptême, ait été communiqué aux apôtres et à leurs successeurs légitimes, les Pères l'ont toujours compris unanimement 1703 ; et l'Eglise a eu grandement raison de rejeter et de condamner comme hérétiques les novatiens qui, autrefois, niaient avec obstination le pouvoir de remettre les péchés.
C'est pourquoi ce saint concile, approuvant et faisant sienne cette signification très authentique des paroles du Seigneur, condamne les interprétations mensongères de ceux qui détournent faussement ces paroles pour les appliquer au pouvoir de prêcher la Parole de Dieu et l'Evangile du Christ et pour s'opposer à l'institution de ce sacrement.
 
 

Chapitre 2. Différence entre le sacrement de la pénitence et

le baptême.

1671
D'ailleurs on discerne que, par bien des aspects, ce sacrement diffère du baptême 1702. En effet, outre le fait que la matière et la forme, qui constituent l'essence du sacrement, sont très différentes, il est absolument évident qu'il ne faut pas que le ministre du baptême soit un juge, puisque l'Eglise n'exerce de jugement sur personne qui ne soit d'abord entré dans l'Eglise par la porte du baptême. " Qu'ai-je à faire en effet (dit l'Apôtre) de juger ceux du dehors ? 1Co 5,12 .
Il en va autrement de ceux qui sont de la famille de la foi Ga 6,10 que le Seigneur Christ a faits une fois pour toutes membres de son corps par le bain du baptême 1Co 12,12-13 . En effet il a voulu pour ceux-là que, s'ils se souillent ensuite de quelque faute, ils ne soient pas lavés par un baptême qu'on répéterait, puisque cela n'est en aucune façon permis dans l'Eglise catholique, mais qu'ils se présentent en coupables devant ce tribunal pour que, par la sentence des prêtres, ils puissent être libérés, non pas une seule fois, mais toutes les fois que, se repentant des péchés commis, ils cherchent refuge en lui.

1672
En outre, autre est le fruit du baptême et autre celui de la pénitence. En effet, revêtant le Christ par le baptême Ga 3,27 , nous devenons en lui une créature nouvelle, alors que nous obtenons une rémission pleine et entière de tous les péchés. Nous ne pouvons nullement parvenir à cette nouveauté et à cette intégrité par le sacrement de la pénitence, sans de grandes larmes et peines de notre part, ce qu'exige la justice divine. Aussi la pénitence a-t- elle été dite à juste titre par les Pères " un baptême laborieux ". Ce sacrement de la pénitence est nécessaire au salut pour ceux qui sont tombés après le baptême, comme l'est le baptême lui-même pour ceux qui n'ont pas encore été régénérés 1706.
 
 

 

 
 
 

source: catho.org

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